PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Si vous n’avez pas la force brute et que personne ne vous entend, il vous reste d’autres voies…
Lac-Clarence, Québec, 2002. Maxine Grant, inspectrice et mère célibataire dépassée, est appelée sur une scène de crime affreuse.
L’ancienne institutrice du village, appréciée de tous, a massacré son mari, le lardant de coups de couteau.
Paris, 1899. Lucienne Lelanger refuse d’admettre la mort de ses filles dans un incendie. Elle intègre une société secrète dans l’espoir que le spiritisme et la magie noire l’aideront à les retrouver.
Lac-Clarence, 1949. La jeune Lina vit une adolescence
mouvementée. Pour la canaliser après l’école, sa mère lui impose de la rejoindre à la Mad House, la maison de repos où elle travaille.
Lina y rencontre une étrange patiente, qui lui procure des conseils pour le moins dangereux…
Le contexte de lecture :
Johana est une romancière que je lis depuis ses débuts.
À chaque sortie d’un de ses livres, je suis présente.
Ses 3 précédents romans avaient pour une héroïne Émily Roy. (J’ai d’ailleurs beaucoup aimé le clin d’œil qu’elle lui fait dans ce nouveau livre)
Série Emily Roy et Alexis Castells
- Block 46 est sorti en 2015
- Mör en 2017
- Sång en 2019
Ses romans Block 46 et Mör, disponible dans plus de 20 pays, sont en cours d’adaptation en série TV sous la direction d’Alexandra Lamy.
Ils mettent en scène un duo d’enquêtrices atypique, formé par la froide et ténébreuse Emily Roy, profileuse canadienne détachée à Scotland Yard, et l’écrivaine de true crime Alexis Castells.
Dans Block 46, Emily et Alexis plongent au cœur de la folie meurtrière et ravivent la mémoire de la Shoah.
Mör, leur deuxième enquête, remonte aux racines d’un autre mal, nourri dans l’ombre de Jack l’Éventreur. Avec Sång, elles suivent la piste d’un tueur jusqu’à la guerre civile espagnole et les terribles orphelinats de la peur.
Mon avis
2002
Maxine, la quarantaine revient de son congé de maternité pour enquêter sur le meurtre d’un célèbre universitaire et auteur au Québec.
Lors du relevé d’empreintes et d’indices, ils, Jules son collègue et elle, font une macabre découverte : une main dans une cloche de verre dissimulée dans un meuble coffre.
L’épouse retrouvée pleine de sang et qui a expressément demandé la lieutenante Maxine Grant est catatonique.
Pas un mot ne sort de sa bouche.
Pas un geste.
Rien
7 mains seront retrouvées dans la maison.
7 mains momifiées toutes conservées dans des cloches cachées dans des tables d’appoint ayant un coffre.
Lina. 1949
Elle rejoint sa mère après l’école à la Mad House, une maison de repos ou asile.
Un ancien manoir reconverti.
Elle doit y faire ses devoirs en attendant que sa mère ait fini son service.
Elle y rencontre une résidente avec qui elle se lie d’amitié.
Lucienne. 1899. Paris au Jardin du Luxembourg
Elle accompagne ses deux filles, Jeanne et Rose au parc.
Ce soir-là, un incendie éclate dans la demeure.
Les corps de ses filles ne sont pas retrouvés.
Elle est convaincue qu’elles sont vivantes et qu’elles ont été enlevées.
Elle redoute les soirées avec son mari, surtout les mondaines.
Elle préfère rester auprès de ses filles et de sa cousine Mary en leur racontant des histoires de son pays tant aimé.
Voilà les 3 narratrices qui vont se partager le roman de Johanna Gustawsson.
Quel lien y a-t-il entre elles ?
Qu’ont-elles en commun ?
Ces questions vont te trotter en tête un long moment.
Maxine cherche à comprendre ce geste inexplicable commis par une femme que tout le monde voit comme bienveillante, aimante, dévouée à la communauté et à son mari.
S’agit-il d’une crise de colère ?
Qu’est-ce qui a déclenché cette folie meurtrière ?
A-t-on affaire à des collectionneurs de cadavres ? De murderabilia ? (Je te laisse chercher ce qu’est ce mot, pour ma part je l’ai ouverte avec ce roman)
Des tueurs en série ?
Les découvertes macabres faites dans la maison te font poser encore davantage de questions tout comme à Maxine.
L’écriture de Johana est celle que je lui connais.
C’est sa patte, sa manière de raconter.
Des chapitres courts, qui mettent en avant des destins de femmes.
Tout comme sa précédente trilogie, tu ne seras pas dépaysé.
Elle a cette qualité incroyable de te narrer dans un thriller des destins de femmes, d’aborder des thèmes telle que celui de la maternité.
Un sujet qui est important pour moi, parce que je suis maman, mais pas uniquement.
C’est passionnant.
Si tu as peur de te perdre parmi ces personnages et ces différentes époques n’ait vraiment aucune crainte, Johana ne te lâchera pas la main avant que tu aies tout compris. Assimilé.
Rien n’est de trop même quand tu te demandes quels liens tous ces éléments ont entre eux.
Elle peint son tableau, un triptyque, un panneau pour chaque époque.
Un roman qui est visuel, immersif et fluide.
Chaque détail a son importance, mais ce n’est qu’en lisant tout le roman que tu pourras comprendre l’œuvre sans sa globalité.
Pourquoi ce coup de pinceau a été posé à cet endroit précisément.
Johanna Gustawsson te relate des tranches de vie avec une palette d’émotion vécue par ses personnages.
Des sentiments que tu ressens intensément toi aussi.
« Peut-être que finalement nous sommes celles qui restent près du nid »
Dans Te tenir la main pendant que tout brûle, tu entendras parler d’instinct maternel, de spiritisme, d’astrologie, de divination et des sciences occultes.
Tu vas faire de macabres découvertes, tu apprendras ce qu’est une folly ou fabrique de jardins
De la neige de nos jours que tu entends crisser sous les pas de Maxine, tu entendras aussi les fiacres qui s’arrêtent et les marches-pieds qui se déroulent ; les ombrelles qui se ferment et les talons qui claquent pressés, lourds ou fatigués.
C’est entre autres dans le Paris de la Belle Époque que te plonge Johana Gustawsson.
Les travaux pour l’expo universelle ont lieu partout dans la capitale
Tu visiteras entre autres le palais Garnier, les Tuileries.
Tout, absolument tout, m’a intéressé aux différentes époques que j’ai traversées.
En bref :
Une intrigue machiavélique dont tu auras beaucoup de mal à percer les arcanes.
Le rythme est parfait. Il est addictif et constant.
Les chapitres courts donnent un rythme à ta lecture, un tempo qui ne faiblira à aucun moment.
Tu es immédiatement en empathie, en communion avec les protagonistes, non seulement parce qu’elle te parle à la 1re personne, mais parce que tu perçois intensément leurs émotions.
Tu les vis en même temps qu’elle.
Colère, tristesse, incompréhension, interrogation, peur tu perçois toutes les nuances des caractères.
Johana Gustawsson fait plus qu’écrire pour moi elle te conte son histoire.
Elle te donne des clés, des réponses, à chaque fois au moment propice.
Les révélations sont parfaitement inséminées, disséminées, dans le texte pour que, soit tu n’as puisses pas voir la piste ; ou elles sont si précises qu’elles ne viennent pas alourdir le récit.
C’est vraiment un travail de justesse. Réfléchi. Je me répète, mais c’est ce que je ressens pour chacun de ses romans.
J’adorerais qu’elle nous en écrive un par an, mais je préfère attendre et lire un récit où rien ne dénote.
Bien davantage qu’un « simple » thriller, un courant de féminisme traverse le récit, celui auquel moi je crois, un féminisme qui me ressemble, il parcourt les pages du livre même à la Belle Époque.
« Réfléchissez : qui prions-nous ? Un Dieu qui pense que nous, les femmes, sommes inférieures aux hommes ; pour ce dieu, nous résultons d’un morceau d’homme, la côte d’Adam. »
Johana Gustawsson affirme ses opinions, mais elle ne te les impose pas. Elle n’est jamais donneuse de leçon, elle est dans le partage, la communion avec son lectorat et ses personnages.
Un thriller, avec ses moments très sombres, mais un texte fort du point de vue émotionnel.
Il y a des moments pénibles, d’autres étranges. Des situations dérangeantes et il est aussi question de vieux secrets.
Avec Te tenir la main pendant que tout brûle tu vas explorer la maternité et tout ce que cela implique ou non.
La maternité exprimée sous toutes ses coutures tout en gardant, tout le temps, le suspense.
Le jeu temporel est parfaitement maîtrisé.
Tu ne te perds à aucun moment.
Il est empreint de mysticisme et j’ai adoré ça. Sorcières, médiums et d’autres choses que je te laisse découvrir.
Un roman parfait pour cette période, si tu doutais encore.
Si tu as déjà lu l’autrice, tu ne seras pas étonné, mais si tu ne l’as jamais lue sache que Johana défend les femmes.
Elles sont toujours placées au cœur de ses intrigues.
Des femmes fortes aux personnalités diverses, tu voudras comprendre la psychologie d’elles toutes.
Johana Gustawsson signe une fois de plus un texte abouti, intense.
On sent l’âme de l’autrice derrière le roman.
Un thriller psychologique qui va te tenir en haleine.
Même si elle te tient la main, même si elle te donne des pistes tu devras attendre la page finale pour que tout se révèle à toi et là tu resteras sans voix.
Je trouve, et cela n’engage que moi, que dans l’univers du polar et du thriller que Johana a une identité qui lui est propre, elle ne ressemble à aucun autre.
Cela vient sans doute de la narration, des thèmes qui lui sont chers, de sa manière de les aborder et de les traiter dans ce genre.
Comme dit plus haut, pour moi, elle est une conteuse.
Je tiens aussi à dire que même si elle possède son univers, si on reconnaît sa « patte » tous ces livres sont différents.
Tu n’auras jamais cette impression de déjà lu. Déjà vu.
Dans ce roman, j’ai croisé :
Là-bas de Huysmans
Camille Flammarion
Une voyante italienne Eusapia PalladinoEusapia Palladino
Les religieuses possédées de Louviers au XVII ici ici
Arthur Conan Doyle
Moina Mathers
Macbeth
Mesmer
Je t’ai mis les liens, tu n’as qu’à cliquer sur les différents noms. Tout est passionnant.
Je te conseille de lire l’interview d’Yvan, et son blog tout simplement, car il est pour moi LA référence en polar, en roman noir et en thriller.
Il est très humble, mais c’est la vérité.
Trêve de blabla, va visiter ce lien : ce lien
✩ Te tenir la main pendant que tout brûle ⟷ Johana Gustawsson ⟷ 324 pages ⟷ Éditions Calmann-Levy, le 6 octobre 2021 ✩
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