Une évidence de Agnès Martin-Lugand. Aimer d’aimer.

Agnès Martin-Lugand… une évidence… ce fut comme une évidence, un roman écrit rien que pour moi.
Saint-Malo.
Reine, Paul, Noé, Pacôme je n’ai pas envie de vous dire au revoir, pas du tout ! Je vous vois sur les remparts face à la mer. Je prends une grande inspiration. Avec vous, j’ai retrouvé mon souffle. J’ai aussi embrassé mon destin, navigué sur d’autres flots.
Un bout de moi est resté là-bas près de vous. Maintenant, il faut continuer l’histoire. La passer à d’autres lecteurs et garder en moi ce voyage aux grandes turbulences émotionnelles, aux jolis moments filiaux.
Aimer d’aimer, souffrir d’aimer, pleurer d’amour, la peur d’aimer, sentir et respirer, trouver son oxygène, reprendre son souffle enfin.

Agnès Martin-Lugand réussit une fois de plus à faire entrer ses personnages dans mon cœur. Reine aux yeux verts, tu gouvernes ton royaume, tu m’as entraînée dans tes eaux tumultueuses. J’ai vécu chacune de tes naissances intensément. J’ai aimé cette image qu’on venait à la vie plusieurs fois, c’est une phrase que j’ai déjà dite.
Chacune de tes erreurs, de tes failles, chaque chute, chacun pas en avant, chaque peur ou soubresaut, j’ai tout ressenti.
Je n’ai qu’une envie, courir à la plage et regarder l’horizon, peut-être que vous êtes là en train de me faire signe de la main ou assis à une table dans un appartement face à la mer ?

Agnès réussit à faire de scènes de vie banales des moments intenses, forts.
Cette auteure laisse chaque fois son empreinte en moi.
Je suis à nouveau marquée, j’ai manqué de souffle, j’ai reculé la fin, je ne la voulais pas la voir arriver. Quelle douleur de terminer ce roman !
Ce fut éprouvant et beau. J’ai été déchirée et tiraillée, perdue et inquiète.
Reine, je te voyais agir, je suis entrée en toi comme un spectre, j’ai tout vécu de l’intérieur.
Je t’ai vu jeune fille, quarantenaire comme moi. C’est peut-être ça.
Ton fils, ton amour pour lui m’a bouleversé, je sais que moi aussi un jour je devrai laisser partir pour grandir, ce jour je le redoute tellement.
Maman louve, maman, maman, maman intimement, complètement et à tout moment comme toi.
Tous, nous faisons des erreurs ; la culpabilité peut nous étouffer ; tu m’as redonné du souffle.

Est-il possible de vivre un roman à ce point ? Oui, je vous l’assure, il m’a totalement entièrement parlé.
Je sais, je reste très vague sur le contenu du roman, mais ce livre il faut le découvrir en en sachant le moins possible. Je n’aurais pas pris ce retour de vague en plein visage si j’avais su plus que ce que la quatrième de couverture révèle. Je n’aurais peut-être pas aimé ses protagonistes aussi fort si j’avais su.
Que te dire d’autre si ce n’est que tu vas te laisser porter doucement par le bruit des vagues, le trafic de Caen, puis tu vas être au bord de la plage de Saint-Malo, dans l’ancien Saint-Malo, les forteresses derrière toi, pris dans tes pensées tu ne verras pas la vague arriver. Celle qui va te couper le souffle, tu auras peut-être comme moi cette impression d’étouffer de larmes, cette boule dans la gorge qui a tellement de mal à passer et pourtant tu arriveras à respirer à fond, les poumons grands ouverts, tourné vers l’avenir. Une page se tourne, un livre se ferme, mais rien n’est terminé. La vie ne fait que (re) commencer.

En bref :

Un roman sur l’amour. L’amour qu’on a pour ses enfants, l’amour passionnel, celui qu’on a pour son meilleur ami présent depuis des années, le tourbillon de la vie avec ses hauts et ses bas. Un roman sur l’espoir et le pardon. Les secrets et la vérité. Le deuil d’une part de soi et la renaissance. Décider de résoudre les problèmes du passé pour mieux avancer dans le futur.
Une écriture tout en finesse, en délicatesse, qui fait mal, mais qui fait du bien aussi.
Un roman qui parlera, je pense, plus intensément aux mamans, mais aussi à toi et à toi aussi et à toi là-bas, adolescent ; jeunes adultes, hommes et femmes, l’un des personnages du roman vous parlera j’en suis certaine !
Oui, peut-être que les lecteurs « difficiles » à convaincre diront que certains rebondissements étaient faciles à deviner ou convenus. Oui peut-être, mais quels auteurs peuvent se targuer de réussir pour chaque roman, de faire de leurs personnages des êtres qui sont tellement réussis que tu as l’impression que tu les connais, que ce sont des nouveaux amis ? Il en est de même pour les lieux. En peu de mots, Agnès Martin-Lugand t’écrit le pire comme le meilleur.

Viens, pars à la découverte de cette auteure ou de ce livre. Une auteure que je lis depuis 2013 et qui, jamais, ne m’a déçue !

Dans l’ordre de parution :
– Les gens heureux lisent et boivent du café
– Entre mes mains, le bonheur se faufile
– La vie est facile, ne t’inquiète pas
– Désolée je suis attendue
– J’ai toujours cette musique dans la tête
– A la lumière du petit matin

et enfin jeudi chez ton libraire : une évidence

✩ Une évidence ⟷ Agnès Martin-Lugand ⟷ 380 pages ⟷ Édition Michel Lafon, le 21 mars 2019 ✩