avions vingt ans, ça sentait la peinture fraîche et les projets, nous nous prêtions main-forte entre voisins en traversant les jardins
non clôturés. Soixante-trois ans plus tard, les haies ont poussé, nos souvenirs sont accrochés aux murs et nous ne nous adressons la parole qu’en cas de nécessité absolue. Nous ne sommes plus que six : Anatole, Joséphine, Marius, Rosalie, Gustave et moi, Marceline. Quand le maire annonce qu’il va raser l’impasse – nos maisons, nos mémoires, nos vies –, nous oublions le passé pour nous allier et nous battre. Tous les coups sont permis : nous n’avons plus rien à perdre, et c’est plus excitant qu’une sieste devant Motus. »
À travers le récit de leur combat et une plongée dans ses souvenirs, Marceline raconte une magnifique histoire d’amour, les secrets
de toute une famille et la force des liens qui tissent une amitié.
Voilà, ça y est, j’ai déjà fini le nouveau roman de Virginie Grimaldi.
Je vais te dévoiler un morceau de mon cœur en t’écrivant cet avis.
Je resterai volontairement vague sur certains faits et surtout sur les multiples sujets forts du livre à part celui-ci : le temps qui passe.
C’est une de mes plus grandes craintes, je n’ai pas peur de ma mort, j’ai peur de celles de proches alors oui, « Quand nos souvenirs viendront danser » a eu un profond écho en moi même si je n’ai pas l’âge de Marceline avec mon Anatole, Mickael, nous avons bientôt 20 ans de vie commune et très peu de nuits l’un sans l’autre.
Comme Marceline et Anatole.
Déjà maintenant à 42 ans il m’arrive souvent de me retourner et de me dire : mon Dieu que je l’aime cet homme.
Faites que l’on nous laisse longtemps encore ensemble.
Lui aussi, c’est mon prince qui m’a délivré de mon château, lui aussi il m’a comblé d’amour celui que je n’ai pas reçu.
Je ne porte pas les piques de hérisson de Marceline, mais quand je souffre vraiment je me tais.
J’enferme ma souffrance et j’érige les murs autour de mon cœur fixant un sourire sur mes lèvres. Je musèle ma douleur, elle ne va pas écraser le bonheur non plus !
Pour toutes ces raisons et bien plus encore j’ai eu un coup de cœur, un coup d’amour, un coup de « je t’aime », pour ce roman.
Je suis objective, je peux même révéler que je suis aussi impatiente que dans la crainte de ne pas aimer un nouveau roman de l’auteure tant elle me touche à chaque fois.
Tant ses personnages et les thèmes abordés font mouche chez moi.
Déjà l’année passée je l’ai soupçonné de me connaître ou de m’avoir espionné, c’est encore plus vrai avec ce roman qui est peut-être mon préféré des livres de Virginie Grimaldi, je les aime tous profondément, mais celui-ci est un peu un miroir de ma vie ou ce que ma vie future pourrait être. Je vous le dirai d’ici 40 ans. 😉
Quand vous lirez la page 139, pensez à moi, Virginie, toi tu sais pourquoi.
Je stoppe mon bla-bla pour vous parler de ce bijou en librairie aujourd’hui à l’heure où je t’écris.
Marceline et Anatole vivent depuis plus de 63 ans dans la maison numéro 1, impasse des Colibris. Un quartier de 6 maisons menacé de destruction.
C’est Gustave un voisin qui vient leur annoncer cette nouvelle.
Dès lors notre bande d’octogéniaux ; en dépit des rancœurs, des disputes, des mésententes, vont faire front-uni devant le maire afin de sauver leurs maisons.
Leur place avec la table, les 3 sapins et les pruniers.
La place qui a vu leurs enfants apprendre à marcher, où ils ont ri, où ils se sont disputés et pleuré.
Une place qui connaît des secrets que les voisins, amis ou famille ne connaissent pas.
C’est toute une vie que la mairie veut démolir.
Combien de souvenirs se cachent derrière ces portes ? Bon comme mauvais, aucun à oublier.
Marius, Gustave, Rosalie, Joséphine, Anatole et Marceline, les derniers remparts de ces maisons ils sont bien décidés à ne pas se laisser intimider. Ils mettent sur pied des actions en vue de faire changer d’avis l’élu de la commune.
Tu vas lire ces actions menées qui vont te faire, j’en suis certaine, éclater de rire.
Et dans le même temps, tu vas remonter avec Marceline la vie depuis 1955 quand tout jeunes époux Marceline et son Anatole ont franchi la porte de leur foyer la première fois jusqu’à 63 ans plus tard.
Au départ, Marceline rédige ces mémoires pour son petit-fils Grégoire, journaliste, mais très vite tu vas comprendre que ces lignes sont bien plus importantes que cela.
Ce roman renferme tellement de réflexions et de sujets importants. Émouvants. Puissants. Importants. De notre temps.
Tu savais que tu pouvais pleurer de rire et rire de pleurer juste le temps de changer de page ? Ça, c’est l’effet Virginie Grimaldi.
Tu vas vivre intimement chaque émotion qui va te traverser tout comme Marceline. Le temps passe, il fuit, il court.
Je pourrais te révéler les sujets du roman, je préfère te laisser découvrir toutes leurs beautés.
Je vais juste te dire que Virginie, elle écrit la vie. La vraie. Tout n’est pas rose. Tout n’est pas gris.
Il y a des hauts et des bas.
Des moments où le désespoir est tellement fort que tu as l’impression que tu ne sauras plus faire face, mais tu te relèves encore et encore.
C’est une vie de couple, une vie de parents, une vie de femme qu’elle te narre.
Une femme qui a souffert qui souffre encore qui se protège comme un hérisson.
Toute une vie d’amour pour son Anatole.
Ils ont dansé, marché sur le pied de l’autre, se sont excusés, ou pas.
Ils ont repris la chanson là où elle s’était arrêtée pour continuer à valser sur les tourbillons de la vie.
Tourne et tourne, vole le temps. Serre-moi la main fort, c’est sûrement des paroles qu’ils pourraient se dire.
Comme je n’ai pas le talent de Virginie, je te laisse des citations du livre. C’est mieux.
» Nous nous sommes perdus de vue alors que nous vivons à portée de regard »
» Mon cerveau est sur pause c’est mon corps qui s’exprime, c’est mon âme qui dessine »
» Sachez que l’amour n’est jamais ridicule. ce qui l’est, c’est de ne pas oser lui donner l’éclat qu’il mérite »
» J’ai appris que, parfois, souvent, le bonheur est l’antichambre du bonheur. Surtout, j’ai appris que l’inverse était vrai : le bien attend, tapi, que tout aille mal pour nous surprendre ».
» Je me balade dans notre couple les yeux fermés, je connais chaque mur, chaque porte, j’y suis chez moi. Mon foyer c’est nous deux. »
Je ne peux pas dire si ce roman est le meilleur peut-être celui qui m’a parlé le plus fort. Peut-être celui qui est le plus proche de moi pour ma vie de femme, de mère et d’épouse. Et surtout pour ma grand-mère.
Virginie Grimaldi m’a encore envoûtée, durant quelques heures j’étais dans ma bulle, dans cette impasse des Colibris.
Je vois le justaucorps rose fuchsia de Joséphine, je ris aux blagues de Gustave, je rêve de l’Amérique avec Corinne, je joue aux dames chinoises avec Grégoire. J’entendsHan les paroles de DidierHan.
Je danse sur Regreso el amor. Je fredonne la vie en rose et l’hymne à l’amour.
Chacun des protagonistes m’aura marqué d’une façon ou d’une autre.
Chapitre après chapitre les caractères et les secrets se dévoilent.
C’est un roman bien plus profond que ne le laisse suggérer la 4e de couverture.
C’est un livre qui vous porte et vous emporte.
Un livre sur la vie porté par la formidable plume de l’auteure.
Une plume qui se fait tour à tour comique et poétique, tu passes du rire aux larmes en un instant.
Une plume visuelle où tout se joue devant toi.
J’ai l’impression que si je rouvre mon livre maintenant les personnages vont en sortir ou je vais entendre quelques accords de tango.
Quand nos souvenirs viendront danser, c’est aussi :
Les années 50 avec la femme au foyer, la révolution de mai 68, les années 80 et 90. Les difficultés entrent les générations, les différences de la société. La femme qui n’est plus seulement cantonnée dans son rôle de maman et d’épouse.
Les concessions que l’on fait dans un couple. Les mots qu’on ne dit pas et ceux qu’on n’aurait jamais voulu prononcer.
La vie avec la mort qui n’est jamais très loin, les accidents, les deuils, les mariages, les naissances, les enfants, l’adolescence, la vieillesse ; le cycle de la vie qui lui ne s’interrompt jamais.
Il y’a tout ceci, et bien plus encore.
Prévois d’avoir du temps devant toi ; quand tu vas commencer ce roman, car une fois commencé, tu ne pourras plus le fermer.
Tant de beauté, tant d’émotions, de sujets forts, en si peu de pages et tellement bien abordé. La lumière, la douceur, la tristesse, la colère, le pardon, l’amour, l’Amour avec un grand A avec son lot de hauts et de bas.
Marceline le dit ou peut-être que c’est Anatole ou peut-être que je les imagine dire que la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Des phrases impossibles à oublier. Je t’en ai mis un échantillon, mais il y a aussi celles-ci :
« Toute notre vie, on attend. On attend de savoir s’il est vivant, on attend un enfant, on attend d’attendre un enfant, on attend un résultat, on attend un diagnostic, on attend que ça passe, on attend que ça s’arrête, on attend que ça marche, on attend les autres, on attend le bonheur, on attend la fin. »
« Dans ces quelques pas, c’est notre existence qui se dessine. On danse notre amour, on danse notre peur, on danse nos joies, on danse nos douleurs, on danse notre vie, on danse notre mort, une danse comme un cri, une danse comme un adieu. Une danse comme un merci. »
« Vis, danse, ris, aime, cours, découvre, vibre, profite. Ne perds jamais de vue l’essentiel : l’histoire a vraiment une fin. Ne perds pas de temps. C’est maintenant. Et cela vaut le coup. »
Anatole et Marceline sont à Morgat, sur la falaise face à l’océan, face au rêve de Corinne, ils me disent de ne pas m’inquiéter que tout va bien se passer.
Que je souffrirai encore, mais que surtout que je vais danser, rire et que j’en ai encore des belles choses à vivre !
Ils me disent aussi de profiter de chaque instant, de pardonner pour ne pas perdre de temps.
À toi, Virginie, ce lien que j’ai avec toi, tes mots (tes maux) est inexplicable.
Je sais, je sens que tu y as mis beaucoup de toi dans ce roman, une peur que nous avons en commun.
Je me sens tellement proche de toi sans même t’avoir rencontré.
On a juste échangé quelques mots, tu as emporté un bout de moi.
Chacun de tes livres dans ma bibliothèque, je peux dire où j’étais, à quel moment je les ai lus et ce que j’ai ressenti.
Tous, ils me parlent. Tous me sont précieux.
Il ne me reste plus qu’à concrétiser le vœu de te dire tout ceci en face de toi et te serrer fort dans mes bras oui quand j’aime je suis comme ça. Je donne tout et je voudrais te donner à mon tour tout le bien que tu m’as procuré.
Quand j’ai reçu ton livre, j’ai crié de joie.
Mon mari savait pourquoi.
Quand j’ai commencé ton livre, j’ai prévenu les enfants et mon mari que j’allais grimaldiser.
Ce verbe ils savent ce que cela veut dire. J’allais être aux abonnés absents quelques heures. Ils allaient m’entendre rire et voir mes larmes couler.
J’ai grimaldisé en effet, j’ai lu à haute voix plusieurs passages. Et maintenant je fais quoi dis-moi ? Quand pourrais-je à nouveau grimaldiser ? Tu sais combien je me sens orpheline de toi là ?
Et toi, mon cher lecteur, connais-tu ce verbe ? Alors avec moi : j’ai grimaldisé, je grimalderai, je grimaldise et que je grimaldiserai encore. Non ? Vas-y essaie tu verras combien de bonheur tu vas ressentir.
Pardon, ce n’est pas une chronique ultra bien construite, mais tout est sincère. Chaque mot, chaque point. Je te livre là ce que j’ai ressenti au plus profond de mon cœur.
✩ Quand nos souvenirs viendront danser ⟷ Virginie Grimaldi ⟷ 360 pages ⟷ Edition Fayard, le 2 mai 2019 ✩
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AnoukLibrary dit
Oh la la ! Quand je vois des avis, je me dis que je dois absolument le lire rapidement ! Et en même temps, si je le lis rapidement, je n’en aurais plus jusqu’au prochain 🙁
Vampilou fait son Cinéma dit
Je trouve ta photo tellement belle ❤ Je n’ai malheureusement pas encore eu l’occasion de faire connaissance avec cette auteure, mais ton avis me le fait carrément regretter ma belle…
Holly Goli dit
Je vois que toi et moi avons énormément vibré avec ce roman. C’est une vraie merveille ! Je ressens toujours des émotions intenses avec Virginie Grimaldi et là… c’est allé encore plus loin. Je suis passée du rire aux larmes en quelques secondes. Joséphine m’a bouleversée avec son aveu concernant son mari. C’est juste … je sais pas si je vais m’en remettre un jour. Marceline et Anatole, c’est mes grands parents. 66 ans d’amour dont 60 de mariage. J’espère un jour vivre une aussi belle histoire d’amour que la leur et la tienne en tout cas.
J’embrasse fort ma petite Souris.