PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
L’homme qui nettoie rôde autour de nous.
Parmi nos déchets, il cherche des indices sur nos vies.
En particulier sur celles des femmes seules.
Une femme lui a fait beaucoup de mal enfant : sa mère.
La chasseuse de mouches, elle,
tente de sauver les femmes en péril.
Et elles sont nombreuses…
Surtout quand l’homme qui nettoie
rôde autour d’elles.
« Le temps est l’allié de la peur »
Des enfances sacrifiées, des personnages ambigus, des femmes battues, un lac dont les profondeurs cachent de nombreux secrets terrifiants.
De temps en temps, il fait entendre sa voix, sentir son goût de vase.
Tous ceux qui l’ont goûtée n’oublient jamais son odeur, sa saveur.
C’est complètement déstabilisant, car tu ressens peur et compassion pour le même personnage, parfois même il est risible malgré lui
Un ange gardien ou un monstre surgi du lac ?
Malaisant et dérangeant, à la limite oppressant Donato Carrisi installe une ambiance sombre et oppressante.
Un thriller qui n’est pas original, l’intrigue a déjà été maintes fois utilisée, mais il l’est par sa forme.
Par le schéma narratif utilisé par Donato Carrisi.
Les 3 narrateurs n’ont à aucun moment de prénom.
La chasseuse de mouche, l’homme qui nettoie et la jeune fille à la mèche violette.
C’est tout ce que tu sauras d’eux, tu n’as pas besoin d’en savoir plus.
De plus, ce roman noir s’inscrit parfaitement, malheureusement, dans le contexte actuel.
Celui des agressions sexuelles, de la violence conjugale, des féminicides.
Cela ne s’arrête pas là, Donato Carrisi remonte aux racines du mal.
L’arbre qui en pousse et les branches qui en immergent.
Je ne peux rien te dévoiler sans te mettre sur la piste qui réunit ces 3 protagonistes.
La chasseuse de mouches, l’homme qui nettoyait et la jeune fille à la mèche violette.
« Au fond de l’abysse, il avait découvert que même quelqu’un comme lui pouvait avoir une utilité. »
Ces surnoms sont des métaphores puissantes.
Il te faudra creuser un peu pour comprendre qu’est-ce que l’auteur a bien pu vouloir sortir de ses lignes.
Ce qu’ils vont te raconter.
Ce qu’il veut dénoncer.
Chaque sobriquet attribué l’est à bon escient.
Tu remonteras aux origines de chacune de ces personnes.
Leurs origines.
Qu’est-ce qui a fait ce qu’elles sont aujourd’hui ?
Tous les protagonistes ou presque sont ambigus.
Ni tout blanc ni tout noir. (comme la couverture)
Ils portent en eux une ombre.
Une ombre puissante, qui prend toute la place ou elle est si petite qu’ils arrivent à la dissimuler.
J’ai eu mal pour eux.
J’ai souffert avec eux.
J’ai navigué pour une grande partie du roman dans les eaux troubles du lac de Côme recouvert du brouillard de l’automne.
« Mais souvent, ils ignorent un détail : ce qu’ils jettent avec légèreté en construisant leur mensonge, les déchets de leur fiction, peuvent révéler la vérité »
Il y a eu un avant et un après pour les 3 narrateurs.
Ensuite, tout a changé.
Trois âmes seules liées par le destin.
Le mal côtoie le bien, le bien suit le mal.
Donato Carrisi explore les nuances intimes, les miasmes de leur existence, les états d’âme et les détails personnels.
La relation de causalité est inattaquable, l’enchainement des évènements sera élucidé quand Donato Carrisi te donnera la clé qui ouvre toutes les portes.
Des portes au sens propre comme figuré.
Il va te faire creuser dans le marécage du passé, au plus profond des abysses.
Pas un soupçon de lumière ne vient percer cette noirceur.
Les habitants ont-ils caché leurs secrets suffisamment profondément ?
Le lac est presque un personnage à part entière.
« On n’échappe pas au lac. Où qu’on aille, il nous retrouve. »
C’est un excellent Donato Carrisi, un stand alone qui te laissera sans voix.
Aucune description anatomique ou gore, tout est en suggestion.
L’auteur te fait cogiter et je pense que c’est parfois pire.
Plus horrible.
Tu ne peux pas stopper les images que tu imagines.
Celles qui sortent de l’abysse.
J’ai oscillé tout au long de ma lecture entre angoisse et palpitations.
Montée et descente d’adrénaline.
Même si j’avais deviné une partie des révélations j’ai adoré cette lecture.
Et quand j’ai lu ces mots, en tournant la dernière page, « inspiré de faits réels », j’ai frissonné.
Les monstres peuvent prendre bien des visages, ils ne cachent pas uniquement entre ces pages ni en image.
Je pourrais reprocher à Donato Carrisi d’user de ce qu’il maîtrise, de ne pas se renouveler, mais non.
J’aime lire cet auteur italien chaque année.
J’ai eu fini de le lire un 27 octobre, il est idéal à cette période.
Donato Carrisi te donne à lire un nouveau roman sur le thème de la variation du mal.
Une lecture malaisante par son atmosphère et qui laisse une empreinte par les émotions que tu ressens pour les 3 narrateurs.
Je te le conseille vraiment, ou un autre de ses livres comme La maison des voix lu l’année dernière tu auras là aussi une autre variation du mal, une autre forme ici
« Sommes-nous vraiment seuls quand nous sommes seuls ? »
✩ Je suis l’abysse ⟷ Donato Carrisi ⟷ 304 pages ⟷ Éditions Calmann-Levy, le 20 octobre 2021 ✩
2
Un petit commentaire me fait toujours plaisir, n’hésite pas 😊