Anne, la quarantaine, a l’impression que tout s’écroule autour d’elle, son mari l’a quitté pour une femme plus jeune, son travail de journaliste dans la revue féminine ne la comble plus autant de plus, elle reçoit un coup de téléphone lui annonçant le décès de sa grand-mère avec qui elle avait perdu tout contact.
Elle quitte Hambourg pour Innsbruck, là ou residait son aïeul.
Arrivée dans la maison, Anne Südhausen cherche ce que sa grand-mère Charlotte a bien pu lui laisser comme lui a dit au téléphone l’amie de Charlotte, Maria Pramstaller.
Sa grand-mère a exercé le métier de glaciologue, le bureau était rempli de livre, mais c’est dans le bureau et la chambre de sa grand-mère que Anne va trouver une partie de ce qui lui mènera sur les traces du passé.
Assez vite, Anne comprend qu’au moins une autre personne est intéressée par sa découverte, mais qui et pourquoi ?
En quoi un médaillon et des journaux intimes rédigés lors de la seconde guerre mondiale par Charlotte durant son séjour au sanatorium « Le bois des ombres » peuvent-ils intéresser ?
L’auteure, Barbara Dribbusch, nous entraîne à la fois dans une quête grâce aux journaux intimes que Anne a découverts, avec eux on bascule en 1943 et à la fois dans une enquête en 2014, Anne sent qu’on la surveille de plus, 2 carnets ont été dérobés, qui a la clé ?
Qui a osé et pourquoi ? La voisine Thérèse ? Maria ou son neveu taciturne, l’aide familiale qui semble évanouie dans la nature ?
Qui est vraiment cet homme rencontré dans l’avion qui souffle le chaud et le froid ?
Plein de questions, de personnages tous suspects, un suspens maintenu, une atmosphère angoissante et oppressante, car le chalet est grand, Anne seule avec le petit chien de sa grand-mère, Leo. Est-elle en sécurité ?
Elle ne connaît que très peu son aïeul, sa mère est décédée alors qu’elle était encore qu’une enfant et son père n’entretenait pas une bonne relation avec sa belle-mère qui le rendait responsable de la mort de sa fille.
Anne décide de lire tous les journaux et nous, lecteurs, nous faisons connaissance avec le docteur Amberg dirigeant du Bois des ombres, de Lucas, mimi, Sophia, Oskar, etc.
Barbara Dribbusch aborde un thème peu traité dans les romans sur la Seconde Guerre mondiale, l’extermination des gens malades, qu’ils soient déficients mentaux ou simplement choqués par la guerre ou dépressifs comme Charlotte qui ne s’est jamais remise de la mort de son frère jumeau sur le front russe.
Ces gens dits « faibles » ne rapportaient rien au 3e Reich, ils devaient absolument guérir avec des méthodes qui n’avaient rien d’orthodoxe.
« Le bois des ombres » est un sanatorium, un hospice, différents des autres établissements. Situé dans la montagne du Tyrol, il est très reculé et son médecin-chef emploie des thérapies douces, comme la pratique d’un art ou le travail.
Bien vite, on comprend que l’établissement cache un plus gros secret et que toutes les personnes qui y habitent ou y travaillent ne sont pas ce qu’elles paraissent être.
Je ne vous dirai rien sur ces secrets ni ceux de Charlotte ni ceux de Anne, je vous dirais simplement que la lecture est très fluide. L’alternance de temps est utilisée de manière subtile. En 2014, on lit un chapitre sur Anne, on suit sa journée et une fois qu’elle ouvre un carnet de sa grand-mère on plonge en 1943 dans l’établissement du bois des ombres.
Que ce soit à l’époque ou maintenant chaque personnage est intéressant et bien fouillé.
J’ai ressenti une empathie plus forte pour Charlotte, Anne, Sophia, Lukas, Mimi et le docteur Amberg, ma préférence allant à Charlotte.
Un personnage qui évolue énormément au fil des pages tout comme Anne qui partie sur les traces de sa grand-mère comprend et réalise certaines révélations sur elle-même. À 46 ans, sa vie n’est pas finie, elle peut encore plaire.
J’ai aimé chaque passage du roman même si je préférais me trouver durant la Seconde Guerre mondiale.
L’auteure développe plusieurs intrigues et soulève des questions pertinentes, peut-on se fier à l’apparence d’une personne ? Est-ce que le monde qui vous entoure n’est pas un vaste jeu de dupe ? À qui peut-on réellement se fier ? J’ai aussi aimé ce poids de la culpabilité qui se transmet de génération en génération, j’en ai déjà entendu parler en psychologie.
Le poids du passé est aussi intelligemment abordé avec justesse.
L’aspect psychologique du roman est une autre part, qui même si elle est moins importante que le reste m’a intéressée.
Entre mouvement de résistance, pénurie de la guerre, traces du passé, mystères, fuite des nazis après la guerre, mensonge, maladie mentale, nazisme, psychologie, thérapie, vol, suicide ou assassinat vous ne ressentirez aucun temps mort durant les 340 pages.
Les rebondissements sont nombreux. Les descriptions suffisantes pour être immergées dans ces paysages enneigés. L’intrigue est bien ficelée, on a des doutes, des pistes, mais je n’avais pas deviné tous les enjeux.
Ce n’est pas un coup de cœur, car je trouve que l’auteure n’a pas assez approfondi, à mon goût, les personnages quand les masques tombent. Ce mouvement qui aidait les hôpitaux psychiatriques à mettre en sûreté les malades, l’Esculape n’a été que survolé et pourtant m’aurait vraiment intéressé. J’ai aussi un goût de trop peu sur le dénouement un peu trop rapide.
Il n’empêche que j’ai passé un très agréable moment de lecture en compagnie des deux héroïnes Anne et Charlotte.
Le bois des ombres de Barbara Dribbusch – roman contemporain, roman historique – 352 pages, 21.90€ – Édition Les Escales, en librairie le 5 octobre 2017
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