PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Art, amour, Révolution : le récit d’une existence hors du commun.
Née à Strasbourg en 1761, la jeune Marie Grosholz, future madame Tussaud, est employée dès son plus jeune âge comme apprentie par un sculpteur sur cire. Lorsque le duo devient célèbre à Paris pour ses réalisations, Marie a pour modèles les plus grandes personnalités de l’époque : Voltaire, Rousseau, Benjamin Franklin, etc. Bientôt elle est accueillie à la Cour où elle prodigue des leçons de sculpture à la princesse Élisabeth, sœur du roi. En 1789, la capitale entre en ébullition, la foule exige des têtes. C’est le début d’une incroyable décennie pour Marie qui, échappant de peu à la guillotine, se voit chargée d’exécuter les masques mortuaires de ses amis les plus proches (Louis XVI), comme de ses ennemis les plus acharnés (Robespierre).
Avec ce récit palpitant, illustré de magnifiques dessins de l’auteur, Edward Carey nous fait entrer dans l’intimité d’une femme au destin exceptionnel.
« La vie continue, pensais-je, et nous surprend.
Cet écrin, ce chapitre, se termine ici, à l’abri des autres et de ceux qui les habitent, pour qu’ils ne puissent rien bouleverser. Je le garde hermétiquement clos, afin qu’il ne déborde nulle part, mais reste dans son précieux coffret, divin, triomphant et merveilleux. Tel qu’en lui-même. La cire protège l’intimité. Elle scelle les lettres, conserve les mots du monde à leur bonne place, jusqu’à ce que de justes mains leur permettent de sortir. »
Madame Tussaud, commence sa vie sous le nom d’Anne Marie Grosholtz.
On commence le roman en 1761.
Marie voit son destin changer très tôt, toute jeune, elle doit s’occuper d’un père défiguré par un boulet de canon.
À sa mort, sa mère et elle partent pour Berne travailler chez un médecin. Ce médecin n’est autre que Curtius, un anatomiste, un peu ermite.
Un peu étrange, c’est lui qui surnommera Marie Petite.
Sa mère a été engagée comme bonne, mais ne peut supporter cette maison, palais des horreurs avec tous ces bouts de corps que Curtius reproduit en cire.
Marie, elle, elle est fascinée, elle passe son temps dans l’atelier à dessiner et à essayer de comprendre cette magnifique machine qu’est le corps humaine.
Marie, petite, est souvent oubliée et négligée.
Un sol pour lit dans un atelier, une paillasse dans une pièce sans fenêtre, à un placard à Versailles.
Elle a peu vu des rues de Paris ou de Berne au cours de sa vie, maintenue toujours enfermée, mais à tant observer et à écouter ses pairs elle a une intelligence tout autre, elle comprend les hommes à travers leurs corps, leurs expressions.
Pauvres et indigents.
Nobles et illustres du royaume.
Grains de beauté, tache sur la peau ou poils rien ne lui échappe.
Elle apprend la géographie du corps qui exprime tant sur la personne intérieure.
Une époque où Paris où le luxueux Versailles côtoie les misérables chaumières délabrées
Le Paris des indigents nombreux avec les lendemains incertains, la faim, les nombreuses maladies.
Une époque de grands bouleversements politiques que tu vis comme si tu y assistais.
À Paris, elle va vivre chez la veuve Picot, terrible femme femme, mais femme de ressources qui sait toujours quoi faire pour remplir sa bourse.
Pleine d’idée, mais terriblement méchante avec Marie dont elle profite allègrement.
Reléguée longtemps au rang de servante.
Le roman est raconté par Petite, c’est la narratrice, tu entends sa voix remplie de chaleur et de compréhension.
Alliant détermination et esprit indomptable, Petite surmonte de nombreux obstacles avant de devenir la célèbre Madame Tussaud.
J’ai trouvé le travail sur la narration extraordinaire, car elle suit l’âge de Petite, naïve et comique à 6 ans quand tu la rencontres ; plus enjouée quand elle est une adolescente.
C’est incroyable cette expérience, car tu as l’impression de grandir à ses côtés et de tout observer à travers ses yeux.
Les rues de Paris s’animent devant toi.
Tu traverses la place Dauphine, devant toi se dresse Notre-Dame.
Paris, la cité de la boue, la ville souterraine ou un labyrinthe des ombres.
Tout y est, tout y vit. Tout y meurt.
La Bastille côtoie la comédie française.
Les nobles côtoient les plus pauvres.
Edward Carey montre surtout que peu importe le statut social, le sexe ou l’âge ; nous sommes tous identiques à l’intérieur.
L’écriture est magnifique, j’y ai retrouvé, notamment du Dickens.
Les nombreuses illustrations qui accompagnent le texte sont merveilleuses
Ces illustrations, également réalisées par l’auteur, permettent d’expliquer pourquoi il lui a fallu quinze ans pour achever ce roman.
Un roman qui est passionnant, mais aussi qui est très agréable à lire.
Le confort de lecture est total.
Je soulève aussi ce choix de couverture qui est en totale adéquation avec le message que veut nous faire passer l’auteur (je suppose, c’est une déduction de ma part) rouge comme le sang qui est le même chez tout le monde et sans doute aussi pour une autre raison que je tais, car je voudrais que tu puisses vivre la même magie de la découverte que j’ai ressentie.
La vraie Marie est cachée tout au fond à l’intérieur où elle a enfoui ses idées et ses sentiments.
Elle s’oblige à cacher ce qu’elle ressent, elle en a besoin pour surmonter chagrins, déceptions et mauvais traitements, mais elle en a aussi besoin, car elle est déterminée à redevenir ce qu’elle était à Berne : l’assistante de Curtius.
Petite, mais toute puissante.
Elle s’est élevée seule. Instruite seule.
C’est sa faim de savoir qui ont fait d’elle ce qu’elle est devenue.
Petite arrive à hauteur du cœur des gens.
Petite, chez moi elle est entrée dans mon cœur et n’en sortira pas de sitôt
Ce roman est une balance, une balance entre espoir et désespoir, autant pour Marie que pour le peuple de Paris ou Curtius.
Tu balances entre les moments où tu peux respirer à pleins poumons au sein de la maison et ceux où tu étouffes sous les odeurs nauséabondes.
Tu balances entre le silence du monde de Marie et de Curtius quand ils travaillent et la cacophonie des rues.
Tu sens la puanteur et la cire.
La cligne-musette, le moulage plus rien n’aura de secret pour toi.
J’ai aimé rencontrer les artisans et métiers oubliés,
Tu vas aussi apprendre ou réapprendre le vocabulaire destiné à décrire un visage comme un nez aquilin ou des lèvres charnues.
Mannequin ou ex-voto, tu feras désormais la différence.
Edward Carey nous ouvre les portes d’un monde inconnu, j’ai été fascinée par cette discipline.
Cet art du modelage que je connais si mal, il le met à la portée de tous.
Curtius est un personnage que j’ai adoré, sa psychologie est bien plus complexe que ce que laisse présager le début. Cet homme est très important dans la vie de Marie, il va lui donner le goût du travail, il va l’aider à exprimer ses propres réflexions.
Pour lui Marie n’est ni homme si femme, elle est juste Petite.
Diderot, d’Alembert, le décès de Louis XV, les frères Montgolfier, Benjamin Franklin, Lafayette, tant de personnages historiques et de faits que tu vas rencontrer et vivre en direct, comme si tu étais sur la place de la Bastille.
Marie n’a jamais été appréciée à sa juste valeur, tu vas découvrir chacune de ses pensées, son extrême intelligence, mais surtout sa bonté d’âme.
Un personnage que tu ne pourras qu’aimer.
J’ai été triste de la quitter.
Sœur du roi ou vagabond, pour elle ce sont uniquement des êtres humains, ils ont les mêmes droits, ils ont la même chance d’avoir leur statue de cire.
Tu vas aussi très fortement ressentir les souffrances accumulées qui débordent des cœurs jusque dans les rues de Paris.
Edward Carey rend un vibrant hommage à la condition féminine et au peuple oublié.
Je ne pensais pas du tout aimer à ce point ce roman historique.
Ce n’est ni une biographie ni une fiction.
Edward Carey a collé au plus près de la vérité, mais ayant peu de documents à sa disposition il a comblé les manques par sa propre imagination, il a ajouté un univers à la Tim Burton que j’ai évidemment adoré.
C’est un roman impressionnant de réalisme, on marche aux côtés de Marie, la célèbre Madame Tussaud, dans l’histoire.
De la Suisse jusqu’à Versailles, sa vie est incroyable.
J’ai vécu ce livre intensément.
C’est fluide et magnifiquement écrit. Décrit.
Ce récit se vit autant qu’il se lit.
Il passionnera tous les lecteurs qui veulent découvrir le destin d’une femme hors du commun.
Petite oui, mais tellement grande.
Edward Carey ajoute une touche de conte dans son roman, il crée des personnages atypiques, extraordinaires, il rend l’ordinaire extraordinaire.
Son écriture est à la fois lumineuse et noire, avec un coté gothique, un coté que j’ai retrouvé il est déjà présent dans sa première saga « Les ferrailleurs ».
Je n’avais plus lu de roman historique aussi passionnant depuis le dernier livre de Luca Di Fulvio, gage de qualité pour moi puisque c’est un de mes auteurs préférés.
Tu retrouves ce talent de conteur chez Edward Carey.
Les illustrations de l’auteur parsèment l’ouvrage, t’immergeant encore davantage.
Je suis tellement sous le charme de ce roman, autant parce que j’ai adoré relire l’auteur, mais j’ai été aussi en totale admiration devant son travail.
Il garde la personnalité de sa plume tout en étant très juste dans les faits historiques.
Les mots me manquent pour pouvoir te décrire cette plume unique.
L’étrange côtoie le réel, la vie côtoie la mort. Le burlesque côtoie le drame.
Je suis encore sous le coup de cette lecture pourtant terminée à l’heure où tu lis ces lignes depuis un mois, un roman qui m’a offert beaucoup des moments de rires, mais également quelques larmes.
Je ne peux rien rajouter sans spolier, je peux juste te dire de lire ce roman, je pourrais en parler des heures.
Je te le conseille si tu as besoin de t’évader avec un roman qui te happe dès les premières pages.
Que tu aimes les romans historiques ou non, ce roman plaira, un autre talent de Edward Carey celui de mettre l’histoire à la portée de tous. Vraiment, il n’y a rien de complexe et pourtant on en apprend des choses.
À lire absolument !!
✩ Petite ⟷ Edward Carey ⟷ 576 pages ⟷ Cherche Midi Éditions, le 1 avril 2021 ✩
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