PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
« Mon père, on va bientôt vous demander de bénir le corps d’une femme à l’asile. ¿ Et alors, qu’y a-t-il d’extraordinaire à cela ? demandai-je.¿ Sous sa robe, c’est là que je les ai cachés.¿ De quoi parlez-vous ? ¿ Les cahiers… Ceux de Rose. » Ainsi sortent de l’ombre les cahiers de Rose, ceux dans lesquels elle a raconté son histoire, cherchant à briser le secret dont on voulait couvrir son destin. Franck Bouysse, lauréat de plus de dix prix littéraires, nous offre avec Né d’aucune femme la plus vibrante de ses oeuvres. Ce roman sensible et poignant confirme son immense talent à conter les failles et les grandeurs de l’âme humaine.
Un an, à peu de chose près, que ce livre m’attendait dans ma bibliothèque, je l’ai acheté le 31 janvier 2019 et je l’ai lu en septembre 2019. Quasiment un an, j’ai attendu parce que je sentais que je devais attendre LE moment où ce livre m’appellerait.
J’ai entendu Rose. J’ai lu Rose. J’ai écrié comme toi… Rose, héroïne que je n’oublierai jamais
Ce fut une lecture intense, forte, remuante, bouleversante, bien plus qu’émouvante ; ce roman m’a déchiré le cœur et l’âme.
À toi, Gabriel, homme au service de l’église, tu es surtout l’homme qui va nous faire découvrir l’histoire de Rose. Deux cahiers remplis de mots… de maux.
Tu vas t’efforcer à les lire et même à les recopier pour que jamais on ne puisse oublier, pourquoi recopier je ne le dirai pas. J’ai entendu ta confession.
Onesime, toi, le père. Toi qui as perdu tout espoir de nourrir ta famille. 4 filles, 1 femme, 1 ferme, pas de terre, pas de bien, pas d’argent. Tu te résous à prendre une décision qui va déchirer bien des cœurs. Des cœurs des personnages de ce livre, des cœurs de lecteurs.
Je t’ai lu. Je ne t’ai pas compris. Je t’ai haï. J’ai espéré. J’ai compris peut-être mieux. J’ai pleuré pour toi qui garde ta pudeur et j’ai hurlé les mots que tu n’oses prononcer.
« Pardon. Je t’aime. Ma fille. »
Edmond, oh Edmond, Bon Dieu comme tu le répètes si souvent. Tu as essayé, je le sais. Lâche, tu ne l’es pas, même si on avait facile à te dire, que oui tu l’as été.
Ton histoire est profonde. Douloureuse.
Je t’ai pardonné, je vois tes épaules se secouer, je t’imagine tenant la longe de Artemis puis plus tard de Janus.
Artemis : jument, déesse de la nature sauvage, de la chasse, des accouchements. Quand j’ai lu le nom qui t’avait été donné, je n’y ai pas réfléchi plus que cela à ta mythologie ; maintenant, je te vois sortir en galopant vers la pleine lune, cet astre auquel on t’associe si souvent. Tu veilles sur les songes de Rose. Grâce à toi, elle peut s’échapper au moins par l’esprit si ce n’est pas le corps.
Elle n’en souffrira pas moins, mais tu l’aideras à ne pas sombrer. À ne jamais faire pitié.
Janus : étalon, Dieu du commencement et de la fin, du choix, des passages et des portes. Seuls ceux qui auront lu le roman comprendront.
Rose. Chanteuse. Fleur, ici prénom.
« Une rose des jardins se caractérise avant tout par la multiplication de ses pétales imbriqués qui lui donne sa forme caractéristique.
Appréciée pour sa beauté et sa senteur, célébrées depuis l’Antiquité par de nombreux poètes et écrivains ainsi que des peintres pour ses couleurs qui vont du blanc pur au pourpre foncé en passant par le jaune et toutes les nuances intermédiaires, et pour son parfum, elle est devenue la “reine des fleurs”.
Toi, notre Rose, Franck Bouysse, il t’as créée avec toutes ces nuances. Je t’ai découverte pour ne plus jamais te lâcher la main. Ce ne sont pas tes épines qui m’ont blessé, mais Cerbère à deux têtes, cette monstruosité. Ce double maléfique. Ils ont voulu te posséder, ils n’ont jamais réussi à te briser.
Comment as-tu pu tenir ? Tu es solaire, bien plus que belle, jamais ils n’ont pu ternir ta lumière. Les mots t’ont aidé à passer outre les maux.
Du mal ils t’en ont fait. Comment nommer pareille cruauté ?
Toi, jeune Rose, toi, Rose femme, toi, Rose sortie tout droit de l’imagination de Franck Bouysse ; être de papier j’ai cheminé à tes côtés. Je te l’avoue, moi à des moments j’ai voulu fuir, lâcher. Arrêter mais j’ai continué à te lire, à t’écouter. Dans mes bras, j’aurais voulu te serrer. De mes yeux, les larmes ont jailli pour toi.
J’ai écrié comme tu le dis si bien je me tais maintenant pour te donner la voix qu’on a voulu te forcer à taire.
« Je sens bien que j’ai fini de vider mon sac de mots, qu’il m’en a manqué pour vraiment dire les choses comme je les ressentais au moment où je te les ressentais, que des fois ceux que j’utilise ne collent pas exactement, que j’aurais besoin d’en connaître d’autres, plus savants, des mots avec plus de choses dedans. Les mots, j’ai appris à les aimer tous, les simples et les compliqués que je lisais dans le journal du maître, ceux que je comprends pas toujours et que j’aime quand même, juste parce qu’ils sonnent bien. La musique qui en sort souvent est capable de m’emmener ailleurs, de me faire voyager en faisant taire ce qu’ils ont dans le ventre, pour faire place à quelque chose de supérieur qui est du rêve. Je les appelle les mots magiciens : utopie, radieux, jovial, maladrerie, miscellanées, mitre, méridien, pyracantha, mausolée, billevesée, iota, ire (…) et tellement d’autres que j’ai retenus sans effort, pourtant sans connaître leur sens. Ils me semblent plus légers à porter que ceux qui disent. Ils sont de la nourriture pour ce qui s’envolera de mon corps quand je serai morte, ma musique à moi. C’est peut-être ce qu’on appelle une âme. Ces mots, je voudrais les emmener jusqu’au bout, gravé dans les feuilles de mon cahier, bien mieux que des initiales sur un rocher. J’ai la mémoire de ces mots qui fabriquent un monde rien qu’à moi, et qui d’habitude suffisent à me transporter loin d’ici, loin de mes souvenirs aux Landes, loin de mon petit perdu. D’habitude.”
Mon cher lecteur je vais m’arrêter là pour ce qui est des personnages et ne rien te révéler sur l’intrigue.
Tu as forcément dû entendre parler de ce livre.
Ce recueil de mots si beau, si puissant, si vibrant si sombre, si dur, mais si beau aussi.
Franck Bouysse est un virtuose. Tu vas ouvrir ces pages, lire 1 chapitre puis 2 et tu vas plonger au cœur du malheur. Tu ne vas pas comprendre de suite ce qui va se dérouler sous tes yeux. Tu vas sentir cette présence nauséabonde, ce malheur qui va s’abattre sur notre jeune héroïne. À un tiers du roman, tu te diras que non, tu ne peux pas en lire plus. Ça fait trop mal. Tu continueras pour Rose.
Ce livre est inoubliable même inclassable pour moi. Pas totalement roman noir, pas non plus drame.
L’auteur m’a envoûtée, il m’a fait tomber, je me suis blessée, mais je me suis relevée grâce à la beauté de sa plume. Grâce à ces envolées lyriques, d’autres métaphoriques, que j’ai parfois comprises après et qui encore aujourd’hui me font réfléchir.
J’ai refermé mon livre, et tout a pris son sens.
Sens caché, double sens. Lire et relire et voir enfin la lumière jaillir.
J’y étais dans ce château prison.
J’ai été Rose, Génie, Gabriel. J’ai été la forêt et la mousse. La paille et le foin. La pierre et l’eau.
Mon cœur pris en étau.
L’écriture se veut acérée, brute, mais toujours poétique. L’auteur magnifie les mots et les rend encore plus beaux avec sa syntaxe tellement juste.
Je fus la mère de Rose.
Je fus cette lectrice qui tient ce destin entre ses mains.
Je suis la mère. Je suis une mère.
Aucun mot de ma part ne sera assez puissant pour te dire à quel point il te faut lire ce livre.
Le lire quand il t’appellera comme moi, mais le lire (et puis les autres romans de l’auteur aussi, si tu aimes le rural noir, je te parle cette année de tous ces livres qui n’ont pas encore été mis en lumière ici sur le blog)
✩ Né d’aucune femme ⟷ Franck Bouysse ⟷ 334 pages ⟷ La manufacture de livres, le 10 janvier 2019 ✩
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Nanette dit
Waw, quelle chronique… Quelle sincérité, émotion, souffrance, passion… Tu m’as assurément donné envie de découvrir ton coup de cœur de l’année 2019 !
Maryse zani poulain dit
Quelle belle plume et quelle sensibilité pour dire « ecrier » ce que Rose a mis en toi de parfums et d’épines…
Merci de ce partage beau , qui ,déjà , me bouleverse…
Ma fragilité du moment m’invite à le lire …
Merci vraiment 😊
https://evasionpolaretplus.wordpress.com dit
Un gros coup de coeur pour ce livre noir, la plume de l’auteur magnifiquement poétique un virtuose des mots, le noir est beau