*Coup de cœur *
Je referme à regret ce magnifique et bouleversant livre de Carolina de Robertis.
Je vais avoir du mal à mettre des mots sur ma chronique tant ce roman m’a émue, m’a portée, lascivement, langoureusement comme le tango.
Nous suivons Leda, jeune fille de 17 ans, elle s’apprête à embarquer pour Buenos Aires afin de retrouver son mari Dante. Époux qu’elle n’a jamais vu. Quand elle arrive après cet interminable voyage Dante est mort, assassiné par un policer. C’est le début du mouvement anarchiste en Argentine.
Leda n’a plus rien, juste le violon de son père qu’il lui a remis comme cadeau de mariage pour Dante.
Elle qui a toujours rêvé de pouvoir jouer du violon n’en a jamais eu le droit, les femmes, ça coud, ça fait la vaisselle, ça s’occupe de la famille il n’y a pas de place pour les loisirs.
C’est une passion brûlante qui dévore Leda. Elle n’en touchera mot a personne.
Seule dans un pays inconnu elle va devoir faire preuve de courage, elle ne veut pas retourner en Italie, dans son petit village des Pouilles. Leda a soif de liberté.
Liberté oui, mais nous sommes en 1920, les femmes n’ont pas ce droit.
Notre héroïne trouvera un moyen de s’émanciper du joug des hommes.
Ce livre est un hymne à la femme, à travers Leda et ses pérégrinations dans Buenos Aires et ses conventillos, fait entendre la voix, l’histoire de nombreuses femmes.
Fausta, Carmen, Mamicita, Rosa, Francesca, La Strega, Palmira, Alma etc. Leurs espoirs déchus, leurs luttes dans ce pays qui n’est pas le leur.
La misère, tant d’hommes et si peu de femmes, elles ne peuvent pas travailler à l’usine. Il ne leur reste que peu de choix.
C’est aussi un hymne au tango et à la musique, du tout premier tango amené par les esclaves africains avec les percussions jusque dans les années 1950 en pleine ascension avec une femme au chant.
Du tango interdit dans la bonne société et finalement accueilli par le monde entier.
« La musique était une flèche qui transperçait les murs les plus épais. La musique faisait oublier les inégalités. La musique transcendait les siècles. C’était le nectar des démons, l’ambroisie de Dieu »
C’est aussi l’histoire, à travers cette danse, de la transmission entre générations : comment une danse, un instrument, une histoire, une anecdote se transmettent de génération en génération sans tomber dans l’oubli. Ils évoluent, mais ils sont toujours présents.
Carolina de Robertis nous montre aussi ce pan de l’histoire qui m’était complètement inconnu, l’Argentine vue comme la tour de Babel pour tous ces immigrés surtout italiens, mais aussi sud-africains, russe.
Un melting pot de nationalités qui ne parle la même langue, mais qui ils ont tous cet espoir de réussir, si ce n’est pas pour eux c’est pour leurs familles restées au pays
À travers les hommes, elle nous raconte l’immigration massive, le nationalisme qui monte doucement.
La terre promise n’est pas celle qu’ils croyaient, la misère est présente, tous luttent pour conserver leur racine, ils sont nostalgiques de leur Italie, qu’ils soient du nord ou du sud, ici c’est la ville, pas de verdure, mais de la pollution et du bruit tout le temps dans cette métropole qui ne dort jamais.
« L’argentine encourageait l’immigration. Ils voulaient des travailleurs. »
C’est aussi un roman bouleversant et très émouvant sur l’amour entre deux femmes. Inimaginable à l’époque. Et même pire, susceptible d’emprisonnement.
Un roman complet, on y parle amour, histoire, musique, on entend l’espagnol, l’italien, on traverse Buenos Aires, l’Uruguay, Naples. Posez vos valises et embarquez dans le livre de Carolina, je ne peux que le conseiller.
Il plaira plus aux femmes qu’aux hommes, mais en tout cas chez moi il m’a complètement emportée.
J’ai eu une chanson de tango dans la tête tout au long de ma lecture. C’est un roman féministe, mais sans être trop revendicateur. Il est beau et juste. Il ouvre les yeux sur la condition de la femme, leurs aspirations devant toujours être tuent, elles ne peuvent se réaliser sans mari, une fois mariée c’est lui qui décide.
La plume de l’auteure est poétique, descriptive vous entendez les notes, les sons ; vous sentez les épices et la saleté régnante dans ces bas quartiers de Buenos Aires. Elle est emplie de respect et tolérance. Elle donne un rythme au récit , chaque personnage que nous croisons est un narrateur qui sonne juste, qu’il ait 80 ans ou 15 ans, Carolina de Robertis vous fait entrer dans leur histoire avec facilité.
Les personnages sont tous attachants, chacun ayant « voix au chapitre » tour à tour narrateur en plein milieu des chapitres chaque protagoniste nous raconte leur enfance jusqu’à comment et pourquoi ils sont arrivés là, leur vie actuelle et pourtant la lecture est fluide tout au long du livre.
J’ai adoré Santiago, j’ai été bouleversée quand j’ai compris l’histoire de Cora, la cousine de Leda, son âme sœur comme elle le dit. Il y a aussi Nestore, El Loro, Joacquim, Arturo, etc.
Leda, notre héroïne, une femme très en avance sur son temps, depuis toute jeune elle aspire à la liberté, liberté de corps et d’esprit.
« Elle ne voulait pas attendre ; si émigrer était la seule façon de repousser les frontières de son monde, alors elle voulait que ce soit tout de suite. (…) Elle voulait bâtir son destin sur la pierre d’un nouveau pays (…) »
» Disparaître de sa propre vie. Réapparaître dans une autre. Une pensée impossible. Et pourtant , s’il y avait un endroit au monde où c’était possible, c’était les Amériques. La terre d’auto-création. Sans racine. La Nouvelle Babel. Bien sûr Buenos Aires avait ses frontières et ses lois. Mais dans une ville si pleine de bruit et d’anonymes, comptant tant d’immigrés aux si nombreuses cultures et langues, des choses folles pouvaient certainement devenir réelles. »
Vraiment, je n’ai aucun reproche à donner à ce livre que j’ai aimé de la première à la dernière page. La fin est belle malgré sa tristesse.
La vie tout entière de Leda vous est racontée de ses 17 ans à sa mort, c’est la tango qu’on apprend à travers elle, mais aussi l’histoire de l’Amérique du Sud, de la Seconde Guerre mondiale qui fait rage en Europe, de Juan et Evita Perõn, la guérilla révolutionnaire en Uruguay jusqu’au décès de Martin Luther King.
Les dieux du tango de Carolina de Robertis – Editions Le Cherche Midi – roman historique/contemporain – 504 pages, 22€ – Sorti le 18 mai 2017
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Eliane Blicq dit
Coucou petite souris, hé bien c'est un vrai travail de fourmis toutes ces recherches, j'admire ton courage, tu es vraiment exceptionnelle, et c'est pour ça que je t'aime mon Amie. Aujourd'hui visite chez le kiné vestibulaire afin de remettre les cristaux en place, pour le bas du dos et la jambe, qui me font toujours souffrir, on m'a fait des infiltrations (4)) et je suis mieux , les douleurs ont pratiquement disparues, mais bon, cela ne dure qu'un temps . J'espère que pour toi cela va s'arranger, comme on annonce un temps moins chaud. Courage Stéphanie, heureusement que tu as le moral. Je pense à toi et te fais de très gros bisous ainsi qu'à toute la famille.????????????
Eliane Blicq dit
Coucou petite souris, mais où trouves-tu ces pépites ……..j'adore ton récit…. Un de plus sur la pile, merci ????????????
Souris dit
Je suis beaucoup de blog et de chaines youtube sur les livres, puis je vais sur booknode qui annonce la plupart des sorties tous les mois et enfin certains éditeurs m'envoient leur programme et je choisis par rapport à ce que j'aime. Une fois qu'il y a de l'histoire je craque c'est ce que je préfère, ou les voyages, découvrir un pays à travers un livre et les thrillers j'aime quand ils sont psychologiques. Tu sais ma liste de livres que j'aimerais comptent un peu plus de 300 titres et j'en rajoute tout le temps hihi
Gros bisous, j'espère que tu vas mieux, de mon côté avec cette chaleur mon dos me fait des misères mais le moral est là 🙂