PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Dans ce quartier chic de Port-au-Prince s’élèvent de belles demeures de pierre entourées de palmiers, de flamboyants et d’arbres orchidées. C’est là que, pour la deuxième fois en une semaine, un couple est retrouvé assassiné dans sa chambre. Deux corps mutilés gisant au pied du lit conjugal. La presse titre déjà sur une série de « crimes vaudous ».
Pourtant l’inspecteur Simon Bélage refuse de tomber dans la superstition. Sur cette île, la corruption et le trafic d’enfants font plus de ravages que le terrible Baron Samedi, le dieu des morts. Simon sait avec certitude que ces crimes sont l’oeuvre d’un être de chair et de sang. Et tous les indices convergent vers un orphelinat fermé depuis près de vingt ans, surnommé la « Tombe joyeuse ».
Mais Simon devrait prendre garde. En Haïti, ignorer les avertissements des esprits, qu’ils soient vrais ou faux, peut se révéler dangereux…
Dans ce livre tu as 3 intrigues, tu te doutes que tout est lié, mais comment ?
Tu as Haïti et la découverte d’une scène de crime.
L’enquête est menée par Simon et Manus, son ami, il le considère presque comme le fils qu’il n’a jamais eu.
Ils sont face à des cadavres mutilés et mis en scène, rappelant les croyances et cultes vaudous du pays.
Tu as cet inconnu, enfant ou adulte entre les deux narrateurs principaux, Simon et Vincent.
Il écrit comme une comptine, mais une chanson qui n’est pas faite pour t’endormir, une litanie qui te donnera les frissons.
Il/elle m’a donné froid dans le dos, dès le départ avec ces mots :
« Laissez-moi vous raconter l’histoire des six.
Ils furent six à voyager dans le camion.
Six enfants spéciaux et maudits (….)
Le plus âgé d’entre eux n’avait que dix ans.
Savez-vous ce que l’on fait à Haïti des enfants spéciaux ? (…)
Enfin, tu as celui qui te raconte ce qu’il s’est passé, le déroulement des faits, il te parle à la première personne.
Il s’agit de Vincent.
Il te parle depuis Paris.
Il te narre son métier, sa rencontre avec sa bien-aimée Méline, tout depuis le début de leur histoire.
Quel lien peut-il bien exister entre tous ces personnages ?
Ça, il te faudra être patient, accepter de descendre aux enfers comme Orphée et Eurydice.
Quant à savoir si tu en sortiras indemne, je ne peux te le prédire.
Jérôme Loubry nous immerge dans la vie de ses protagonistes remontant le passé en nous narrant les épisodes marquants de leur vie.
Les personnages prennent, par ce procédé du poids, ils sont tangibles et humains.
Ni parfait ni plein de défauts.
Un procédé que j’aime beaucoup en particulier quand il s’agit de nouveaux personnages.
L’auteur a choisi l’alternance de temps et de lieux pour construire son roman ; cela ne m’a pas dérangé.
Même si honnêtement j’étais bien plus immergée à Haïti.
Les fantômes du passé réclament la vengeance. Les protagonistes arriveront-ils à sauver, à se sauver ?
Il y a un lieu particulier dans le livre, un bâtiment digne des maisons hantées qui a réussi à me donner les frissons. Il y fait noir, lugubre, un endroit qui te donnerait des cauchemars. Et plus tu vas avancer dans le livre, moins tu auras envie de franchir les portes de cette maison typique de Haïti, en architecture “gingerbread”. Cette maison c’est un orphelinat, son nom : “la tombe joyeuse”. L’intrigue tourne autour de ce lieu où règne non pas la douceur de ces bonhommes biscuits américains, la quiétude d’un havre de paix, mais la folie d’hommes et de femmes. Le repère du diable et de ses démons. Les escaliers de l’enfer. Cette porte je t’assure que tu n’aurais jamais voulu la franchir. Atrocités, abomination, effroi et terreur, 4 adjectifs qui me viennent quand je repense à cet endroit.
De Soleil et de sang, c’est la mort qui rôde, tapie dans l’ombre du soleil.
Est-ce la drogue du zombi, des crimes rituels ou des mises en scène sordides ?
Le Vaudou, la religion officielle de Haïti, l’auteur nous en explique brièvement l’origine suffisamment pour tout assimiler et donner sens au titre qui est parfaitement choisi.
Il te conte un pays gangréné par la corruption ; les accusions de complaisance par des policiers véreux, la fabrication de faux coupable, les enlèvements, et les fausses preuves. Folklore, rites et mœurs.
Difficultés sociétales et économiques, régime politique, foi et cultes, traditions et cérémonies, fêtes importantes, violence des rues, les crimes en tout genre et les trafics les plus odieux.
Ceux qui te touchent, car atteignent les plus faibles : les enfants.
“Nous sommes des enfants de Haïti, nos chances étaient minces depuis le début…”
“- Promets-moi de ne jamais nous égarer, mon Orphée. – Je te le promets”.
Baron samedi, baron Kriminel, Mami Wata, Iwa, la Mambo, des divinités qui font aussi peur que des hommes tels que Blasius. Ce personnage de femme avec la Mambo, un personnage qui m’aura très fort marqué. Elle incarne la mère, quasiment une divinité à elle seule. Cette femme qui mène une vie singulière va t’effrayer autant que t’épater.
Les fantômes du passé pour exorciser et les fantômes du présent qu’on voudrait oublier.
Construire une vie sur les décombres du passé est-il possible ? C’est une des réflexions du récit.
Une menace sourde, latente pèse entre les mots et les lignes, entre les pages et les chapitres.
C’est inconscient et pernicieux.
Tu le perçois.
L’atmosphère du livre est sa grande force. Jérôme Loubry a réussi, une fois de plus, à me faire peur sans qu’il ne se passe quelque chose de précis ni de gore non c’est le cerveau qui cogite, le cœur qui s’emballe.
Il réussit aussi à sans cesse se renouveler et t’étonner.
Tu te tiens, comme ces statues de divinités, immobile et silencieux. Le seul geste que tu fais est de tourner les pages… ou fermer les yeux.
Une véritable descente aux enfers.
L’angoisse de ce que tu vas découvrir perdure tout comme le sentiment de ne pas comprendre tout ce qui se joue.
Une intrigue extrêmement bien ficelée
Vengeance violente et magie noire, sorcellerie, des êtres humains sans défense asservis dès le plus jeune âge. Les garçons comme les filles. Sélène, Doriane, Lucien, Damien, Mickael, Victor ; je ne vous oublierai pas. D’autant plus que je sais que vous n’êtes certainement pas les seuls à avoir vécu ces horreurs. Mon cœur a saigné, la mère louve en moi s’est révoltée contre ces hommes qui ne sont même plus des hommes, mais des bêtes monstrueuses.
Un début de roman plutôt classique avec ces mises en scène, mais ça c’est pour le début, un thriller d’atmosphère, mais pas uniquement. Un roman original dans la manière d’aborder son intrigue, une lecture fluide de bout en bout.
Jérôme Loubry nourrit le fond et donne du sens à son/ses intrigue(s).
J’aime quand un roman me pousse à l’introspection sans que cela dénote dans le roman. J’aime quand un roman, quel que soit le genre aborde des sujets, des thèmes méconnus du grand public, qu’un livre éveille les consciences. Quand on cite le nom d’Haïti jamais je n’aurais pu parler de tout cela. Le séisme, le commerce d’êtres humains, Duvalier, et tant d’autres faits que je te laisse découvrir par toi-même.
L’auteur te narre autant la noirceur du monde avec cette misère et cette violence où ce sont les enfants les plus touchés. Ceux qui sont aussi au cœur du récit et il te narre la noirceur de l’âme humaine.
La preuve pour moi que ce roman est une réussite totale, tu es tellement immergé dans la culture haïtienne que tu en viens à douter que l’auteur ne soit pas originaire du pays. Même le dialecte local n’a pas été oublié.
J’ai adoré l’intrigue, mais j’ai adoré apprendre ce qui s’est déroulé dans ce pays en 1984 et en 2010, on est bien loin des plages de sables blancs et des paysages de cartes postales, crois-moi. Haïti, destination de rêve ou voyage en enfer ?
Rien ne dénote dans ce livre, tout est juste.
Le ton, l’écriture toujours plus fouillée, étoffée. L’écriture de Jérôme Loubry s’adapte au récit, chaque fois, elle sert son intrigue, il n’y pas de phrases alambiquées, mais c’est précis et poétique tout en étant complètement immersif, elle n’est pas aussi directe que dans “Les refuges” si tu l’as lu, mais s’adapte tellement au récit que Haïti en devient un personnage, un être vivant, un monstre assoiffé de sang, de peur et de terreurs. Les personnages comme je te le dis plus haut ne sont pas lisses, ils sont lumineux, mais ils ont tous cette part sombre en eux, visible ou bien cachée.
Je suis conquise, je crois que tu l’as compris.
Vivement le prochain !
C’est le quatrième roman que je lis de l’auteur, 4 sans fautes, 4 intrigues différentes et toutes intéressantes.
Si toi aussi tu veux sentir ton cœur battre au rythme des tam-tams et des voix incantatoires s’élevant comme par magie des pages du livre, si toi aussi tu veux être assommé par non pas une drogue, mais une intrigue démoniaque lis “De soleil et de sang”.
“comme un pays de soleil et de sang, comme un ogre affamé de ses propres enfants”
✩ De soleil et de sang ⟷ Jérôme Loubry ⟷ 396 pages ⟷ Éditions Calmann-Levy, le 02 septembre 2020 ✩
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