Lucrece Borgia, princesse du Vatican de C.W. Gortner : Avis lecture

Incipit :

« Si les hommes connaissaient les raisons de ma peur, ils seraient en mesure de comprendre ma douleur. » Lucrèce Borgia

« L’infamie n’a rien d’un accident. Elle empoisonne notre sang. Elle est le prix à payer pour être une Borgia. »

1506
C.W Gortner suit une des théories échafaudées sur les Borgia et en particulier Lucrèce.
La « farfalle » du Pape Alexandre VI.
Seuls les Borgia savent ce qu’il s’est réellement passé.

L’auteur s’appuie sur de nombreux documents très souvent disparates.
J’ai aimé la voie qu’il a choisi d’explorer, car oui il parle de Lucrèce Borgia de ses 13 ans à 20 ans surtout, mais elle t’offre à découvrir l’Italie de la Renaissance.
Ses édifices, ses peintres, ses auteurs, la politique.

Ce n’est pas une période que je connais bien, C.W. Gortner m’a donné envie de lire davantage de récits sur cette période historique tout comme j’ai déjà eu envie de me documenter après la lecture de « Les larmes d’une reine ».

La première partie se consacre aux années 1492 et 1493.
Près de 15 ans plus tôt avant que Lucrèce Borgia pense ces mots que je vous ai mis en citation.

Lucrèce a 12 ans.
Élevée par Adriana, une nièce de son père, elle l’aime comme une mère, bien plus que sa propre mère qui est très désagréable envers elle. Insensible.
Déjà fiancée, son père a tenu à ce qu’elle reçoive une éducation qui normalement est réservée aux garçons.
À cette même époque, le pape Innocent vient de mourir.
Le conclave a été convoqué
Son père est le grand cardinal Borgia, envié pour sa fortune et sa ténacité, jugé le serviteur le plus digne de confiance de l’Église de Rome.
Père de nombreux enfants illégitimes, notamment Lucrèce, il lui rappelle sans cesse de ne jamais oublier ses racines espagnoles.
C’est lui qui deviendra le nouveau Pape.

Lucrèce est au cœur d’enjeux qui la dépasse.
Un pion sur un échiquier que son père ou ses adversaires déplacent à leur guise.
Elle est l’appât d’un piège posé par d’autres.
Elle vit dans un monde où la vérité est insondable, opaque, aussi insaisissable que des ombres.

Tu vas rencontrer des enfants qui ne savent comment aimer vu l’exemple de leurs parents.
C’est la manière dont ils ont été élevés.
Une mère au cœur de pierre et un père qui ne pense qu’à son profit et son plaisir même au détriment de ses enfants.

Je lis peu de livres sur cette époque, je ne connaissais Lucrèce Borgia que par le texte de Victor Hugo.
Ici, j’ai eu l’impression d’assister à ses côtés à toutes ces turpitudes, trahisons, machinations et vengeance.
J’ai eu envie de la protéger, 13 ans et mariée.
14 ans et devant déjà faire face à tant d’intrigue avec courage, maturité, mais avec cette innocence propre à son âge.
L’auteure retranscrit cet état d’esprit à merveille.

Tu lis ce qu’elle endure et ce qu’elle est prête à endurer pour sa famille
.
Cette toute jeune femme qui ne capitule jamais.
Cela lui causera des torts, mais prouvera aussi sa force mentale puissante.

En 4e de couverture, il est indiqué : « entrée dans la légende comme une séductrice impitoyable, Lucrèce Borgia était -elle vraiment une meurtrière incestueuse, ou plutôt une femme de pouvoir déchirée entre sa famille et sa survie ? ».
ce roman répond parfaitement à cette question
À toi de te faire ton avis.

Une œuvre de fiction basée sur un personnage qui a existé avec la vision de son auteure.
Il m’avait déjà passionnée avec « les larmes d’une reine » que je te recommande toujours autant tout comme celui-ci si tu veux connaître des femmes qui ont façonné l’histoire, mais qui ont été oubliées des manuels.
Si tu veux lire une autre vision que celle écrite jusqu’à présent alors je te conseille de lire ce roman passionnant.

La plume est vive, alerte, érudite, immersive et fluide.
Tu tournes les pages sans que tu t’en rendes compte.
573 pages avec une police d’écriture plutôt petite que je n’ai pas vu défiler.
Mon dernier livre de février et mon préféré du mois.

En résumé :

C.W. Gortner signe un drame historique viscéral sur la plus célèbre des familles de la Renaissance.

Lucrèce Borgia, princesse du Vatican c’est :

Grandeur et décadence au sein du Vatican
Les Borgia fascinent, nourrissent des spéculations.
Des passions dévorantes et des actes odieux.
Entrée dans la légende comme une séductrice impitoyable, Lucrèce Borgia était-elle vraiment une meurtrière incestueuse ou une femme de pouvoir déchirée entre sa famille et sa survie ?

Juan, César et Lucrèce : 3 personnages emblématiques.
Dans une moindre mesure, Geoffroy.
Trahisons, manipulations, mensonges, au sein même d’une famille.
Une famille qui s’aime, mais qui se déteste.
Une famille qui sème bien autre chose que l’amour.
Lucrèce est un pion dans les ambitions de sa famille.

Lucrèce me laissera le souvenir d’une femme battante, traçant un chemin tenace et souvent déchirant à travers le chaos de sa vie.
J’aurais bien aimé lire au-delà des années 1500, comme elle a vécu ensuite.
Comment elle a tenu debout ?
 La découvrir encore davantage sous la passionnante écriture de son auteure


Un roman captivant !

À lire si tu as aimé :

Dans la lignée de : le silence des vaincues de Pat Barker, récemment la sorcière de Limbricht pour la vision des auteures. Mes avis ici et ici
 

✩ Lucrèce Borgia, princesse du Vatican   ⟷  C.W. Gortner ⟷ 576 pages ⟷ Éditions Hauteville, 15 février 2023✩