Les sorcières du phare de CJ Cooke

Bonjour mes liseurs, aujourd’hui je te parle d’une lecture que j’ai adoré. J’avais déjà lu l’autrice dans un autre registre, un thriller psychologique « Si tu t’en vas » ici on est davantage dans un roman fantastico-historique mais avec une bonne dose de suspens.
C’est un roman très mystérieux idéal à lire cet automne.
L’autrice CJ Cooke a voulu rendre hommage à toutes les femmes d’Ecosse, brulées pour sorcellerie sans que jamais un hommage ne leur soit rendu.
Pas même une statue n’a été érigée et pourtant entre le 16e et le 18e siècle en Ecosse, plus de 2.500 personnes, majoritairement des femmes, ont été accusées de sorcellerie et exécutées.  Le contexte du livre est celui-ci  https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Sorcières_de_North_Berwick

Aujourd’hui, des femmes militent pour une reconnaissance et un hommage, tu peux lire ce site qui est dédiés aux diverses actions menées en vue de cette reconnaissance par le parlement britannique 1998

Liv et ses 3 filles arrivent de nuit sur l’île écossaise où elle a été engagée pour peindre une fresque dans un phare.
Lòn Haven. Dans le fond des Highlands

Elle est accueillie par Isla, la gouvernante de Mr Roberts.
Le propriétaire du phare et du Bothy, une maison typique écossaise, où elles vont loger le temps que liv termine son travail pour Mr Roberts.
Il y a 3 filles.
Saffy ou Sapphire l’aînée âgée de 15 ans. Clover est la plus jeune elle a 7 ans.
Luna est la cadette, elle a 9 ans.
Leur père est décédé il y a de cela 5 ans.
Depuis, Liv accepte tous les travaux qu’on lui confie pour le bien être de ses filles. Même si déménager si loin, sur une île où elles ne connaissent personne, ne fait pas l’unanimité et cela se comprend.
Qu’est-ce qui a poussé Liv à lever ses filles en pleine nuit, quitter York pour partir sur l’île ?
On perçoit des non-dits.
Des secrets.

L’endroit est assez lugubre et on dirait qu’elles ne sont pas les bienvenues.
Un lieu où les traditions et les superstitions sont très fortes et prises au sérieux. Le contexte de l’île est celui-ci (voir lien).
Il y a très longtemps, on avait brûlé des femmes qui étaient accusées de sorcellerie.
Avant leur procès, elles étaient détenues à l’emplacement où se trouve aujourd’hui « le patient ». Le phare dans lequel Liv, Olivia, doit peindre une fresque pour son excentrique et étrange propriétaire. Mr Roberts.

Les histoires racontées par les habitants ne sont pas de celles avec des mignonnes fées, mais tout le contraire.

Quand c’est Saffy la narratrice, on lit également le grimoire d’un garçon du 17e Patrick Roberts

Au 3e chapitre, on est en 2021 avec Luna.
On apprend que sa mère l’a abandonné en forêt.
Que ses deux sœurs ont disparu.
Luna semble avoir tout oublié.
Elle se rappelle que des petits fragments, comme des rêves, un méli-mélo, où rien n’a aucun sens.
La vérité et la mémoire peuvent être trop complexes, trop tentaculaires pour se réduire à une narration linéaire.
Parfois, le silence, c’est une forme de survie…
Dans sa tête, son histoire n’a rien à voir avec celle des autres.
Pour la plupart des gens, le passé ressemble au sillage d’un bateau, scindé en deux.
Et le sien ? C’est enchevêtrement de toiles, d’araignées et de cauchemars qui n’ont aucun sens.

Que s’est-il passé entre le moment où cette famille arrive sur l’île et le moment où on lit le récit de Luna ?

Une malédiction jetée par l’une des sorcières brûlées vives continuerait d’agir.
Des enfants disparaissent.
Liv n’y croit pas.

Isla est très étrange, elle est accueillante avec liv, mais elle me faisait peur.
Rowan, sa fille de 15 ans, elle a le même âge que Saffy, elle dit être une sorcière verte.
Il y a des passages lugubres, des moments où l’île est magnifique avec la lande, les phoques sur les pierres le long des plages et puis d’autres moments où elle fait peur.
Le vent qui fait grincer les bâtiments, la forêt avec des cadavres d’animaux, une cabane abandonnée, la pluie et le brouillard.
Vraiment 2 oppositions sur cette île et pas uniquement pour la nature.

La mer est comme ce livre : parfois magique avec ce bleu scintillant, calme. Parfois tumultueuse avec des vagues énormes. Le bleu passe au gris.

Il s’est passé des faits horribles sur cette île écossaise.
Ils font froid dans le dos quand tu les découvres.
Tu vas pénétrer dans un univers mystérieux, un monde plein d’épouvante et de chuchotements mystérieux.
Un lieu où des gens disparaissent sans laisser de trace…

Des croyances enracinées dans la peur.
Des superstitions transmises de génération en génération et qui trouvent racine dans le terrible fait qui s’est déroulé à Lon Haven et plus précisément au phare « le patient »

Une petite communauté coupée du monde où tout le monde se connaît et où les étrangers ne sont pas les bienvenus parmi les insulaires.

Des faits étranges se déroulent en 1998 et 2021.
Ils te mettent le frisson
Impossible de savoir si c’est réel ou si c’est fantastique
L’autrice sème des questions avec chaque narrateur qui entre en scène
À la moitié du roman, j’avais une théorie sur ce qui pouvait lier le passé du 17e avec Patrick et le procès des sorcières, Liv en 1998 et Luna en 2021, mais je me suis complètement plantée.

Dommage que pour la narration de Luna l’autrice ait choisi d’utiliser la 3e personne du singulier on se sent loin d’elle.
À l’extérieur, un simple spectateur de sa détresse émotionnelle
Dommage aussi pour certaines réactions de Liv, je ne les ai pas toujours trouvées très justes.
Pas en adéquation avec le reste de son caractère.

Oppressant, envoûtant, inquiétant, troublant. Ce roman est cela tout à la fois avec une tension et des questions constantes.
Tu te demandes vraiment où l’autrice veut aller, mais tu ne peux pas t’empêcher de lire tellement cette question est obsédante : que s’est-il passé sur cette île ?
Il y a une autre interrogation dans ces pages : vaut-il mieux perdre la mémoire pour ne plus souffrir ou garder ses souvenirs ?

Une lecture envoûtante sur les sorcières, les relations mères-filles, le folklore et même l’impact humain sur la nature, ce que signifie être une famille.
Passionnant, ce roman te plonge dans le passé sombre et pour la plupart des gens méconnu en Écosse.
Au cours de ses recherches, l’autrice CJ Cooke a remarqué qu’aucune statue n’a été érigée en mémoire de ces femmes accusées à tort de sorcellerie et tuées sauvagement.
Aucune excuse ne leur a été donnée.
Je trouve que CJ Cooke leur rend un vibrant hommage avec cet ouvrage.

J’ai trouvé l’histoire fascinante, elle comporte bon nombre de mes
intérêts : l’art, le folklore, l’Écosse, les phares, l’histoire et le côté effrayant d’une chasse aux sorcières.
Avec un côté féministe, mais pas revanchard.

CJ Cooke fait un travail merveilleux de description, tu visualises tous les lieux.
Ses descriptions de l’île, bien que sombres dans leur contenu, sont tangibles.
Que cela soit le bothy, le phare, la fresque, la forêt : tu vois tout.
C’est très cinématographique.
Je ne suis pas étonnée qu’une série soit en cours d’adaptation.

J’ai immédiatement été intriguée par la région et je me suis retrouvée à rechercher des images sur Google,j’étais persuadée que tous les lieux et faits étaient réels tant ils paraissent palpables.

Il y a du fantastique dans cette histoire, mais peu, sache également que l’histoire ne se déroule pas de manière linéaire ; les sauts dans le passé ou le présent, les changements de narrateur peuvent te perturber ; moi j’ai trouvé que c’est habilement construit.
Tu cherches la pièce manquante pour comprendre le puzzle que CJ Cooke va te faire apparaître dans son final.
Une résolution de l’intrigue que j’ai adorée et qui m’a émue.

Ce roman est un conte effrayant qui se déroule sur une île écossaise isolée, les sorcières du phare est un roman avec du suspense, des éléments surnaturels et des références historiques.
Un livre que je te conseille pour cet automne. Il est parfait au moment de Samhain.

Es-tu prêt à percer les secrets de Lon Haven ?

Citations :

La haute silhouette du patient posté devant l’océan, sur son îlot rocheux, relié au reste de l’île par une chaussée sinueuse, Strallaigh, le petit village, avec ses boutiques multicolores, et le patchwork de champs verts comme des algues, parsemés d’anciens menhirs, dressé, aussi austère que des moines

Je vous maudis, fils de Duncan, je maudis les fils de vos fils et tous ceux qui se tiennent ici, debout devant nous. Lon Haven expiera pour le sang qui a été versé, je jure que cette île ne connaîtra jamais la paix tant que notre innocence n’aura pas été proclamée, surtout le territoire d’Écosse. Je vous maudis tous, habitants de Lon Haven. Je vous condamne à brûler vos propres enfants, de la même façon que vous avez brûlé, ma mère !

✩ Les sorcières du phare ⟷  CJ Cooke ⟷ 480 pages ⟷ Éditions Hauteville, le  3 avril 2024✩