Né d’une fille-mère bannie de la communauté rurale irlandaise où elle a grandi, devenu fils adoptif d’un couple dublinois aisé et excentrique par l’entremise d’une nonne rédemptoriste bossue, Cyril dérive dans la vie, avec pour seul et précaire ancrage son indéfectible amitié pour le jeune Julian Woodbead, un garçon infiniment plus fascinant et dangereux.
Balloté par le destin et les coïncidences, Cyril passera toute sa vie à chercher qui il est et d’où il vient – et pendant près de trois quarts de siècle, il va se débattre dans la quête de son identité, de sa famille, de son pays et bien plus encore.
Dans cette œuvre sublime, John Boyne fait revivre l’histoire de l’Irlande des années 1940 à nos jours à travers les yeux de son héros. Les Fureurs invisibles du cœur est un roman qui nous fait rire et pleurer, et nous rappelle le pouvoir de rédemption de l’âme humaine.
Un roman d’une puissance rare et d’une richesse historique énorme.
Ce livre déborde de vie ; il te fera ressentir de profondes émotions : tristesse et joie, chagrin et douleur, amitié et amour, paix et pardon.
Je m’excuse si mes propos te paraissent vagues ou décousus sûrement répétitifs, il y a tant à dire et tant à taire pour que tu puisses, à ton tour, découvrir cette œuvre.
Le point central du roman est Cyril Avery à partir de la grossesse de sa mère, jusqu’à ses 70 ans.
70 années où John Boyne va explorer les droits et surtout les non-droits de l’homosexualité à travers ce héros que je n’oublierai jamais comme quantité d’autres personnages de ce roman. L’histoire se déroule de l’après-guerre ; montrant une Irlande théocratique, les années 1980 plus libérales à Amsterdam, New York au milieu de la découverte et du début de l’épidémie du SIDA, et enfin, dans une Irlande plus moderne qui s’oriente vers la légalisation du mariage homosexuel.
En lisant la quatrième de couverture, tu es très loin de te douter de la portée et la richesse de ce roman.
Un roman qui mène une réflexion profonde sur l’homosexualité des années 40 jusqu’à nos jours.
John Boyne ne s’arrête pas là, par son héros et les personnes qu’il va rencontrer, l’auteur va aborder quantité de sujets importants sans jamais tomber dans le trop, ni le patho. Tout est profondément juste.
Entrons dans le vif du sujet.
En Irlande, les femmes et jeunes filles n’ont aucun droit de parole, viol et pédophilie sont monnaie courante, mais l’église préfère accuser la femme de l’avoir cherché.
Insultées, rejetées par leur famille et bannies de leur village, elles n’ont d’autres choix que de s’assumer seule comme Catherine/Kitty la mère de Cyril a dû le faire.
Une jeune fille de 17 ans à peine qui prend sa vie à bras le corps, jetée hors de son village, elle arrive à Dublin, pour elle c’est le premier jour de sa vie, elle ne baissera pas les bras, elle a plus de jugeote que beaucoup d’hommes.
Elle fera adopter Cyril pour qu’il ait une chance dans la vie.
Au cours de son voyage, elle va rencontrer Sean, il fuit aussi son village pour une autre raison qu’elle, son ami Jack l’attend à Dublin, il lui a trouvé du travail et un logement.
Ces trois-là vont finalement habiter ensemble et c’est là que la vie de Cyril commence.
Cyril, narrateur du roman, raconte ses expériences personnelles, elles ont entre autres pour toile de fond l’IRA et les attentats terroristes ; la longue (dans le sens où il a fallu du temps pour que les mœurs évoluent un tant soit peu, regarde encore aujourd’hui…), difficile, pénible histoire des droits des LGBT à travers différentes villes.
Il fera une rencontre décisive à l’âge de 7 ans, celle de Julian, fils de l’avocat de son père adoptif, il le retrouvera 7 ans plus tard au collège.
Si Julian est obsédé par les filles Cyril, lui, c’est Julian qu’il admire. 14 ans ; un âge où il se pose de plus en plus de questions, mais dans une Irlande où l’homosexualité est passible de peine de prison ou assimilé à une maladie mentale il rejette cette idée en bloc, il admire juste Julian un jour il finira par aimer les filles, il ne veut pas être malade.
« Passais-je beaucoup de temps à cette époque à scruter mes sentiments pour Julian ? Probablement pas. En tout cas, j’évitais délibérément de les analyser. Nous étions en 1959, après tout. Je ne savais presque rien de l’homosexualité, en dehors du fait que succomber à ce genre de désir était un acte criminel en Irlande qui donnait lieu à une peine de prison. (…) Je décidai qu’avec le temps, ils passeraient, et que mon attention finirait par se porter sur les filles. Mon développement était simplement lent ; l’idée que je puisse être atteint par ce qui était alors considéré comme une maladie mentale m’aurait horrifié. »
Les années passent, tu lis Cyril malheureux de devoir se cacher de tous même de Julian. Cyril est un personnage inoubliable. Il te raconte tout, ce qu’il vit, ce qu’il ressent et aussi le climat politique évoluant au cours de ces années.
La prose est magnifiquement expressive, vitale, vivante. Le personnage de Cyril est brillamment développé pour accompagner l’histoire irlandaise. Il y a peut-être des coïncidences « flagrantes », mais elles ne m’ont pas empêché de savourer ma lecture. J’ai particulièrement aimé la façon dont l’auteur célèbre la gentillesse et la tolérance des gens ordinaires juxtaposés à un pays gouverné par des politiciens corrompus, des hommes, pour la plupart, égoïstes.
» (…)Nous étions à Dublin, la capitale. L’endroit où j’étais né, une ville que j’aimais dans un pays que je détestais. Une ville pleine d’innocents au grand cœur, d’affreux bigots, de maris adultères, d’hommes d’Église sournois, d’indigents qui ne recevaient aucune aide de l’État, et des millionnaires qui lui pompaient toutes ses ressources. »
John Boyne, comme ses précédents romans que j’ai pu lire, s’approprie tellement son personnage principal que tu as l’impression que c’est un roman autobiographique, tout comme je retrouve aussi, cette façon qu’il a de dénoncer les injustices. Comme s’il noircissait ses pages de la rage emmagasinée, mais sans jamais la faire déborder.
Je n’ai pas lu tous ses écrits, uniquement un roman jeunesse (le garçon au pyjama rayé) et un adulte (le secret de Tristan Sadler) je ne sais pas si c’est un trait commun à toute son œuvre.
Il choque, il te titille, il est aussi irrévérencieux que poète.
Il y a beaucoup d’humour, parfois des conversations loufoques ; un humour qui tempère une histoire qui est à bien des égards incroyablement triste et dramatique.
John Boyne explore l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus beau et de plus ignoble.
Que cela soit Jack, Catherine, Baastian, Liam, Ignac, même Max et Maud (tu comprendras pourquoi je dis « même » en lisant le roman) sont des personnages que tu ne peux qu’aimer.
John Boyne aborde à travers eux d’autres thèmes, parfois ce ne sont que quelques mots, mais des phrases-choc, tu n’as de toute façon pas besoin de plus.
Tu n’oublieras pas non plus des protagonistes que tu feras que croiser.
Chacun des personnages brille à travers les ténèbres.
Aucun d’eux n’est uniquement un héros ou son contraire. Ils ne sont pas parfaits, ils commettent des erreurs, parfois terribles, qui mettront au défi ta capacité à les aimer certains, tu les détesteras d’emblée, tu finiras par les comprendre et leur pardonner d’avoir été ce qu’ils ont été.
J’ai été révoltée de nombreuses fois, j’ai pleuré aussi ; impossible de rester insensible à ce texte, je voudrais tellement te dire pourquoi, mais je ne le peux pas. Je peux juste te dire que c’est un roman contemporain d’une puissance exceptionnelle avec des faits historiques notamment sur l’homosexualité.
La fin est parfaite pour ce genre d’histoire. C’est heureux à bien des égards, mais cela comporte une certaine tristesse, mélancolie. Une fin douce amère pour clôturer un conte de vie pleine d’amour, de misère, de chagrin et d’espoir. C’est un roman merveilleux que je te conseille absolument. Pour moi, comme je te l’ai dit, un livre unique dans son genre et le plus beau que j’ai pu lire de l’auteur. D’une force, d’une violence, d’une cruauté au milieu d’un torrent d’amour et de personnages lumineux pour la plupart… les fureurs invisibles du cœur tu comprendras en le lisant.
En bref :
Une lecture émotive qui m’a fait rire parfois, mais qui m’a fait pleurer à d’autres moments. Je me suis complètement investie aux côtés des personnages, j’avais la rage à cause de la façon dont Cyril, notamment, est traité à cause de son homosexualité, il veut juste vivre comme tout le monde.
L’écriture est unique, les personnages forment un groupe éclectique, mais cohérent. C’est aussi l’histoire du passage à l’âge adulte, une quête émotionnelle, une quête identitaire.
« Je savais une chose avec certitude (…) à partir de maintenant, il n’y aurait plus que des femmes. Je serais comme tout le monde. Je serais normal même si ça devait me tuer. »
La rage justifiée de John Boyne envers une église et une nation qui infligent de tels dommages à ses citoyens est quelque chose que je partage de tout cœur. Un pays plein d’ambiguïté qui condamne le divorce, mais où les juges sont corrompus sans que cela offusque personne
Une écriture parfois loufoque, parfois grotesque, tu as l’impression d’être au théâtre devant une scène de comédie burlesque et à d’autres moments très émouvante, poignante, pleine de poésie.
Je suis tombée si profondément amoureuse des personnages, mon cœur en a été complètement arraché.
Les dialogues sont exceptionnels, souvent humoristiques, les personnages inoubliables.
Peut-être ressentiras-tu quelques longueurs, pour ma part, absolument pas.
John Boyne peut te choquer et te heurter il n’a aucun tabou, cela ne m’a pas dérangée, tout est juste dans ce roman. Le ton de la narration, la portée des paroles, les dénonciations des injustices, la haine et l’amour, les descriptions qui te font visiter 3 pays sans alourdir le récit.
Un début qui démarre en force ensuite la vie de Cyril auprès de Max et Maud va parfois peut-être te paraître confuse, mais passe au-dessus, vraiment, persiste, car derrière ces pages se cache une pépite.
Tu veux le roman en un mot : Puissant
« (…) j’aurais voulu ouvrir les bras et prendre mon essor, survoler le parc et contempler le lac avant de monter dans les nuages comme Icare, heureux d’être brûlé par le soleil et de me désintégrer pour retrouver le néant. »
J’ai l’espoir que ce livre remporte au moins un prix, j’imagine parfaitement une adaptation cinématographique. Une saga familiale du plus haut niveau, couvrant sept décennies, qui traite de questions qui semble incroyable aujourd’hui. L’auteur montre comment l’Église catholique a créé des situations insupportables pour les familles à travers ses croyances hypocrites et mesquines.
Avec ses 580 pages, ce n’est pas une lecture rapide, mais si tu choisis de le lire, savoure chaque page, parce que si tu es comme moi, tu seras vraiment touché par ce livre. Une lecture vraiment puissante je ne saurais l’exprimer autrement.
Ce livre est entré dans mon cœur et sous ma peau. Un livre exceptionnellement brillant que j’ai tant aimé, je ne peux pas faire autrement que de te le recommander.
❦ Les fureurs invisibles du cœur ❦ romans de : John Boyne ❦ 580 pages ❦ Traduction de Sophie Aslanides ❦ Édition JC Lattès, le 22 août
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myprettybooks dit
Un chef d’oeuvre qui marquera ma vie de lectrice.. je me retrouve beaucoup dans ta chronique! <3 Nous avons été touchées de la même façon par ce bijou sublime.
Vivi Jnx dit
Coucou tite souris
Whaou ton enthousiasme pour se livre est incroyable ,se doit être une perle et franchement je suis obligé de le mettre sur ma liste 😍💖💋
Cilinette
Eliane dit
Bonjour mon amie, superbe chronique…un livre qui se trouvera dans ma liste. Merci à toi, gros bisous 😘💖
Veronique COMES dit
Encore une merveilleuse pépite que tu nous proposes là. .. on ne peut que te dire merci je pense avoir encore craqué 💕💕💕💕
Hulya Kose dit
Ahhhhh oui c’est autre chose , en tout cas ça donne envie de le découvrir.merci. on sent qu’il t’a beaucoup touché.