PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
« Pauline avait conscience qu’elle n’était qu’un être ordinaire aspiré dans l’orbite d’une femme qui, elle, n’avait rien d’ordinaire… Être femme de chambre, c’était précisément cela : faire intrusion sans le vouloir dans l’intimité d’autrui, voir le contenu des corbeilles à papier, remarquer les titres des livres, lire les premières phrases des cartes, lettres et petits mots qui traînent. Tout était là, en pâture ; la vie entière de quelqu’un, dissimulée dans une chambre d’hôtel. »
Un matin, Pauline est appelée pour nettoyer la suite 614 du Mapes Hotel. Alors qu’elle pense trouver une chambre vide, une femme apparaît, hagarde : Mrs. Arthur Miller, alias Marilyn Monroe, dont le séjour à Reno marque la fin de son mariage avec le célèbre dramaturge et le tournage infernal d’un film à la légende noire, Les Désaxés.
Avec pour décor l’immensité aride du désert du Nevada et ses chevaux sauvages, les mustangs, Poussière blonde raconte le choc d’une rencontre inoubliable entre deux femmes que seul le hasard pouvait réunir.
J’ai lu il y a quelques années, Célestine du Bac de Tatiana de Rosnay, c’était ma première rencontre avec l’autrice.
Cette année, je découvre Poussière blonde, je ne savais rien du roman à part, vu sa couverture, que Marylin Monroe devait y être.
Je n’avais pas d’attente particulière, je suis rentrée dans le roman en m’attachant aux mots, en suivant le chemin de pensée de l’autrice.
Je n’aime pas trop en savoir à l’avance, j’aime découvrir ce que cache une couverture, un nom.
Janvier 2000
Mont-Shasta, comté de Siskiyou en Californie du Nord
Pauline, vétérinaire de 60 ans, reçoit un appel de son amie Billie-Pearl
Un coup de téléphone qui la plonge dans la mélancolie : ils vont raser le Mapes de Reno.
Chaque visite à Reno ravive en elle des remords et chagrin, principalement liés au souvenir de sa mère.
Pourquoi ?
On ne le sait pas et si j’ai une explication, c’est moi qui en ai conclu comme cela. Tatiana de Rosnay va nous expliquer par le biais de ses flash-back dans le passé ce qui a pu se passer entre ces deux femmes.
« Comment un lieu pouvait-il voiler en éclats et ne laisser que de la poussière ? »
Année 60
Tu rencontres Pauline, avec sa fille Lily âgée de 3 ans.
Elle se rend au travail au Mapes
Pauline a eu sa fille hors mariage alors qu’elle n’avait que 18 ans.
Un film avec Clark Cable et Marylin Monroe est en tournage à Reno pour « Les désaxés ».
Les acteurs ainsi que l’équipe du film logent au Mapes.
Pauline ne s’intéresse pas particulièrement au cinéma
Alors qu’elle accomplit son travail aux toilettes de l’hôtel, elle est envoyée nettoyer la suite 614.
Tandis que Pauline s’active pour être dans les temps impartis par sa supérieure, elle dispose de 2 h pour nettoyer la suite, Mrs Miller lui demande son prénom et d’où elle vient.
Ensuite vient une demande plutôt insolite pour Pauline : pourrait-elle lui écrire une lettre d’amour en français ?
Quelle n’est pas la stupéfaction de Pauline quand elle apprend que Mrs Miller n’est autre que Maryline Monroe !
Tout le monde à Reno le sait apparemment sauf elle
Pauline et son amie Billie-Pearl ne vont pas au cinéma, elles ne sont pas folles des stars du grand écran, mais de chevaux, elles se fichent d’Hollywood et de ses paillettes.
Tout ce qu’elle sait, Pauline le tient de sa mère, qui aime les magazines people.
Paris 1946, un convoi d’épouses françaises part rejoindre leurs époux américains. Un voyage financé par le gouvernement et la croix rouge
Pauline, 7 ans, et sa mère sont du voyage pour retrouver Doug. L’époux américain de la mère de Pauline. C’est un des premiers flash-back qui va t’aider à comprendre à psychologie de Pauline et de sa mère, leur lien dans les années 60.
Du côté des personnages, j’ai aimé la gouaille et la franchise de Billie-Jean, elle ne s’en laisse pas compter.
J’ai aimé la persévérance et la ténacité de Pauline, sa loyauté, mais surtout leur amitié qui traverse les années et les épreuves de la vie
Tu voyages dans les plaines du Nevada soit à bord de la voiture de Doug, le beau-père de Pauline, ou à dos de cheval ou encore de la vue depuis le Mapes
Une région encore un peu sauvage à cette époque, désertique, j’y ai fait un parallèle avec la vie de Marylin Monroe
Ses managers, sa secrétaire, la presse, n’essaient-ils pas de la broyer en essayant de la dompter comme les hommes veulent attraper des mustangs et les blessent ?
Même le climat correspond à la célèbre actrice : les étés de fournaise et les hivers glacials
Tout ou rien, comme elle. Attention, encore une fois, c’est mon interprétation de ce que j’ai lu, que je te donne. Marylin, la femme chaleureuse, de braise, la tornade blonde et Marylin qui ne veut plus rien savoir, qui reste de marbre, qui ne sourit plus et s’enfonce dans le silence.
De même que, d’après le livre, car je n’ai pas vu le film, « les désaxés » parlerait de 4 êtres cabossés, égarés : Pauline, sa mère, Marylin, sont des êtres cabossés par la vie. Ils ne sont pas heureux quand le tournage du film a lieu et même avant.
Dans le récit, on aperçoit une Marylin accessible avec Pauline, avec elle, se tient Norma Jean et pas Marylin, pas celle que le monde entier voit, ou veut apercevoir.
On lit ses fragilités et ses doutes.
Entourée, mais seule. Forte, mais si fragile.
Tu sens très fort sa tristesse, tu lis ses manques.
Ce n’est que mon interprétation du texte de Tatiana de Rosnay, je ne connais que très peu Marylin Monroe, je sais quelques faits comme tout le monde, mais sans plus, je ne suis pas cinéphile du tout.
« Poussière blonde » sent bon les années 60 et la fin d’une époque, tu ressens la nostalgie de Pauline, mais aussi des autres personnes venues assister à la destruction de l’hôtel
« Poussière blonde » c’est un roman sur des femmes malheureuses et qui oublie momentanément leurs soucis, un roman sur les relations toxiques. Et si Pauline et Marylin avaient plus en commun que ce que tu peux penser en commençant le roman ?
Les sauts temporels complètent la psychologie de Pauline et de sa famille tout en narrant l’histoire, les actualités, les lieux importants du Nevada.
Tu vas surtout lire des moments charnières qui changent une vie. Plusieurs vies.
Marylin a pris vie devant mes yeux le temps de ma lecture
Je l’ai entendu fredonner « River of no return »
Poussière blonde c’est :
Le temps qui passe
L’amour perdu
Le poids de la solitude… comme les paroles d’un homme important dans la vie de l’actrice à cette période
Tu verras une jeune fille s’épanouir, prendre confiance en elle, prendre conscience de sa valeur
Se voir avec d’autres yeux. Et quels yeux !
Une jeune fille timide qui devient une guerrière chevauchant Commander
Les thèmes du récit sont ceux de la maternité. Des grossesses. Des relations mères-fille. Du chagrin caché qui vous empoisonne à petit feu. Des femmes qui veulent être heureuses, mais qui ne le sont pas. Des femmes à qui on ne laisse pas le choix. Elles s’accrochent à leurs rêves en attendant de mieux, parfois c’est trop tard, parfois il est justement temps de ne plus rêver et d’entrer en action.
Le thème de la défense animale, et en particulier des mustangs, est très présent, tout au long du roman. Si au début je me suis demandé quel lien allait être fait entre une femme de ménage, une actrice et des mustangs, tout a pris sens en lisant le roman.
Une histoire émouvante entre deux solitaires qui n’avaient, au demeurant, pas la moindre chance de se rencontrer et encore moins de se côtoyer
l’existence offre quelques rencontres-miracles qui changent toute une vie, ce qui sera le cas pour ces Pauline et Marylin.
Un roman qui permet de mettre en lumière les fêlures sur le maquillage, les craquelures que les flashs des photos n’immortalisent pas. Qu’un mari refuse de voir.
Il nous rappelle que ces femmes restent des êtres de chair et de sang, pétris d’incertitudes et englués dans l’image qu’elles ont créée, sciemment ou non. Certaines ont décidé de jouer un rôle et ne savent pas s’en sortir autrement.
Dans « poussière blonde », tu verras au loin 2 jeunes femmes galoper sur des mustangs et tu sentiras un vent de liberté te souffler qu’il n’est jamais trop tard
De même que la fin apporte une réponse au choix du titre qui est évocateur et en même temps symbolique. En lien avec Marylin toujours, et avec le Mapes.
C’est un très joli roman, plein de nostalgie, d’espoirs brisés, de rêves oubliés et de ceux qu’on décide d’accomplir.
J’ai retrouvé avec ce livre, la plume de Tatiana de Rosnay qui m’avait plu dans Célestine du Bac. Une écriture fluide, entraînante, un page-turner. On veut comprendre les liens entre le passé et le présent, entre les personnages, entre les personnages et la destruction du Mapes, le lien qui peut exister entre une femme de ménage de 18 ans, jeune mère, Marylin Monroe l’actrice et des mustangs sauvages. (On sait que des mustangs ont été attrapés pour le tournage du film « les désaxés », mais il y a beaucoup plus que ça autour de ces chevaux). J’ai surtout apprécié que ce soit narré au passé. Tu lis les souvenirs de Pauline, tout comme ceux de Marylin. Ce qu’elles disent et ce qu’elles ne révèlent pas. Tu vois les regards échangés.
Dans poussière blonde, il y a :
Un Dodge dakota et un CD de Françoise Hardy
Des mustangs et un ranch, un étalon noir et des Quater Horses. Velma Johnston et la suite 614 une Thunderbird bleue, un match du Super Bowl, un bouquet de roses blanches et la Truckee River, un Bloody Mary, un porte-clés Tour Eiffel, un chiot blanc et une lettre, un béret et un salon de coiffure, des bouteilles de champagne et des banana split, de l’armoise, un seigneur du désert, Montgomery Clift et Elizabeth Taylor, Elvis Presley, du twist et Chubby Checker. Walt Whitman et Rodin, un chemin du cœur brisé et de la poussière grise. Il y a surtout la définition de la liberté et du bonheur des femmes. Ce qu’elles donnent comme définition à ces mots.
✩ Poussière blonde ⟷ Tatiana de Rosnay ⟷ 320 pages ⟷ Éditions Albin Michel, le 7 février 2024✩
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Guy Chentnicki dit
Bonjour à vous.
Merci pour vôtre « analyse » et pour vos mots sur ce roman que je viens de recevoir. Vous me donnez l’envie de m’y plonger plus rapidement que d’habitude! Ce fût un plaisir que de lire vôtre « analyse « , vos mots! Merci.
Cordialement.
Guy Chentnicki dit
Bonjour à vous,
Merci pour ce beau « partage » ! Je viens d’acquérir le roman et je me réjouis de le lire et ce, un peu plus en ayant lu vos lignes!
Cordialement.