PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
À 37 ans, Joanne mène une vie sereine à Modesto, jolie ville de Californie, en cette fin des années 1970. Elle a deux enfants, un mari attentionné, et veille sur eux avec affection.
Et puis… alors qu’elle rentre de la bibliothèque, Joanne est agressée.
Un homme surgit, la fait tomber, l’insulte, la frappe pour lui voler son sac. Joanne s’en tire avec des contusions, mais à l’intérieur d’elle-même, tout a volé en éclats. Elle n’arrive pas à reprendre le cours de sa vie.
Son mari, ses enfants ne la reconnaissent plus. Du fond de son désarroi, Joanne comprend qu’elle leur fait peur.
Alors elle s’en va. Laissant tout derrière elle, elle monte dans sa Ford Pinto beige et prend la Golden State Highway. Direction Las Vegas.
C’est là, dans la Cité du Péché, qu’une main va se tendre vers elle. Et lui offrir un refuge inattendu. Cela suffira-t-il à lui redonner le goût de l’innocence heureuse ?
Parce que Joanne se souvient du temps de l’adolescence où régnait l’insouciance
Du coffee — shop le Las Vegas où la bande d’amis se réunissait là où ils écoutaient de la musique, où ils refaisaient le monde.
Son monde parfait qui n’a jamais connu la moindre violence s’est écroulé suite à cette agression
C’est un signe cette enseigne néon qu’elle revoit si souvent alors que jusqu’à présent elle n’avait aucune nostalgie de sa jeunesse.
C’était, oui à l’imparfait, car elle ne l’est plus une femme heureuse et comblée.
Peut-être trop innocente de la violence du monde extérieur.
Si les séquelles physiques ne sont pas graves, ce n’est pas le cas du mental.
Joanne n’est plus Joannie la reine des cocktails, mais la reine de peine
Un profond mal-être qu’elle essaie de masquer pour son mari et ses proches, pour les épargner, pour ne pas les inquiéter pour rester une mère et une épouse parfaite
Prévoyante, elle se fait insouciante, elle roule, c’est tout
Pas de début ni de fin.
Pas de but pour cette errance sur la California State Route 190
Elle ne voit rien, elle roule à bord de sa fidèle Ford Pinto beige
Aucun projet de survie même plus de notions du temps
S’il n’y a pas de lendemains, il n’y aura pas de conséquences.
Le poids de l’échec en tant que mère et épouse, sur ses épaules, une fierté devenue fardeau, un poids devenu impossible à porter.
Joanne l’expansive n’est plus que défense mentale comme physique.
Des barrières, des murs de solitudes, des rituels pour tenter d’oublier.
Ne plus rien ressentir. Ni joie ni peine.
S’enfouir au plus profond d’elle même
La culpabilité qui la ronge la détruit, à petit feu. Lentement mais sûrement.
Une agression, une phrase, une vie qui bascule.
Une fraction de seconde comment peut-on passer du bonheur au néant ?
Qui est vraiment Joanne Linaker, 37 ans, mère et épouse ; une maison sous les pécaniers à Modesto ?
Pourquoi un acte anodin, un oubli peut-il se transformer en obsession ?
Un roman plus que magnifique, je le termine à la fois bouleversée et souriante.
Entre les gouttes de pluie et un jour brulant, je souris et je remercie Laurence.
Laurence si talentueuse, si généreuse pour m’avoir, une fois encore, offert des personnages que je chéris, que je dépose au creux de mon cœur et que j’irai voir quand j’aurai envie de me confier assise sur un banc buvant un old fashioned en écoutant une balade pop-rock.
Une ode à la musique, à l’amour, à ces années-là.
Je reste volontairement assez mystérieuse sur ce que l’on trouve dans ce livre, il faut le découvrir en en sachant le moins possible.
C’est un coup de cœur à la fois pour le sujet, pour les personnages bigarrés, qu’ils soient importants ou secondaires.
Un coup de cœur pour ce talent d’écriture qui me transporte dans un lieu, une époque, et où j’oublie absolument tout autour de moi.
Pour le message si important dans les remerciements.
Vraiment, Laurence, du fond du cœur, merci pour tout ce que je vis grâce à toi depuis ton premier roman : La drôle de vie de Zelda Zonk.
Dans jours brulants il y a : du cruising, des cocktails et de la root beer, la loi de Murphy, du saxophone et une guitare sèche, un chirurgien orthopédique, Walmart, une pompiste, un Stetson et des Santiags, Stephen King et Barbara Cartland, Bob Marley et Elvis Presley, des Cadillac, LED Zeppelin, 2 états du sud des USA, Judi Carland, Dean Martin et tant d’autres noms célèbres de ces années-là, du curry, des paquets de céréales, une teinture de cheveux, de la lasagne et du poulet aux patates douces, un banc et des cactus en pots, une Pontiac Star Chief, Elvis et Tom Johns, des cartons à pizzas et une station-service et tellement tellement plus que cela, je voudrais tellement que tu découvres ce splendide roman, cette héroïne solaire au départ, un feu qui s’éteint, mais qui peu à peu va reprendre vigueur.
C’est beau et c’est fort.
C’est juste dans le fond et dans la forme.
Parce que je ne saurais aussi bien en parler que l’auteure, voici 2 citations du roman qui m’ont marqué, ce n’est vraiment qu’un échantillon de ce que tu pourras trouver dans ce magnifique livre.
« Qu’est-ce qui fait qu’un jour, le suicide social est la seule voie possible ? (…) Qu’est-ce qui fait qu’un jour, on sacrifie au désir inconscient de l’inconnu ? Un mal-être profond, une situation d’échec, l’incapacité de gérer. Tous ces gens, des dizaines de milliers chaque année, inféodés à l’idéal de la réussite professionnelle, familiale, financière, et dont un jour, le “moi”, selon la topique freudienne, chutait et s’éclatait. La fuite de ces gens n’était ni réfléchie ni planifiée. Le besoin irrépressible s’imposait d’un coup, un matin en partant au travail, un soir en sortant d’un bat. Souvent, on n’allait pas très loin, par manque d’organisation. Pas forcément sur une île. Mais qu’est-ce qui fait qu’une mère laisse ses enfants derrière elle, sans se retourner ?
Les enfants. Comment pouvait-on ?
La maternité, sacrée entre tous les liens humains, faisait de la fuite le plus incompréhensible des abandons le plus impardonnable. On aurait davantage compris un suicide physique. La mort absout de bien des choses. Se défaisant au fond d’un trou, la mère aurait expié. Vivante et ailleurs, elle était un démon d’égoïsme. Une aberration sociale.
“La maternité est le berceau de la peur”
On a peur dès le premier jour. On a peur de se réveiller un matin et que le bébé soit plus qu’un petit corps sans vie. On a peur des maladies qui pourraient emporter l’enfant. De la voiture qui pourrait le renverser. On a peur quand l’adolescent ne rentre pas le soir. On a peur que quelqu’un lui fasse du mal. On a peur qu’il s’en fasse à lui-même. (…) toute notre vie, on a peur de faire du mal à ses propres enfants. Voilà notre plus grande peur, le jour où on les met au monde, mais on ne le sait pas encore. C’est étrange, ce bonheur qu’on a ce jour-là à entrer dans la peur. »
D’autres avis sur les romans de l’auteure ici :
✩ Les jours brulants ⟷ Laurence Peyrin ⟷ 324 pages ⟷ Éditions Calmann-Lévy, le 27 mai 2020 ✩
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