Alexandre Seurat nous livre avec beaucoup de pudeur et de retenue la courte vie de Diana.
On commence le roman par un avis de recherche, la petite Diana a disparu, une de ses institutrices voit l’avis de recherche dans le journal. « Yeux bleus, cheveux châtains clair, de forte corpulence, vêtue au moment des faits d’un tee-shirt rose à manches longues, d’un jeans bleu et de ballerines à pétales de fleurs noires »
L’auteur choisit d’aborder le thème en donnant la parole à toutes les personnes qui ont croisé à un moment donné la route de Diana.
Sa grand-mère, sa tante, ses institutrices, l’assistante sociale, les directrices d’école, les gendarmes, le policier, le collègue de travail, etc.
C’est écrit comme un interrogatoire au tribunal, chacun des protagonistes nous livre leur version des faits, ce qu’ils ont tenté de faire, tous armés d’une bonne volonté, mais qui n’a pas suffi.
Il dénonce les dérives du système qui n’est pas capable de protéger un enfant en danger, les longues procédures, chacun se sent coupable de n’avoir pu réagir à temps.
Ce n’est pas un récit comme les autres il n’y a aucun voyeurisme, pas trop de détails sordides, juste les faits.
Alors oui c’est innommable, mais ça existe encore aujourd’hui.
Ce n’est pas une lecture facile, ma gorge est restée serrée tout au long de ma lecture, mais une lecture nécessaire, une lecture coup de poing, nécessaire non pas sur le thème de la maltraitance qui est connue, mais sur la passivité des instances ou la réaction trop tardive.
Les « parents » qui ont toujours réponse à tout, qui présentent bien, seule Diana sur les 4 enfants de « ces parents » est maltraitée, non ne dites pas que cela n’est pas possible, car ça l’est. Pourquoi elle, personne ne pourra vous donner de réponse.
Je suis bien placée pour le savoir. Alors oui il faut dénoncer, non il ne faut ne pas prendre à la légère des bleus trop constants, un enfant qui sourit trop et qui est en manque flagrant d’amour.
Diana a été sur cette terre une comète et est maintenant une étoile qui brille, comme tant d’autres petites étoiles pour qui cela a été trop tard.
À lire, à faire lire à toutes les personnes étant en contact avec des enfants.
Un roman bouleversant sur la maltraitance infantile, mais surtout sur les errances du système, sur la peur, l’impassivité ou la naïveté du corps enseignant, judiciaire et médical.
Attention l’auteur n’émet aucun jugement, il vous fait réfléchir !
La maladroite de Alexandre Seurat – roman contemporain – violence infantile – littérature française – Édition Actes Sud, collection Babel – 109 pages, 5.90€ – Sorti le 16 août 2017
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Eliane Blicq dit
Bonjour mon Amie, tu nous fais la chronique d'une réalité , malheureusement toujours présente. Ce livre je vais le lire. Merci de nous bousculer sur ce sujet sensible. Bonne journée, bisous