Noemie Chastrain, capitaine aux stups du 36 quai des Orfèvres, se voit, après une enquête, envoyée loin de Paris, le patron ne veut plus la voir. Pourquoi ? Je ne te dirai rien. C’est fort et violent (en émotion), pour elle comme pour toi lecteur, c’est tout ce que tu sauras de moi.
On quitte Paris, la ville, ses milliers d’habitants pour la campagne. Dans un village de l’Aveyron, à Decazeville.
Un petit commissariat tranquille où il ne se passe jamais rien. Un poste de police où tout le monde se connaît.
Tout l’opposé de ce qu’elle a pu connaître à Paris.
Une équipe réduite avec Romain son second, Milk le jeunot et Bousquet. Leur chef Roze n’a jamais eu à enquêter sur une affaire de meurtre jusqu’à ce qu’un fût contenant un corps remonte à la surface du lac.
Débute alors l’intrigue du roman.
De cet opus peut-être ? Je serais ravie de retrouver Noemie Chastrain la force tranquille, la grande gueule, la flic brisée, mais réparée ; ou en passe de le devenir.
Olivier Norek nous entraîne dans une enquête où dès les premières pages, je pourrais même dire les premières lignes, tu seras captivé par ce qui se passe. Un chapitre où tu es au cœur de l’action et de l’émotion.
Ensuite, quand tu es dans ce village tu ne sais plus à qui te fier. Tu es en immersion. J’ai visualisé chaque scène se déroulant là-bas.
Un village replié sur lui-même où les étrangers ne sont pas les bienvenus surtout parmi les anciens, un village où les secrets restent enfouis, un village où l’on se serre les coudes.
Si l’enquête démarre au quart de tour Olivier Norek n’oublie pas pour autant l’humain.
Il décrit admirablement la paupérisation des villages de plus en plus désertés et où le moindre investissement étranger n’est pas pris à la légère par les élus.
Il y a aussi Noemie fracassée physiquement et psychologiquement et ces duos qui m’ont vraiment plu dès le départ : Milk et sa maman, Bousquet et sa maladresse.
Cette mise au vert par sa hiérarchie est l’occasion pour No de redevenir peu à peu Noémie.
Une remise à zéro des compteurs si on peut dire. Ici, personne ne la connaît, tout se voit sur son visage. Elle n’a rien, ne peut rien cacher.
J’ai adoré cette femme à la fois badass, résolue, intelligente, courageuse, déterminée à faire éclater la vérité quitte à bousculer les planqués derrière leurs bureaux. Une tête brûlée au cœur tendre, Hugo et Picasso pourront en témoigner.
Il faut du temps pour l’apprivoiser.
Noémie, une femme, devenue presque bête sauvage, et ce n’est pas très étonnant vu comment ces…. je me tais je vais être vulgaire de Paris l’ont traitée.
Je ne sais pas comment Olivier Norek a réussi à me faire apprécier ce capitaine de police immédiatement, dès ce prologue glaçant.
Et que dire de l’écriture ?
Des dialogues savoureux, des descriptions où tu te retrouves en immersion, la galerie de personnages, secondaires ou non, avec leur part d’ombre, failles et faiblesse qui ont l’air plus vrai que nature dépeints avec une plume brillante.
À la page 201 jusqu’à la page 204 en 4 pages il te donne quasiment en prose la psychologie de ses protagonistes, pas tous principaux pas tous secondaires.
J’ai adoré en apprendre plus sur les inondations volontaires de villages et sur le travail de la brigade fluviale.
Homonyme, légendes et faux semblants, contes et mythes, croyances populaires et au milieu de tout cela, ressurgi du passé, un cold case. Une disparition de 3 enfants 25 ans plus tôt. Quasiment une affaire perdue d’avance.
Olivier Norek utilise un procédé d’écriture en miroir si je peux dire.
Le village est comme le visage de Noemie.
Côté pile et côté face, à gauche et à droite.
À l’est et à l’ouest. D’un côté lisse et tranquille, d’un côté sombre, agité.
De plus en plus agité, plus Noemie enquête, plus elle questionne, plus elle s’apaise, plus cela bouge dans le hameau.
No délaisse ses démons pour en réveiller d’autres, des démons qu’elle ne connaît pas.
Parlons de ce titre qui est pour moi une véritable prouesse tant il fait écho dans le roman
Un titre joliment et intelligemment choisi, encore une fois tu comprendras en le lisant.
Vu l’ancienneté de l’enquête, Noemie va devoir faire confiance à son flair et accepter de donner du crédit à ses intuitions. On oublie la science médico-légale retour aux bonnes vieilles méthodes.
Des mémoires qui reflètent la vérité ou des miroirs déformants comme la surface de l’eau d’un lac peut fausser le visage de celui qui s’y regarde
Beaucoup de faits sont en miroir et j’ai adoré les découvrir au fur et à mesure comme j’ai adoré les rebondissements que je n’ai pas vu du tout poindre le bout de leur nez.
Que s’est-il passé en 1994 ? Cette question va te titiller du début à la fin.
« Vous n’avez pas l’impression d’être dans un jeu spécialement créé pour vous ? Un profil intact pour un charmant village, autre profil blessé, pour un village sous l’eau qui réveille les souvenirs horribles. Tout est en opposé, ou en inverse photographique, comme les diapositives d’époque. Cette enquête vous ressemble de plus en plus. (…) »
Olivier Norek démontre une fois de plus son talent avec ce nouveau livre.
J’avais peur, je l’avoue, passer avec Adam et Kilani (« entre deux mondes » souris d’or 2017, lire mon avis ici ) allait-il réussir à me captiver autant ?
Oui, il l’a fait. Il se réinvente à nouveau. Changement de décor, changement de condition de travail de policier, mais toujours aussi difficile. J’aime ses mises en lumières, les thèmes qu’il soulève, les faits évoqués qui poussent à la réflexion.
J’aime le réalisme de ses romans et celui-ci n’échappe pas la règle.
Ses personnages plus vrais que nature, profondément humains avec juste ce qu’il faut de bon et de mauvais.
Les petites touches d’humour, les clins d’œil aux copains (jusque dans les remerciements).
L’innocence de l’enfance ici à travers l’adorable Lily, la justesse des investigations.
C’est la patte Olivier Norek, qu’est-ce que je l’aime cette patte !
On quitte le nord pour le sud, mais tu as toujours cette grande part d’humanité dans le roman.
Les injustices que l’auteur aime mettre en lumière, mais jamais au détriment de son intrigue qui va te tenir en haleine je te le garantis jusqu’à la fin. Des personnages bien plus qu’attachants, réalistes, une affaire irrésolue qui refait surface (sans mauvais jeux de mots) 25 ans plus tard.
Un village qui garde ses portes fermées. Une nouvelle équipe, une équipe soudée plus ils apprivoisent No/Noemie.
De l’action avec beaucoup d’émotion, l’un n’agissant pas au détriment de l’autre.
Qu’est-ce que je pourrais te dire à part que vraiment il faut découvrir ce nouveau roman de Olivier Norek qui sans cesse se renouvelle sans perdre l’essence de ce qu’il est et de ce qui me plaît dans son écriture ?
Ni polar, ni roman noir, mais les deux à la fois. Peut-être même plus roman noir, mais ce n’est pas pour me déplaire, l’homme nous avait déjà montré son talent dans le livre précédent.
–> La frustration de la lectrice qui voudrait en parler et en parler et encore en parler.
À peine commencé, je l’ai déjà terminé ! Débute alors pour moi, la longue attente jusqu’au prochain… problème de lectrice xD.
✩ Surface ⟷ Olivier Norek ⟷ 425 pages ⟷ Édition Michel Lafont, le 4 avril 2019 ✩
4
Vampilou fait son Cinéma dit
C’est un auteur que l’on m’a grandement conseillé, n’étant pas une adepte des thrillers trop hard ! Je vois avec ton avis ma belle, que ça pourrait effectivement me plaira 😀
etlemondedesosso dit
Je n’ai jms trop su « catégoriser » ces romans qu’on raccroche à la littérature noire : polar, thriller, noir, etc….
Après le grandiose Entre Deux Mondes, il signe un roman redevenu plus classique, mais tellement habilement mené et réfléchi. J’ai aussi bcp aimé la découverte de ce village englouti et cette enquête à la cold case !!!!
Yvan dit
Cet enthousiasme ne peut être que communicatif !
Qui sait, peut-être y aura t-il une No futur(e) 😉
Veronique COMES dit
Comment ne pas avoir envie de dévorer ce livre après ton résumé ?😍😍😍😍