PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
1918. Trois jours à Dublin, ravagé par la guerre et une terrible épidémie. Trois jours aux côtés de Julia Power, infirmière dans un service réservé aux femmes enceintes touchées par la maladie.
Partout, la confusion règne, et le gouvernement semble impuissant à protéger sa population. À l’aube de ses 30 ans, alors qu’à l’hôpital on manque de tout, Julia se retrouve seule pour gérer ses patientes en quarantaine. Elle ne dispose que de l’aide d’une jeune orpheline bénévole, Bridie Sweeney, et des rares mais précieux conseils du Dr Kathleen Lynn – membre du Sinn Féin recherchée par la police.
Dans une salle exiguë où les âmes comme les corps sont mis à nu, toutes les trois s’acharnent dans leur défi à la mort, tandis que leurs patientes tentent de conserver les forces nécessaires pour donner la vie. Un huis clos intense et fiévreux dont Julia sortira transformée, ébranlée dans ses certitudes et ses repères.
Le contexte :
Une tranche de vie de 3 jours centrée sur 3 femmes ainsi que sur plusieurs autres personnages secondaires, mais qui jouent pourtant un rôle clé.
Le roman se déroule pendant la pandémie de grippe espagnole de 1918. La guerre fait toujours rage.
Une grande partie de l’histoire se déroule dans la minuscule salle pour les femmes enceintes atteintes de la grippe dans un hôpital en sous-effectif à Dublin.
Les personnages:
Julia Power, 29 ans, est infirmière et sage-femme.
Elle demandera à être aidée puisque sa cheffe est absente, elle reçoit le soutien de Bridie, une bénévole de « environ 22 ans ». Une des sœurs l’a envoyée à Julia.
Enfin, il y a la troisième femme, le docteur Kathleen Lynn, membre d’un groupe rebelle recherché par la police.
Chacune de ces femmes a ses propres enjeux.
Mon avis :
Julia est spécialisée en obstétrique et en ORL.
Elle vit seule avec son frère, Tim, rentré de la guerre après 3 ans.
Un mystère entoure ce dernier.
Julia est déterminée et très consciencieuse.
De grandes responsabilités vont reposer sur ses épaules puisqu’elle devra prendre toutes les décisions pour les femmes hospitalisées dans son service.
Elle se retrouve seule à la barre.
Elle fait de son mieux avec les moyens dont elle dispose.
Une jeune femme progressiste qui ne désire pas d’enfant.
Elle a choisi l’obstétrique, mais elle ne s’est jamais imaginée au centre du mystère qu’est la maternité.
« Je dis toujours qu’une infirmière est comme un marin. Sa valeur ne se révèle que dans les tempêtes. »
Elle a pourtant l’impression de dériver avec ces inconnues sur un bateau victime d’une avarie en pleine tempête.
« Veillez à rester propre, à vous chauffer et à bien manger, mais sans consommer plus que votre part de combustible et de nourriture. Couchez-vous tôt et ouvrez grand vos fenêtres tout en prenant garde à éviter les courants d’air.
Une bonne ventilation et le respect des mesures sanitaires seront le salut de notre nation »
Ces conseils ne sont pas sans rappeler ceux qu’on lit nous aussi.
Ces injonctions paradoxales la laissent dubitative.
Elles semblent vouloir donner mauvaise conscience quoique l’on fasse.
Une pièce, antichambre des enfers pour certaines mères
Julia fait abstraction de ses soucis pour le bien-être de ses patientes.
Emma Donoghue te montre qu’un accouchement n’est pas le même, même pour une femme qui est déjà mère.
La montre de Julia est gravée au dos de cercle irrégulier, chaque lune correspond à une patiente morte, des petites marques incurvées pour les bébés décédés.
Elle pense toujours à ses patients. Une manière pour elle de les avoir tout le temps avec elle et se rappeler la fragilité de la vie, mais aussi sa force.
« Je n’ai jamais cru que notre avenir était prédéterminé dès le jour de notre naissance. S’il y a quoi que ce soit d’écrit dans les étoiles, c’est nous qui tenons la plume et qui relions les points entre eux au fur et à mesure de notre vie. »
Emma Donoghue, outre ce qui se déroule dans la petite salle de Julia, va te parler des suffragettes, de La Défense de la cause des femmes et des travailleurs, ceux qui se battent pour une Irlande autonome avec une transition pacifique. Une Irlande qui traiterait avec bienveillance les ouvriers, les mères et les enfants
Tu entendras aussi parler des foyers pour mères célibataires, des blanchisseries où sont exploitées les filles perdues, les orphelinats, les écoles industrielles, les maisons de correction, les prisons.
De l’insurrection de Pâques à Dublin durant la guerre.
Le métier d’infirmière à cette époque, la situation de l’Irlande, les gueules cassées, la situation du monde, les différences entre protestant et catholiques ; les décisions arbitraires et la cruauté des orphelinats tout comme celles des foyers pour filles mères.
La malnutrition, la pauvreté, les grossesses multiples beaucoup trop nombreuses pour le corps des femmes souvent très jeunes.
La condition des vétérans invalides qui, soit sont remerciés pour s’être engagés, ou maudits d’être rentre, insulte de tire-au-flanc ou entendre un passant crier que ce sont de la vermine de soldats qui ont rapporté la grippe ou encore d’être un pion à la solde de l’Empire.
Emma Donoghue te dresse un portrait économique, politique et surtout social de l’Irlande en cette période difficile.
La Condition féminine est le fil conducteur du récit.
Bridie est sans aucun doute le personnage qui a emporté mon cœur, et ce, dès le départ.
Dure à la tâche, même si elle est complètement ignorante de tout ce qui entoure les femmes et surtout les femmes enceintes elle sera une aide précieuse pour Julia
Bridie va être une aide providentielle même si elle n’est pas qualifiée
J’ai pris cette gamine d’emblée en sympathie.
Pleine d’énergie, elle est enthousiaste pour tout.
Tu ne peux que t’attacher à elle. Elle est douce, digne de confiance.
Sa compassion envers les mamans m’a tellement émue.
Tu vas être au cœur du service et te rendre compte du peu de moyens dont le personnel dispose.
Je te rappelle que la guerre n’est pas terminée et que l’on se bat encore partout dans le monde, la grippe vient compliquer une situation déjà bien précaire.
Délia, Mary, Ita, et Honor notamment, seront des personnages que tu n’oublieras pas.
La mort rôde aux portes du service de Julia, tu es sous tension autant qu’elle. La douleur et la souffrance se rassemblent aux portes.
La pandémie touche tout le monde, il n’y a pas de rue particulière.
Pas de nombre prédestiné.
La grippe touche tout le monde et se présente toujours sans invitation.
« Les patients d’abord, l’hôpital ensuite, soi-même en dernier »
La guerre menée dans les hôpitaux est une guerre d’usure, une bataille sans merci livrée pour chaque corps.
Emma Donoghue rappelle que les femmes paient l’impôt du sang depuis la nuit des temps, chaque nation a un jour pris sa première inspiration grâce à une mère et une sage femme.
Elle te parle de la force des femmes. Mentales et physique. Des filles qui ont replacé les hommes partis à la guerre dans les usines, aux champs, partout.
L’atmosphère si électrique de la salle que l’air semble grésiller.
C’est un huis clos, en peu de jours, mais crois-moi, tu t’accroches aux pages, tellement le suspens est présent tout le temps.
C’est une lecture hyper prenante et inclusive.
J’ai tellement adoré cette lecture.
Les personnages sont si habilement peints que tu es avec eux dans cette toute petite pièce.
J’étais Julia, Bridie, Docteur Lynn, Honor, Mary, Groyle ou Tim.
J’ai été prise dans ce huis clos au suspens insoutenable, la vie de ces femmes et de leurs bébés ne tient qu’a un fil.
3 jours passés dans ce service, 3 jours intenses et bouleversants.
J’ai été émue durant ma lecture, mais la fin m’a déchiré le cœur.
C’était aussi beau que tragique.
J’ai adoré la note d’espoir.
Julia, cette jeune femme qui va se révéler.
Elle va tellement s’écarter de son ancienne vie au cours de ces 3 jours. Un papillon qui éclôt.
Je ne m’attendais pas du tout à certaines tournures de l’intrigue ni aux révélations qui ne manquent pas.
Bridie reste ma préférée. Ma protégée.
Je ne te raconte rien de sa vie ni de celle de Julia, car elles sont à découvrir par toi-même, la magie de cette rencontre n’en sera que plus belle.
D’habitude, je déteste les longs chapitres, ou comme ici, pas de chapitres, mais 4 parties de 100 pages.
Avec le pavillon des combattantes, j’étais accrochée aux pages, aux gestes de Julia.
Prise au piège de ce roman.
Je voulais savoir ce qui allait advenir de Julia et des futures mamans.
Le sujet de la grippe espagnole n’est pas sans rappeler ce que nous vivons actuellement, mais je n’ai pas ressenti trop de similitudes, oui des gestes et des conseils te rappelleront certaines des mesures que l’on doit suivre, mais je ne l’ai absolument pas trouvé anxiogène.
Emma Donoghue aborde un thème pas évident du tout.
Même si son manuscrit date de 2018 il est sorti en mars 2020, en pleine pandémie.
Elle l’a écrit à l’occasion du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale.
Le pavillon des combattantes est une fiction portée par des faits.
Presque tous les détails de Bridie, mon personnage préféré, sont tirés de témoignages du rapport Ryan publié en 2009 sur les institutions irlandaises accueillant des enfants.
Julia est un personnage inventé, pas le docteur Lynn.
Kathleen Lynn (1874-1955) était en 1918 vice-présidente de l’exécutif du Sinn Féin.
Elle était aussi sa directrice de santé publique.
Elle a créé un dispensaire pour lutter contre la grippe, plus tard un hôpital pour enfant
Elle a obtenu en 1923 un siège au nouveau Parlement irlandais.
Elle a mené campagne pour améliorer l’alimentation, le logement et les conditions sanitaires de ses concitoyens.
Emma Donoghue a commencé à écrire ce livre en 2018 à l’occasion du centenaire de la grande grippe.
Elle a remis la dernière version à son éditeur en mars 2020, juste avant que l’épidémie devienne une pandémie.
Enfin, je conclurais en disant que c’est un vibrant hommage aux infirmières, aux infirmières, aux mères, aux femmes, aux sages-femmes avec les méthodes de l’époque, mais avec le même désir de sauver des vies.
La portée de ce roman va bien au-delà de la pandémie et des accouchements. Tu n’imagines pas.
L’autrice te brosse au plus juste, en se basant sur des faits réels, des documents ; un portrait social, politique, féministe et médical de l’Irlande, mais pour certains aspects cela pourrait être n’importe où dans le monde.
Un ardent hommage aux personnels soignants, ces héros, héroïnes ici, de l’invisible.
Ce roman plaira c’est certain, mais je le déconseille aux personnes anxieuses via a vis de la pandémie, aux femmes enceintes inquiètes.
En bref :
En pleine pandémie de grippe espagnole, l’ancien monde est en train de s’effondrer.
À la maternité, des femmes luttent pour qu’un autre voie le jour.
La vie avec les naissances des bébés côtoie la mort.
Emma Donoghue te ramène en 1918, durant l’épidémie de grippe espagnole, dans un hôpital de Dublin.
Tu ne peux faire autrement qu’établir un parallèle avec notre époque.
J’ai été happée très rapidement et captivée durant toute la durée de ma lecture.
Bien que le roman soit axé sur les personnages et ils sont peu nombreux, presque totalement confinés dans un petit espace, il y a une énorme quantité de tension et de suspense dans cette petite pièce qui m’a enchaîné aux pages.
Emma Donoghue écrit en puisant dans l’encre de la souffrance, du remords, de l’impuissance souvent de désespoir. Paradoxalement il y a beaucoup de lumière dans ce service. Ce n’est jamais trop sombre.
Le pavillon des combattantes parle de la réalité de l’époque.
L’accouchement est explicite et détaillé.
Tu sens l’angoisse, la peur monter.
Oui, ce roman va droit au but alors que nous luttons encore contre la pandémie.
La douleur et le malheur ne quitteront jamais ce monde.
Mais c’est une révélation sur la façon dont les personnes qui l’ont vécu au début du XX siècle ont tout donné avec des connaissances et des matériels vétustes voir complètement absent.
Le pavillon des combattantes est une lecture exceptionnelle.
Brutale, mais pas sans l’essentielle de la compassion et du dévouement.
Le roman te rappellera que l’humanité se relèvera, maintes et maintes fois, pour un autre jour, car elle l’a déjà fait.
C’est incroyablement frappant ce parallèle avec ce que nous vivons, même s’il y a siècle d’écart.
C’est incroyablement vertigineux, mais je te le rappelle jamais anxiogène.
Dans ce roman j’ai appris que :
- Le nom des montagnes bleues vient des eucalyptus dont l’écorce se détache tous les ans, quand il fait chaud ils émettent une brume parfumée sortent de brouillard bleu
Si tu veux voir, clique ici
J’ai appris la traduction à Halloween du « Barmbrack »
- Le barmbrack (en irlandais : bairín breac), souvent abrégé brack, est un pain auquel on ajoute des raisins secs. Ce pain est associé à Halloween en Irlande, où un objet (souvent une bague) est placé à l’intérieur du pain, la personne qui le reçoit étant considérée comme chanceuse.
À lire si tu as aimé :
- – Mademoiselle papillon
— La pavillon des orphelines
— Milles petits riens de Jodi Picoukt
— Deux femmes dans la tourmente
— Les infirmières du Nightingale
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— Quand soufflera le vent de l’aube
— La où tombent les anges
Sur la 1re guerre mondiale :
- – au revoir là-haut de pierre Lemaitre
– Le chagrin des vivants de Anna hope
– Glaise Franck Bouysse
Ce roman m’a donné envie de faire un jeudi en thème sur le métier d’infirmière, sur la Première Guerre et d’autres thèmes dont je ne peux pas parler sans te spolier.
✩ Le pavillon des combattantes ⟷ Emma Donoghue ⟷ 336 pages ⟷ Éditions Presses de la cité, le 19 août 2021 ✩
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