PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Lisbeth Johnson a grandi dans le Sud des États-Unis, dans la plantation de coton appartenant à sa famille. Jordan Freedman est la fille de Mattie, esclave et nourrice bien-aimée de Lisbeth. Trois ans après la fin de la guerre de Sécession, Lisbeth et Mattie veillent chacune sur leur foyer tandis que Jordan est institutrice et suffragette.
Quand Lisbeth est appelée au chevet de son père mourant, elle se rend sans hésiter à la plantation et se retrouve confrontée à sa famille confédérée, qu’elle a trahie en épousant un abolitionniste. Au même moment, Jordan et Mattie reviennent elles aussi à Fair Oaks, afin de soutenir leur famille, toujours victime d’oppressions.
Le contexte de lecture :
J’ai lu ce livre avec beaucoup d’impatience ayant adoré son prédécesseur : le crocus jaune. J’avais autant hâte que peur de le commencer, cela me fait toujours ça avec des suites. J’ai été très vite rassurée, Laila Ibrahim te replonge très vite dans son récit, auprès des personnages que tu as laissés. On commence le récit 10 ans après la fin du premier tome.
J’ai adoré ce deuxième livre, plus encore que le premier. Tu vas rencontrer des femmes inspirantes qui ont œuvré pour lutter contre le racisme et la ségrégation comme Sojourner Truth (militante du droit de vote des femmes) et Frances Gage (abolitionniste) ou encore Harriet Tubman qui a aidé de nombreux esclaves à traverser le sud.
Ces femmes sont inspirantes, j’ai adoré me renseigner sur elles. J’aimerais découvrir des livres sur ces trois femmes.
Mon avis :
La suite du Crocus jaune remet en scène les familles Johnson et Freedman, qui se trouvent confrontées à l’injustice qui les a toujours séparées, mais aussi à l’amertume et la violence.
Une curieuse coïncidence ramène Lysbeth et Mattie à Fair Oaks après tant d’années. Je ne peux pas trop t’expliquer ce qu’elles sont l’une pour l’autre ni leur passé. Sache juste que Lybeth est une femme qui a pris parti avec son époux pour l’abolitionnisme tandis que sa famille est totalement opposée à ces idées. Mattie, elle s’est enfuie de ce lieu quand Jordan n’était qu’un bébé.
Lisbeth, Mattie et Jordan trouveront-elles le courage de délivrer leurs proches et de se libérer elles-mêmes du passé ?
Jordan, la fille de Matty, refuse de baisser les bras et regarder le monde évoluer autour d’elle, uniquement pour les hommes noirs.
Elle veut défendre la cause des femmes ; elle s’apprête à déménager à New York afin de s’assurer que la lutte pour le suffrage des femmes ne perdrait pas de plumes durant cette phase de transition depuis la fin de la guerre de Sécession et les droits des hommes noirs.
Des droits plus nombreux, mais pas encore acquis partout
Lysbeth, elle, elle se rend compte que l’immense frontière entre Washington DC, et l’état où elle avait vécu dans le passé n’est pas uniquement physique, mais émotionnelle et politique. Les gens n’ont rien oublié même si la guerre est terminée et que le sud a perdu.
Dans Un grain de moutarde, tu liras des sentiments tels que la gratitude, la peur, l’espoir. Tu liras les traumatismes et les pertes de la guerre. Comme les édifices en ruine, mais aussi les traumatismes physiques et psychiques des soldats.
Tu verras avec Jordan qui découvre cette partie du pays les vestiges de la guerre et les anciennes traditions que les sudistes n’admettent pas changer malgré l’issue de la guerre.
Les tensions sont encore très vives.
C’est un séjour sous tension pour Lysbeth, Mattie et Jordan.
Les nombreuses strates de mensonges que cache la maison d’enfance de Lysbeth vont se révéler à elle. Un retour aux racines pas évident du tout.
Laila Ibrahim te montre toute la beauté des paysages mélangés à cette laideur qu’est le racisme.
Elle t’explique outre son intrigue le déracinement pas évident pour ces gens.
La plupart des esclaves, affranchis ou non, ont passé toute leur vie dans le sud, ils ne connaissent rien d’autre.
De plus, ils pensent qu’ils n’ont pas d’autres choix.
Comment le comprendre alors que jusqu’à présent ils n’ont jamais eu le droit du moindre choix ?
» La liberté ne vient pas avec un cheval ou manger ou des terres. »
Ils ne possèdent rien souvent pas même d’argent pour partir et s’établir ailleurs.
Renoncer à ce qui leur est familier est terrifiant et on le comprend aisément.
Un grain de moutarde c’est de la souffrance et de l’émerveillement, 2 antagonistes qui se disputent ton cœur et celui de Jordan quand elle découvre les lieux, la maison où elle est née, où sa mère a vécu et travaillé.
Elle comprend que, si sa mère n’avait pas eu l’immense courage de partir, Jordan lutterait pour sa survie et non pas pour l’émancipation et le suffrage des femmes.
Ce voyage est un rappel du gouffre qui sépare la vie qu’elle mène de celle qui aurait pu être la sienne.
Tu vas rencontrer des personnages horribles, sans cœur, mais aussi ceux qui ont lutté contre l’esclavage, qui ont aidé, mais qui refusent de quitter leurs terres.
Un peuple fier d’être Virginien, fier de faire partie des États-Unis.
Ils espèrent reléguer le conflit à l’histoire et aller de l’avant ensemble, unis, comme un seul pays.
Mais les habitudes ont la vie dure.
Ils ne sont qu’une poignée à vouloir faire changer, à vouloir faire évoluer les mentalités.
Tu vas te confronter à la dure réalité de l’esclavage comme Jordan quand elle découvre l’envers du décor, les témoignages, les stigmates sur les corps.
« La liberté ne vaut pas grand-chose quand on n’a pas les moyens d’en profiter »
Un si grand nombre de familles partout aux États-Unis croient que le conflit est derrière elles, mais c’est faux.
Il fait encore rage dans les maisons, les villes, les États.
La frontière entre le bien et le mal est brouillée en permanence.
Tant de si bourdonnent.
Tant d’individus continuent d’assujettir les gens de couleur.
« Aucune victoire n’était possible quand vaincre voulait dire tuer un autre Américain, un fils, un mari, un père. »
Les enfants de Lysbeth qui étaient jusqu’à présent relativement protégés vont être confrontés à la brutalité de la vie.
Tu trouveras dans ce roman :
Quête d’appartenance, colère et peur.
Le KKK qui débute.
Les familles déchirées par la guerre soit parce qu’elles sont dans des camps opposés ou opposées par leur conviction.
Tu vas rencontrer des enfants qui ont connu dans leurs courtes vies plus de cruauté et d’indifférence que tu n’en auras jamais affronté.
J’ai eu peur pour Mattie, car elle est en danger en Virginie, tout comme tous les Afro-Américains.
Les planteurs ont capitulé devant le gouvernement, mais ils ne sont pas disposés à respecter leurs ouvriers ou employés.
À partager leur fortune.
C’est encore un long combat, et nous, contemporain, on peut le dire que c’est un combat encore aujourd’hui.
« On choisit pas la grandeur du bien qu’on fait, mais on choisit si qu’on va le faire là ou qu’on est. »
« On va semer un peu d’amour pour récolter un peu d’espoir. »
L’espoir et la résistance qu’ils ressentent et montrent malgré la souffrance et leurs pertes sont saisissantes.
Un roman très émouvant, mais pas larmoyant.
Il y a de nombreux rebondissements, plus que dans le 1er tome.
J’ai eu le cœur serré et peur plus d’une fois au cours de ma lecture.
Superbe lecture ! Je ne peux t’en dire davantage, c’est une suite, mais je te conseille vraiment de lire les 2 tomes si cette période de l’histoire te passionne, t’intéresses, si tu veux lire des femmes qui prennent leur destinée à bras le corps.
L’écriture de Leila Ibrahim donne vie à l’environnement dans lequel tu évolues.
En bref :
Un roman qui est une ode à la liberté. Un bel hommage à ces femmes (et ces hommes) qui se sont battues pour avoir le droit de disposer de leur vie, pour tous ceux qui se sont joints à leurs combats en dépit de leur éducation, de leur famille, de leur lieu de naissance.
L’espoir que nous puissions vivre tous libres et égaux.
J’espère que le troisième tome, « Golden Poppies » sorti en 2020, sera traduit en français, on va suivre à nouveau Jordan, mais je n’ai pas voulu en lire davantage sur Goodreads.
✩ Un grain de moutarde ⟷ Leila Ibrahim ⟷ 352 pages ⟷ Éditions charleston, le 17 août 2021 ✩
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