PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
» Pourquoi avez-vous si peur, agent Travis ? »
1958. Un cirque ambulant, avec son lot de freaks, d’attractions et de bizarreries, vient de planter son chapiteau dans la petite ville de Seneca Falls, au Kansas. Sous les regards émerveillés des enfants et des adultes, la troupe déploie un spectacle fait d’enchantements et d’illusions. Mais l’atmosphère magique est troublée par une découverte macabre : sous le carrousel gît le corps d’un inconnu, présentant d’étranges tatouages.
Dépêché sur les lieux, l’agent spécial Michael Travis se heurte à une énigme qui tient en échec ses talents d’enquêteur. Les membres du cirque, dirigés par le mystérieux Edgar Doyle, ne sont guère enclins à livrer leurs secrets. On parle de magie, de conspiration. Mais l’affaire va bientôt prendre un tour tout à fait inattendu.
Avec cette magnifique évocation de l’Amérique rurale de la fin des années 1950, R. J. Ellory nous offre, une fois de plus, un roman qui touche en plein coeur.
Dans le Carnaval des ombres, RJ Ellory met en avant en plus de son intrigue un personnage fort.
L’agent fédéral Travis.
Très rapidement, notre personnage va devoir affronter ses démons
La conversation avec le psychologue du bureau du FBI l’a forcé à se remémorer des choses dont il aurait préféré qu’elles demeurent en sommeil.
Il a montré au psychologue un homme dépourvu d’émotion, voire d’humanité.
Michael Travis a 31 ans, il vit en périphérie de Kansas City et sait le chemin qu’il a parcouru pour arriver là où il est aujourd’hui.
Après 8 années de service au sein du FBI
Un livre, les raisins de la colère de Steinbeck, renferme une lettre d’Esther depuis 8 ans, il n’a jamais voulu l’ouvrir.
Tant de souvenirs remués au cours de l’entretien avec le psychologue.
C’est la première enquête en tant que senior de Travis, il veut en faire une mission exemplaire.
Une mission qui l’emmène à Seneca Falls.
Une bourgade de 5000 habitants maximum où un meurtre a eu lieu.
Un corps a été retrouvé sous un manège du cirque Diablo.
Un cadavre, pas de nom, aucune information. Pas de papiers dans ses poches rien qui puisse l’identifier
« Peut-être certaines personnes existent-elles uniquement pour rappeler au monde que le diable est réel. »
Tu vas lire les journées décisives qui ont forgé le caractère Michael Travis ; ainsi RJ Ellory intègre entre les chapitres destinés à l’enquête les étapes de la vie de notre héros jusqu’à son enfance.
Les personnes importantes dans sa vie.
Celles qui l’ont mené là où il est aujourd’hui
Tu vas remonter le temps et lire les événements marquants qui ont eu lieu dans la vie de Travis.
Ceux qui ont forgé l’homme qu’il est aujourd’hui.
Pour Michael Travis toutes questions possèdent une réponse même si elle est déplaisante.
Il ne croit pas aux coïncidences, mais aux faits.
Un bourreau de travail pragmatique et logique. Intuitif.
Sa crainte : avoir hérité la violence de son père.
Il est doté d’une capacité à raisonner, à tout remettre en cause, à voir la logique là où elle est, à rejeter les hypothèses et les apparences.
Autant te dire qu’il va être bousculé dans ses certitudes avec les personnages qu’il va rencontrer au cirque, surtout Doyle et Slate.
« De quoi avez-vous peur agent Travis »
Travis fait des rêves récurrents : un champ craquelé et aride, l’ombre d’un homme, le rire d’un corbeau. Un œil bleu, le ploc ploc ploc, le bruit du sang qui s’écoule comme un horrible métronome battant le rythme de son cœur sombre.
Gravés au fer rouge dans son esprit juste pour lui rappeler que tout ce qu’il comprenait le moins était lui-même.
Doyle est déstabilisant. Délibérément contrariant et l’instant suivant totalement différent.
Un cirque a l’atmosphère de tristesse et de désolations. D’abattement.
Cet endroit abrite des personnes rejetées par la société ou qui se rebellent contre la normalité.
Des individus rassemblés créent une atmosphère par leur simple présence.
Surréaliste, presque perturbante, qui remet en question à quoi ce qu’un homme, ou une femme, est censé ressembler.
Ce serait mal connaitre l’auteur que de ne pas se douter qu’il va, outre créer une ambiance, des protagonistes, il va te rappeler le contexte politique et économique de l’époque où se déroule le récit. Ainsi on va parler d’Immigration, des débuts des sciences du comportement, d’une organisation mafieuse hongroise, de politique irlandaise et de bien d’autres thèmes, tous riche et intéressant, mais que je préfère taire.
RJ Ellory pose des réflexions sur la société dans son ensemble grâce à ses personnages.
La société qui tue et mutile et pousse son peuple à la guerre, la société qui voit la couleur de peau comme un motif de haine, de persécution.
La société qui exige obéissance de ses citoyens, mais qui les fait crouler sous les impôts et les lois et les broie avec un système judiciaire défaillant et corrompu, gangrené de l’intérieur.
Des ombres du passé de Travis qui remontent et qu’il essaie pourtant de tenir à distance. Comme si cet entretien avant l’enquête avec ouvert une boîte de Pandore.
Mental, philosophique, spirituel, émotionnel ; ce roman possède tant de qualité.
Les ramifications vont loin
Le schéma que l’auteur avait en tête pour nous mener là où il le voulait est dense.
Une intrigue multicouche. À tiroir.
Manipulation et mentalisme, mais qui manipule qui ? RJ Ellory lirait-il dans ton cerveau ?
Ou est-ce la capacité d’un de ses personnages ?
RJ Ellory va te faire réfléchir, cogiter autour de plusieurs concepts : la vérité et la liberté notamment.
Pour la vérité en particulier. Il faut apprécier les longueurs, à un moment du livre entre les pages 300 et 400 l’auteur m’a perdu pour me rattraper ensuite de plus belle.
Il y a des moments d’intense réflexion philosophique qui m’ont un moment coupée dans mon élan, mais, plusieurs jours après avoir terminé ma lecture, après avoir relu ces fameux passages ils sont en fait très enrichissant personnellement comme pour Travis.
Ce roman de RJ Ellory c’est un meurtre oui, mais surtout et avant tout ce qui construit un homme.
Ce livre c’est Travis.
Travis que tu vas adorer tout comme les personnages secondaires tout aussi travaillés.
Laura, Esther, Doyle, Chester, Haynes, Akiko, Valeria, Slate, Benedek, le shérif, Larry et Danny.
Dommage pour cette impression de tourner en rond à un moment du roman, ce n’est pas mon préféré de l’auteur, mais j’ai adoré retrouver sa plume unique et exquise, sa faculté à créer des ambiances, dessiner des personnages plus vrais que nature.
Un gros bébé de 600 pages que je te conseille si tu aimes la psychologie profonde d’un personnage, te poser pour réfléchir ; évidemment si tu aimes les romans noirs, les romans d’ambiance.
Si tu ne connais pas ce fantastique auteur du roman noir américain je te conseille de lire « Le chant de l’assassin » mon avis est ici
✩ Le carnaval des ombres ⟷ RJ Ellory ⟷ 648 pages ⟷ Éditions Sonatine, le 3 juin 2021 ✩
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