Libération de Imogen Kealey – Un roman bientôt adapté à Hollywood sur une héroïne de la Seconde Guerre mondiale – Nancy Wake alias la Petite Souris

Je ne suis pas étonnée que ce roman soit en cours d’adaptation pour le cinéma (par et avec Anne Hathaway), car l’écriture des 2 auteurs Imogen Robertson & Darby Kealey s’y prête totalement.
Très visuelle, avec un suspens présent tout du long et énormément d’action.

Pour le bien-fondé de l’histoire, ils ont modifié les dates, la chronologie des événements, inventé des épisodes, modifié des individus et créé des personnages composites à partir de plusieurs personnes réelles.
Les auteurs notent à la fin du roman un aperçu des changements qu’ils ont apportés.
Cette note historique était tout aussi intéressante que le reste du roman.
Nancy Wake Fiocca est un personnage dont je n’avais jamais entendu parler. Une héroïne incroyable. Une femme au tempérament de feu.
J’aimerais lire d’autres récits sur sa vie.

« Libération » est une interprétation intrigante et aventureuse de la vie de Nancy Wake, une Australienne connue par les nazis sous le nom de souris blanche pour aider la résistance française et plus tard, formée pour la Grande-Bretagne, pour les aider à se préparer pour le jour J.

C’est grâce à sa capacité à fureter partout, surtout là où elle ne devrait pas, qu’elle a pu débuter sa carrière de journaliste. Australienne de naissance, elle est arrivée en France après avoir couvert pour son journal les discours d’Hitler. Ce qu’elle a vu et entendu elle refuse que cela puisse continuer. Elle s’est juré que si elle avait l’opportunité de détruire les nazis elle le ferait. Ce qu’elle a vécu a renforcé sa détermination et c’est comme ça qu’elle est devenue la célèbre « Souris blanche »
Messagère de la résistance, d’abord très active à Marseille.
Les SS ratissent la ville à sa recherche, mais ils sont loin d’imaginer que c’est une femme qui accomplit de si nombreux exploits.
Nancy Fiocca, ancienne journaliste et haute figure de la bourgeoisie marseillaise, l’idée est absurde.

Cette fille est une tornade, elle laisse dans son sillage lumière et magie.
Elle tient des discours fédérateurs redonnant courage quand il n’y en a plus du tout.

« Peu importe que la guerre et l’ennemi, je vous le dis ce soir, tant que nous sommes libres dans nos cœurs, la France est encore debout. »

Henry son mari est de temps en temps narrateur. Un autre personnage prend aussi la parole, un être terrifiant, le commandant SS Böhm.
Un adversaire à la taille de Nancy.
Stratège et manipulateur il veut attraper cette souris marseillaise. La débusquer. La faire souffrir.
Cet homme hait ce qu’elle représente. Une femme libre qui se bat pour de qu’elle pense être juste.

Nancy pour reprendre ses esprits, garder son calme dans les situations de grand stress compte ses respirations.
Chaque fois qu’elle est prise de panique, elle compte.
Un, deux, trois ça ira.
Un, deux, trois, un nouvel exploit
Un, deux, trois, il s’en sortira.
Un pas, deux pas, j’y arriverai.
Je me suis surprise à compter moi aussi. Retenant mon souffle devant les missions périlleuses que cette femme hors du commun va accomplir en étant tout le temps face au danger.

Elle s’est donnée corps et âmes à la résistance en pensant que si elle est encore vivante le lendemain c’était déjà pas mal.
Elle va devoir faire ses preuves en tant que femme. Montrer toujours plus qu’elle veut en découdre, qu’elle n’a pas peur. Prendre des coups et les rendre. Remiser son chagrin, sa peine, ses doutes et ses peurs tout au fond d’elle.
Ne jamais laisser percevoir ses faiblesses, ses failles et ses cicatrices, mais faire bonne figure en portant le rouge à lèvres Victoire de Elizabeth Arden.

Recrutée par le Spécial Operations Executive à Londres, ce qui n’est pas gagné au départ, car pour eux une femme ne peut être qu’infirmière puis envoyée en Auvergne préparer le débarquement et former maquisards et résistants.

Elle jure, elle utilise un langage coloré ; elle ose dire tout haut des phrases qui mettent mal à l’aise les hommes. Tout ça durant les années 40 j’aurais aimé assister à cette entrevue entre Nancy et les Forces françaises libres qui n’ont pas voulu d’elle :  « – mais votre féminité. – de quoi parlez-vous exactement ? De mon vagin ? Vous croyez que mon vagin m’empêche de tenir une arme à feu ? De gérer une planque ? De passer de l’argent ou des munitions en contrebande ? De franchir une chaîne de montagnes avec des évadés ? Tout ce que mon vagin signifie, c’est que j’ai appris à faire tout ça et plus encore en talons hauts. »

Ce roman est palpitant, c’est un magnifique portrait de femme, les pages défilent sans que tu ne t’en rendes compte. Les faits d’armes de Nancy s’enchainent au fur et à mesure, tout s’accélère quand le débarquement se prépare.
Nancy Wake alias madame Fiocca m’a ébahi.
J’ai adoré ce roman au suspens insoutenable. J’ai adoré la plume moderne et visuelle des deux auteurs.
Les personnages secondaires du récit m’ont aussi marqué.
La fin m’a fait couler les larmes, j’y étais, j’y assistais.

La prose est vive et tendue.
Les personnages sont vulnérables, débrouillards et courageux.
L’intrigue, qui se déroule en France est une histoire émouvante sur la vie, l’amour, la bravoure, la force, le chagrin, la perte, la culpabilité, le chagrin, la loyauté, l’espionnage, la méchanceté, la trahison et la survie.

Nancy en 1994

Dans l’ensemble, Libération est un merveilleux mélange de faits poignants et de fiction historique captivante.
C’est une lecture au rythme rapide, soutenu, mémorable et passionnant qui met en évidence la capacité des êtres humains à être héroïque de manière désintéressée même dans les circonstances les plus horribles et difficiles de la vie.

Une leçon de vie, de survie et de courage

Nancy Wake est décédée en 2011. Cette femme est incroyable. Sa bravoure et son caractère bien trempé sont bien mis en avant dans ce récit.
Je ne te raconte rien de plus, mais sache qu’elle a, par exemple, roulé à vélo 500 km en 72 h dans les montagnes seule pour récupérer une radio.
Elle a mené de nombreuses offensives contre les Allemands, ce roman en présente les principales et rend un hommage que je pense juste à cette héroïne de la guerre.
Les auteures s’attachent autant à sa psychologie complexe, à sa puissance et à ses moments de doute qu’aux moments importants de la Seconde Guerre mondiale auxquels elle a participé.

Messages cryptés, évasions, faux papiers, planques, élimination de postes d’aiguillage, portions de chemins de fer, parachutage, rien ne lui fait peur.

Fascinant, convaincant et inspirant !

À lire si tu aimes les héroïnes fortes, les romans écrits à partir de faits réels, les livres sur la Seconde Guerre mondiale ici en particulier la résistance a Marseille et en Auvergne et l’aide logistique que l’Angleterre a apporté avant et après le débarquement des alliés.
Vraiment un roman super intéressant que je te conseille.

Mentions supplémentaires :

Légion d’honneur, Croix de guerre 1939-1945, médaille de la Résistance, George Medal, médaille présidentielle de la liberté (États-Unis), Compagnon de l’Ordre d’Australie… En France, Nancy Wake est la femme la plus décorée de la Seconde Guerre mondiale.
Ses exploits sont dignes d’un film : elle réussit à s’enfuir à ski, sème en voiture l’avion qui la mitraille, saute d’un train en marche, parcourt en trois jours 430 km à vélo ou encore tue un soldat à mains nues… Pourtant cette héroïne reste inconnue du grand public.

✩ Libération  ⟷ Imogen Kealey ⟷ 400 pages ⟷ Éditions JC Lattès, le 2 juin 2021 ✩