PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Marseille, aujourd hui; une mère est confrontée au drame que chaque parent redoute. Sa fille, à peine adolescente, a été enlevée sur le chemin de retour du collège et violée. Son couple n y a pas survécu. Son mari a pris la fuite. Mère et filles vivent ensemble. Lorsque le suspect de l agression est libéré sur vice de procédure, la mère renonce à la justice des hommes. Elle décide de se venger, simplement et brutalement. La chirurgienne sans histoire va donc assassiner un homme. Cet homme, celui qu elle considère comme un monstre, c est aussi un fils, un frère. En l occurrence, il est issu d une famille de gitans sédentarisés défavorablement connus des services de police comme on dit pudiquement. Une famille, elle aussi, avec son histoire et ses drames, une famille à laquelle on ne s attaque pas impunément. Voilà la mère criminelle, et un crime ne peut rester impuni. Les frères de la victime vont poursuivre mère et fille, parties dans une fuite qui commence à Marseille pour se poursuivre sur les routes de Corse. Là les deux femmes vont croiser d autres êtres humains au lourd passé. Tandis que sur leur piste, une fratrie sème la violence, une mère et une fille vont se découvrir. Mais qui sont les proies, qui sont les victimes ? Qui sont les forts et qui sont les faibles ? L humain se loge parfois dans des endroits obscurs.
Enterrer
Une nuit comme la dernière, sinon la première.
Une existence agrippée à un manche de pioche.
Nuit hors du monde conscient, mais réalité de la peau à vif entre le pouce et l’index.
Juillet, 2 h du matin. 26 degrés.
Quelque part à proximité de Marseille.
Inspirer. Piocher. Expirer.
Une détermination qui ne tolère pas le dégoût.
Une mère et sa fille de 12 ans.
Échouer
En Corse.
Des stigmates sur les mains.
Sa fille ravagée, mordue, rompue, tuméfiée comme son cœur de mère.
Ne rien donner. Tout garder, caresser sa douleur, la faire luire et reluire, l’observer et s’observer au reflet.
Une course contre la peur. Une course contre la mort.
Une berline avec 2 hommes à bord qui s’arrêtent au même hôtel reculé qu’elles, ce n’est pas une coïncidence.
Fuite en avant. Fuite désespérée.
Roman choral ; chaque intervenant nous livre sa version des faits.
Froide. Calculée. Meurtrie. Abattu. En colère.
La mère, la petite, le père. Ari et Ivo.
Chacun son instinct.
Primal. Brutal. Maternel, familial ou docile.
2 familles en colère.
Celle brisée de la petite louve.
Un foyer éclaté, des parents séparés.
Celle soudée qui a décidé de se venger.
Des points de rupture.
Les souvenirs impossibles à oublier ni à enterrer.
« Même les mers ont des rivages
Même les prisons ont des murs,
Seule notre peine n’a pas de fin. »
Ari et Ivo, gitans sédentarisé des cités de Marseille.
« La douleur d’une mère, peu importe laquelle c’est, imprévisible »
L’instinct bestial, animal.
Sa survie ou la survie des siens impose des actions.
Inspirer — expirer
Une traque.
Ari et Ivo des tigres prêt à ferrer leurs proies.
Petite louve.
Retour au calme.
Être à la terre, absorber le ciel, trouées dans l’olivine, olives esseulées, brise légère et feuillage liquéfié par le soleil.
Kaléidoscope naturel.
Chaleur minérale diffusée dans le squelette.
Se laisser aller à une danse archaïque autour d’un brasier de vie alimenté par les femmes se cambrant, pilons en mains et enfants dans les jambes.
La fertilité sereine, la maternité douce, le retour à l’origine, la terre et du ciel.
Un roman noir, âpre et rugueux comme ces montagnes corses que tu vas arpenter.
Un roman violent aucun des protagonistes n’est prêt à se laisser abattre, même blessé, tout comme la nature qui prend le pas sur l’homme.
La haute montagne qui rend la région instable tout comme les caractères des frères.
Des filles. Des mères. Des sœurs.
Outre les thèmes abordés, l’auteure met l’accès sur la beauté de la nature qui tranche avec la laideur de ses personnages.
Elle te rappelle de vivre avec la nature et non contre, ne pas lui faire injure
Expiration — inspiration – sidération
Est-ce que la vengeance est curative ? Est-ce que la vengeance atténue le traumatisme ou redéchire les plaies à peine soudées ?
Des mots jamais échangés.
Des phrases jamais prononcées comme si une fois entendues elles scelleraient leur sort.
Repousser la vérité le plus loin possible.
Y faire face, mais pas totalement.
Chacun des personnages, comme toi lecteur, portent un regard sur le même paysage, mais ce qu’ils y voient diffère.
Chacun se regarde, mais pourtant aucun ne se connaît entièrement.
Ils ne voient pas ou ne veulent pas voir les failles et les aspérités.
Tu ne trouveras rien de doux dans ce livre qui suinte la douleur.
Un vrai roman noir aux sujets lourds.
Des passages sont difficiles à digérer.
Le maquis et les aiguilles de Popolasca sont les témoins des scènes terribles qui se jouent sur ces terres corses.
Des âmes noires. Des êtres qui oublient trop souvent de respirer.
Un livre sombre et animal.
Une fin peut-être un peu rapide et en même temps non, elle reste dans le tempo du roman.
Je ne le fais pas exprès, j’ai enchainé les romans où il est question de justice. Marie Van Moere dans ce roman aborde un sujet délicat, d’un bout à l’autre, où l’on touche à l’enfance, à l’innocence.
L’auteure ne s’arrête pas là, elle nous propose de réfléchir sur un sujet important, la justice, celle de la société et celle des hommes, la vengeance est-elle une fin en soi ? Permet-elle d’effacer la souffrance ? Offre-t-elle une rédemption ? De se sentir allégé de ce poids terrible ? Ou au contraire le fardeau n’en sera que plus lourd ?
J’ai été ébranlée par le thème, comment rester indifférent ?
Petite louve, comme je t’ai admiré. Complètement meurtrie, tu n’as pas encore terminé de lécher toutes tes plaies, les invisibles et celles que seule toi tu connais. Tu m’as émue, fortement émue.
Une course poursuite où les proies deviennent chasseurs et inversement.
Tu lis ce récit en te demandant ce qui va arriver au prochain tournant dans cette montagne aride, malgré la violence et la brutalité des chapitres rien ne te permet de te préparer au final. Magistral.
✩ Petite louve ⟷ Marie Van Moere ⟷ 272 pages ⟷ Éditions La Manufacture de Livres, le 4 mars 2021 ✩
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