PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
« Le domaine Marchère lui apparaîtrait comme un paysage après la brume. Jamais elle n’aurait vu un lieu pareil, jamais elle n’aurait pensé y vivre. » C’est un mariage arrangé comme il en existait tant au XIXe siècle.
À dix-huit ans, Aimée se plie au charme froid d’un riche propriétaire du Jura.
Mais très vite, elle se heurte à ses silences et découvre avec effroi que sa première épouse est morte peu de temps après les noces. Tout devient menaçant, les murs hantés, les cris d’oiseaux la nuit, l’emprise d’Henria la servante. Jusqu’au jour où apparaît Émeline. Le domaine se transforme alors en un théâtre de non-dits, de désirs et de secrets enchâssés, » car ici les âmes enterrent leurs fautes sous les feuilles et les branches, dans la terre et les ronces, et cela pour des siècles « .
Le contexte de lecture
C’est ma première lecture de cette rentrée littéraire.
Je n’ai, jusqu’à présent, jamais lu Cécile Coulon.
Plusieurs de ses écrits, romans et poèmes, sont dans ma wishlist et sont même passés en priorité depuis cette lecture.
Les lieux et les personnages
Tu es dans le Jura, à la fin du XIXe siècle.
Aimée est promise à Candre, un riche propriétaire terrien.
Candre est la nuit, Aimée le jour
Candre est là forêt repliée sur elle-même ne laissant pas passer un rayon de soleil
Aimée est les champs à perte de vue, plein de vie se gorgeant du moindre rayonnement de l’astre.
La nature a déteint sur eux et sur leur demeure.
Très vite, Aimée va se rendre compte qu’en pénétrant dans la demeure elle ne saura plus sortir de la propriété.
Une maison qui a une emprise sur elle, mais aussi sur toi.
Pour moi, elle est un personnage à part entière du récit.
L’ambiance
Comment t’expliquer cette sensation que le livre, la demeure de Candre possède poumon et cœur.
Que tu les sens battre et respirer !
Expirer un long souffle, accélérer d’un coup.
Et que dire de la découverte de la 1re épouse de Candre ?
Aimée n’en avait pas connaissance avant son mariage, tu découvres tout en même temps qu’elle.
« Le château se fondait dans la végétation, comme s’il était né de la forêt, protégé par elle sans qu’elle le dévore, habillé par ses feuilles et ses plantes grimpantes, bourdonnantes d’abeilles, et pourtant étincelant et propre comme les costumes de Candre. Elle imaginerait un œil géant, de lumière et de verdure, tandis que la voiture s’arrêterait devant l’escalier, usé, vestige des caprices de Jeanne Marchère. Un œil immense posé sur elle, aux cils de vantaux plats, aux cernes de vitres impeccables. Elle ne saurait en ces lieux quoi répondre aux silences de la forêt. »
L’écriture
Le tempo de l’écriture colle au plus près aux humeurs des protagonistes
Chaque objet semble doué de sa vie propre.
Ils prennent vie devant tes yeux.
Comme les robes de Aimee semblent vouloir l’empêcher de bouger ou de se mouvoir avec légèreté.
Les étoffes sont devenues lourdes, serrées.
Plus rien de frivole.
Candre et Aimée
Candre, maître des lieux, maître du corps des autres.il désigne.
Il choisit.
Il détruit en un seul geste.
Les éléments humains ou non ; liés aux uns aux autres ; ils forment une histoire que je te laisse découvrir
Un homme étrange. Pieux. Homme de peu de paroles, ses yeux paraissent toujours partir loin de là où il se trouve, mais où ? Nulle ne le sait et certainement pas Aimée qui fait pourtant son possible pour l’atteindre ;
Aimée doit en plus jongler avec son propre corps qui se dérobe au plaisir.
Candre homme ou monstre ? Diable ou Dieu ?
Tu sens une présence tout comme Aimée sent peser sur elle les arbres, son époux, le fantôme de la première épouse Aleth.
La pression est constante. Sourde.
L’angoisse palpable.
Tu sens qu’un mal va poindre.
Qu’un malheur va arriver, mais lequel ? Et par qui ?
Ce roman dégage quelque chose de particulier que tu ne sais nommer.
« C’était une maison à vif, soumise au deuil et à la perte, indolente dans ce paysage où la forêt ne grignotait pas les hommes. »
Le roman et son atmosphère, un mélange de genres parfaitement réussi
Entre huis clos et conte gothique entre Jane Austen et Daphné du Maurier Cécile Coulon prend plusieurs genres et crée un univers bien à elle.
Je dirais même qu’il y a un petit côté polar avec la quête/enquête d’Aimée.
Si ce n’est pas un coup de cœur, j’ai adoré l’ambiance.
C’est une lecture immersive.
L’ambiance de la maison elle est oppressante ; tu sens que cela ne sera pas un livre tout tendre et joyeux, mais sombre.
L’écriture par contre contrebalance cette noirceur. Elle est lumineuse. Puissante. Un feu d’artifice sans effets de styles.
La beauté à son état le plus simple.
La plume de l’autrice est exquise.
Je relisais certains passages tellement cela sonne et résonne magnifiquement.
L’autrice, comme je te le dis à une plume exquise, elle décrit à merveille les lieux, la forêt du domaine, la maison.
Tout comme les personnages qui prennent vie devant toi.
« La terre fait ce qu’elle veut de nous et de ce que nous lui enfonçons dans le ventre »
Cécile Coulon t’offre un huis clos, un conte gothique.
La deuxième moitié prend une tournure inattendue.
En tout cas, je n’avais pas vu du tout poindre cette révélation.
C’est une force de ce récit, l’autrice t’amène là où elle veut, tu prends toi un autre chemin.
Tu es focalisé sur Aimée et son évolution psychologique, ses découvertes, son innocence qui laisse place à la maturité. L’éveil de ses sens, de son corps. Aimée est comme cendrillon dans son château. Endormie, puis elle se réveille, en même temps qu’elle se révèle.
Aimée c’est une fleur qui éclôt, mais qui n’a pas la lumière nécessaire pour s’épanouir dans cette sombre demeure.
Si je n’ai pas été totalement convaincue par le final, j’ai adoré cette lecture.
J’aurais même voulu davantage de pages, car c’est là mon seul bémol je suis restée à distance des personnages qui manque quelque peu d’émotion. J’aurais aimé, pour certains des protagonistes, qu’ils soient un peu plus développés.
Je sais que ce manque d’émotion est voulu et a une raison d’être et vraiment c’est qu’un tout petit regret, car l’écriture, l’ambiance et le mélange de style m’a plus que convaincue
J’ai adoré l’écriture sombre, enlevée, qui te balade et t’immerge dans cette forêt d’or.
Malgré la noirceur, Cécile Coulon, par le biais de deux personnages, deux femmes, mais je ne te dirai pas leur nom, amène de la lumière.
De l’innocence.
De la pureté.
Qui sait, elles arriveront peut-être à percer la lumière de cette demeure ancestrale.
Une plume fluide qui t’enrobe te fait voir chaque détail, chaque mouvement.
Que cela soit celui de la nature ou des hommes.
Les sens, les thèmes sont cachés, ils se déroberont à ceux qui ne savent pas lire entre les lignes, pour moi ils se sont révélés, et je n’ai que plus aimé encore.
Dans le soir, le cœur se fane, ses pétales, un par un, noircissent, sèchent.
Sous tes pieds, le sol se dérobe.
La maison cherche à se terrer à échapper elle aussi aux paroles.
Je pense que je l’aurais encore plus apprécié en octobre/novembre.
En tout cas, je te conseille de le découvrir à cette période.
On se retrouvera, c’est certain, ici, avec un autre récit de l’autrice, car cette incursion dans son univers est une très belle découverte.
Mention supplémentaire :
La couverture.
C’est une très belle illustration de Vincent Roché.
Je connais son travail surtout en jeunesse
Si tu regardes bien, les branches des arbres qui encadrent le manoir, elles forment en filigrane le visage d’une femme.
Je ne l’avais pas vu de prime abord, mais en la regardant attentivement elle se révèle à toi comme le récit.
J’aime beaucoup et je te conseille d’aller faire un tour sur son instagram ou sur son site http://www.viins.net
Quelques mots sur Cecile Coulon ici et ici sur le site des editions L’Iconoclaste
Sa page Instagram est ici
✩ Seule en sa demeure ⟷ Cecile Coulon ⟷ 333 pages ⟷ Éditions L’Iconoclaste, le 19 août 2021 ✩
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meslivresdepoche dit
oh mon dieu bien vu le visage de la femme sur la couverture j’ai mis du temps à le trouver ! je n’ai jamais lu Daphné du Maurier mais Rebecca me tente beaucoup et celui-ci aussi même si je me doute bien qu’il est sombre 🙂