PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Dans l’univers hostile du Grand Nord, personne ne vous entend crier. Détective et criminologue à Lyon, Teddy Schaffran apprend que le corps de sa fille a été découvert dans une ville minière très isolée du Grand Nord québécois, Norferville. Morgane a été sauvagement mutilée, abandonnée dans la neige non loin d’une réserve autochtone. Sans réfléchir, Teddy plaque tout pour se rendre sur place, bien décidé à comprendre ce qui s’est passé. Là-bas, Léonie Rock, une flic métisse, est mise sur l’affaire. Elle est alors contrainte de renouer avec cet endroit coupé de tout où elle est née et où, adolescente, trois inconnus l’ont violée. Un retour vers son enfer, alors que les températures frôlent les -20°C. Ensemble, ces deux êtres éprouvés par la vie vont se démener pour trouver des réponses malgré l’inhospitalité de la nature et des hommes.
Bonjour, mes liseurs, aujourd’hui je vous parle du dernier roman de Franck Thilliez, un de mes auteurs préférés en thriller.
Cette fois, Franck Thilliez nous revient avec un one shot, une nouvelle histoire, se déroulant dans les contrées du Québec, dans une ville minière isolée. Direction le nord du Canada, loin dans les terres, au sein d’une petite ville minière qui n’est accessible par aucune route.
Les seuls moyens de s’y rendre, ce sont l’avion privé ou le train.
Le roman débute par deux scènes chocs qui m’ont fortement marquée, ébranlée.
Attention, le prologue peut te mettre mal à l’aise, il s’agit de violence sexuelle.
1996
Un prologue glaçant où l’on assiste à une agression sexuelle sur deux jeunes filles, Maya et Léonie. Maya est innue, Léonie métisse.
2016, 20 ans plus tard
Au chapitre 1, on est à Lyon, on fait la connaissance de Teddy, psychocriminologue. Sa fille Morgane a été retrouvée morte à Norferville. Léonie est devenue officière à la sûreté du Québec. Elle est chargée de l’enquête à Norferville. Teddy se rend immédiatement à 6000 km de chez lui, il veut comprendre ce que sa fille faisait là-bas.
Un retour à Norferville est un cauchemar pour Léonie. Elle va devoir se confronter à son passé tandis que Teddy est confronté à son pire cauchemar : la mort de son enfant.
Franck Thilliez livre beaucoup de faits intéressants sur la culture innue. Article très intéressant sur la culture innue, si vous voulez en apprendre davantage, je vous conseille ce site entre autres : https://lactualite.com/culture/dans-les-mots-des-auteurs-innus/
(Je connaissais la culture Innue à travers le magnifique livre de Michel Jean « Kukum » ici on la vit complètement différemment mais c’est tout aussi intéressant : il faudra que je vous parle un jour de Michel Jean et je ferme là la parenthèse)
Quelque chose rôde dans la forêt. Seuls les autochtones semblent le savoir, mais c’est la loi du silence. Léonie n’est pas la bienvenue. Ni par les agents de police ni dans la communauté innue. Elle est métisse et elle est partie de la réserve.
Le pire crime n’est-il pas celui de l’indifférence ? Vous le verrez dans ce livre, c’est un des thèmes du roman.
Une ville créée de toutes pièces, de même que la réserve de Papakassik, mais basées sur des modèles existants. Les cités minières, les réserves autochtones, le Tsiuetin, ce train qui dessert deux fois par semaine Norferville, existent.
Une histoire qui est aussi glaçante de l’intérieur que de l’extérieur, les descriptions sont magistrales, nous sommes totalement immergés dans ce décor. L’auteur nous offre un nouveau thriller que lui seul peut écrire. Un suspense et une intrigue diaboliques, machiavéliques. Tout est en lenteur dans la lecture, déclenchant un sentiment de frayeur, d’asphyxie, dans cet univers d’une grande noirceur. Un roman qui fait froid dans le dos, frissons garantis. Impossible de sortir indemne de ce récit. Une lecture addictive, captivante, effrayante, abominable, mais il est impossible de lâcher ce livre, l’auteur happe ses lecteurs du début jusqu’au final. Je n’ai pas dégusté, mais dévoré ce roman.
Il s’agit d’un roman policier sociétal engagé qui met en lumière le scandale souvent occulté des violences subies par le peuple autochtone, en particulier les Amérindiennes, qui vivent dans une réserve, à l’écart, dans un quartier spécifique de la ville. Une intrigue que j’ai trouvée glaçante tant à l’extérieur avec le froid polaire qui vous donne des frissons (-50° !) qu’à l’intérieur avec les scènes de violences subies qui y sont décrites à vous glacer le sang.
L’intrigue est facile à suivre, car assez linéaire (et ce n’est pas péjoratif dans ma bouche). C’est un huis clos à ciel ouvert. À partir du chapitre huit, quand Léonie retourne à Norferville, j’ai eu l’impression d’être en totale immersion dans ce monde de glace, hostile, tout à fait menaçant. Tu peux presque sentir le blizzard.
Un roman, comme je vous le disais en introduction, d’ambiance où vous êtes confronté aux éléments du Grand Nord. Glacial le temps comme l’ambiance. Mortel le temps comme l’ambiance. Frisson assuré par le suspense et le froid que vous sentez percer à travers les pages grâce aux descriptions minutieuses.
Même si j’avais depuis le début un très gros soupçon sur un des personnages peu recommandables, je n’ai pas boudé mon plaisir et le suspense n’en a pas été gâché, car l’enquête est dense et a de nombreuses ramifications. Une enquête haletante même si ce n’est pas dès le départ. J’ai aimé le sujet en toile de fond. Je vous conseille de visiter ce site cité par l’auteur : Lire ce site
C’est un excellent one-shot, idéal si vous voulez découvrir l’auteur et idéal aussi si comme moi vous êtes fan. Je l’ai dévoré en 24 h, il me reste à patienter jusqu’à l’année prochaine pour retrouver cet auteur que j’aime tant.
« Cette ville maléfique la rappelait à elle pour régler ses comptes. »
Teddy et Léonie vont me manquer, ces deux héros sont terriblement attachants.
À 6000 km de la France
L’affaire est pour Maya et Teddy très proche de leur vie personnelle, passée ou présente. Ils sont déterminés, mais aussi au bord du gouffre tous les deux. Les gens qui ont vécu en pleine nature pendant des siècles ont fini par être parqués tels des animaux. Franck Thilliez transmet parfaitement l’injustice de ce fait réel, que je découvre pour ma part. Je n’avais aucune idée que de telles réserves existaient de nos jours. Il explique l’histoire innue, leurs coutumes, leurs croyances en les insérant à l’enquête menée par Teddy et Léonie.
« Le mal n’avait pas de frontières, pas de hiérarchie, il frappait tout le monde, il habitait tout le monde. »
« Norferville ne pouvait pas s’expliquer avec des mots, elle ne pouvait qu’être vécue avec les tripes. »
Je complète en disant que ce livre, Franck Thilliez l’a écrit avec ses tripes et que je ne lui rendrai pas hommage avec mes mots. Vous devrez lire pour comprendre à quel point la blancheur immaculée, le silence de l’hiver peuvent cacher l’enfer et les cris des morts.
« C’était un lieu qu’on n’oubliait pas, un démon qui se logeait en boule au fond de votre ventre et se manifeste la nuit pour en gratter les parois, vous poussant à vous réveiller en hurlant. »
« Norferville toute verglacée, figée comme un décor lugubre dans une boule de verre. »
« Un dicton dit qu’on a tous, ici, du sang indien. Si ce n’est pas dans les veines, c’est sur les mains. »
Norferville, c’est :
De la tension presque palpable tellement présente.
Deux personnages malmenés par la vie, cabossés.
Un univers de bêtes sauvages, de solitude et de glace où le danger peut surgir de partout, même de l’air.
Le sort des autochtones.
Un livre avec une âme, celle des Innus oui, mais pas uniquement, celle de l’auteur, je pense. C’est mon ressenti, je l’ai senti « habité » ce roman.
La violence des hommes et les croyances ancestrales.
Des phénomènes météorologiques beaux, mais mortels.
Le froid et des meurtres.
Du suspense jusqu’au bout.
Le sort des femmes et surtout celui des autochtones.
C’est un roman ancré dans la réalité et l’actualité.
Des descriptions visuelles et immersives.
C’est l’injustice et le racisme.
Un livre que je vous conseille de découvrir cet hiver pour plus d’immersion ou cet été pour vous rafraîchir, ambiance glaciale assurée !
✩ Norferville ⟷ Franck Thilliez ⟷ 456 pages ⟷ Éditions Fleuve, le 2 mai 2024✩
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