Je ne savais rien du livre à part qu’il parlait de 2 sœurs.
Emma et Agathe.
En quelques pages, j’ai été aux côtés des 2.
Au moment où Agathe renverse son sac pour trouver la clé qui ouvrira la porte de la maison de leur grand-mère, Virginie m’avait transporté à Anglet.
Elle me confiait la clé de ses personnages.
J’allais faire leur connaissance au fil des pages, au fur et à mesure que l’on remonte le fil des souvenirs des 2 sœurs.
J’allais ouvrir et fermer des portes aux souvenirs.
Assimiler hier pour les comprendre aujourd’hui
Laisser révéler toutes les portes.
Je me doutais que les dissimulées et les enfouies se dévoileraient en temps et en heure.
Jamais un auteur n’aura écrit quelque chose de si proche de moi, de mon passé.
C’était troublant.
Hier, 3 mai 2023, j’ai fermé le livre à la page 181
Après avoir partagé une citation à mon amie, Lucie.
J’ai écrit les paragraphes que tu viens de lire.
Vendredi 5 mai, après une nuit, je reprends l’écriture.
Mon ressenti face à ces premières pages avant de continuer ma lecture.
Ça menace de déborder depuis hier.
Je m’apprête à terminer le livre.
J’ai à la fois très peur de ce que je vais lire, et j’ai très hâte de retrouver les filles.
Agathe et Emma.
Je suis à la fois Agathe et Emma.
Parfois plus Emma que Agathe. Parfois plus Agathe que Emma.
Je n’ai pas vécu les mêmes traumatismes, mais pas très loin.
Leur enfance et adolescence est la mienne à peu de choses près.
Leur Mima est la mienne sauf que la mienne elle s’appelait Louise
Les réactions d’Agathe et Emma m’ont serré le cœur, car je m’y suis revue. À 6 ans, à 8 ans. À 13 ans…
Pas le même lieu.
Pas les mêmes années, mais presque.
Je sais pertinemment que ce n’est pas mon histoire, mais c’est tellement proche de moi que j’appréhende de lire la suite.
Hier, j’ai pleuré oui, mais pas aux moments où cela me touchait le plus. Mon armure a tenu bon.
Aujourd’hui, j’ai décidé de déposer les armes.
De ne rien retenir.
Je verrai et je vous dirai.
Il est 14 h 27. On est le 4 mai.
Il est 17 h 24. Je suis KO, la gorge nouée.
Le cœur en étau
Ça bat trop vite là-dedans.
Trop fort.
Comment vais-je bien pouvoir te dire, Virginie, ces mots ?
Cette puissance de sentiments ?
Cette vague immense qui m’a soulevé ?
Je n’étais plus dans mon canapé.
J’étais à Anglet.
Je vais sur ma terrasse, je regarde les nuages.
Le vent portera mes pensées vers toi, tu les entendras peut-être dans mes silences.
Ton livre serré contre mon cœur.
Ton livre, lui, il savait, avant que je l’ouvre, que je ne sortirais pas indemne en le refermant.
Un merci n’est rien par rapport à ce que j’ai reçu.
Emma a eu besoin de 5 ans.
J’ai eu besoin d’« une belle vie »
Comment rendre beau le fait de changer de radio ?
Comment arriver à te faire pleurer, éclater de rire et sangloter tout ça en un chapitre ?
Ne t’attends pas à lire un roman lisse au contraire, c’est plein d’aspérités, Virginie les adoucit avec son humour, mais il est à mon sens le plus fort qu’elle a écrit
Il m’a bousculé, remué, fracassé comme les vagues de l’Atlantique.
J’ai bu la tasse plusieurs fois, repris mon souffle et continué.
Il me fallait connaître tout des 2 sœurs. Car oui, il y a des mystères, tu ne les verras pas arriver, ce sont des lames de fond qui te font tomber.
Je n’étais pas prête.
Il est 19 h 6. J’ai terminé d’écrire cet avis à chaud.
Je le laisse reposer jusque demain.
Il est 20 h 24, j’écris à Virginie.
À toi qui me lis, et à Lucie, la première à qui je l’ai dit à quel point j’avais été remuée. Touchée
Dans « une belle vie », il y a beaucoup de magie et de poésie.
La magie des mots, celle qui fait que dès la première page tu sais que ce livre t’a choisi, qu’il a été écrit pour toi et qu’il te plaira.
Intensément.
Passionnément, j’ai Grimaldisé
Ce mot je l’utilise dans mes avis depuis un moment (en 2017 exactement)
Il veut dire que Virginie réussit une fois de plus à faire entrer ses personnages dans mon cœur.
Que le temps de ma lecture, il n’y aura plus rien autour de moi.
Elle réussit, à chaque fois, à ce que je pose un regard sur ma vie, peut-être parce que nous avons le même âge, peut-être aussi parce que l’amour, il déborde de nous ?
Peut-être à cause de ce temps qui passe tellement vite et qui nous effraie ?
Le fait est que je me retrouve tellement dans les questionnements de ses personnages et sans doute un peu les siens.
Certains sujets sont parfois juste effleurés, mais il ne t’en faut pas plus pour que tu comprennes ce que Virginie veut te dire.
Virginie réussit à faire de scènes de vie banales, quotidiennes des moments intenses, forts.
Cette auteure laisse chaque fois son empreinte en moi.
Je suis à nouveau marquée, j’ai manqué de souffle, j’ai repoussé la fin, lu chaque mot, fais attention à la moindre virgule, lu chaque titre de chapitre.
J’ai reculé pour mieux plonger, me noyer dans ses mots.
Quelle douleur de terminer ce roman !
Ce fut éprouvant et beau.
J’ai été déchirée et tiraillée.
Je souris aussi.
Virginie, elle enrobe les mots gris dans du papier coloré.
Elle utilise toutes les formes d’humour et d’amour.
L’ironie et le sarcasme.
La tendresse et l’affection.
Le cynisme, l’humour noir et surtout le coloré qui brille de mille feux.
Les mots doux et ceux bien rugueux ; les deux laissant des traces en ton âme, en ton cœur.
Virginie ne s’est pas contentée d’écrire une jolie histoire, un roman qui tient la route, elle te donne un texte fort, saisissant.
Habité.
Vivant.
Ancré dans le présent et la réalité.
Le plus fort de tous, pour moi.
À vous les sœurs Delorme,
Je vous ai vu enfants, jeune fille, jeune femme, quarantenaires comme moi. C’est peut-être ça que ce livre résonne autant en moi.
Emma, je me suis beaucoup reconnue en toi, tout comme en Agathe.
À vous 2, vous êtes moi.
J’ai lu et vécu chacune de vos peurs, vos failles, j’ai grandi avec vous, j’ai ressenti chaque chute, chacun de vos pas en avant, et ceux en arrière aussi, chaque peur ou soubresaut, j’ai tout ressenti.
Agathe et Emma, je n’ai pas envie de vous dire au revoir. Pas du tout !
Je vous aperçois faisant la planche sur les flots.
Je prends une grande inspiration. Avec vous, j’ai retrouvé mon souffle.
J’ai aussi embrassé ma destinée.
Un bout de moi est resté là-bas près de vous.
Maintenant, il faut continuer l’histoire.
La passer à d’autres lecteurs et garder en moi ce voyage aux grandes turbulences émotionnelles, aux jolis moments filiaux.
Aimer d’aimer, souffrir d’aimer, pleurer d’amour, la peur d’aimer, sentir et respirer, trouver son oxygène, reprendre son souffle enfin.
Dans ce roman, tu vas vivre les souvenirs d’Agathe et Emma. Leur manière de vivre les épreuves. Les joies aussi.
Tu vas lire les souvenirs que l’on a toujours gardés au creux de soi et ceux qu’elles vont créer.
Une belle vie ce sont les moments gravés en nous et ceux qui laisseront une trace indélébile.
Les instants immémoriaux que rien ne pourra venir voler, ôter de sa beauté.
Ceux qui restent imprimés et que l’on voudrait oublier et puis ceux qui refont surface quand on pensait les avoir profondément enfouis.
Virginie te montre que dans le difficile c’est là, juste là, qu’il y a le plus d’éclat.
Le plus de joie.
De lumière.
Même si tu mets un moment à l’apercevoir cet éclat.
Elle te dit qu’à un moment, il faut savoir déposer armure et colère pour mieux serrer la tendresse, choyer l’amour.
Vivre l’instant présent.
Dans mon cœur, ça s’est emmêlé, tordu, balancé, écrasé et ça a chanté, ri et jailli aussi.
Ces sœurs tu feras leur connaissance en lisant ce roman vibrant des années 90, vibrant de mots jamais prononcés, de larmes jamais versées, ou trop versées.
Des sœurs qui prennent un bain de vent et te racontent leur vie.
Appuyée sur le vent, leurs mots et maux s’élèvent et toi, loin d’eux, loin du Pays basque, là-bas sur ce bout de sable non loin de l’Espagne, tu les entends.
Ils résonnent en toi, tu les entends ces mots/maux que seule Virginie saura te déclamer.
Un roman puissant et beau.
Tu liras leurs plus sombres peurs et les éclats de lumière.
Tu rencontreras 2 âmes. 2 sœurs. 2 âmes sœurs
Des astres incandescents.
Tu seras avec eux dans ce firmament que Mima leur a montré chaque mois d’août lors des nuits des étoiles.
Ce livre est une fulgurance, une évidence.
Les livres sont, pour moi, toujours une question de moment.
De destin entre eux et moi.
quand je l’ai commencé, j’ai su de suite qu’il allait m’emporter
Ouvre ce livre et entre dans la chorégraphie de la vie
Les hauts, les bas, les turbulences, les courses poursuites, les chahuts, les cris, les larmes, la tristesse et la tendresse
La résilience.
Est-il possible de vivre un roman à ce point ? Oui.
Je sais, je reste très vague sur le contenu du roman, mais ce livre il faut le découvrir en en sachant le moins possible.
Je n’aurais pas pris ce retour de vague en plein visage si j’en avais su davantage.
Que te dire d’autre si ce n’est que tu vas te laisser porter doucement par le bruit des vagues, dans les années 90, être à mobylette ou à pied, vivre une nuit étoilée ou un pique-nique sous un tilleul, un arbre témoin de plusieurs vies.
Chaque instant est intense.
Tu seras pris dans tes pensées, tu ne verras pas la vague arriver.
Celle qui va te couper le souffle, tu auras peut-être comme moi cette impression d’étouffer de larmes, cette boule dans la gorge qui a tellement de mal à passer et pourtant tu arriveras à respirer à fond, les poumons grands ouverts, tournés vers l’avenir.
Une page se tourne, un livre se ferme, mais rien n’est terminé.
La vie ne fait que (re) commencer.
Dans une belle vie il y a :
Un cendrier, des coquelicots, Chantal Goya, des bonbons coquillages, des moules de bouchot, Barbie féerie, Brad Pitt, des goélands, des pottoks, un tee-shirt de Nirvana, Dance Machine et Roch Voisine, le petrichor. Star club et la nuit des étoiles, eau jeune, une planche de surf, Titanic et Will Hunting, des perles, des cassettes VHS, Jean-Paul Gaultier et 50 cents, une frite froide, l’homme au goéland, des mots croisés, un scooter, un tilleul, Kyo.
Il est 21 h 39
Je me sens orpheline et pleine de gratitude qu’il me soit donné à lire des livres comme celui-là, des livres qui me répare, qui recolle les morceaux de moi éparpillés au fil des années.
Je peux te le dire : OUI là, je vis une belle vie
Quelques citations :
« C’est pas pour le café que je te remercie. C’est pour ton amour. Tu as déjà tout compris, tu sais que c’est l’unique remède au chagrin. C’est tout ce qui compte, finalement : se faire une place dans le cœur des autres et accueillir du monde dans le sien. Tu es spéciale, ma chérie. Tu fais passer tes émotions avant ta raison, ne perds jamais ça. »
« j’espère que Mima a raison, que c’est une bonne chose d’être comme je suis, parce que parfois j’ai l’impression d’avoir le cœur qui prend toute la place dans mon corps, et c’est pas pratique pour respirer. »
« Je regarde le paysage, qui défile aussi vite que le temps. Les jours s’enchaînent, deviennent des mois, des années.
On traverse l’existence à toute allure, on passe son temps à se dire qu’il faut le prendre, mais c’est lui qui nous embarque. Le temps de le dire, maintenant, est devenu hier.
La page 321…je ne peux pas te l’écrire elle t’en révélerait de trop. Mais !!
PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Emma et Agathe Delorme sont soeurs. Elles ont grandi l’une contre l’autre, mais sont pourtant très différentes. Agathe, la plus jeune, bordélique et ardente, a toujours pris toute la place dans le bain, dans la chambre et dans le coeur d’Emma.Après cinq ans d’un silence inexpliqué, Emma donne rendez-vous à Agathe dans la maison de vacances : Mima, leur grand-mère adorée, n’est plus, il faut vider les lieux et faire le tri dans les souvenirs. Les soeurs Delorme ont une semaine pour tout se dire et rattraper le manque de l’autre. Parviendront-elles à réparer le passé ?Dans la beauté de cet été au Pays basque, où leur enfance cogne à la porte, résonne la force de leur histoire.
Entre rires et larmes, un roman bouleversant et irrésistible.
✩ Une belle vie ⟷ Virginie Grimaldi ⟷ 384 pages ⟷ Éditions Flammarion, le 3 mai 2023✩
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JL dit
Formidable chronique ! … Bravo pour votre écriture et votre sincérité. Un beau moment de lecture…
fred_lit_et_bricole dit
Qu’il est beau ton article