Mauvais genre de Isabelle Villain

Je vais lire sous peu le nouveau roman de Isabelle Villain, je voulais donc commencer par celui-ci paru en 2018 chez Taurnada. (Édit depuis j’ai lu « Blessures invisibles », que j’ai adoré, vous aurez mon avis la semaine prochaine)

Après deux pages qui m’ont mis les frissons, des pages qui m’ont donné envie de hurler, une scène vraiment glaçante, violente, qui te mettra, toi aussi, en colère on passe à l’enquête principale.
2 pages qui posent le récit.
Une scène se déroulant 23 ans plus tôt.
Isabelle Villain te prévient sans l’écrire : ce sera noir, précis sans langue de bois et cela l’a été.

Angélique est retrouvée poignardée chez elle.
Une scène, on va dire, habituelle, pour nous amateur de polar, mais là où l’auteure m’a surprise, c’est dans le déroulé de son intrigue principale.

Le meurtre de la jeune femme est une nouvelle enquête pour l’équipe du commandant Rebecca de Lost
Rebecca est un personnage récurrent de l’auteure, j’ai, depuis ma lecture, très envie de lire ses précédents romans : « âmes battues » et « peine capitale »
oui, je les ai déjà repérés et mis sur ma liste d’envie… preuve que j’ai beaucoup apprécié ma lecture. (reédit depuis, je les ai achetés 🙃)

Chapitre 7, on lit les souvenirs d’un inconnu.
On ne sait rien de lui.
Ce n’est pas le même thème que le prologue, mais c’est aussi effroyable.
Vraiment.
Après une partie de Risk en vacances, la vie de cette personne ne sera plus jamais la même.
J’ai d’abord souffert en le lisant puis, ces mots :

« Vengeance, tout simplement. Termine les humiliations, les regards faussement attendris, les excuses. Une nouvelle vie. Enfin. »

m’ont fait changer d’avis.

C’est délivré de manière tellement froide.
C’est tellement chargé de haine que ce personnage m’a fait peur.
J’allais le retrouver à un moment du livre, mais quand ?
Qui est-il ?
Est-il lié à l’enquête du commandant de Lost ?
À ce qu’il s’est passé en début de livre ?
Impossible de pouvoir l’affirmer.
On continue donc à tourner les pages.

L’écriture au présent te plonge au cœur du récit.
Un récit qui se veut condensé.
247 pages, de nombreux personnages, des pistes qui le sont tout autant et des pistes qui se soulèvent.
Les protagonistes, autant les suspects que l’équipe de de Lost, vont à un moment ou un autre te faire douter de leur innocence ou de leur culpabilité.
Rien n’est jamais très clair, pour mon plus grand bonheur.
J’aime quand un auteur me met comme ça sur de fausses pistes, me fait douter et ne me livre pas tout sur un plateau d’argent.

Le suspens, pourtant déjà bien présent, s’épaissit encore davantage quand Rebecca est espionnée par quelqu’un.
Qui, on ne le sait pas, elle même elle n’est pas au courant.
On sent une rage énorme.
Quelque chose de tapi et de dangereux.
Rajoute à cela des lettres et des appels envoyés au commandant ; une ancienne affaire de meurtres, un tueur en série qui refait surface.
Un copycat ou une erreur judiciaire ?

On a tout pour une lecture diabolique qui te maintient en haleine jusqu’au bout et même après.
J’ai vraiment été bien inspirée de lire ce livre avant « Blessures invisibles »
D’ailleurs, je te conseille, toi aussi, de lire ce roman avant pour appréhender la, personnalité des protagonistes. De plus, « Mauvais genre » se finit par une enquête non élucidée, cela m’étonnerait que Rebecca de Lost laisse une affaire irrésolue. (Édit : J’avais raison, on continue dans « Blessures invisibles » cette enquête)

Les phrases courtes et les nombreuses surprises donnent un rythme tendu du début à la fin.
On est dans l’urgence.
Du côté des personnages, la brigade du 36 a retenu mon attention.
Qu’il s’agisse de la mystérieuse Melina, de Olivier ou de Franck, de Cyril Bonaventure, bras droit de Rebecca et capitaine ou encore Richard, il me tarde de tous les retrouver.
J’espère que leur psychologie, déjà bien amorcée ici, continuera dans le prochain roman.
Ils sont tous intéressants, mais j’ai eu un faible pour Mélina, Antoine et Cyril.

J’ai vraiment hâte de lire « Blessures invisibles » qui sera le 8 janvier en librairie chez Taurnada.

En bref :

Des scènes sordides, mais toujours plausibles.
Des fantômes du passé, de la rancune, de la haine, une histoire d’amour, un petit ami qui a l’air soulagé du décès, un homme récemment sorti de prison, des personnages qui ont l’air de cacher quelque chose.
Les suspects sont nombreux tout comme les mobiles, mais leurs alibis tiennent la route.
Des personnages très bien construits qu’on a envie de connaître davantage tout cela donnent un thriller efficace.
Le ton est donné dès le départ, le tempo maintenu et même en accélération avec les multiples rebondissements.
Sans être révolutionnaire dans les thématiques, Isabelle Villain offre à ses lecteurs un thriller avec au moins 3 affaires distinctes qu’elle traite avec maestria.
Rien n’est de trop, ni pas assez.
C’est juste et intelligemment amené pour nous donner qu’une envie lire la suite des aventures de Rebecca de Lost.

J’ai envie d’en dire tellement plus et en même temps non, plongez dans ce roman sans rien savoir.
Tu auras toi aussi le palpitant et l’envie de connaître le dénouement.
Une auteure dont il faut retenir le nom !!

Mentions supplémentaires

Dans ce roman, on aborde un sujet qu’on ne retrouve pas souvent dans le polar.
Isabelle Villain l’explique de façon claire et concise, un sujet qui est malheureusement encore très tabou et qui rencontre encore beaucoup trop de préjugés.

✩ Mauvais genre  ⟷ Isabelle Villain ⟷ 247 pages ⟷ éditions Taurnada, le 15 novembre 2018 ✩