Comme je l’attendais ce troisième roman de cette romancière du noire, après Block 46 et Mör elle nous revient avec Sång. Si vous ne la connaissez pas, Johana mêle l’histoire avec un grand H à ses enquêtes. Ici, nous partons dans les années 30 en Espagne sous le régime franquiste plus particulièrement axé sur ce qu’ont vécu les femmes et les enfants.
Johana m’a immédiatement immergée dans son roman, un livre terriblement addictif grâce à l’alternance passé/présent et les chapitres courts, mais denses. Dense dans le sens précis et juste. Notre auteure n’a besoin d’aucune fioriture pour te détailler les scènes qui se déroulent devant tes yeux. J’étais bien sûr ravie de retrouver Emily Roy, profileuse, Alexis Castells, écrivaine de real crim, Bergstrom, bref tous les personnages rencontrés lors des précédents romans. L’enquête touche de près notre héroïne, et pour cause. La quasi-totalité de la famille de sa protégée Alienor Lindberg, autiste asperger, qu’elle a pris sous son aile pour lui apprendre le métier de profiler, est assassinée dans la maison familiale.
Pourquoi cette famille apparemment sans histoire s’est-elle fait tuer de cette façon ? Quel est le lien avec ce que nous lisons en 1930 ? On se doute que tout est lié, mais comment ? Qui ? Johana te fera attendre jusqu’au dernier chapitre pour le dénouement total. Elle maintient le suspens. Malgré des chapitres durs à lire sur les violences subies dans le passé, elle nous offre des moments plus doux, notamment les préparatifs du mariage d’une des héroïnes. Je n’ose trop rien dévoiler, car c’est la troisième fois que l’on rencontre Emily et Alexis et même si tu peux lire les livres indépendamment il y a quand même une continuité dans la psychologie et la vie des protagonistes principaux.
J’ai adoré ce troisième livre. Je l’ai trouvé davantage orienté vers l’humain. Les liens qui unissent la famille ou les proches. J’ai aimé lire ces passages sur les FIV, j’ai aimé voir la relation entre ce trio de femmes évoluer encore (Alexis, Emily et Alienor). J’ai aimé retourner à Falkenberg et en apprendre davantage sur la culture suédoise notamment autour du mariage et des fêtes de fin d’année. J’ai senti la douce chaleur automnale de Madrid quand l’enquête nous emmène là-bas. Les chapitres écrits en italique par une femme dont on ne connaît pas l’identité donnent un supplément à la fois de suspens et de tragédie. On sent cette femme déchirée par ce qu’elle a vécu. Une femme qui souffre d’un syndrome de stress post-traumatique.
Même si on ne les voit que peu je n’oublierai pas Sol, Paco et Teresa. Dulce, Gordi, Launa, Lados et Reme. Vous m’avez émue, tellement émue. Je sais que vous êtes inventées par l’auteur, mais les faits eux ont existé. L’homme est mauvais, mais vous 5 réussissez à rayonner au milieu de toute cette noirceur.
« Si elle voulait vivre, elle devait chanter »
Enfin, les remerciements de Johana m’ont eux aussi ému. Johana, il me tarde de te rencontrer et te dire combien j’aime tes romans.
En résumé :
Un récit altérant le passé et le présent dans une enquête où l’on parle de cliniques de fécondation in vitro, de Franco et son régime fasciste. Un livre qui rend hommage aux femmes qu’elles veuillent être mères ou non. Une enquête haletante menée par une main de maître par son auteure qui réalise un vrai travail de recherche historique et qui arrive à ne jamais donner trop de détail. Le lecteur n’est jamais noyé, mais il est immergé. Des thèmes que Johana Gustawsson aborde comme toujours avec beaucoup de respect, de sensibilité et de réalisme. Un récit totalement addictif qui m’a autant horrifié, qu’informé et ébranlé.
Un livre où la famille est au cœur du récit, oui on est bien dans un thriller, mais on n’oublie pas pour autant l’humanité. La famille sous toutes ses formes. On va parler de désir d’enfant, de stérilité, du refus de maternité aussi, de sœurs, de liens entre mère et fille enfin, de secrets familiaux qui vont refaire surface et bousculer bien des personnes.
Je me répète, mais lisez Johana Gustawsson c’est une auteure qui doit compter dans la scène du roman noir. Pour ma part, elle fait partie de mon top 3 des auteures féminines de ce genre.
Mention spéciale pour le titre qui a deux sens à la lecture du roman
✩ Sång ⟷ Johana Gustawsson ⟷ 288 pages ⟷ Édition Bragelonne, le 16 octobre 2019 ✩
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loticadream dit
Je me le note, il me tente vraiment 🙂 Est-ce que c’est une « suite » ? Dans le genre, on retrouve le même enquêteur, ou bien les tomes peuvent se lire individuellement ?
Souris dit
Tu peux le lire indépendamment même si 3 personnages au moins sont récurrents. Cela ne t’empêchera pas de comprendre l’intrigue par contre. bisous