Pour qu’elle revienne de Cynthia Kafka

Octobre 2008.
Après être tombée sous le charme, puis amoureuse, et ensuite tombée enceinte de Paul, X, la mère de Margaux, a sombré dans une profonde dépression, une chute sans fin.
À chaque décision prise, à chaque rentrée scolaire.
Parce qu’au fond, une mère est perçue comme invincible, sachant tout capable de tout.
On comprend qu’elle n’ait rien laissé transparaître de son mal-être.
Puis un jour, elle a décidé de mettre un terme à cette descente aux enfers.
Elle a disparu de sa vie.

X a disparu sans laisser de trace le jour des 15 ans de Margaux.
Sa petite sœur Celia n’avait alors que 4 mois.
On ressent d’abord l’inquiétude de Margaux et sa décision ce jour-là de devenir le pilier de sa famille.
Tout irait bien pour eux. Elle serait là, toujours là.
Une bouée de sauvetage à tel point que, 15 ans plus tard, Margaux n’a pas vraiment vécu.
Elle survit dans un studio au fond du jardin de son père.

La disparition de sa mère est toujours présente dans son esprit, particulièrement à l’approche de son anniversaire.
Tout lui revient en pleine figure.

En ce jour de 2023, comme chaque dimanche, Tim, son meilleur ami et son phare dans ses nuits, est passé la voir dans son studio.
Après une soirée devant la télé, place aux confidences.
Au moment où Tim lui demande ce qu’elle voudrait faire pour son anniversaire, elle se fige.
Elle est paralysée. Elle vient d’apercevoir sa mère sur une toile, en Corse.
Est-ce bien elle ?

Ce qu’elle veut désormais pour son anniversaire est certain.
Elle qui ne demande jamais rien, elle pour qui son anniversaire a toujours un goût amer, elle sait qu’elle veut une réponse.
Découvrir la vérité pour peut-être trouver une forme de sérénité.
Après avoir imaginé toutes sortes de scénariis puis abandonné l’idée, Margaux veut savoir.

Au troisième chapitre, on bascule en 2009, cinq mois après sa disparition, X, puisqu’elle n’est pas nommée, s’est retrouvée.
Elle n’est plus en mille morceaux, mais forme un tout.
Elle est en paix.
Grâce à Lina, avec qui elle vit en Corse.

Lina l’avait déjà sauvée par le passé.
La seule capable de bâtir un mur entre elle et ses souffrances.
Maintenant, elle vit, avant, elle ne faisait que survivre.

Qui est X ? Qui est Lina ? Que va faire Margaux ?
Pour le savoir, il faudra lire le livre de Cynthia Kafka.

Les disparitions volontaires sont un sujet qui, sans me fasciner, m’attire.
Je ne dirai pas que je le comprends, mais qui d’entre nous n’a jamais ressenti cette sensation d’étouffer dans sa vie ?
Pour X raisons ?
Moi-même, jeune maman de trois enfants, j’ai traversé des périodes difficiles, en tant que femme et en tant que mère.
Cette impression d’être montée dans un train lancé à toute vitesse, sans pouvoir ni ralentir ni s’arrêter.
J’ai réussi à souffler et à trouver des ressources, mais face à X, sans connaître ses raisons, je me suis mise à sa place.
Sans la juger.
J’ai poursuivi ma lecture pour comprendre ce qui pousse ces personnes à aller jusqu’au bout de leur décision.
Comment vivent-elles et vivaient-elles avant ce jour-là ?

J’apprécie de suivre Margaux aujourd’hui et sa mère il y a quinze ans.
J’aime être plongée dans les pensées de ces deux femmes.
Cynthia Kafka désamorce les moments dramatiques par de l’humour.
J’ai souri et j’ai été émue, dès les trois premiers chapitres.
J’ai apprécié le rythme et la cadence de son récit.
On s’identifie facilement à ses héroïnes.

Prisonnière de sa peine, figée dans ses responsabilités envers son père et sa sœur, Margaux a tout mis de côté, même son cœur.
Ce voyage, qui pourrait la ramener sur les traces de son passé, pourrait inspirer son avenir.

Margaux est constamment dans le contrôle, incapable de lâcher prise.
Elle affectionne l’humour caustique et ses habitudes.
Des rituels qui la rassurent.
Les cadres rigides, sans doute parce qu’ils l’empêchent de risquer de se blesser… de tomber ?

« Quand on tombe, on ramasse toujours quelque chose. »

Oser, se libérer de ses entraves, prendre des risques et ne pas avoir peur des échecs, c’est un sujet qui revient dans le récit et m’a fait réfléchir. Poussé à l’introspection.

Une quête.
Une histoire sensible avec de belles émotions.
Un périple en Corse à la recherche de la vérité, un voyage qui sera aussi une introspection.
Une visite magnifique de l’île de Beauté.
Ce roman parle de reconstruction, d’amour, de famille.
Le ton n’est jamais larmoyant, même si j’ai été émue par cette histoire.

Entre rire et larmes, entre suspense et émotion, entre secrets et révélations, entre ombre et lumière, « Pour qu’elle revienne » est un peu tout ça.

En fil rouge, tu as cette question : et si lâcher prise, se dire qu’on ne peut pas tout contrôler était bénéfique ?

Cynthia aborde des thèmes comme les choix qui affectent notre vie, le destin.
Ce voyage s’avérera bien plus compliqué que Margaux l’avait prévu.
Doit-on regretter tous les « ce jour-là » d’une vie ? Contribuent-ils à façonner la personne que nous sommes ? Comment s’en libérer pour passer de celle que nous sommes à celle que nous voudrions être ?

« L’espoir pèse lourd. Il peut apporter de l’agacement, de l’amertume, du découragement, et même éteindre un petit feu. Il ne se dévoile pas, se garde en soi. C’est pourquoi j’ai décidé, autant que faire ce peu de le bannir de mon existence. »

Ce livre de Cynthia Kafka explore les différentes phrases lors d’une disparition volontaire à travers les yeux de Margaux, une jeune femme en quête de vérité sur la disparition mystérieuse de sa mère.
Entre suspense et émotion, l’histoire nous emmène dans un voyage en Corse, où les secrets familiaux et les révélations se mêlent dans un récit qui m’a émue.
À travers des thèmes tels que la résilience, le lâcher-prise et le pouvoir de la reconstruction, « Pour qu’elle revienne » m’a offert un moment hors du temps sur l’île de beauté.
Chaque page révèle un peu plus la complexité de la psychologie de ses personnages et le courage nécessaire pour affronter le passé.

✩ Pour qu’elle revienne ⟷  Cynthia Kafka ⟷ 220 pages ⟷ Éditions Charleston, le 3 avril 2024✩