PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
« Je m’appelle Madison Washington. Et si les journaux ont jadis consacré leur une à ce que j’ai accompli en novembre 1841 au large de la Caroline, ils n’ont fait qu’évoquer le fil de mes actes. Chacun a expliqué à sa manière comment j’ai mené la plus grande évasion d’esclaves de mon pays, mais ils n’ont rien dit ni de mes doutes ni de mes souffrances, face à l’adversité. Presque malgré moi, j’ai mis le feu au pays et ai été l’un de ceux qui ont précipité la guerre qui a libéré mon peuple de l’esclavage. Aujourd’hui encore, je me demande pourquoi ce rôle m’a été confié par la Providence. Tout ce que je sais, c’est qu’une force mystérieuse m’y a forcé. Comment la nommer : esprit, voix, entité ? Le saurais-je jamais ? Celle ou celui qui me lit pourra sans doute répondre à ces questions. Voici mon histoire. Puisse-t-elle l’aider à percer mon mystère. »
Bien que l’auteur ait déjà écrit de nombreux ouvrages, c’est par ce dernier sorti en librairie que je le découvre.
Dans Moi, Madison Washington, Thierry Maugenest nous transporte dans un récit au rythme effréné avec un suspense constant qui te tient en haleine.
Dès les premières pages, tu fais la connaissance de Madison, son destin est scellé dans le ventre de sa mère, une esclave.
Le récit nous plonge dans les racines profondes de Madison, nous dévoilant la naissance terrifiante de celui-ci et la rencontre de ses parents qu’il n’a jamais connus.
Une force mystérieuse semble le pousser constamment à triompher de l’adversité, un sixième sens peut-être, où sa mère et ses ancêtres esclaves veillent sur lui.
À travers des passages poignants, ton cœur est lacéré par les terribles châtiments physiques, la violence constante qui imprègne les corps et les âmes. L’auteur ne manque pas de souligner la grandeur d’âme de certains hommes, en opposition à la médiocrité de ceux qui refusent de les considérer comme des êtres humains.
Madison apprécie certains hommes, mais sa méfiance envers ceux qui font partie d’une nation autorisant l’esclavage ne faiblit jamais.
Thierry Maugenest donne ainsi une voix à l’esclave américain à travers Madison Washington, un héros inspiré de la mutinerie à bord du navire La Créole en novembre 1841.
Ce soulèvement, première révolte d’envergure menée par un esclave, revêt une importance historique dans l’histoire des États-Unis, préfigurant la Guerre de Sécession qui éclatera vingt ans plus tard.
Le contexte de cette époque charnière est habilement décrit par l’auteur, alors que les tensions entre esclavagistes et abolitionnistes se font de plus en plus vives.
Thierry Maugenest nous entraîne d’abord dans les circonstances tragiques de la rencontre des parents de Madison, puis dans son enfance dans la plantation de Virginie, où il partage le quotidien de Susan, une esclave métisse.
C’est pour libérer cette dernière que Madison décide de s’embarquer sur le navire, amorçant ainsi une aventure qui le mènera à travers les paysages sauvages américains et les territoires indiens.
Sur son chemin, il croisera John Hewell, son ennemi juré, un chasseur d’esclaves dont l’auteur lui confère une épaisseur particulière, mélange de cruauté, de désillusion, de culture et de sadisme exacerbé par l’alcool et l’opium.
Madison Washington devient ainsi sa proie ultime.
John Howell m’a terrifié, c’est un personnage très bien esquissé.
Un homme qui chasse les esclaves non pas pour l’argent, mais par amusement. Un homme cultivé doté d’une grande cruauté.
L’évasion de Madison Washington se transforme également en une quête initiatique, où l’esclave en fuite apprend à lire et à écrire grâce notamment à Archie Dickson, lui permettant de raconter son périple, de mettre en mots son destin et d’inspirer d’autres personnes après lui.
Ce sont les mots de son journal intime que tu lis.
Madison croise également la route de Chayton Attawak, un comédien ambulant d’origine amérindienne qui lui tendra la main.
Moi, Madison Washington soulève des questions sur la responsabilité et les motivations obscures qui poussent certains individus à devenir des héros.
Tout au long du récit, le lecteur est happé par l’histoire captivante de Madison, qui est à la fois un témoin individuel et collectif des événements historiques dramatiques.
Le roman offre également une réflexion sur l’amour et la quête de liberté.
Avec une plume riche et immersive, l’auteur effectue de nombreuses recherches historiques afin de rendre hommage à Madison Washington, injustement oublié par l’Histoire.
Le roman est un bel hommage aux Immortal Nineteen, les dix-neuf mutins de la Créole, ainsi qu’à tous ceux qui ont subi des violences innommables et sont restés dans l’ombre.
Même si l’auteur a déjà une belle bibliographie c’est le premier livre que je lis de lui.
J’ai aimé le rythme du récit. Le suspens constant.
Ce roman historique, inspiré de faits réels, revient sur la plus grande évasion d’esclaves de l’histoire des États-Unis. Je ne connaissais pas ces faits.
Une bonne lecture, rapide, glaçante.
J’ai aimé le symbolisme présent, le fait que le destin de John Hewell semble lié à celui de Madison bien avant avant que ce dernier vienne au monde
✩ Moi, Madison Washington ⟷ Thierry Maugenest ⟷ 240 pages ⟷ Éditions Albin Michel, le 3 mai 2023✩
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Christelle dit
Je suis ravie de voir une chronique sur ce livre dont on parle peu. Je l’ai aussi bien aimé et je ne connaissais pas cet épisode historique.
Souris dit
Oui moi aussi quand tu as posté la tienne sur instagram j’étais contente car quand j’ai rédigé cet avis il y a 2 semaines, personne n’en avait encore parlé. C’est dommage pour une histoire comme celle-ci.
Magali dit
J’ai aimé lire cette chronique sur ton blog. Une première ! Tu rends l’histoire très vivante et immersive. C’est fluide. Bravo ma petite souris, tu fais un excellent job ! Ta plume me ravit. Je sens qu’avec toi à force de te lire je vais tâtonner hors de ma zone de confort 😁😎
Souris dit
Et ce serait un plaisir de te prêter des livres pour que tu puisses tester 🙂 Merci beaucoup ma belle