PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Depuis son plus jeune âge, Franny Stone est incapable de se fixer.
En suivant les marées et les oiseaux qui planent au-dessus d’elle, elle tente de surmonter les pertes qui ont hanté sa vie.
Mais lorsque la nature sauvage qu’elle aime tant menace de disparaître, Franny ne peut plus errer sans destination. Elle arrive au Groenland avec un objectif : trouver la dernière volée de Sternes arctiques et la suivre dans sa migration.
Elle convainc le capitaine Ennis Malone de la prendre à bord du Saghani, gagnant la confiance de son équipage excentrique en lui promettant que les oiseaux qu’elle suit les mèneront à des poissons, devenus trop rares.
Mais cette femme au bord de l’effondrement, consumée par un monde aussi brisé qu’elle, n’est pas celle qu’elle prétend être.
Propulsé par une narratrice aussi féroce et fragile que les Sternes qu’elle suit, Migrations est à la fois une ode à notre monde menacé et un page-turner à couper le souffle qui raconte les chagrins et la culpabilité des hommes.
Charlotte McConaghy nous offre à la fois une dystopie écologique et un conte adulte.
Dans Migrations, il n’y a plus d’oiseaux. Tous ont arrêté de chanter, les poissons se font très rares. Plus d’animaux sauvages, le parc des Yellowstone est l’une des dernières forêts de pin qui existe pourtant, tu n’entends plus aucun son. Pas de loup, plus d’ours, aucun cerf, toutes formes de vie ont été décimés.
Un temps inconnu, mais qui pourrait bien être proche de notre époque.
Un seul groupe d’oiseaux reste encore, ils vont effectuer leur dernière migration. Les sternes.
Franny veut les suivre à travers leur périple et peut-être les sauver.
80 % des espèces sauvages sont éteintes, les autres connaîtront la même destinée dans une décennie, il existe des refuges où on tente de préserver les espèces… utiles. Ceux qui pollinisent, ceux qui sont importants pour l’homme. Il reste le bétail évidemment, car il faut bien manger et puis les animaux de compagnie parce qu’ils nous permettent d’oublier que tous leurs congénères se meurent.
Sa nationalité fluctue comme les marées. Marée haute, australienne ; basses, irlandaise.
« Guette les indices. Les indices de quoi ? De la vie, ils sont partout ».
Ennis, loup de mer, chef de meute. La meute c’est son équipage. Tous dépendent de lui. S’il se trompe, si l’itinéraire n’est pas le bon pour ramener le poisson pas d’argent au retour.
Léa, Malachai, Dae, Samuel, Basil et Anik.
Chacun a leur histoire, leur raison pour travailler à bord de ce bateau, à ce moment-là. Un groupe homogène avec tous, le même point commun, le désir d’être en mer pour chercher ce qui leur manquait sur terre.
Ces exilés de la terre ferme adorent l’océan, leur navire. Chacun à leur façon vit le deuil de cette vie condamnée à disparaître. Un métier qui n’existera plus quand le dernier poisson aura été pêché.
Franny, 12 ans plus tôt, collectionne les sourires, car ils sont rares et un geste agréable à observer.
Elle refuse d’abandonner son but. Pas après tout ce qu’elle a vécu et survécu ! Son cœur sauvage en abrite un autre plus calme. Dans ce cœur plus calme, il y a la voix de son mari Niall.
Elle veut aller le plus au Sud pour suivre la migration naturelle la plus longue sur terre.
Pour cela, Franny, tu as besoin du bateau d’Ennis.
Ton âme a beau être vagabonde, tu es déterminée.
Ta place c’est là où mènent les murs aux reflets argent là où sont le sel et la mer et les bourrasques.
Les oiseaux, pour elle, incarnent la solitude absolue ou son contraire. Ils représentent au cœur de l’hiver, quand la nature est endormie, la manifestation physique de quelque chose de profond. Ils sont le temps, le monde, ils sont les distances. Les latitudes et les longitudes des distances qu’ils parcourent des endroits où Fran ne pourra jamais les suivre.
Pourquoi cette obsession ? Pourquoi ce besoin viscéral de se frotter au danger ? Fran est une énigme.
Elle a été enfermée 4 ans en prison, mais pourquoi ? Est-ce cela qu’elle fuit ou est-elle en quête d’elle-même ?
Arrivée à destination se transformera-t-elle en oiseau comme la légende qu’un garçon lui a raconté, un jour, longtemps auparavant ?
Retrouvera-t-elle sa mère qu’elle n’a eu de cesse de chercher ?
Les réponses se trouvent à bord du bateau et 12 ans plus tôt
Charlotte McConaghy choisit l’alternance de temps et de lieux pour que l’on comprenne toute la complexité de son héroïne.
Une héroïne en perpétuelle migration, constamment en mouvement. Une femme dotée de nombreuses facettes notamment une part sauvage, elle la dompte parfois, parfois cette part quasiment animale prend le dessus.
Dans ce livre, il y a du blanc neige, du bleu indigo, du noir corbeau, les becs vermeils des sternes.
Il y a les merveilles et les périls de la vie et comme parfois ils se confondent.
Il y a aussi une boîte de Pandore, un passé qu’on essaie de fuir, un futur impossible
Dans ce roman, il y a le regard des animaux plein de sagesse ancestrale
Des battements de cœur qui ressemble à des battements d’ailes de papillons pris dans la lumière des phares.
Je me souviens d’un jour où, grâce aux oiseaux, je suis revenue à la vie. Plus forte que jamais
Le doux devient amer et même le ciel aux airs d’infini te paraît parfois amer
Il te faut un horizon pour toi supporter les murs. Les murs intérieurs aussi. Ceux-ci sont très épais. Tu as entouré ton cœur d’une muraille infranchissable.
Le temps de ma lecture, je me suis sentie oiseau. Un oiseau survolant l’immensité de l’océan, me posant à terre pour écouter Fran me narrer son histoire bien plus complexe, sombre et triste que je ne le pensais. Très belle aussi.
Un conte pour adulte addictif avec ses moments angoissants, ses rebondissements, les révélations, surtout dans la seconde partie, qui te donnent envie de tourner et tourner encore les pages.
Poissons décimés, océans vidés, vous avez pris et encore pris maintenant il ne reste plus rien.
Une héroïne tourmentée, inconstante, cassée, impulsive et pourtant, tellement attachante. Quand tu auras assemblé les pièces qui composent le fil de sa vie, quand tu auras assemblé les rouages de son horloge biologique avec ce qu’il s’est passé auparavant, bien avant, puis 12 ans plus tôt puis 4 ans plus tôt ; tu comprendras toute la complexité de Franny et toutes les tempêtes qui ont décimé sa vie.
Libérée de ses chaînes là enfin elle restera tranquille.
Un conte magnifique, il faut le savourer pour comprendre le sens de cette fable. Les illusions allusions, le langage parfois imagé, et puis surtout prend le temps d’observer cette immensité de bleu et de blanc. La banquise, les icebergs qui se détachent. Je les ai entendus couler dans la mer là où aucun homme n’a encore pénétré. Un sanctuaire préservé.
Laisse-toi guider par la plume de Charlotte McConaghy et ressens. Tout. Intensément.
« Le sens de la vie : notre vie a un sens très simple : il réside dans notre capacité à prendre soin des choses et des êtres et à rendre la vie plus douce à ceux qui nous entourent. »
Contrairement à la plupart des autres dystopies environnementales, celle-ci n’est ni dans l’urgence ni trop moraliste. En fait, c’est un roman tranquille. Une histoire subtile et triste d’une femme et de son chagrin.
Et c’est une histoire d’amour aussi. Pour une personne et pour une planète.
Je ne peux pas vous dire à quel point j’ai aimé ce livre.
Le début peut sembler lent, mais il est nécessaire, crois-moi, une fois que tu as passé les 150 premières pages, tu voudras savoir. Il y a quelque chose dans le personnage de Franny. Quelque chose d’indéfinissable, de brut, solitaire et confus, qui te donnent envie de savoir d’où elle vient et où elle finira. Même son âge, au départ, est impossible à deviner.
L’atmosphère créée par l’écriture de Charlotte McConaghy m’a laissé un frisson qui n’a toujours pas disparu. Elle parvient à rendre cette histoire froide, le plus simple des événements et des actions comme une brise glacée sur la nuque. Froide et pourtant tellement bleue, tellement belle.
Bien que, plutôt prévisible, je dirais que cela semble inévitable. Comme si nous anticipions quelque chose, en sachant que cela ne pouvait pas être bon. J’ai vu le point culminant du roman venir, mais cela n’a rien changé à l’impact qu’il a eu pour moi.
✩ Migrations ⟷ Charlotte McConaghy ⟷ 350 pages ⟷ Éditions JC Lattès, le 3 février 2021 ✩
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