PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Né pendant la guerre d’un soldat afro-américain et d’une femme vietnamienne, Phong n’a toujours connu que les moqueries et le mépris dans la campagne où il a grandi.
Après tout, il est l’enfant de l’ennemi américain, abandonné par ses parents. Alors qu’il rêve d’une vie meilleure de l’autre côté du Pacifique, il se lance dans une quête de ses origines qui le ramène près de cinquante ans plus tôt…
En 1969, Trang et Quynh travaillent avec acharnement dans les rizières pour aider leur famille.
Et quand une voisine leur parle de sa vie à Sài Gòn, elles voient dans la grande ville un moyen de gagner de l’argent rapidement. Mais très vite, les deux sœurs découvrent que la propriétaire du bar attend d’elles bien plus que de boire du thé avec des GI américains…
Bonjour, mes liseurs, aujourd’hui je te parle d’une de mes lectures de janvier, c’est un livre qui m’a complètement chamboulé.
Déjà l’année dernière l’autrice « avait conquis avec “Pour que chantent les montagnes” tu trouveras mon avis ici
J’ai encore plus aimé cette lecture.
Hô Chi Minh-Ville, 2016. Tu rencontres un des 3 narrateurs de ce récit en la personne de Phong.
Le thème majeur du livre est la discrimination envers les Amérasiens, tu vas suivre Phong ; un de ces enfants nés de mère vietnamienne et de père américain.
“La vie est un bateau avait un jour dit sœur Nhã, la religieuse qui avait élevé Phong. Dès lors que ce bateau quitte son port d’attache qu’est le ventre de la mère, sa course se poursuit au gré des courants. Mais si le bateau renferme assez d’espoir, de foi en lui-même, de compassion, de curiosité, alors il peut affronter toutes les tempêtes de la vie.”
Phong est victime du ressentiment des Vietnamiens envers les Américains
Des gens qui ont besoin de déverser leur colère, quoi de mieux qu’un enfant métisse ?
De plus, la virginité était très importante dans la culture.
Qu’une jeune femme vietnamienne ait succombé à l’ennemi et ait bafoué son éducation était impossible à pardonner
Ils étaient mis au ban de la société.
Aujourd’hui, père de 2 ados, il rêve d’emmener sa famille aux États-Unis, un rêve plus grand encore serait de retrouver son père.
Village de Peu My, province du Lien Gang, mars 1969
D’un autre coté, on suit 2 jeunes sœurs, Quynh et Trang.
Leur père a été blessé durant la guerre en se battant du côté des Américains, de plus ils ont fait confiance à un homme qui leur a volé tout leur argent.
Ils ont perdu leur maison et ils sont sur le point de perdre leur terre s’ils ne remboursent pas très vite la somme empruntée.
Les 2 jeunes femmes entendent grâce à une de leurs amies d’école qu’elles trouveront du travail à la ville. À Sai Gon.
Qu’avec cet argent gagné, elles pourront aider leur parent bien mieux qu’en travaillant dans les champs.
Elles décident de partir tenter leur chance même si Trang se méfie beaucoup de la ville et tient à préserver sa petite sœur Quynh.
« Leur mère leur avait enseigné, les quatre vertus d d’une bonne vietnamienne : travailler dur, être belle, savoir parler et se tenir parfaitement. »
Enfin, on suit un 3e personnage. Dan. En 2016, Hô Chi Minh-Ville.
Un soldat américain, il a fait la guerre du Vietnam à seulement 19 ans
Près de 50 ans plus tard il revient pour peut-être faire la paix avec son passé et essayer d’aller mieux
Dan est un homme brisé qui souffre de syndrome de stress post-traumatique avec tout ce qu’il a vu et fait au Vietnam
Des faits qu’il n’a jamais révélés, pas même à sa femme.
Un homme empli de secret et de regret.
“Dan se sentait animé par le besoin de comprendre ces gens qu’ils avaient déshumanisé pendant la guerre. En cherchant leur humanité, c’était la sienne qu’il tentait de retrouver.”
Les personnages de ce roman sont soit des oiseaux qui quittent le nid pour la plupart, tu vas également suivre un protagoniste qui trouve son nid, un autre qui est un oiseau sans plume ni nid, il est incapable de voler. Il est dépourvu de points d’ancrage.
Le thème majeur du livre est la discrimination envers les Amérasiens
L’autrice te parle également du trafic qu’il y a également autour des Américains. Comment les Vietnamiens profitent aux mieux de leur présence même si pour cela ils mettent de côté leur amour propre, leur religion et leurs croyances
Les temps sont durs et chacun fait ce qu’il peut.
Beaucoup rêvent d’immigrer, une grande corruption règne autour des visas.
Les autres thèmes du livre sont les faux espoirs et les espérances. La guerre : ses conséquences et ses traumatismes. La famille : les devoirs, le respect et la quête d’origine.
Tu vas aussi apprendre l’histoire du pays et de ses nombreux envahisseurs notamment les Français et les Américains
J’ai appris dans ce roman le destin peu enviable des Khmers.
Nguyen Phan Que Mai te parlera aussi du désir d’enfant. De la parentalité. Des pères et des mères prêts à tous les sacrifices pour que leurs enfants aient une bonne éducation, une meilleure vie qu’eux.
L’auteur te fait visiter un pays qui se remet tant bien que mal de la guerre et de ses stigmates encore très présents mêmes si absents aux yeux des touristes
Du profit de certains, au détriment de leurs compatriotes
Des rêves et de l’idéalisation de la jeunesse
Tu es immergé dans la culture vietnamienne. Les plats te donnent envie ; tu sens les différentes saveurs
Tu vois les rizières s’étaler devant tes yeux.
Tu observes la pauvreté des paysans et puis tu vois Saigon et ses commerces, les marques de luxe. Les touristes.
J’ai aimé tous les personnages, principaux comme secondaires
Leur psychologie est complexe et élaborée.
Il y a un suspens autour des 3 personnages. Phong, Trang et Dan. Quel lien peut-il y avoir entre eux ?
J’avais des hypothèses. Aucune ne s’est avérée véridique ! L’autrice brouille les pistes et t’entraîne toujours plus loin dans son récit.
Linda, l’épouse de Dan, est une femme pleine de compassion et de force pourtant Dan n’ose lui dire ce qu’il a fait il y a tant d’années et je dois dire que je me suis posé aussi plein de questions. J’ai imaginé le pire comme le meilleur
Dan est un homme passionné de lecture.
C’est en lisant un roman écrit par un vétéran qu’il a commencé à remettre en cause tout ce que ses dirigeants lui avaient inculqué en tant que soldat contre les Vietnamiens
Il remet en cause ses actions passées
Il est plein de regrets et de remords
Les livres sont un point commun avec un autre personnage, Trang.
Elle lit pour s’évader.
Les lectures la transportent dans un autre monde où la vie est moins difficile
Elle s’inspire de la force des héroïnes chaque jour pour pouvoir faire son travail. Un travail qui la rapprochera de son rêve de devenir médecin et aider ses parents à payer leur dette.
Leur autre point commun est la culpabilité
Un poids qui pèse lourd sur leurs épaules et dévore leur nuit
Le Vietnam est un pays en guerre, mais 2 peuples qui ont de nombreux points communs
Aucun n’aime cette guerre, tous veulent être auprès de leur famille, ils ont le même visage hanté.
Tous ont peur du danger.
Les Américains comme les Vietnamiens.
J’ai aimé qu’aucun peuple ne soit diabolisé, que l’autrice soit neutre.
Tu liras également la difficulté des vétérans de l’ARVN, ce sont ces Vietnamiens qui ont combattu aux côtés des Américains. Leur sort une fois que les Américains sont partis est très loin d’être enviable : ils sont discriminés encore aujourd’hui, leurs enfants le sont tout autant !
“À la fin de la guerre, quel que soit le vainqueur, le peuple perd”
L’auteur te narre les luttes et le courage de gens ordinaires.
Ils composent avec ce qu’ils ont. Ils rêvent à une vie meilleure. Si ce n’est pas pour eux, pour leurs enfants.
Elle te raconte également le courage des femmes, un courage transmis de génération en génération
L’autrice te donne à découvrir tout le Vietnam
La différence entre le nord et le sud, la culture musicale, l’architecture, les plats typiques, la monnaie, les dictons, les religions et les croyances. Un roman ultra complet, mais jamais lassant avec les descriptions. C’est une immersion complète et totale. J’ai aimé découvrir toutes les facettes du pays. Les belles comme les moins flatteuses.
Ce roman parle également de la santé mentale, de la guerre psychologique, de l’agent orange. Un fait qui m’a glacé d’effroi. Je ne connaissais pas ce fait historique.
Un livre vraiment très riche si tu veux en apprendre plus sur ce pays et sa culture
Sur la guerre qui a brisé tant de vie : des vies laotiennes, cambodgiennes, vietnamiennes et américaines !
Il y a des scènes très émouvantes comme cet enfant de la guerre qui réunit 3 anciens ennemis âgés maintenant, mais tous sont encore imprégnés de ce qu’ils ont vu et vécu.
“La violence est un poison. Que tu l’exerces ou que tu la voies, elle te ronge.”
J’ai éclaté en sanglots à la fin pour toutes les souffrances de ces jeunes gens. Toutes ces jeunes filles dont la vie n’a été que du bois à brûler, pour ces jeunes engagés pleins d’idéaux dont le vie n’était que chair à canon, tous sacrifiés dans le brasier de la guerre et que cela a continués sur plusieurs générations !
J’ai pleuré pour toutes ces poussières de vie.
Ces bui dòi.
J’ai vraiment souffert avec ce peuple
J’ai appris quantité de choses et remis en question d’autres choses que je croyais connaître comme la vie des Khmers
Je me suis informée
Je ne connaissais pas ce peuple.
Des livres comme celui-ci élèvent ton esprit, peu importe l’âge que tu as ; tu apprends et tu peux continuer à t’informer et informer autour de toi.
C’est ce que j’ai fait avec cette lecture et les recherches effectuées, je les ai partagées avec mes enfants. Ce fut un souper passionnant plein d’échanges.
Je te conseille vivement ce roman, c’est un coup de cœur qui m’est tombé dessus lors du dénouement.
J’ai adoré toute ma lecture et ses différents aspects, mais je n’étais pas préparée au final !
Un livre magnifique que l’autrice a mis 7 années à écrire.
Les personnages sont fictifs, mais elle a interviewé de nombreux Amérasiens, de vétérans américains et elle en a même aidé certains.
Dans ses mots, on ressent tout l’amour pour son pays de naissance et la profonde relation qu’elle entretient avec les mots.
Des mots qui peuvent enchanter ou détruire, des mots qui peuvent soulever des secrets et révéler des trahisons, des mots qui ont le pouvoir de tuer par le biais de la propagande ou qui peuvent te faire oublier toute ta tristesse en t’immergeant dans un livre.
J’avais déjà été très touchée l’année dernière avec “La où chantent les montagnes”, “Là où fleurissent les cendres” est un coup de cœur.
Un livre qui va marquer ma vie de lectrice.
Je ne peux que te dire : fonce le découvrir
Note de l’autrice : “ce livre est ma prière pour un monde empli de plus de compassion, de paix, de pardon et de guérison. Puisse notre planète ne plus jamais voir un autre conflit armé.”
✩ Là où fleurissent les cendres ⟷ Nguyen Phan Que Mai ⟷ 444 pages ⟷ Éditions Charleston, le 10 janvier 2024✩
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