PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Bogotá.
Ici, les enfants des rues sont légion et il est bien difficile d’échapper à leur regard. Ces ombres s’appellent Clara, Rafaele, Ana, Maria… Organisés en bandes, les gamines, comme on les appelle, survivent tant bien que mal. Aucun d’eux ne sait de quoi demain sera fait : les règlements de compte sont fréquents et les » marchands » rôdent, à la recherche des plus jeunes qui, une fois attrapés, ne reviennent jamais…
Lyon.
À des milliers de kilomètres de la Colombie, les interrogations s’emmêlent dans la tête de Cécilia : pourquoi n’a-t-elle aucun souvenir de son enfance à Bogotá, avant son adoption ? Quelle aurait été sa vie si personne n’était venu la chercher ? L’attendon encore, là-bas ? À l’approche de son anniversaire, avec l’aide de son ami Pedro, lui aussi adopté, la jeune fille est déterminée à lever le voile sur ce passé oublié et découvrir enfin d’où elle vient.
Cécilia s’enfonce dans le déni, Pedro dans les livres.
Cécilia est rongée par un mal-être, celui de ne se souvenir de rien, de ne pas être certaine de sa date de naissance. Aucune image aucun souvenir, aucune réminiscence. Rien. Le seul lien entre elle et son pays : Pedro, ils ont été tous les deux adoptés le même jour, ils courraient les rues de Bogota ensemble. Des inséparables. Un lien très fort les unit. Elle est très complice avec sa sœur Chloé, mais elle ne partage pas avec elle cette adoption. Cette quête d’identité très forte pour Cécilia, déterminée à retourner dans le pays qui l’a vu naître un jour.
Pourtant, elle ne veut connaître que le beau côté de la Colombie, pas le trafic d’organe, la drogue, les cartels, les bidonvilles. Non, elle voit les beaux quartiers dans les livres qu’elles empruntent chaque semaine, les bons plats, la culture, les lieux touristiques, les paysages de cartes postales.
Pedro lui connaît ces mauvais côtés et préfère les ignorer en se réfugiant dans les livres. Des mondes imaginaires ou le mal n’existent pas sous cette forme du moins.
Quand la vie ne s’arrange pas tout à fait comme il le voudrait, il l’arrange dans sa tête. Ces histoires et ces héros inventés l’aident à tenir le coup quand cela ne va pas ou à embellir les précieux moments de bonheur.
Pedro ne peut vivre autrement et il a du mal à le faire comprendre à ses parents. Ce personnage est celui auquel je me suis le plus vite attachée et identifiée.
Pedro peu bavard, il ne ressent pas le besoin de se confier.
Très réservé, seule Cécilia possède la clé de son jardin secret et encore elle
ne connaît pas tous les recoins.
Il est méfiant, enfermé dans sa timidité et ses rêveries, il ne sait pas comment entamer ou continuer une conversation. Il est bloqué.
L’arrivée de ses petites sœurs remue des sentiments ambigus pour lui. Il est content et en même temps se pose des questions.
Sa mère biologique a lui l’a t’elle nourri ? Regardé avec ces mêmes yeux emplis d’amour que sa mère pose sur celui de ses petites sœurs.
Quand tu es une petite fille comme Maria que tu sais que le seul avenir que tu as c’est la prostitution ou travailler dans une belle villa le jour et contenter son employeur la nuit.
Maria sait que comme ses compagnons de route elle n’y échappera pas, car à un moment elle aura tellement faim que ce sera le seul choix qu’il lui restera.
Petite Maria, si jeune encore et pourtant tu connais déjà le monde de la violence et de la désillusion. Tu as emporté un bout de mon cœur. toi et tes compagnons de route, aussi.
Il y a une jolie romance et un fort esprit romanesque autant que dramatique. Ce que vivent ces adolescents livrés à eux-mêmes est triste et aussi beau. Un roman sombre, mais avec beaucoup de lumière de message d’espoir. Des valeurs nobles portées par de jeunes héros nés sous une mauvaise étoile.
La gallada ensemble on est plus fort
Soledad, Manuel, Alejandro, Guillermo, Juan, Ana, Maria, Esteban, Mateo, Rafaele et Clara
Ils sont sans cesse sous leurs gardes ; ils doivent échapper aux marchands, mais aussi à la drogue, aux conflits armés, aux règlements de compte entre galladas, les dangers ne manquent pas. Le danger est partout au sein des familles dans le bidonville, dans la police et l’état corrompus.
Être orphelins dans les rues de Bogotá c’est être rejeté et méprisé.
Ils ne peuvent connaître de sentiment de sécurité ou d’apaisement, d’être choyé et aimé.
L’espoir de sortir de la misère est mince ; la plupart sont complètement illettrés.
Certains ont choisi la rue, même s’ils avaient un endroit où aller, même s’il existe des associations. Car, dans la rue, il y a plein d’issues de secours en cas d’urgence.
Trafic d’organe, drogue, enlèvement, maladie, faim, tant de manière de disparaître pour ces gamines de Bogota
Une vie faite que d’injustice, d’inégalité, des enfants qui n’ont jamais connu la sécurité d’un foyer.
Ils sont voleurs, menteurs, parfois drogués, bagarreurs, violents, mais leurs airs bravaches cachent tant de souffrance
Ils possèdent une rage de vaincre, de survivre, en ayant cette ambiguïté, garder leur liberté et pourtant rêver d’un foyer d’une vie meilleure.
Certains des protagonistes sont inséparables. Ils s’aiment avec toute la rage et la force de ceux qui n’ont rien d’autre à donner ; rien d’autres à posséder que l’amour.
Un roman sur les liens du sang et ceux du cœur, sur les difficultés de l’adoption, d’être parent peu importe qu’on ait enfanté ou non, sur la quête de ses origines, d’amour sororal
Mirabelle Borie t’emmène dans ce pays tout en contraste. Ses côtés lumineux, colorés de ciel bleu, de soleils au coin des feuilles, de maisons aux tuiles rouges d’autres sont entièrement gris, des toits de tôle, de la pluie et nulle part ou s’abriter.
Les quartiers favorisés et les bidonvilles.
Citations :
» Que peut-on faire lorsque le monde, subitement, semble s’écrouler autour de vous ? Comment ne pas en vouloir au temps ? Ce temps qui, inexorablement, impose sa loi cruelle, ce temps qui paraît parfois se figer, qu’il est pourtant impossible à remonter alors que, peut-être, il aurait suffi d’une poignée de secondes pour tout changer. »
« Qu’est-ce qui fait que certaines personnes se croisent et sont irrémédiablement attirées les unes vers les autres ? Qu’est-ce qui fait que ce jour-là qu’à l’instant où ils se virent, ces enfants décidèrent de ne plus se quitter ? »
✩ Dulce de Leche ⟷ Mirabelle Borie ⟷ 408 pages ⟷ Éditions Gulfstream , 28 janvier 2021 ✩
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