PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
La bouleversante dernière fois d’un père et son fils.
« Je fermai finalement le cahier comme pour fermer l’océan tout entier et garder son secret auprès de moi, puis m’endormis en pensant à la dérive de mon père, à la mienne, à notre embarcation, au rivage seul et à ce mot qu’il avait, naïvement ou pas, précisé : Fin ».
Le contexte de lecture
J’ai lu ce livre suite à l’avis de Alexandra (Quintessencelivresque sur instagram).
J’ai découvert un premier roman, une plume que j’adore, car il y a un tempo tendu et soutenu grâce aux phrases courtes et percutantes.
Mon avis :
Un voilier qui prend le large pour un dernier voyage.
L’équipage comprend médecin, infirmiers, aides-soignantes, psychologue.
Un décorum de circonstance.
Même les odeurs le sont de circonstance.
En berne.
Tout le monde est sur le pont.
Un vent venu du large balaie le navire qui essuie un gros grain.
Des mots qui tombent par paquets entiers.
Des matelots masqués pour cette première étape de l’annonce.
Le jour : le 197e jour de la chambre 310.
L’endroit : Secteur A, couloir des réanimations polyvalentes. Le sas intermédiaire et « la salle des familles numéro 2 »
Un homme pour destination : son père
Le narrateur raconte comment ça va et ça vient
Comme une vague qui arrive sur la plage et à peine arrivée se retire.
On-off.
La vie qu’on donne et qui se retire
On-off.
La lumière qui s’allume puis s’éteint
On-Off
Les machines qu’on branche et ensuite qui se taisent
Ça va. Ça vient.
Un jour, un homme est et puis il n’est plus.
Ça va. Ça vient.
L’annonce. Le silence
Ça va. Ça vient.
On désinfecte pour le passant suivant, car ça vient, ça ne va plus.
Adrien Girard va te raconter ce coup de téléphone « ton père, ton père, ton père, père, ton père… » qui arrive un après-midi d’insouciance où le narrateur est occupé de rire avec Paul et Alexandre à une terrasse quelconque comme il en existe partout dans le monde.
Des après-midi à refaire le monde comme tout le monde en a déjà connu.
Le coup de semonce qui arrive comme ça.
On ne s’y attend pas.
Personne ne le veut d’ailleurs.
Notre narrateur n’était pas prêt.
Tu ne le seras pas non plus.
Le genre d’appel que, tous, on redoute de recevoir tôt ou tard.
Une phrase qui sonne étrangement prononcée tout haut.
« C’est mon père »
Une langue étrangère.
Des mots qui n’ont pas grand sens.
Plus grand sens.
Ça va. Ça vient
. Comme l’ascenseur monte et descend toute la journée au CHU.
Gaspard
Les souvenirs
Les réminiscences d’enfance.
Le petit frère, un miroir de lui gamin.
Et lui quel père a-t-il connu ce petit frère ?
La pandémie qui complique tout.
Un père. Un fils. Une relation complexe. Voire inexistante
Cet homme était aussi un fils.
En bref :
Adrien Girard te livre, dans ce texte court, mais intense, une déclaration d’amour à un père. Un dernier témoignage sous sous forme de confession.
Les derniers mots, ceux que l’on voudrait dire, les souvenirs qui remontent.
Ces mots, Adrien Girard te les livre avec pudeur, parfois avec cynisme ou humour, mais toujours des phrases que tu te prends directement en plein cœur.
Sans artifice, en peu de mots, sans détour, ni langue de bois, il te conte son histoire d’amour avortée.
Les sentiments complexes à exprimer, à comprendre aussi.
Les mécanismes de protection mis en place.
Ce n’est pas uniquement le deuil du père que l’auteur va te narrer.
D’autres thèmes interviennent.
Il te raconte aussi le deuil de l’enfant qu’on a été, il te conte la perte de repère et l’effondrement de tout ce en quoi il croyait.
C’est une magnifique déclaration.
Une confidence d’un fils à son père.
192 pages que je te conseille de lire.
Chacune a son sens, chacune te parlera si le thème central t’appelle.
À propos de l’auteur
Né en 1986, Adrien Girard a exercé de très divers métiers avant de s’établir au Brésil puis en Argentine où il mène désormais une vie de fermier. Il a suivi les ateliers dramaturgiques de José Sanchis Sinisterra à Madrid et pratique depuis toujours la photographie. Il est le plus jeune lauréat du prix Hemingway en 2016 avec sa nouvelle Uriel, berger sans lune, publiée au Diable vauvert. Paternoster est son premier roman.
✩ Paternoster ⟷ Adrien Girard ⟷ 192 pages ⟷ Éditions Au Diable Vauvert, le 26 août 2021 ✩
Je te conseille :
Sur le thème du deuil et/ou de la relation père et fils
Hamnet de Maggie O’Farrell
Sur la relation mère et fils :
Un tesson d’éternité de Valérie Tong Cuong
Sur les blessures d’enfance
Six pieds sur terre de Antoine Dole
christine WARLOP dit
Émouvante et touchante cette chronique