PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Un homme est retrouvé horriblement mutilé dans un bâtiment désaffecté du centre hospitalier Sainte-Anne à Paris. Pour Franck Somerset, commissaire à la Crim’, c’est le début d’une enquête étrange et singulière.
Étrange, car ce n’est pas une série d’homicides au sens propre du terme à laquelle il se trouve confronté : toutes les victimes sont encore en vie, mais elles ont été torturées et « enfermées » en elles-mêmes.
Singulière, car pour comprendre, Franck Somerset va devoir plonger dans l’univers des nouveaux maîtres du monde – les grands du numérique qui maîtrisent nos vies immatérielles.
C’est au cœur de Paris, dans ces tréfonds et au-delà, que Franck va suivre la piste de ce qui ressemble à une vengeance frénétique, folle et pourtant méthodique, où s’affrontent deux mondes, un nouveau qui se persuade de sa toute puissance et un ancien qui ne veut pas mourir …
Premier roman de l’auteur et quelle entrée !
Maxime Girardeau choisit de débuter son roman quand Paris se réveille groggy avec les résultats des élections présidentielles américaines. Trump est élu.
Une introduction qui m’a plu.
Ensuite, on va faire la connaissance des 3 narrateurs du roman.
Kahl, Elga et Franck.
Kahl est le dirigeant marketing d’une grosse société de cosmétiques brassant des milliards de dollars.
Elga travaille elle aussi dans le domaine de la communication, mais chez Google France tandis que Franck est inspecteur à la crime.
3 personnes sans que l’on puisse établir une relation entre eux a priori sauf peut-être pour Kahl et Elga qui évoluent dans les mêmes sphères. Celles de ces grands dirigeants de la GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft)
Si on peut peut-être trouver la mise en place longue et les personnages rencontrés très froids surtout avec Kahl qui lui remporte la palme du personnage le plus antipathique.
Il est misogyne, carriériste, arriviste, normalement je fuis les personnages tels que lui, ici sa froideur m’a captivée, même si je le déteste, chez moi tout a fonctionné.
J’ai aimé ces mises en évidences de ces vies chronométrées où chaque minute compte, où l’humanité n’existe plus. Seuls le chiffre, le rendement comptent.
Avec sa plume cynique, il nous dresse le portrait de ses protagonistes et des sphères où ils évoluent, des noms, des lieux et conditions de travail qui pourraient faire rêver, mais dont Maxime Girardeau nous expose le côté sombre.
Je ne développe pas ce point davantage, mais j’ai aimé ces réflexions sur ces géants du web.
Les dérives, les failles, les erreurs que, tous nous commettons ; les œillères que tous, nous avons, même si on fait attention.
Ensuite, on entre dans le vif du sujet, dans le cœur même du genre du thriller avec un premier meurtre.
Un meurtre qui n’en est pas un puisque la personne n’est pas décédée.
Les mutilations qui lui ont été faites l’enfermeront à jamais dans son corps.
Une mort sociétale.
Un décès mental.
Franck et son équipe, Laurence, Marion, Gilles et Tanguy sont appelés sur les lieux de l’agression. Les sous-sols de l’hôpital psychiatrique Saint-Anne.
Parallèlement à l’enquête, on suit toujours Kahl qui est vraiment un être abject.
Pour lui rien d’autre n’existe que lui-même, il n’a que mépris pour les hommes.
Il le dit lui-même.
Et Elga.
Elga, qui encore endormie, pense déjà à toutes les tâches qui l’attendent dans la journée, sa todo list urgente avant même que le téléphone enclenche le réveil.
À partir de là, elle a 13 minutes pour se rendre opérationnelle de chez elle à son lieu de travail.
Une vie chronométrée.
On se doute que les narrateurs vont être liés à un moment ou un autre, mais quand ?
Cela arrive assez rapidement pour deux, pour le troisième, il te faudra un peu plus de patience.
La mise en place se fait lentement, mais une fois la première agression arrivée, le tempo s’accélère.
Plusieurs corps mutilés seront retrouvés.
Jamais décédés.
Les détails des tortures qui leur ont été infligées sont atroces.
Des images qui marquent.
Ces supplices te feront « visiter » les sous-sols de Paris.
Persona, le titre est parfaitement choisi.
Je ne connaissais pas le terme. En voilà la définition marketing :
«Un persona est, dans le domaine marketing, un personnage imaginaire représentant un groupe ou segment cible dans le cadre du développement d’un nouveau produit ou service ou d’une activité marketing prise dans sa globalité.
Le persona est généralement doté d’un prénom et de caractéristiques sociales et psychologiques. Plusieurs personas peuvent être utilisés pour un même projet de développement. »
Maxime Girardeau outre l’enquête de Franck qui est passionnante, dénonce les méthodes de ces grands dirigeants du monde digital, la toute-puissance des chefs qui méprise tout le monde, des chefs à l’ego surdimensionné.
Tu es au cœur de l’esclavage moderne.
Des employés qu’on méprise, la pression constante qu’ils subissent et s’ils révoltent un autre courra le remplacer.
Seuls l’argent et le pouvoir comptent.
L’humain n’est rien.
Enfin, il dénonce les masques sociaux.
Qui sommes-nous vraiment dans la vie à part ce que nous montrons sur les différents réseaux : Facebook, instagram, Twitter, Linkedin, etc.
C’est d’ailleurs grâce à ces réseaux et aux traces que nous laissons sur le web que Franck, son équipe et 3 personnes extérieures qui vont venir se greffer à eux vont pouvoir remonter la piste de l’agresseur et des agressés.
» Nous ne sommes plus que ça, adaptation permanente, dans un monde en mouvement perpétuel, s’accroissant jusqu’à expulser, par une sorte de force centrifuge, les inadaptés en dehors du système. Aujourd’hui, tous autant qu’ils sont me regardent avec la terreur dans les yeux. Je le sens quand je passe à côté d’eux. Ils puent la peur. Ils puent la faiblesse. Ils puent malgré ces masques qu’ils arborent pour se complaire dans leur monde fictif. »
Je ne le savais pas en lisant le roman, je l’ai appris ensuite, mais on sent que Maxime Girardeau maîtrise son sujet, ayant travaillé au sein d’une de ces GAFAM.
Le suspense monte crescendo, une fois les personnages présentés tu n’auras plus le temps de souffler.
Le message du tueur est comme le titre parfaitement choisi, je ne pense pas l’avoir déjà vu abordé sous cette forme en thriller.
Un roman parfaitement construit sur le fond, la forme et la psychologie des personnages.
Des protagonistes parfois atypiques, mais il fallait bien ça dans le monde où l’on va évoluer.
L’équipe de l’inspecteur et ses techniques sont modernes.
Parfaitement en adéquation avec l’intrigue.
Maxime Girardeau dose ses effets.
Les scènes très descriptives ne font pas tout le roman.
L’horreur est présente, mais pas utilisée à outrance.
Un premier roman très réussi !
Peut-être un trop-plein d’informations toutes intéressantes et pertinentes, mais qui peut perdre le lecteur à certains moments, la fin est très intéressante, mais pour moi, trop abrupte même si elle est expliquée correctement et te fais froid dans le dos, que jamais tu ne pourrais imaginer où tu vas mettre les pieds j’ai trouvé cette ficelle un peu grosse, mais pas inintéressante !
Je suis conquise !
Un premier roman excellent, oui j’émets quelques bémols, ce n’est pas un coup de cœur, mais c’est un nom à retenir !
Maxime Girardeau fait une entrée remarquable, j’espère remarquée, dans le monde du Thriller.
J’espère bien retrouver Franck et un autre personnage dans une autre enquête.
Franck au passé qui m’a vraiment intéressé, Franck qui, je pense, pourra encore nous surprendre.
Des thèmes abordés avec ce personnage plutôt rare !
Le fond et la forme sont gérés de main de maitre de bout en bout.
Un roman entre polar et thriller glaçant, un auteur à fort potentiel !!
Vivement son prochain roman !!
✩ Persona ⟷ Maxime Girardeau ⟷ 432 pages ⟷ Mazarine Éditions, le 12 février 2020 ✩
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Carobookine dit
je viens de lire ta chronique en entier (enfin !) merci pour ton avis détaillé !
Nanette dit
Un premier roman qu’il me plairait fortement de découvrir, ça m’a l’air juste glaçant et extrêmement prenant !
lasorcieredesmots dit
C’est un roman que j’ai beaucoup aimé et qui m’a fait découvrir beaucoup de choses sur les Gafam. Cependant, j’avoue avoir trouvé la fin un peu tirée par les cheveux, et j’ai eu du mal à accepter la conclusion de l’enquête, la personne qui se cachait derrière tout cela. La dernière partie du roman est pour moi presque en trop, même si je comprend tout à fait comment et pourquoi on en arrive là. Je crois que j’aurais voulu Kahl plus présent à la fin 😀
Souris dit
C’est pour ça que je dis que la ficelle était un peu grosse pour la fin, comme toi je trouve que Kahl aussi antipathique il est avait plus de charisme, de poids pour le final
lasorcieredesmots dit
C’est dur de parler de ce roman sans spoiler ^^ oui, Kahl avait tout pour le final 😉 et j’ai adoré le détester ^^ après, ce livre reste génial, mais c’est vrai que je m’attendais à autre chose pour la fin ^^