J’avais lu un livre de Gipsy Paladini (« J’entends le bruit des ailes qui tombent ») avant qu’elle soit signée chez Fleuve, quel bonheur de la voir éditée et de recevoir son nouveau livre.
Je n’avais qu’une hâte : me plonger dans « vices » et voir si j’allais retrouver le style incisif, percutant et noir de l’auteure.
Si elle allait de nouveau m’embarquer aussi facilement dans son récit, eh bien oui ; j’ai retrouvé tout ça, et bien plus encore.
Gipsy a un style d’écriture bien à elle, original, elle vous donne d’ailleurs le ton ; au début du roman, il y a un avertissement, « Vices est une série littéraire donc voici les deux premiers épisodes. Chaque histoire contient son intrigue propre pouvant être lue séparément.mais les personnages qui les traversent en sont le cœur, ».
En effet, deux épisodes, deux intrigues sont dans le roman
-Trois petits singes
-Zabulu
Deux intrigues qui réunissent la brigade des jeunes victimes, chaque protagoniste rencontré au cœur de la brigade m’a happé.
Leur passé, leurs blessures, leurs failles, si la fin du livre apporte quelques réponses j’ai hâte de lire la suite afin d’approfondir mes connaissances sur ces personnages à la forte personnalité psychologique. Chacun est différent, autant physiquement que moralement.
On a Marie, le personnage central, la jeune flic de 22 ans, petit bout de femme aux cheveux bouclés ; blonde et jolie elle n’attire pas que la sympathie.
Son « ange gardien » Zolan, tatoué ; cheveux longs ; motard, le flic baroudeur.
Le commandant Tala, 60 ans ; costume/cravate, la force tranquille ; 27 ans aux stups avant de créer la brigade il y a 7 ans.
Amir, père de famille nombreuse, avec lui toute occasion est bonne pour faire la fête.
Bia, l’experte informatique, au look et à la coiffure déjantée, fan des groupes pop japonais et de la culture nippone.
Myriam la chef de brigade, la cinquantaine ; elle entame une seconde partie de sa vie, maman de sa brigade, de ses protégés, elle sème les post-its de citation comme Seneque et à l’air de toujours taper dans le mille. Elle les connaît tous.
Enfin Sophie, jalouse de Marie, l’autre femme de la brigade, une violence l’habite.
D’autres personnages parcourent le commissariat, mais voici pour les principaux protagonistes.
Après son avertissement, l’auteure ne fait pas dans la dentelle, la première page est celle d’un viol, de qui on ne le sait pas.
Ensuite, elle nous plonge dans le premier épisode.
La première intrigue est celle d’une adolescente Amélie Perrault.
Victime de harcèlement scolaire.
Je ne vous en dis pas plus si ce n’est qu’avec cette première intrigue Gipsy Paladini vous entraîne dans les méandres du mal, elle analyse les humains dans leurs parts sombres, leurs vices cachés.
Avec un style visuel et cinématographique, vous suivez l’enquête et les indices, vous sondez l’âme humaine dans la noirceur.
Elle vous maintient en haleine, car quand vous croyez l’affaire résolue et elle l’est mais toutes les vérités n’ont pas été révélées.
Au cœur de cette enquête on apprend à connaître les protagonistes qui viennent très vite vous emparez de votre cerveau.
Si les descriptions des lieux sont visuelles, celles des protagonistes le sont tout autant en faisant des personnes que vous pourriez croiser dans la rue, ils sont dans votre salon, votre chambre.
Ils évoluent devant vos yeux.
Si la première affaire est pleine de suspens, rebondissements et noirceur, il en est de même pour les policiers qui composent la brigade.
Marie j’ai ressenti une profonde empathie pour elle sans savoir pourquoi au début, plus le livre avance plus on comprend… mon empathie n’a fait que croître.
Sophie, au début, je la pensais simplement jalouse, mais son âme est bien plus torturée qu’il n’y paraît.
La deuxième intrigue est celle d’un jeune Africain porté disparu depuis deux semaines, d’une veille femme brûlée vive dans son appartement. Les deux affaires sont-elles liées ?
Si dans « Trois petits singes » (rien vu, rien dit, rien entendu) l’histoire se passe dans les beaux quartiers ou la classe moyenne dans cette investigation nous sommes dans une cité, dans un immeuble délabré, habité par des réfugiés sans papiers.
Les habitants ne se livrent pas plus que dans la première intrigue.
Ils se méfient des policiers et de tous, chacun reste sur ses gardes.
Gipsy Paladini nous entraîne cette fois dans les croyances africaines, des jeunes qui finissent par mal tourner, car la société ne leur donne aucun moyen de s’enfuir.
En quittant leur pays d’origine, ils pensaient laisser leur passé derrière eux, mais celui-ci n’est jamais loin.
Cette deuxième énigme est bien plus noire encore, plus dure, des passages de cruauté, mais qui existent.
Toujours avec ce style brut, incisif elle taille au plus profond de votre cœur.
La psychologie des héros s’approfondit on en apprend de plus en plus sur eux.
Ce qui fait la force de ce livre : ses personnages, si l’on apprend plusieurs informations sur eux au cours de la lecture, on sent que l’auteure n’a pas fini de nous surprendre en nous révélant leurs failles, leurs vices, qu’il nous faudra gratter cette croûte de mystère qui les entoure ; les deux enquêtes par contre sont résolues.
Vous ne terminez donc pas sur un cliffhanger quoique… Gipsy est « vice-ieuse », je n’ai qu’une envie retrouver la brigade, car le final m’a coupé le souffle et a soulevé tout un tas de questions, a ébranlé quelques certitudes et m’a serré le cœur pour deux personnages.
Dernière force de ce roman ; les sujets des deux affaires sont des sujets d’actualité, inutile de fermer les yeux et dire non ça n’existe pas, Gipsy Paladini vous sort la tête du sable, inutile de faire l’autruche. C’est criant de vérité, cruel, mais véridique.
C’est plein d’authenticité, ça vous prendra aux tripes, car les deux intrigues touchent des enfants.
Lisez cette auteure, une maîtrise du noir, point de gris, ni de nuances, tout est sombre, mais au cœur de cette obscurité surgit la plume lumineuse de Gipsy.
Fois de souris, cher lecteur, il vous faut découvrir cette auteure, je suis frustré d’attendre un an (j’espère pas plus :/) avant de retrouver son univers, mais il est tellement bon, original, maîtrisé, subtil, travaillé en profondeur que je me réjouis d’avance.
Vices de Gipsy Paladini – polar, roman noir – 408 pages, 19,90€ – Auteure Françaises – Édition Fleuve, collection noir – En librairie le 9 novembre 2017
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Eliane Blicq dit
Bonjour ma chēre chroniqueuse , un magnifique livre , je pense qu'il fera partie de ma liste, merci à toi pour cette découverte , bisous