PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
A Serra de’ Conti, sur les collines des Marches italiennes, Lupo et Nicola grandissent sous l’ombre sévère de leur père, le boulanger Luigi Corose.
Le jeune Lupo, fier et rebelle, s’est donné pour mission de protéger Nicola, trop fragile, trop délicat avec son visage de prince.
Flanqués de leur loup apprivoisé, les deux frères survivent grâce à l’indestructible affection qui les unit.
Leur destin est intimement lié à celui de Zari, dite soeur Clara, née au lointain Soudan et abbesse respectée de Serra de’ Conti.
Car un mensonge déchire la famille, et un secret se cache derrière les murs du couvent.
Alors que souffle le vent de l’Histoire, et que la Grande Guerre vient ébranler l’Italie, le jour viendra où il leur faudra affronter la vérité.
J’ai commencé ce livre totalement par hasard, parce que l’on voulait le lire ensemble @vuottomarie et moi
Juste avant j’avais lu : « la nuit italienne » dont je parle bientôt ou peut-être que quand tu liras cet avis j’aurais déjà mis ma chronique en ligne, je ne sais pas. L’inspiration ne se commande pas.
Ce roman est situé historiquement auparavant et même si les faits ne sont pas les mêmes, les événements qui se déroulent dans celui-ci ont pavé la voie au fascisme.
Le fascisme qui est expliqué dans la nuit italienne.
L’histoire de l’Italie est riche et je ne la connais que très mal
Je n’avais pas du tout connaissance ce qui est raconté ici à savoir la situation politique italienne du début du XXe
L’intrigue se déroule dans les Marches, en Italie centrale. Le siège se situe sur les bords de l’Adriatique, dans la ville portuaire d’Ancôme.
Située entre la chaîne des Apennins et la mer Adriatique.
Le contexte est les différents événements qui ont secoué le pays notamment l’unité italienne.
L’auteure t’explique tout cela en fin de récit dans une note très intéressante.
La lire avant m’a permis de me situer dans le temps et l’espace avant que Giulia Caminito vienne me cueillir dès son prologue.
On suit les Ceresa.
Une famille qui a la réputation d’être maudite.
On dit d’eux que les corbeaux viennent festoyer à leur table.
Les enfants grandissent avec la conviction qu’ils mourront jeunes.
Comme leurs frères et sœurs avant eux.
Une mère aveugle, un père acariâtre, le boulanger du village.
Lupo protège son petit frère Nicola de la brutalité du paternel qui ne comprend pas cet enfant si différent.
Un enfant qui s’intéresse aux lettres et aux mots. Qui préfère les livres au travail manuel.
Lupo c’est un enfant qui même à 10 ans est capable de faire entendre sa voix aux plus âgés
Il vit au jour le jour. Ils ne pensent pas à l’avant ni à l’après. Il est dans l’instant. Il fait face.
Nicola lui, il porte tous les désespoirs en lui.
Nicola est l’enfant de l’ombre et, telle une ombre, il aimerait pouvoir disparaître.
Lupo porte bien son patronyme. Nicola lui est sensible et craintif.
Lupo c’est l’enfant des champs et des plantes tandis que Nicola les fuit pour se réfugier à l’église là où il peut trouver fraîcheur et surtout des livres.
Un lieu où il n’a pas peur.
Lupo travaille pour que son petit frère puisse avoir un accès aux livres et ainsi Nicola pourra lui apprendre à son tour.
Lupo comprend très vite que si les mains et les actes compteront toujours, pour agir au mieux il fallait comprendre mieux. Lire les tracts, les prospectus, les journaux.
Tous, ils savent ce que c’est de ne rien posséder, ils n’ont rien. Rien juste leur bras pour le dur labeur de chaque heure pour des terres qui ne leur appartiennent pas. Des cultures et les fruits des récoltes dont ils doivent reverser l’argent au métayer.
Le propriétaire fait la loi dans les champs et dans leur vie.
Ils décident qui a le droit de se marier et avec qui. Qui a le droit de travailler et jusqu’à combien d’enfants ils peuvent avoir.
Les propriétaires ont confisqué les terres aux prêtres, la religion catholique est mise à mal à cette période, mais ni le roi ni le gouvernement ne les ont distribuées au peuple. Tout est allé à des étrangers. À des gens qu’ils ne connaissent pas.
Giuilia Caminito te parle des agitations qui secouent le pays comme la guerre en Libye ou l’anarchie aussi bien que de la place des femmes.
Des femmes qui n’ont pas le choix, elles sont dirigées par des hommes. Leur père et ensuite leur époux, si elles en ont un.
L’autre choix qui s’offre à elles étant le couvent.
Des femmes mises en avant dans le récit. Toutes ont une histoire à conter.
Toutes ont souffert. Toutes ont pris des voies différentes.
Toutes tiennent debout par la foi que cela soit en Dieu, en elle, en leur père, fils, grand-père ou époux.
Adélaïde, Nella, Guiseppe des personnages secondaires, mais si bien dessinés que je les ai aimés très vite.
Les thèmes abordés sont aussi riches que vastes et intéressants.
La tuberculose, les négriers, la semaine rouge, la grippe espagnole, la 1re guerre, l’antimilitarisme, l’internationalisme, La Villa Rossa, l’envahisseur autrichien, le despotisme de l’église ; de Mussolini alors qu’il va seulement fonder Il popolo d’Italia, d’Armando Borghi, la Patrie, la royauté, la fraternité, le catholicisme, et je ne te dis pas tout.
285 pages riches. Toutes intéressantes.
En ouvrant son roman sur ce prologue, tu n’auras qu’une envie : comprendre.
Ensuite, tout au long du récit l’auteure te livrera petit à petit des détails de la vie de la famille Ceresa.
Le passé et le présent. Le passé influent le présent.
Des révélations, des rebondissements amenés en cours de chapitre.
On n’alterne pas le temps. Cela peut perturber lors de la lecture quand on rencontre un nom jusque là jamais lu et puis le voile se lève et tu comprends pourquoi elle le raconte comme cela et à ce moment-là.
Tu lis les secrets et les regrets, les espoirs déçus, les aspirations, les promesses, les serments et les ressentiments.
Des hommes en colère, mélancoliques, pétris de doute ou animés par la volonté de changer le cours de la vie, des révoltes. Des frères d’armes.
De sang et de cœur
Deux personnages opposés.
Une religieuse et un anarchiste, deux mondes perdus, deux nostalgies.
L’auteure te raconte comment les idéaux s’écroulent et où vont se loger les espérances.
La colère de Lupo fait mal
une colère due à tout ce qui s’est mal passé depuis son enfance. Toutes les choses terribles qui se sont produites et toutes celles qui ne sont pas encore réalisées et d’un autre côté sa rage politique qui le tenaille. L’injustice entre les ouvriers, les riches et le clergé.
« Ceux qui croient que le soleil se lèvera un jour si on fait quelque chose pour cela et ceux qui ne tiennent pas à voir eux-mêmes ce soleil, mais l’espérèrent pour les autres, pour ceux qui viendront. »
C’est triste et dur.
Un roman noir avec toutes les horreurs dont les hommes sont capables.
Un roman qui rend hommage à un personnage qui a réellement existé : Zeinab Alif connue sous le nom de Maria Guiseppina Benvenuti. La Moretta
Un roman qui parle des hommes et des femmes déterminés à sortir de leur condition et à tout entreprendre pour aider les autres.
On plonge dans ce roman sans même s’en rendre compte
On en ressort retourné, ému, pétri de réflexion sur le rapport aux autres, sur la liberté ; tellement plus encore.
✩ Un jour viendra ⟷ Giulia Caminito ⟷ 288 pages ⟷ éditions Gallmeister, le 4 mars 2021 ✩
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