que nous ne livrions pas aux machines ? »
Partout, il y a la terreur.
Celle d’une jeune femme dans une chambre d’hôtel sordide, ventre loué à prix d’or pour couple en mal d’enfant, et qui s’évapore comme elle était arrivée.
Partout, il y a la terreur.
Celle d’un corps mutilé qui gît au fond d’une fosse creusée dans la forêt.
Partout, il y a la terreur.
Celle d’un homme qui connaît le jour et l’heure de sa mort.Et puis il y a une lettre, comme un manifeste, et qui annonce le pire.
S’engage alors, pour l’équipe du commandant Sharko, une sinistre course contre la montre.
C’était écrit : l’enfer ne fait que commencer.
Enfin cet homme qui veut remettre une lettre au 36, rue de Bastions, qui tremble de peur et mort sur place quasiment dans les bras de Nicolas Bellanger, un des hommes de la brigade de Sharko.
Autant te dire que le livre démarre à toute vitesse et que toi tu es dans l’urgence comme les hommes de la brigade du requin, Sharko, qui se retrouve à enquêter sur les deux morts.
Un changement assez difficile à vivre pour notre commandant, vieux de la vieille, ancré dans ses habitudes.
De plus, avec une des affaires il va devoir se mettre à fond dans l’informatique et les méandres d’internet.
Sharko réfractaire aux nouvelles technologies n’a pas d’autre choix que de s’y plonger.
On retrouve Lucie Hennebelle, je dirais qu’elle est le phare de Sharko dans la tempête même quand il la rudoie avec des paroles très blessantes.
Je n’en dévoile pas de trop sur les personnages récurrents.
Je ne voudrais pas gâcher la surprise des lecteurs qui découvrent ce duo d’inspecteurs : Sharko et Hennebelle.
Une femme qui va apporter une touche de mystère supplémentaire, on apprend, comme ses collègues à la connaître.
Je pense qu’elle n’a pas fini de nous surprendre.
Une femme brisée, quasiment personne n’est au courant.
Elle garde sa vie très privée. Un personnage doté d’une aura, elle est charismatique même avec toutes les questions que l’on se pose à son sujet.
Où étiez-vous hier et où irez-vous demain ?
C’est la grande question du livre.
Franck Thilliez émet une vive critique de la société d’aujourd’hui ultraconnectee, les dérives.
Dérives informatiques et médicales, car il va aussi nous parler des intelligences artificielles.
Il met en garde même si on est déjà en plein dedans avec toutes les informations que nous divulguons sur la toile sans même s’en rendre compte.
Notre smartphone est devenu une puce électronique qui sait tout de vous.
Il va aussi nous parler des GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) ces multinationales qui n’ont plus beaucoup de scrupules.
En ont-elles eu à un moment ?
Cela fait froid dans le dos.
Franck Thilliez explore le monde d’aujourd’hui sans être moralisateur.
Il entraîne la réflexion.
Toute cette science, ces explications coulent comme de l’eau de source à aucun moment il ne perd son lecteur dans des descriptions alambiquées bien au contraire.
On sent le travail de recherches fourni qu’il soit le plus exact possible et justement que tout cela ne soit pas de la fiction, mais existe aujourd’hui fait encore plus peur.
Franck Thilliez va nous entraîner dans un terrible jeu de piste avec celui qui se prénomme lui même l’ange du futur.
Il a écrit un manifeste.
Où se trouve-t-il ?
Pourquoi se dénomme-t-il ainsi lui-même ?
Pourquoi est-il autant en colère, réfractaire, sur les avancées technologiques ?
L’atmosphère est particulièrement bien retranscrite, tu as déjà cette urgence pour toi et pour la brigade.
Tu verras de quoi je parle si tu lis le livre.
Ce délai qui se restreint de plus en plus vers l’inexorable te met sous tension, mais en plus tu es plongé aux cœurs des ténèbres.
C’est l’automne, Paris est sous la pluie sans interruption depuis des jours.
L’équipe d’intervention enquête dans des lieux sombres où se tapissent les ombres.
Des décharges, des casses automobiles, les forêts, le RER, des villages abandonnés, un cimetière de bateaux.
Une ambiance étouffante, poisseuse, glauque.
Des lieux en Perdition où l’on se perd
Des quartiers où il n’y a plus rien à voir, plus rien n’a espérer.
Des métros bondés avec les gens tête baissée, rivés sur leurs téléphones, tablette, ordinateurs.
Des lieux confinés où plus personne n’interagit en face à face.
C’est l’heure d’internet, des réseaux sociaux qui n’ont plus rien de social.
Tu sens le vent vif, glacé, pénétrer ton manteau. Tu observes la Seine qui monte de plus en plus.
Une écriture visuelle, atmosphérique sans que l’intrigue soit mise de côté.
Bien au contraire, ce climat la renforce le suspens. Une ambiance de crainte de ce que l’on va bien pouvoir découvrir.
Tu avances à tâtons comme eux sans savoir où les pistes vont bien pouvoir te mener, car oui, ça, c’est ce que j’aime le plus chez Franck Thilliez il t’emmène dans un véritable jeu de piste.
Il te donne une solution pour ensuite te mener dans une voie sans issue et ensuite quand tu ne t’y attends pas du tout te surprendre avec une révélation ou un retournement de situations que tu n’as pas pu voir arriver.
Brique par brique ; point par point, ligne après ligne, Franck Thilliez a échafaudé cette intrigue complexe, macabre et terrifiante.
Heure après heure, chapitre après chapitre ; on observe Sharko et son équipe démonter cet édifice bien solide.
Tout est scellé, pas un rayon de lumière ne transperce ces ténèbres.
Le Scénario est implacable.
Une structure et une charpente construites au degré près.
Tu ne pourras rien deviner.
Chaque chapitre est addictif, tu veux comprendre tout en ayant peur de ce que tu vas découvrir.
L’écriture est précise, ciselée, millimétrée, rien n’échappe à notre homme.
Elle est chirurgicale. C’est un incroyable à lire quand survient une révélation, on ne la voit pas arriver. On la prend en pleine tête en sachant qu’il y en aura bien d’autres encore avant le dénouement final.
On revient de temps à autre sur le passé des protagonistes, un procédé qui permet soit d’avoir des nouvelles des personnages que l’on connaît si on a lu les précédents opus ou au contraire apprendre à connaître leurs forces et leurs failles en ne connaissant rien d’eux auparavant.
Des personnages que j’ai été heureuse de retrouver.
Après la première partie où tu as affaire à l’ange du futur, la seconde partie du roman va te livrer au diable. Plus tu vas avancer dans ta lecture plus cet homme, ou cette femme, tu n’as aucun indice sur son identité va mener en bateau Sharko et son équipe, et toi tu vas craindre ce que tu va bien pouvoir découvrir comme scène macabre.
La fin de la première partie m’a mise KO. La seconde se déroule à toute vitesse, tu plonges de plus en plus dans les ténèbres.
Je sais que je reste très floue, que je te donne très peu d’explications, mais je pense sincèrement qu’il faut lire ce roman sans en savoir de trop.
La quatrième de couverture ne dévoile pas grand-chose et c’est bien comme cela.
Lire et découvrir toute l’étendue de cette enquête, ces multiples ramifications, sans savoir où tu mets les ‘pieds’ c’est ça qui fait la force de ce livre.
Tu vas en apprendre plus sur l’eugénisme, le biohacking, les manipulations génétiques.
Tu vas te demander jusqu’à quel point la science peut-elle aller ?
N’est-il déjà pas trop tard ?
N’a-t-on déjà pas franchi la limite ?
N’a-t-on pas ouvert la boite de Pandore ?
Où est la limite du progrès ?
On va naviguer dans les milieux underground, des lieux glauques, explorer, au moins mettre un pas dans le darknet.
Je ne te dis pas tout, tu n’imagines pas combien de pièces comporte ce gigantesque puzzle.
Un thriller en trompe l’œil, et ce même avant la lecture…
De la fiction à la réalité, il n’y a qu’un pas à franchir, une page à tourner…
En bref
Si je devais décrire ce roman en couleur, ce serait des dégradés de gris et brun en parfaite adéquation avec la couverture. La lueur de jaune, on l’attend, cette éclaircie elle tardera à arriver. Si elle arrive…
Luca ou quand le destin bascule en une seconde, à un click et c’est la fin qui se rapproche.
Cette date du 17/11 a 17 h 2 précise. Pourquoi ?
Quel est le lien entre le cadavre mutilé de Bondy et celui de l’homme mort après avoir remis une lettre devant le 36 rue des bastions ? Et ce bébé de mère porteuse
? 3 énigmes dont tu vas te poser mille et une questions.
Une enquête policière, tortueuse, travaillée.
Des sujets multiples, mais jamais survolés, c’est dense, terrifiant, intéressant, et comme je le disais plus haut addictif. Tu lis un chapitre, tu as une révélation ou une piste dans le suivant qui te laisse sans voix et ça, c’est pour toute le roman. Pendant plus de 550 pages !
Frack Thilliez n’oublie pas l’humain au milieu de toute cette science, il sait parfaitement mettre en avant les émotions de ses héros. Le couple Sharko/hennebelle est moins au centre du livre, mais suffisamment. Pour mon plus grand plaisir, le personnage de Nicolas Bellanger est plus développé.
J’ai adoré ce nouveau tome, je l’ai dévoré.
Une intrigue en deux temps, une enquête qui t’amènera à réfléchir sur le monde de demain.
Cela fait peur, mais on ne peut pas dire que nous ne savions pas.
Bienvenue dans le présent, bienvenue dans le futur, ou pas. Prends garde si tu franchis les portes de l’enfer !
Vivement le prochain opus sur Sharko et son équipe ou un one-shot, car que cela soit l’un ou l’autre, Franck Thilliez sort toujours son épingle du jeu et arrive à te surprendre livre après livre.
Jamais tu ne te lasses ni tu retrouves un schéma, un thème récurent, si ce n’est que notre auteur aime te pousser à la réflexion.
Pour moi, cela m’arrange, j’adore les romans qui me secouent, qui bouleversent mes certitudes.
✩ Luca ⟷ Franck Thilliez ⟷ 96 pages ⟷ Édition Fleuve, collection noir, le 2 mai 2019 ✩
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Vampilou fait son Cinéma dit
Je ne suis absolument pas fan de cet auteur, trop hard pour moi, mais ma maman l’est, alors je sais que ça va lui faire bien plaisir !