PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
2038.
Les vagues épidémiques du Grand Dépérissement ont décimé tous les arbres et transformé la planète en désert de poussière. L’un des derniers refuges est une île boisée au large de la Colombie-Britannique, qui accueille des touristes fortunés venus admirer l’ultime forêt primaire. Jacinda y travaille comme de guide, sans véritable espoir d’un avenir meilleur.
Jusqu’au jour où un ami lui apprend qu’elle serait la descendante de Harris Greenwood, un magnat du bois à la réputation sulfureuse. Commence alors un récit foisonnant et protéiforme dont les ramifications insoupçonnées font écho aux événements, aux drames et aux bouleversements qui ont façonné notre monde. Que nous restera-t-il lorsque le dernier arbre aura été abattu ?
On débute le récit en 2038.
Un temps où les orages de poussière endémiques font que l’air est devenu irrespirable.
La cause ? Le Grand Dépérissement. Une vague d’épidémie fongique et d’invasions d’insectes qui s’est abattue sur les forêts du monde entier dix auparavant.
Tout a été ravagé. Hectare après hectare, sauf à la Cathédrale Arboricole de Greenwood.
57 km carrés de forêt que Jake, notre héroïne, fait visiter aux Pèlerins.
Les pèlerins sont des gens fortunés qui paient pour venir passer un séjour dans un dernier baryon d’air pur.
Jake est chargée de faire visiter les lieux, parler des derniers arbres.
Les Pèlerins sont là pour se détendre et oublier le Grand Dépérissement, le rôle de Jake est d’y veiller.
Ces hommes et femmes qui viennent séjourner à la Cathédrale Arboricole de Greenwood vivent désormais dans de luxueuses tours climatisées pour les protéger des nouvelles variantes de tuberculose qui sévissent de par le monde.
Jake est dendrologue, une botaniste est spécialiste des arbres.
Au cours d’une des visites guidées, elle remarque 2 pins dont le feuillage semble malade. Un brunissement inhabituel.
Simple maladie commune ou plus grave ?
Elle choisit de ne rien dire tant qu’elle n’en saura pas davantage
Le Grand Dépérissement n’a pas été causé par un organisme isolé, mais par un dérèglement climatique trop rapide pour que les arbres aient eu le temps de s’adapter.
En tout cas, c’est ce que la plupart des scientifiques s’accordent à dire.
L’éconationalisme est devenu de plus en plus important, internet n’est plus libre, les chercheurs ne peuvent plus partager leurs recherches et conclusions ou leurs hypothèses personnelles.
Pourquoi cette île, Greenwood Island, une île boisée au large du Pacifique au large de la Colombie-Britannique, a-t-elle survécu aux ravages du Grand Dépérissement ?
Le climat de cette île arriverait-il à s’autoréguler ?
Les rares autres sites où la forêt survit sont essentiellement situés au Canada avec quelques exceptions en Russie, au Brésil et en Tasmanie. Le plus souvent de petites îles.
Le travail est devenu une denrée rare.
L’économie s’est effondrée. Les fermes industrielles ont fait faillite, les marchés financiers suffoquent, le chômage galope, les émeutes de la faim se multiplient. Les gens n’ont plus rien.
Le désespoir est total
C’est une période de ce qu’on appelle des réfugiés climatiques.
« Le temps ne va pas dans une direction donnée. Il s’accumule, c’est tout – dans le corps, dans le monde -, comme le bois. Couche après couche. Claire, puis sombre. Chacune reposant sur la précédente, impossible sans celle d’avant. Chaque triomphe, chaque désastre inscrit pour toujours dans sa structure. »
Actuellement, c’est la 1re ministre canadienne qui est la femme la plus puissante au monde.
Les nappes aquifères des États unis se sont taries, le Canada avec ses ressources en eau et en arbres est devenu la chambre forte où se réfugie le gratin du monde entier.
Imagine le monde créé par Michael Christie.
Les livres sont devenus rares.
Le gros du stock mondial a été réduit en bouillie pour récupérer les fibres de bois nécessaires à la fabrication de biens indispensables comme des filtres à air, des masques anti-poussière.
Un livre est désormais impossible à s’acheter.
Jake, bien que surqualifiée pour ce travail, a accepté ce post de guide pour rembourser son prêt étudiant. C’est accepter ou vivre une existence misérable vouée à la poussière du dehors.
Seuls les très riches ont pu se construire des édifices à l’abri des dangers.
Étrangement, Jake doit son travail à son nom de famille. Greenwood. Elle n’a jamais connu son père et sa mère est décédée avant d’avoir pu lui expliquer qui il était. Elle sait juste qu’il est lui aussi décédé et qu’il était bucheron.
Silas peut lui rendre des racines. Reconstruire son arbre généalogique.
Tu vas rencontrer son père bucheron, une de ses grands-mères militante écologique extrême en révolution contre son père, magnat de l’industrie du bois,
comme tu le vois tous les personnages du roman sont liés d’une manière ou d’une autre à l’arbre.
Comme les feuilles de papier qui composent l’ouvrage sont rassemblées pour te livrer leur histoire.
L’ordre de reliage est important comme il est important dans le roman de remonter le temps pour appréhender l’instant présent et comprendre toutes les couches qui ont façonné Jake.
Chaque ancêtre a laissé son empreinte en elle comme les stries que tu vois si on découpe un morceau de bois.
« Elle devient convaincue qu’une connaissance véritable et parfaite des mécanismes secrets des arbres est le passe-partout intellectuel qui déverrouillera toutes les réponses à ses questions. Que même les mystères impénétrables du temps, de la famille et de la mort peuvent être résolus si on considère par le prisme vert de cet organisme magnifiquement complexe. »
Strate après strate, l’auteur reconstitue l’arbre qu’est Jake.
On remonte le temps pour rencontrer Willow et son fils Liam
2008, 1974, 1934, 1908. Un compte à rebours à l’envers qui va t’expliquer comme l’héroïne et la planète en sont arrivées là où elles sont.
Arrivée à 1908, on repart en 1934 remontant le temps une fois encore en sens inverse.
C’est passionnant, car tu te poses mille et une questions sur les personnages.
Tu traverses les dates clés, importantes de l’histoire du Canada, l’histoire du monde. L’Histoire avec un grand H, à travers des destins qui se sont joués à pile ou face.
J’ai adoré le procédé narratif pour nous expliquer le passé.
Un journal intime que Jake lit. Des souvenirs de son père lorsque ses pensées dérivent.
Des personnages m’ont marqué très fortement, plus de 15 jours après ma lecture je les porte encore en moi.
Ils n’interviennent pas au début, mais j’ai adoré les accompagner, suivre leur vie. Surtout Everett et Temple.
Dystopie écologique
Un monde à l’agonie. Une agonie qui a commencé depuis longtemps déjà, mais tout le monde a préféré détourner la tête devant les alertes que la nature lui lançait.
Michael Christie parle aussi des passions. Tout ce que l’on est prêt à abandonner ; à donner pour nos passions ou obsessions.
Écologie ou musique.
Dendrologie ou capitalisme.
Il est aussi question de lobbying ; de la 1re guerre mondiale ; de poésie, de botanique, de littérature, de cécité, d’érablière, de musique, de douleurs dorsales (je n’avais encore jamais lu un livre qui décrit si bien les douleurs avec lesquelles je vis), de paralysie.
Des addictions diverses, telles que l’alcool, la drogue ou autre.
Michael Christie parle aussi de : philosophie, d’une bibliothèque, de l’immigration, du crash de Wall Street, de la misère et tellement plus.
Tu te demandes certainement comment des choses si opposées peuvent être liées entre elles.
Elles le sont.
Tout est lié.
De plus, Michael Christie les agence, pour que tout prenne sens.
Tout est à sa place.
Rien de dépassé.
Aucune écharde ne viendra écorcher ta lecture.
Ce livre est un magnifique hommage à la nature et à la Vie.
Toutes les cultures ont leurs mythes sylvestres, depuis l’omniprésent arbre de vue qui soutient littéralement le ciel jusqu’aux arbres-monstres dévorateurs d’enfants et buveurs de sang humain, en passant par ceux qui jouent des tours, guérissent les malades, mémorisent des histoires ou jettent des sorts à leurs ennemis.
Tout ceci est dans le roman.
En langage imagé ou non.
Michael Christie te rappelle cette lumière incessante qu’est la vie.
Que toute lignée familiale, de la plus noble à la plus humble, commence un jour quelque part.
Même les arbres les plus majestueux ont d’abord été des graines ballottés par le vent, puis de modestes arbrisseaux sortant à peine de terre.
Le fil narratif, la trame choisie par Michael Christie est celle d’un arbre. Une rondelle d’arbre te raconte ses cycles, son âge, les différentes périodes traversées favorables ou non, l’auteur va transposer cette image de l’arbre à ses personnages.
Michael Christie avec son roman traite évidemment de la nature. Ses blessures, sa force et sa fragilité.
Elles sont mises en balance avec les fêlures profondes ou non. Visibles ou non ; des femmes et des hommes du récit.
Un autre des parallèles que j’ai adoré. C’est intelligent et je trouve innovant dans la manière de traiter de ces thèmes.
Tant de vérités assénées, dans ce livre, qui prennent sens ; qui te font réfléchir alors que soit, tu y as avais déjà pensé ou soit tu n’avais jamais fait le lien
Lorsque le dernier arbre c’est le sens de la vie le sens de la famille de sang ou non. C’est le cycle de la vie, l’inéluctable mort de l’être humain.
C’est le dysfonctionnement de la nature et celle d’une famille que tu vas suivre durant plus de 100 ans, mais que j’aurais vraiment pu aisément suivre encore et encore.
J’ai un vrai coup de cœur pour ce roman, pour cette fable/parabole écologique, mais pour surtout l’intelligence de l’auteur qui établit des parallèles tout au long du roman.
Entre les personnages de différentes générations, entre ceux qui ont connu la grande dépression et ceux qui vivent en plein milieu du Grand dépérissement.
J’ai profondément aimé la plume de Michael Christie.
Son intelligence dans la construction avec une narration qui suit les époques, mais surtout tous les messages humanistes qu’il te délivre et qui te feront réfléchir.
« Mais il est évident que des strates de vie ont précédé la sienne, de la même façon que les arbres sont tenus par les anneaux concentriques de leurs incarnations antérieures, cerne sur cerne, année après Année. »
Michael Christie en démarrant sur une planète on peut dire quasiment à l’agonie, arrive à livrer un vrai message d’espoir, de résilience.
C’est le cycle de la vie avec ses moments sombres, difficiles, avec ses douleurs et ses moments lumineux qui te font oublier les périodes difficiles
Fresque familiale, roman social et écologique, ce livre aussi impressionnant qu’original fait de son auteur l’un des écrivains canadiens les plus talentueux de sa génération.
As-tu déjà réfléchi à ce qu’un morceau de bois devient vivant quand il est par exemple utilisé pour fabriquer un instrument de musique tel les célèbres stradivarius ?À tout ce qui est fabriqué en bois de nos jours encore ?
Knut, Liam, Willow, Harris, Feeney, Everett, Jake et temple, je vous dis au revoir, mais pas adieu, car je relirai vos vies.
Lis ce livre, digère-le, promets-moi d’en prendre soin ; et que quand tu croiseras Jake et Everett tu leur diras que jamais ils n’ont quitté mes pensées depuis ma lecture.
PS : je trouve le titre français admirablement choisi, car, lorsque le dernier arbre, c’est aussi le début d’une citation de Sitting Bull
✩ Lorsque le dernier arbre ⟷ Michael Christie ⟷ 608 pages ⟷ Éditions Albin Michel, le 18 août 2021 ✩
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meslivresdepoche dit
j’avoue que le titre est bien choisi, et je comprends mieux ! par contre l’angoisse de plus trouver de livres ! ça fait un peu peur, mais il a l’air d’aborder l’écologie avec finesse !