PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
En 1929, la jeune Katya vit heureuse avec sa famille et imagine un bel avenir avec Pavlo, son amour de toujours. Lorsque les militants de Staline arrivent dans son village, ils sont vivement incités à participer à l’agriculture collective. Mais rapidement, ceux qui osent s’élever contre le système disparaissent et chaque lendemain semble dès lors incertain. La résistance a un prix, et tandis que la famine s’empare des campagnes, la survie semble plus un rêve qu’une possibilité…
Soixante-dix ans plus tard, une jeune veuve découvre le journal écrit en ukrainien de sa grand-mère, qui va révéler les secrets, longtemps enfouis, du sombre passé de sa famille.
« Ils iront où ils voudront. L’Ukraine est une région fertile, une terre d’abondance, et Staline estime que nous devons être la corbeille à pain de l’Union soviétique, déclara Tato ». Cette phrase, le père de Katya la cite en début de roman, elle m’a mis les frissons à cause de l’actualité que nous connaissons tous et toutes.
Ce livre a été écrit bien avant ce qu’il se passe aujourd’hui. Cette histoire a germé dans l’esprit de l’autrice avant même l’invasion de la Crimée en 2014. Elle ne pouvait savoir que la parution de son roman coïnciderait avec une telle tragédie. Erin Litteken est l’arrière-petite-fille de réfugiés ukrainiens de la Seconde Guerre mondiale. Une partie des recettes de la vente de ce livre est versée à une mission humanitaire qui vient en aide aux Ukrainiens.
Revenons au roman :
Ukraine, 1930 .
L’insouciance laisse la place à l’inquiétude perpétuelle.
Chacun est sur le qui-vive.
Les gens du village de Katya disparaissent la nuit, des familles sont déportées, mais où vont-elles ?
La terreur s’imprime dans ses rétines.
La peur et l’inquiétude sont constantes.
Un voisin ou un ami peut les dénoncer
.
Même les fêtes, les jours de réjouissances sont entachés de malheur
.
Plus le droit de pleurer non plus quand ils le voudraient. Ne rien montrer. Jamais. Tenir coûte que coûte.
La faim est telle que personne ne peut baisser sa garde, un voisin affamé peut dénoncer, tuer ou voler.
C’est devenu : chacun pour sa survie.
Ils cultivent des champs dont pas un grain ne leur reviendra, ils travaillent la faim et la peur au ventre.
Le plan de Staline qui consistait à soumettre par la terreur les Ukrainiens restants pour qu’ils adhèrent à son régime fonctionnait exactement comme il l’avait souhaité.
Qui aurait osé dire non au risque d’être déporté en Sibérie, tué sur place, lui comme sa famille, femme et enfant ?
« C’est la même histoire chaque fois. Depuis des siècles. Tout le monde veut la terre fertile d’Ukraine pour son propre compte et personne ne veut laisser les Ukrainiens libres de se gouverner. »
Cette phrase a un écho important avec l’actualité actuelle.
Pavlo intime Katya de survivre à tout ça; de dire au monde entier ce qui s’est passé dans son pays, pour que ça n’arrive plus jamais.
Qu’elle se serve de son crayon et son papier pour tout raconter.
De faire en sorte de garder la mémoire de leurs souvenirs, car ça, ils ne les prendront pas.
Tu vas lire la terrible famine, la faim qui ne les quitte pas.
Ils sont réduits à manger des galettes d’herbe et de pissenlits cuits, d’écorces de chêne trouvées dans la terre.
Des scènes sont éprouvantes, le pire étant pour moi que ce n’est pas de la fiction !
Toutes ces épreuves vécues, toutes ces souffrances, Katya les a enterrées, ignorées pour pouvoir tenir un jour de plus.
Juste survivre, et comme son père lui disait : ne regarde pas le passé, demain sera meilleur.
Elle tient bon. Elle m’a fait penser à un arbre qui plie au vent, mais ne se casse pas.
Elle refoule son chagrin, son incommensurable peine.
Wisconsin, 2004.
Cassie et Birdie, sa fille âgée de 5 ans vont vivre avec Bobby, la grand-mère de Cassie.
Cassie et Birdie peine à se remettre de la mort de leur mari et père 1 an plus tôt.
Cassie ne vit plus, elle survit pour Birdie.
Birdie, elle, a cessé de parler.
Bobby, sa grand-mère n’a jamais voulu parler de son passé.
« le passé, c’est le passé, Cassie. Il faut regarder l’avenir ».
Un entêtement à se taire que sa famille ne comprend pas.
Pour quelle raison refuse-t-elle de parler ?
Bobby m’a rempli d’affection tout comme la petite Birdie qui ne prononce plus un mot, mais qui exprime tellement par un sourire, un geste, un coup d’œil à sa grand-mère.
Je ne peux rien te dire de plus sur le présent, il est aussi très émouvant.
(Même si moins fort que le passé)
Tu vas apprendre peu à peu ce qu’il y a sous la carapace des femmes de cette famille.
Tu auras toutes les réponses à tes questions, à celles que se posent Cassie.
Le présent côtoie le passé, tu comprendras le titre et la couverture en lisant ce magnifique roman
.
Un roman rempli de larmes, de grandes et petites joies, de peines, de deuil, que le bonheur peut être parfois précaire, du chagrin de toute une vie. Les descriptions des scènes se matérialisent dans ton esprit.
Tu entendras parler des Vingt-Cinq mille, un contingent d’environ 25 000 volontaires, des militants soviétiques russophones déployés dans toute l’Ukraine, qui étaient chargés de collectiviser les villages ukrainiens.
Tu apprendras ce qu’est le Komsomol.
La ligue de la jeunesse communiste et son programme d’endoctrinement tellement bien réalisé qu’un enfant dénonce son père qui cache du blé.
Ce qu’est la Guépéou, la police secrète de Staline
Le Kolkhoze et les quotas ridiculement élevés de Staline que nulle n’arrive à tenir.
Plus rien n’appartient aux Ukrainiens, même pas les légumes de leur jardin.
Erin Litteken t’expose aussi les coutumes ukrainiennes liées à la mort ou la fête des Pâques.
Ce qui m’a glacé, c’est L’Holodomor ou l’extermination par la faim qui a fait entre 4 et 10 millions de victimes !!
L’autrice dénonce aussi un certain Walter Durantry, journaliste au New York Times qui a remporté le Pulitzer pour ses articles sur le sujet alors qu’il a toujours nié l’existence de ce fait historique !!
Enfin, elle évoque la révolte de Pavlo
Ce livre est inspiré par les fragments de l’histoire que son arrière-grand-mère lui a transmise et des recherches intensives qu’elle a menées.
Des entretiens oraux, et écrits de survivants, des études scientifiques, des lectures et des visites.
Un roman sur la résilience, la force insoupçonnée, les jours ensoleillés qui suivent toujours les ténèbres.
4 générations de femmes fortes, de l’Ukraine aux États-Unis.
Les thèmes autres que le destin des ukrainiens sont le deuil, le deuil natal, holodomor, la terrible cruauté des hommes.
C’est un sublime roman.
La chronologie historique est presque pénible à lire en raison des descriptions brutales des réalités de la vie ukrainienne sous le régime de collectivisation de Staline.
La chronologie contemporaine est émouvante, mais pâle en comparaison.
Cela m’a glacé d’effroi d’apprendre aujourd’hui en 2022, cette famine orchestrée pour décimer une population.
Je n’avais jamais entendu parler de l’holodomor.
Près de 15 ans avant la Seconde Guerre mondiale, Staline a ravagé un pays. Une population.
Heureusement, il y a des témoignages, des romans, des récits que l’on peut lire aujourd’hui et espérer que jamais cette histoire ne se répète même si ce que l’on voit aux actualités nous rappelle que le monde ne retient pas de ses erreurs.
Ce n’est pas un coup de cœur uniquement pour la fin que j’ai trouvée précipitée.
Un peu vite expédiée par rapport au reste du roman.
L’histoire de Cassie est émouvante, mais ne m’a pas marqué outre mesure même si je le dis j’ai été émue par les épreuves qu’elle vit.
C’est juste pour ces deux raisons que ce n’est pas un coup de cœur, mais une lecture 5 étoiles qui me reste en tête.
Malgré le nombre de pages et le sujet lourd, c’est un livre qui se dévore.
L’action est constante, il n’y a aucun temps mort.
J’ai adoré l’aperçu fourni sur les traditions et les rituels ukrainiens.
Le livre n’utilise pas l’Ukraine pour le plaisir, mais incorpore son peuple, sa culture et ses valeurs dans le scénario.
✩Sous les soleils de Kyiv ⟷ Erin Litteken ⟷ 448 pages ⟷ Éditions Hauteville, le 2 novembre 2022✩
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