Le contexte :
C.J. Tudor a déjà été publiée en France. On la connaît surtout pour « L’homme craie » et « La disparition d’Annie Thorne » elle revient avec ce troisième titre plus que troublant.
Je te dis pourquoi juste après
De quoi ça parle :
PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Depuis ce jour, Gabe n’a jamais revu sa fille. Trois ans après ce drame, il arpente jour et nuit l’autoroute dans l’espoir de la retrouver. De leur côté, Fran et Alice passent aussi leur temps en voiture… mais pour fuir ceux qui leur veulent du mal. Leurs histoires convergent vers un même groupe : Les Autres. Soumettez-leur une requête, ils trouveront une solution. Mais à quel prix ?
Mon avis :
Gabe est aujourd’hui un homme de peu de mots alors qu’auparavant il était rédacteur.
Les mots ne lui avaient jamais fait défaut jusqu’à ce jour fatidique où sa vie bascule.
Sa vie se résume à rouler à bord de son camping-car, il cherche sa fille depuis 3 ans.
Faire des courses, travailler, la normalité du citoyen il ne la connaît plus.
Il l’a perdu cette normalité.
Il est resté à quai, incapable de partir, incapable d’abandonner.
Il passe son temps à inventer des vies aux gens qu’ils croisent dans ses haltes dans les aires de repos de l’autoroute.
L’autoroute c’est le seul lien qu’il lui reste avec Izzy.
C’est l’endroit où il l’a vue la dernière fois à bord de cette voiture couverte d’autocollants.
L’autoroute c’est l’endroit où il l’a perdue ; il veut retrouver sa fille.
Il ne laissera plus le conducteur filer.
C’est dans une de ces aires de repos que Gabe va croiser Katie.
Une des narratrices de ce roman choral.
« On dit que la haine et l’amertume vous détruisent. C’est faux. C’est l’espoir qui vous ronge de l’intérieur comme un parasite, qui vous jette dans des eaux infestées de requins. Mais qui ne vous tue pas. Il n’a pas cette miséricorde. »
Katie, elle, aurait voulu une autre vie que ce poste dans une station-service.
Elle élève ses deux enfants.
Mère célibataire, elle ne voit aucune perspective à sa vie.
Elle s’use à la tâche comme un robot pour parvenir à joindre les deux bouts.
Elle est dans une routine qui l’étouffe.
Dans sa routine, il y a les visites de l’homme maigre, environ une fois par semaine, jamais plus de 9 jours entre ses visites.
Pas moins de six.
Mais le voilà déjà de retour.
Une cassure dans sa routine.
C’est inhabituel.
Pourquoi ?
L’homme maigre c’est Gabe. Katy le surnomme comme cela.
« Il n’existait aucun nouveau départ. Pas vraiment. Tous autant que nous sommes, nous nous enlisons dans nos ornières personnelles, incapables de mobiliser l’énergie nécessaire pour s’en sortir. »
Dans un autre chapitre, tu rencontres Fran et Alice.
Fran fuit quelqu’un ; quelque chose, quoi, tu ne le sais pas avec Alice, 8 ans.
Alice souffre de narcolepsie, elle souffre de phobie celle des miroirs.
Ils la terrifient depuis toute petite.
Les miroirs de w.c., de cabine d’essayage ; peu importe le moment, ou le lieu ; ils déclenchent ses crises de sommeil.
À chacun de ses réveils, elle tient un galet dans sa main.
Pour Fran, elles ne seront jamais en sécurité, elles doivent fuir.
Mais à 8 ans, la fillette commence à poser des questions, à vouloir aller à l’école.
« Aucun enfant ne mérite de vivre dans ces conditions. Mais aucun enfant ne méritait une mort violente non plus. »
Les enfants ne sont que lumières, chaleur, rires. Ils n’appartiennent pas aux ténèbres et au silence. C’est inacceptable. Comme Gabe pourrait-il envisager la mort de sa fille et de son épouse ? S’il est convaincu du meurtre de sa femme, Jenny, il ne peut admettre que ce jour funeste Izzy a elle aussi été assassinée. Son beau-père a reconnu le corps, mais il ne peut admettre cette réalité.
En italique, de temps en temps tu vas lire des pages concernant une fille alitée, sans doute dans le coma.
Tu feras sa connaissance en ayant très peu d’éléments sauf que son infirmière principale se nomme Myriam
Ces pages sont très troublantes.
Cela va te sembler étrange, mystérieux, tu avances dans le noir.
Tu as peu d’éléments sur chacun des intervenants.
Tu veux comprendre quels liens ils peuvent bien avoir entre eux.
Les chapitres en italique rajoutent encore une part de mystère.
Qui est cette fille dans sa chambre isolée non loin de la mer ayant pour objet de décoration un piano et pose dessus une conque ?
La graine du malaise est plantée, tu la sens pousser, prendre racine.
Je ne saurais mieux t’expliquer ce ressenti à la lecture de ce thriller.
Tu sens que tu es sur le point d’obtenir des réponses, et quand tu arrives à la fin du chapitre, une nouvelle révélation arrive et soulève une question supplémentaire.
Tu es dans un véritable labyrinthe de papier.
Tu détiens des fragments, des bouts d’histoire, mais comment les relier ensemble, ça, tu ne le sais pas.
Jusqu’à quel point sommes nous prêts à aller pour ceux que l’on aime ? Quelles sont les limites ?
Quel est le rapport entre Katie, serveuse dans une station-service, Fran et sa fille, Myriam, Gabe ?
Les demi-vérités s’empilent, le voile se lève sur certains secrets et mensonges, mais tu restes quand même quasiment tout au long de ta lecture dans le brouillard.
Gabe a-t-il perdu l’esprit ?
Qui Fran fuit-elle ?
Il te manque des pièces du puzzle, C.J. Tudor te les donnera qu’à la toute fin du roman et il restera des zones d’ombres.
Des faits inexpliqués ou inexplicables
« La haine pouvait vous soutenir dans les pires moments. Le chagrin, le désespoir, la terreur. L’amour et le pardon vous tenaient chaud, mais seule la haine vous donnait des ailes. »
En bref :
La narcolepsie, un mystérieux marchand de sable, un samaritain, des galets, du sable, des lieux isolés tous ces éléments contribuent à ce sentiment d’étrangeté que tu ressens pourtant tous auront une explication et une place dans ce roman.
Un thriller brillamment exécuté, qui va te questionner.
Il te plonge aux frontières du fantastique, du réel et de l’étrange.
Tu te tiens sur un fil tel un équilibriste, tu peux basculer à tout moment sans jamais tomber dans un style en particulier.
C.J. Tudor maintient ce mélange à la perfection.
Tu vas être happé, captivé, effrayé par moment, te poser beaucoup de questions. Énormément, c’est ce qui te pousse d’ailleurs à tourner les pages à toute allure.
L’autrice traite de ces questions :
à quel point sommes-nous prêts à tout mettre en œuvre pour obtenir justice ou réparation ?
Où se situe la vengeance ?
Quand bascule-t-on dans ce point de non-retour
CJ Tudor maîtrise tout. Du début à a fin. De bout en bout.
Son intrigue. Le suspens qui ne te lâche pas.
C’est tellement étrange et mystérieux que tu as besoin de savoir, de comprendre. Tu en viens à douter de toi : est-ce que j’ai bien lu ?
C.J Tudor te maintient dans cette incertitude jusqu’au bout.
L’Ombre des Autres est un thriller brillant.
ll te prend aux tripes, ton attention ne se relâche pas.
Il y a un peu de fantastique ; de paranormal.
Tu es vraiment aux frontières du réel, mais les sentiments, les thèmes et les actions abordés, les enjeux, sont humains.
Et ils te questionneront.
C’est certain.
Si d’habitude je n’aime pas les fins ouvertes, ici ne pas avoir toutes les réponses à mes questions me convient, convient au roman.
À toi de juger, de faire ton opinion sur les choix finaux suivant tes croyances.
✩ L’ombre des autres ⟷ C.J. Tudor ⟷ 424 pages ⟷ Éditions Pygmalion, le 24 avril 2021 ✩
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meslivresdepoche dit
je ne connaissais pas du tout l’auteure ! merci pour la découverte