PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
À la mort de sa mère, Shalini, une jeune trentenaire privilégiée de Bangalore, décide de se rendre dans un village reculé de l’Himalaya, dans la province troublée du Cachemire.
Certaine que le décès de sa mère est lié à la disparition de Bashir Ahmed, un vendeur ambulant du Cachemire, qu’elle n’a pas revu depuis dix ans alors qu’il fréquentait leur maison régulièrement, elle est déterminée à le retrouver.
Mais à son arrivée, Shalini est confrontée aux tensions politiques très fortes dans la région, ainsi qu’à l’histoire douloureuse de la famille qui l’accueille.
Et lorsque la violence éclate, elle va devoir faire des choix qui pourront avoir de fortes répercussions sur le peuple et les gens qu’elle a commencé à aimer.
Le contexte de lecture :
Quand j’ai reçu le programme et lu le résumé de ce titre, je n’ai pas hésité longtemps. Deuil, tensions politiques, histoire familiale, Cachemire j’étais séduite.
Ma lecture :
J’ai adoré suivre la quête de Shalini, l’héroïne du roman. Elle porte le roman entre ses mains.
Une héroïne qui va te poursuivre dans le temps, car elle marque les esprits.
J’ai voyagé, découvert, ri et pleuré avec elle.
Mon avis :
Shalini, l’enfant unique d’un couple de la classe moyenne supérieure de Bangalore, 24 ans, diplômée de l’université, privilégiée et belle, devrait aborder la prochaine étape de sa vie.
Au lieu de cela, elle est embourbée dans le deuil depuis le décès de sa mère.
Incapable de trouver un sens à son travail ou à ses quelques amitiés, Shalini survole les souvenirs de sa mère dont l’humeur changeait du tout au tout.
Elle est surtout à la recherche d’indices sur qui était vraiment sa maman, la femme.
C’est une jeune femme perdue que tu rencontres.
Se replonger dans ses souvenirs d’enfance l’aide à s’évader de son chagrin.
La seule partie de son passé qui l’amarre au présent, la seule fois où elle peut se remémorer un bonheur durable de sa mère, se concentre sur Bashir Ahmed.
Bashir était un marchand de vêtements ambulant qui est venu un jour à leur porte.
Bashir arrive de l’extrême nord de l’État du Jammu-et-Cachemire, loin au sud de Bangalore.
Bashir devient une figure centrale de l’enfance de Shalini, ses visites peu fréquentes, toujours inopinées remplissent la maison sombre et silencieuse de rires, de fables et de vie.
Un jour, Bashir est parti et n’est plus jamais revenu.
Elle décide alors presque sur un coup de tête de partir à la recherche d’un homme qu’elle n’a plus vu depuis 11 ans.
Pourquoi on ne le sait pas ?
Un mystère épais plane autour de son nom comme autour de sa présence en tant que marchand ambulant de vêtements.
Quel lien les unit ?
Elle possède un seul indice sur l’endroit où se trouve Bashir : une histoire racontée à Shalini, une légende du village de là où vivait la famille de son épouse.
On jetait le passé au fur et à mesure pour suivre la cadence du présent.
Madhuri Vijay te raconte l’histoire profondément intime d’une femme à la recherche de son identité personnelle dans un lieu en plein milieu de la tourmente politique.
Shalini n’a qu’une faible compréhension du profond fossé qui sévit dans l’État montagneux du Jammu-et-Cachemire, là où elle se rend, entre les populations hindoue et musulmane.
Une fois au Cachemire, elle se retrouve entraînée dans la tourmente, malgré elle.
Shalini est recueillie par une famille qui vit dans la pauvreté, mais aussi dans une grande dignité et un sens aigu de l’honneur, une main tendue à tous ceux qui en ont besoin.
J’ai adoré cette famille. Surtout Zoya, je ne te dis rien sur les personnages secondaires, mais leur histoire est aussi déchirante, qu’intéressante.
J’ai ressenti énormément d’empathie pour eux.
Une atmosphère étrange plane à Kishtmar, ce premier lieu où se rend Shalini.
Mystère, peur.
Un climat angoissant, mais dont Shalini ne comprend pas les tenants et les aboutissants.
Je suppose qu’elle avait voulu me prouver que j’étais liée à elle, comme si j’avais pu en douter. Mais à présent, je pense que c’était peut-être aussi sa façon de me tester, de me préparer. Une poignée de petits secrets pour faire le lit du secret final
.
Shalini ne s’arrêtera pas que là, sa quête va se poursuivre dans les montagnes et dans le temps, tu liras son état d’esprit, les souvenirs qu’elle a de sa mère.
Une mère aussi fantasque que capricieuse, odieuse aussi. Un personnage étrange dont tu as envie toi aussi de percer la carapace.
L’écriture de Madhuri Vijay est élégante et sobre.
Elle réalise un travail tellement incroyable en évoquant les images, les sons et les odeurs de chaque lieu avec des détails saisissants, que c’est presque comme tu étais là.
Les rues animées et les boutiques de Bangalore ; l’insularité et les tensions de Kishtwar occupé par l’armée ; un village reculé en difficulté sur fond de montagnes spectaculaires ; tout prend vie avec une clarté saisissante devant tes yeux
Les personnages:
Pratiquement tous les personnages sont émotionnellement distants, que ce soit par inclination religieuse ou par leur éducation ou encore par nécessité politique.
Bien que cela rende parfois la lecture glaciale, cela correspond parfaitement au roman.
Au climat politique.
Au caractère de Shalini et sa mère.
Les habitants du Cachemire vivent dans une zone définie par des conflits territoriaux qui durent depuis des décennies.
Ils pleurent tous la mort ou la disparition d’êtres chers, un peu comme Shalini.
Deux personnages apportent vitalité au récit : la mère de Shalini, oui décidément tu dois te demander qui est cette femme ; et ensuite, plus tard dans le livre : Amina, une villageoise du Cachemire dont l’hospitalité envers Shalini a des conséquences désastreuses.
En général :
Avec 480 pages, ne t’attend pas à une lecture rapide ni pleine de rebondissements, l’histoire met du temps à se dérouler.
Cependant, je n’ai jamais trouvé cela ennuyeux.
Shalini s’adapte au rythme plus lent de la vie dans un village de montagne, tu fais pareil.
Tu la suis.
Lecture suit son caractère, son évolution psychologique.
Ce n’est pas un roman contemplatif, mais presque par moment.
Le temps de l’indulgence est l’histoire du passage à l’âge adulte, un drame familial et une exploration des conflits politiques, de classe et culturelle dans le nord de l’Inde.
Madhuri Vijay a entrepris un travail magistral en développant ses personnages et en créant une ambiance et une atmosphère.
J’ai eu l’impression d’être là avec Shalini à chaque étape de ses recherches, de sa quête.
C’est un long périple, il est parfois lent, mais j’ai apprécié cette lecture, même honnêtement j’aurais voulu secouer Shalini plus d’une fois.
En bref :
Sur fond de tragédie d’un peuple vivant sous oppression militaire, Madhuru Vivay aborde des questions universelles.
Un roman brillant tant dans sa construction que par l’écriture qui m’a totalement convaincue.
J’ai été transporté par l’histoire de Shalini.
Sa relation déchirante avec sa mère, sa recherche d’un sens à sa vie, les choix souvent exaspérants qu’elle fait, les histoires du peuple qui vit sous le contrôle constant de la police.
Le roman est richement dessiné pourtant plutôt facile à digérer.
Le temps de l’indulgence brosse le portrait de personnages inoubliables et forts.
Madhuri Vijay va te parler du militantisme et des conflits qui secouent le cachemire, de la famille, de totalitarisme militaire, de l’amour, de trahison, de secrets, de guerres de religions et de territoires.
Des conflits qui durent depuis si longtemps et dont les habitants souffrent tellement.
Un beau livre qui apporte des messages de tolérance et d’ouverture d’esprit.
J’ai aimé la quête de Shalini, mais j’ai surtout aimé l’aspect sociétal et historique du récit.
Shalini va arriver au Cachemire plein de naïveté.
Durant sa quête de vérité, et aussi psychologique, elle va s’ouvrir à un autre monde, tellement loin de celui qu’elle mène à Bangalore.
Shalini va grandir au cours du roman.
Tu liras vraiment son évolution psychologique.
Elle est encore jeune fille quand elle arrive, adulte quand elle part.
Tu apprendras énormément sur l’Inde moderne, sur le contraste saisissant de l’hypermodernité urbaine et les traditions rurales, des discordes religieuses et politiques dont certaines régions sont secouées depuis des années.
Ce qui m’a passionné dans ce roman ce n’est pas l’héroïne, ni sa mère ni même Bashar, l’homme qu’elle recherche, mais Zoya puis Amina, des femmes qu’elle va rencontrer durant sa quête.
Des femmes qui m’ont émue pour leur amour maternel et leur conviction.
La fin ne m’a pas totalement convaincue même si j’ai aimé le fil conducteur de ce roman qui est la famille, les secrets, l’amour maternel, l’amour paternel, l’amour avec un grand A.
Ce que j’ai appris :
J’ai appris que cette région appartient à 3 pays.
La chine, le Pakistan et l’Inde.
Chacun la voulant sous son contrôle.
Chacun avec ses us et ses coutumes, sa religion et ses revendications.
Je trouve dommage que cela ne soit pas expliqué clairement dans le roman.
On le devine, mais j’ai été quand même de nombreuses fois perdue.
Au 3/4 du roman, je suis donc allée sur le net lire et tenter de comprendre les différents conflits dont on parle dans le livre.
L’action du roman se situe environ en 2016.
En 2016, des émeutes liées à des revendications de la population du Cachemire contre l’Inde font une soixantaine de morts et des centaines de blessés.
Ces affrontements s’accompagnent de couvre-feu, d’accès internet et téléphone coupés par les forces indiennes ainsi que la suspension provisoire de la presse.
Mais le conflit est bien plus ancien que cela.
Je t’invite à lire cette page Wikipedia qui est relativement concise et permets de saisir les différents mouvements secouant cette région.
Un conflit dont je n’avais jamais entendu parler.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Conflit_du_Cachemire
Ou encore celle-ci qui te donnera une vision globale du Cachemire : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cachemire
Pour aller plus loin :
Bangalore : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Bangalore
Kishtwar, la 1re étape de Shalini:
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Kishtwar

L’autrice :
Madhuri Vijay est née et a grandi à Bangalore.
Elle est lauréate du « Pushcart Prize » et du « DSC Prize for South Asian Literature », et ses articles paraissent dans « The New Yorker », « Best American Non-Required Reading », « Narrative Magazine » et « Elle India » entre autres. « The Far Field » (traduit en français : « Le temps de l’indulgence ») est son premier roman et a remporté le « JCB Prize for literature ».
Depuis 2019, elle vit à Hawaii.
✩ Le temps de l’indulgence ⟷ Madhury Vijay ⟷ 480 pages ⟷ Éditions Faubourg Marigny, le 17 août 2021 ✩
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meslivresdepoche dit
encore un roman qui pourrait me plaire et m’apprendre beaucoup de choses ! une quête familiale qui a l’air passionnante ! et j’aime quand l’auteur arrive à nous attirer dans son univers au travers des descriptions 🙂