PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Odile Souchet, vingt ans à peine, s’épanouit dans son travail à la Bibliothèque américaine de Paris, où elle côtoie la fameuse directrice Dorothy Reeder. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, la jeune femme risque de tout perdre, y compris sa chère Bibliothèque. Alors que les nazis envahissent Paris, Odile et ses amis s’engagent dans la Résistance avec leurs propres armes : les livres.
Inspiré de la vie de ces amoureux des mots qui ont pris le risque d’aider leurs lecteurs juifs, Une soif de livres et de liberté explore la géographie des sentiments, les conséquences de choix irréversibles et nous enseigne comment le courage peut surgir en des lieux et circonstances inattendus.
Située dans deux périodes différentes, Une soif de livres et de liberté est une lecture bien écrite et engageante.
Le livre suit les expériences d’Odile, bibliothécaire ; ainsi que de Lily, lycéenne. L’une se déroule en 1939 à Paris, l’autre en 1983, à Froid, Montana.
Tu sais, mon cher lecteur, que je lis tous les livres qui traitent de la Seconde Guerre mondiale, encore plus quand c’est un fait que je ne connais pas et que c’est écrit à partir d’une réalité historique.
De plus, je suis bibliothécaire, actuellement je ne travaille plus, mais quel bonheur de me replonger dans la CDU (la classification universelle de Dewey), l’odeur des livres et du bois. J’ai ressenti beaucoup de réminiscences, ce sont des odeurs de réconfort pour moi.
Le roman est écrit avec un mécanisme couramment utilisé racontant l’histoire en deux périodes de temps, reliant le passé à un temps présent ou proche du présent.
Odile dans la période actuelle du début des années 80 est la voisine recluse d’une jeune fille, Lily, à Froid, dans le Montana.
C’est une belle histoire sur la façon dont ces deux-là deviennent des amies improbables quand Odile aide Lily à traverser une période difficile avec cœur, sagesse, amour de la lecture et en lui apprenant à parler français.
L’histoire passée en alternance couvre la vie et le travail d’Odile en tant que bibliothécaire à l’ALP.
C’est dans ces chapitres que je me suis senti le mieux.
Ce sont ceux que j’ai vécus intensément.
L’ALP, l’occupation nazie, le travail courageux et louable de ces bibliothécaires.
C’est aussi l’histoire personnelle d’Odile. Sa vie de famille, ses amitiés et une romance.
L’Odile de 1983 est mystérieuse, bien différente de celle dont tu lis la volonté durant les années de guerre.
Il existe un lien vraiment très beau entre Lily et Odile, je ne m’attendais pas du tout à cette fin, le final du roman et ses messages m’ont fortement émue.
Une grande partie du livre traite de l’importance des livres, du pouvoir de la littérature, de la valeur des bibliothèques et, surtout, du merveilleux métier de bibliothécaire.
C’est en soi une raison suffisante pour que tous les amateurs de livres lisent ce livre.
Ce n’est pas un roman uniquement sur les livres interdits durant la guerre, il s’agit de personnes touchées par l’occupation nazie de la France ; de la façon dont les bibliothécaires et les membres du personnel de la Bibliothèque américaine de Paris, l’ALP, ont tenté de sauver certains de leurs clients et de leur préserver leur droit de lire en livrant des livres à leurs abonnés juifs qui n’étaient plus autorisés par les nazis à fréquenter la bibliothèque.
Dans le roman, Dorothy Reeder (un merveilleux nom pour une bibliothécaire, tu ne trouves pas ?) qui est la directrice de la bibliothèque a été la directrice de l’ALP actuelle de 1936 à 1941.
J’ai été tellement impressionnée par la précision de ce roman qui reflétait l’histoire.
Un programme d’envoi de livres aux soldats a également été mis en œuvre.
1939, Paris. On fait la connaissance de Odile ; elle vient juste de postuler pour un emploi de bibliothécaire à la bibliothèque américaine de Paris.
Elle classe ses sentiments, ce qu’elle éprouve selon la classification décimale universelle de Dewey
– 823 – les temps difficiles
– LIVRES — indépendance — bonheur
La haine est partout et même au sein de la bibliothèque, ce foyer chaleureux composé des membres, frères et sœurs de lecture.
Il y a Boris le bibliothérapeute, Bitsy la conteuse, Peter le rangeur, Helen la documentaliste, Mrs Reeder la directrice, miss Wedd la comptable au chignon fait de crayon.
Le cœur, l’âme et la vie de la bibliothèque
Les habitués : Mr Pricy-Jones, M. de Nerciat, la professeure Cohen, Madame Simon
Une communauté hétéroclite, mais qui forme une famille chaleureuse.
Tu te sens bien à leur côté.
Tu as la certitude, grâce à ce roman et ses personnages, que les livres te suivront toujours, qu’ils seront toujours là pour toi pour t’offrir un moment de réconfort, sécher une larme, t’évader loin d’où tu es, oublier les difficultés, rire ou pleurer
Tu vis Paris en temps d’occupations et juste un peu avant.
Les Parisiens élégants et éloquents, jusqu’à l’arrivée des chars allemands.
L’évacuation des civiles, les bombardements.
Comment des livres vont-ils pouvoir réconforter les soldats partis au front, un service au soldat à l’initiative de la directrice ? Un service personnalisé où les militaires peuvent envoyer leur souhait. Périodiques et romans, et ce dans plusieurs langues.
Le jour où Odile fait la connaissance de Dewey, c’est une constellation qui s’ouvre à elle. Un instant unique et magique qu’elle n’a jamais oublié comme sa tante Caro. Sa tante Caro qui est à l’origine de sa volonté de travailler pour être indépendante et de son amour pour la bibliothèque, celle-ci et pas une autre. Celle-ci utilise le classement de Dewey.
Sa chronique de la bibliothèque dans le Herald et surtout ses interviews sont fascinantes à lire.
Sa question préférée : quel genre de lecteur êtes-vous ?
Elle permet d’apprendre à connaître quelqu’un par les livres qu’il ou elle aime passionnément. Tu en penses quoi ?
Plus le livre avance, plus tu lis l’envahissement des Allemands de plus en plus présents, les difficultés de rationnements, la tension permanente qui régnait. La délation, la Gestapo, la mort qui n’est plus une fiction.
Les queues interminables pour le pain, les œufs, le beurre. La faim omniprésente, mais dans ce roman ce n’est pas la tristesse qui prédomine, mais l’espoir, la vie qui continue coûte que coûte à la bibliothèque, ce roman montre aussi combien les gens ont vécu dans l’ignorance de ce qui se passait réellement dans les camps de concentration. Combien ils ont préféré ne pas voir ce qu’il se passait ; pour d’autres ils savaient et ils ont collaboré, mais à aucun moment l’auteure n’est dans le jugement, elle montre justement que tout n’est peut-être pas aussi facile que les apparences laissent penser.
Tu lis une France qui est devenue France Kafka ; une métamorphose a eu lieu, est-ce qu’un jour la guerre prendra fin ?
Odile va apprendre que les réalités de la vie ne trouvent pas toujours une place dans la classification de Dewey.
Tout n’est pas blanc ou noir.
C’est une jeune fille quand on fait sa connaissance, elle commet des erreurs, des imprudences. L’Odile de cette époque ressemble à la Lily de 1983 dans le Montana.
Tu apprendras comme moi ce qu’était le « bibliotheksschutz » l’inspecteur des bibliothèques de France, Belgique et des Pays-Bas.
La Gestapo du livre.
Je ne savais même pas que cela avait existé.
L’auteure réussit admirablement à passer le message que la guerre divise, mais l’amour de la littérature réunit
« Ce livre est une carte, chaque chapitre un voyage.
Parfois, le chemin est sombre, parfois il nous conduit vers la lumière. »
Ouragans, 551 552 ; livres censurés, 363,31
Plusieurs noms célèbres circulent dans le roman, je retiendrai ceux-ci :
Clara de Chambrun qui a aidé à fonder l’ALP en 1920.
Une des premières curatrices aux côtés de Édith Wharton notamment.
Tu entendras parler dans le roman de Miss Beach la libraire fondatrice de Shakespeare and company
« Sans toi il n’y a pas de moi »
Ce livre donne envie de lire évidemment, mais aussi des scones et du thé, de respirer l’odeur des livres ; d’écouter le silence feutré où seul perce le bruit des pages que les lecteurs tournent, tu assistes à l’heure des contes.
Pour moi, ce fut une lecture aussi instructive que mélancolique.
Seul point négatif pour moi, la romance qui n’était, à mon sens, pas nécessaire et le tempo plus lent durant les parties qui concernent Lily. Je n’avais qu’une hâte : retrouver les années 40 et la bibliothèque.
L’histoire contemporaine apporte un beau message à la fin, mais j’ai un peu été lassée par les détails sur la guerre froide, les drames qui se jouent dans la vie de la jeune fille ils ne sont pas aussi attrayants.
Pas dénué d’intérêt, mais il m’a manqué quelque chose pour être captivée par ces passages.
« Quelle genre de lectrice était Miss Reeder ? Au contraire de moi ? Jamais elle n’aurait laissé de livres ouverts à l’envers parce qu’elle ne disposait pas de marque-page (…) »
« Quel est votre auteur préféré ? Une question impossible. Comment pouvait-on n’en choisir qu’un seul ? En fait, ma tante Caro et moi avions inventé des catégories — auteurs décédés, auteurs vivants, étrangers, français, etc. — pour éviter d’avoir à faire un choix. »
L’idée de Janet Skeslien Charles est de partager ce chapitre si peu connu de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et de capturer la voix des courageux bibliothécaires qui ont défié les nazis afin d’aider leurs abonnés et de partager leur amour de la littérature
Elle désirait explorer les relations qui font de nous ce que nous sommes autant que nos façons de nous aider et de nous entraver les uns les autres. Le langage est une grille que nous pouvons ouvrir ou fermer sur les gens.
Les mots dont nous usons donnent forme à la perception de la même façon que les livres que nous lisons et les histoires que nous racontons.
✩ Une soif de livres et de liberté ⟷ Janet Skeslien Charles ⟷ 448 pages ⟷ Éditions, 7 octobre 2020 ✩
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Sandrine V. dit
Un coup de coeur pour moi cette lecture que j’ai dévorée en un week-end et qui a fait aussi augmenter ma wish list de certains romans évoqués dedans 😊
Marjorie dit
Coucou Stéphanie,
À quand ton retour sur instagram ?
J’adore les superbes mises en scène de tes lectures 😢 que tu y publies.
Marjorie