PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Japon, 1957.
Alors que la nuit a déjà enveloppé de son ombre les maisons du village et que seules des lanternes en papier éclairent le chemin, la jeune Naoko avance dans son kimono blanc étincelant. Au bout de l’allée, Hajime, un soldat de la marine américaine, l’attend. En l’épousant, Naoko, pourtant promise à un riche homme d’affaires plus âgé, sait qu’elle défie toutes les conventions de la société japonaise traditionnelle dans laquelle elle a grandi.
Mais quand Hajime est retenu en mer sans perspective de retour quelques mois à peine après leur mariage, Naoko comprend qu’elle devra affronter seule le courroux familial et lutter pour sauver la vie de son enfant à naître.
Le choix impossible qui se profile bouleversera non seulement son propre destin, mais aussi celui des générations futures…
Inspiré d’une histoire vraie, le récit émouvant d’une femme déchirée entre son coeur et sa culture, prête à tout pour protéger son enfant.
Bonjour, mes liseurs. J’ai lu ce roman poignant à la fin du mois de mars avec Lucie (@entre_les_lignes_de_lucie) je devrais dire dévoré, car c’est ce qu’il s’est passé.
Une fois commencé, j’avais du mal à arrêter ma lecture, je n’avais qu’une envie : retrouver mon livre.
Non seulement la plume est fluide, mais en plus je voulais connaître les dénouements des 2 temporalités.
L’une des temporalités se passe au Japon en 1957, l’autre aux États-Unis quelque part dans le Midwest.
En 1957, on suit Naoko et Hajime, des jeunes gens de 17 ans.
Elle est japonaise, lui est un marin américain.
Hajime, jeune marin de 17 ans prêt à conquérir le monde. Il a des idéaux, au lieu de ça c’est l’amour qu’il va trouver de l’autre côté du globe un jour en marchant sur une rue bleue.
De nos jours, on suit Tori et son père, Pops.
En 1957, on lit un amour condamné autant par les familles que par les autorités.
De nos jours, on lit les derniers instants d’un homme condamné.
Atteint d’un cancer, sans guérison possible, il donne à sa fille Tori une lettre avec une adresse en japonais.
« Pour savoir où tu vas, tu dois à la fois connaître tes racines et la direction de tes bronches. »
Tu vas lire un bonheur suffoqué par la réalité d’un côté et de nos jours un bonheur qui prend fin avec la mort.
J’ai déjà lu des romans sur le Japon, et notamment sur l’ostracisation des bébés métis.
La condamnation par la société japonaise des femmes qui ont osé aimer un Américain.
L’autrice te parle et te montre les convictions nationalistes zélées qui entretiennent les préjugés depuis longtemps enracinés ; le rejet des enfants métis
Les Japonais ont perdu la guerre, les croyances radicales de l’Amérique ont fait irruption dans leur traduction et ils le vivent mal.
Les Japonais pensent qu’ils salissent leur tradition
Pour Naoko, son pays et ses parents lui font honte et l’effraient. Elle ne comprend pas qu’ils refusent de voir l’homme derrière la nationalité.
« Au Japon, nous réjouissons de nombreuses choses : les grands tremblements de terre qui font s’écrouler des villes entières, les éclairs meurtriers qui tombent du ciel en colère, les vents violents d’incendie, mortel, le père. La dernière n’est pas la moindre. »
Pour Pops, ironie du sort, le nom du bateau sur lequel sa vie a commencé, et le nom du service d’oncologie de l’hôpital dans lequel il est hospitalisé à cause de son cancer portent le même nom.
Taussig, là où ça a commencé et le nom ou cela se terminera.
On se demande, en alternant les chapitres, si Hajime du Japon, en 1957, est le Pops de nos jours.
Et si oui, pourquoi Naoko et lui ne sont-ils plus ensemble ?
L’autrice t’immerge pleinement dans le Japon, par ses descriptions et aussi par les nombreuses superstitions et les dictons du Japon souvent cité par la grand-mère de Naoko
Les descriptions des traditions des différentes cérémonies de celle des fiançailles ont un enterrement.
Une immersion complète dans la culture japonaise.
Dicton, adages et préceptes sont nombreux comme les doubles sens dans les histoires de Pops aux États-Unis.
J’ai aimé lire les histoires qu’il racontait à Tori et ensuite découvrir qu’elle était la part de vérité.
Un père qui faisait rêver sa fille en mettant de la magie dans toutes les histoires qu’il lui narrait.
Après sa mort, elle va se rendre compte qu’en fait il lui racontait sa vie avant elle et sa mère.
Au Japon, à cette époque, les bébés métis ne sont même pas honorés dans la mort. Ils sont traités en véritable paria ; les mères ont très peu de choix
C’est très dur à lire.
Les larmes me sont montées aux yeux plus d’une fois.
C’est des traitements cruels qui leur sont infligés.
À celles qui veulent leur bébé comme à celles qui n’en veulent pas.
Tu lis les choix de Naoko et ceux qu’on a faits pour elle.
L’autrice m’a tenu en haleine jusqu’à la fin.
Autant avant qu’aujourd’hui.
Avant, tu demandes quel sort va être réservé à Naoko, aujourd’hui est-ce que Tori va avoir les réponses aux questions qu’elle se pose ?
L’autrice aborde de nombreux thèmes dans son récit, des sujets qui m’ont ému et d’autres qui, même s’ils sont abordés régulièrement dans les romans ; ici, ils ont une portée en émotion supplémentaire, je pense, notamment au lien entre Naoko et sa mère et la sororité qui se dégage des pages.
Tu liras un secret partagé entre des femmes au savoir commun. Il y a un bel exemple de sororité.
S’il y a de la beauté et de la magie dans les histoires de Pops, il y a aussi du chagrin, beaucoup de peine.
Des personnages qui bataillent avec les interventions du destin.
J’ai adoré les 2 temporalités, j’ai été touchée par Naoko comme par Tori même si je l’ai été davantage par Naoko par rapport à ce qu’elle vit.
Une jeune femme qui ne se laisse pas abattre et qui lutte contre les courants inverses.
Naoko est tiraillé entre ses attentes nouvelles et ses anciennes traditions
Tori identifie au fur et à mesure les éléments de vérité dans toutes les histoires de son père et toi tu vas rester un moment sans avoir réponse à tes questions, même si tu doutes, tu espères une certaine réponse et une issue.
L’autrice te tient entre ses filets et ne révèle pas ses atouts facilement.
Les chapitres courts, l’alternance de temps et de narrateur, les interrogations que soulève l’autrice font que tu ne peux pas t’empêcher de dévorer ce roman.
Tu vas lire l’histoire d’un foulard qui traverse 2 fois le grand océan, témoin d’une histoire d’espoir et d’amour.
Ce roman est d’une vérité belle et tragique
Pour Tori, la seule solution pour aller de l’avant, c’est explorer le passé de son père. On vit avec elle comme avec Naoko des montagnes russes émotionnelles de chagrin et de confusion. De la joie aussi parfois, de la beauté comme une nuit particulière dans le roman qui est à la fois belle à lire et très symbolique du récit.
La lettre que Tori a en sa possession et que son père tenait à ce qu’elle la lise est-elle une tentative de soulagement de sa conscience ou exprime-t-elle sa culpabilité ? Exprime-t-elle le regret d’une vie perdue, à cause de circonstances malheureuses ?
« Le temps est une créature têtue qui prend plaisir à jouer avec nous. Lorsque nous sommes contents, il déploie ses ailes et s’envole. Lorsque nous attendons, il se traîne à pas lourds dans une boue épaisse ».
La culture occidentale s’est infiltrée dans la tradition orientale et brouillé les cartes. Après la guerre, après l’occupation, les Américains sont un objet de curiosité parmi les jeunes et une abomination pour les anciens. Des bébés nés d’union entre femmes japonaises et militaire américain ont été abandonnés ou ostracisés. L’autrice s’est appuyée sur l’histoire de son père et de nombreux témoignages pour écrire son roman.
« tu es comme l’aveugle, l’aveugle qui voyage la nuit avec une lampe à la main. Lui n’en a pas besoin pour avancer, mais elle est allumée afin que les autres puissent le voir. Tu portes la lanterne pour nous, mais toi, tu n’en as jamais eu besoin pour savoir dans quelle direction aller. »
« Le chagrin et le bonheur ne passent pas, ils se terrent en nous. Nous nous tenons sur leurs jambes inégales, en tentant de garder l’équilibre quand il n’y en a plus, il n’y a que l’amour. Que la vérité. »
Bien que la femme au kimono blanc soit une œuvre de fiction, elle est élaborée à partir d’éléments d’histoire réels
Plus de 10 000 bébés sont nés entre soldat américain et femmes japonaises avant, pendant et après l’occupation parmi eux un peu plus de 700 ont été confiés à un foyer, un orphelinat d’Oiso au Japon, crie en 1948 par l’héritière de l’empire, Mitsubishi
Le foyer Elizabeth Saunders
L’autrice s’inspire de la véritable histoire de nombreux enfants, ce que tu liras va te déchirer le cœur.
Elle a écrit les histoires de Pops autour de faits réels comme la rue bleue, tandis que les contes de Naoko sont tirés des mythes et du folklore japonais.
Un roman déchirant, une histoire d’Amour, l’amour entre deux personnes, mais aussi l’amour filial
✩ La femme au kimono blanc ⟷ Ana Johns ⟷ 432 pages ⟷ Éditions Charleston, le 13 mars 2024✩
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