Une vie entre les pages de Cristina Caboni

Des femmes fortes, hors du commun, libres même si Sofia recommence à y goûter et que pour Clarice la liberté est tout autre.
Surtout mental.
Sofia est enfermée dans un mariage qui ne lui apporte plus aucune joie, la découverte du livre relié par Clarice va lui faire remettre sa vie en perspective et enfin oser. Oser être elle et faire ce qui lui plaît. Ce qui la rend heureuse.
Deux femmes qui ne désirent que suivre leur destin

Clarice et Sofia, deux belles femmes, je ne parle pas du physique, fortes, capables d’affronter les difficultés et les surmonter
Aimantes et reconnaissantes
Anticonformistes et modernes
Douces et à l’écoute des autres.
Clarice tend une main à Sofia qui ne la lâchera pas. Clarice qui pousse l’héroïne de nos jours sur la voie du changement, de l’acceptation de qui elle est, elle, Sofia Bauer.
Deux femmes qui se reflètent en miroir

Tu visiteras Rome, mais aussi Munich et sa Marienplatz, Vienne. Florence, Venise, Ferrare, Belluno, etc.
Les descriptions sont magnifiques et m’ont donné envie de retourner à Rome et visiter Vienne et Munich que je ne connais pas encore
Un jour, j’aimerais aussi me perdre dans les allées de la bibliothèque Hertziana ou à l’institut de Vienne

Une vie entre les pages ou comment un roman va aider des gens du présent à aimer, à s’aimer, à se trouver à se retrouver à pardonner à se pardonner.
Des missives cachées comme des bouteilles à la mer, elles seront données à lire à la personne qui reconnaîtra l’âme du relieur. Son essence et sa personnalité.
Une bouteille capable de sillonner les eaux du temps
Deux ailes comme la couverture et le dos d’un livre qui t’invite à un merveilleux voyage en compagnie des protagonistes du récit.
Un cousoir, un lien entre les deux héroïnes, une même passion pour les livres et les mots, pour leur sens donné, propre à chaque auteur. Deux âmes sensibles, douces et fortes. L’art de la reliure, l’union de deux êtres a plus de 200 ans.
2 romances, mais à aucun moment, mélodramatique, ce n’est pas là que réside l’intrigue du livre. Ce n’est qu’un de ses atouts supplémentaires, car c’est juste beau, délicat et jamais mielleux.
Une œuvre qui célèbre la vie à travers l’amour de personnages qui vont affronter de nombreuses épreuves.
C’est aussi la célébration de l’identité féminine et de l’indépendance de point de vue.
Des femmes qui suivent leur cœur, leur âme, qui aime qui ne renie pas ce qu’elles éprouvent au plus profond d’elle-même.

Un livre vif et vibrant, une intrigue qui va remonter les pistes à travers le temps, des passages chargés d’émotions, Clarice surtout m’a émue, mais Sofia aussi grâce à son enquête qui devient quête et qui la révèle à elle-même et à toi qui la lis.
Tomaso qui se fait de temps en temps narrateur m’a moins convaincue. Au départ c’est en tout cas le personnage que j’ai trouvé le moins accessible, mais non pas inintéressant.

La plume de l’auteure est poétique, par moment philosophique, instructive, immersive et visuelle.
Cristina Caboni nous offre un écrin de douceur, d’hommage aux livres, voué à l’amour de l’écriture, aux jolis textes. Chaque chapitre a son incipit dédié aux grands classiques.
Le rythme est entraînant, les surprises inattendues à ce jeu de pistes sont présentes jusqu’à la fin du roman. Un final qui m’a émue.
Une intrigue qui tient la route et qui te happe dès les premières pages.
L’auteure donne en plus un très beau message dont je ne dirai rien et évidemment un bel hommage aux livres. Peu importe lequel.
Un postulat de départ qui pourrait te sembler classique, mais qui ne l’est pas du tout.

Les rebondissements tant dans le présent que dans le passé sont nombreux. Sofia et Clarice doivent être courageuses, surmonter leur peine et faire face.
Une intrigue multicouche.

Pas même le bruissement des pages, n’aurait pu me déconcentrer.
Livres, architecture, botanique, objets anciens, que de choses qui me passionnent.
Comme Sofia, moi aussi, les quatre filles du docteur March ont changé ma vie de petite fille déjà grande lectrice.

Une quête/enquête d’un livre perdu.
Espoirs, conjectures et hypothèses.

Plus de 200 ans séparent ces femmes pourtant elles ont énormément en commun.
Un curieux effet de mimétisme surgit du passé dissimulé entre les pages du livre de Fohr que Sofia a décidé de relier.

Le monde passionnant de la reliure, des livres anciens, de l’art de la calligraphie, de la graphologie avec tout le vocabulaire inhérent
pantographe, frontispice, glose, contre-garde, in-octavo, in-seize, etc.,
cela m’a rappelé mes études notamment un souvenir marquant lié aux livres : la visite privée d’une série d’incunables conservés par et chez des moines.

✩ Une vie entre les pages ⟷  Cristina Caboni ⟷ 304 pages ⟷ Éditions Presses de la cité, le 6 février 2020 ✩