N.B. :
J’ai mis le résumé en dessous de mon avis.
Je te conseille de ne pas lire la 4e de couverture en commençant ce roman, je ne l’ai pas fait et j’en suis heureuse, car même si elle ne dévoile pas tout une révélation n’arrive pas rapidement dans le roman.
Rita, août 1971 est la première narratrice.
La famille Harrington est sur le point d’arriver à Foxcote house pour y passer l’été.
Leur maison londonienne a brûlé et ils ne pourront pas y retourner avant que les travaux soient finis.
Monsieur Harrington est resté à Londres, il jongle entre ses différentes affaires.
Dans la voiture, il y a Jeannie et ses 2 enfants.
Hera, 12 ans et Teddy 5 ans sont les enfants dont elle est la nurse.
Rita connaît les cicatrices du chagrin, les traces qu’il laisse sur le vélin de l’âme.
Elle possède une part de mystère.
Rita se sent en plus terriblement triste déjà de quitter Londres, mais en plus pour la mission que lui a donnée Walter Harrington : noter tous les changements chez son épouse. Ses états d’âme. Ce qu’elle mange et dit.
Rien de moins qu’un espionnage.
Elle se sent mal à l’aise avec cette idée de trahison, mais il lui a donné un ultimatum : le bonheur des enfants passant avant le sien elle a fini par plier et accepter.
L’incendie n’est pas le seul drame qu’a vécu la famille.
1 an, jour pour jour, plus tôt, Jeannie a donné naissance à un bébé, décédé en couche.
Une naissance que Jeannie n’arrive pas à accepter. Depuis, elle sombre dans la déprime. C’est entre autres une des raisons de cette surveillance et cet envoi à la campagne au manoir Foxcote.
La naissance de ce bébé est tabou, Walter Harrington refuse que l’on en parle. Cette nuit terrible n’a jamais existé pour lui.
« Lorsqu’elle le fixe, les yeux plissés, elle peut se réfugier sous sa cloche de verre, blottie dans chaque paysage qu’elle a créé : la plage faite d’une poignée de sable ; un bonsaï au tronc gris torsadé ; la prairie de pissenlits sauvée d’une fissure dans le trottoir ; ses anciens “moi” à tous les âges qui parcourent la Terre dans sa tête, la contiennent et la contrôlent avec les doigts. Pour tenir à distance le vaste monde effrayant. »
Ensuite au chapitre suivant on rencontre Sylvie de nos jours à Londres.
Elle est en plein déménagement.
Sa vie conjugale a été comprimée dans des caisses de déménagement. Arrivées et départs. Cris de joie et sanglots.
19 ans après son mariage, 18 ans après la naissance d’Annie, Sylvie prend un nouveau départ.
Elle est partagée entre euphorie et tristesse. Son cœur saigne.
Ce n’est pas évident de fermer la porte d’une maison chargée de tant de souvenirs.
Très jeune, elle a appris à enfouir les choses douloureuses.
Tout ce qu’il s’est passé il y a longtemps dans une forêt, les questions qui pétrifient sa mère, elle les garde pour elle.
Elle est passée maître dans l’art du refoulement.
Les secrets restent enfouis
Lors d’un séjour d’Annie chez sa grand-mère celle-ci a fait une chute grave.
Elle est dans le coma.
Un drame pour Sylvie et sa sœur Caroline.
Elle l’appelle presque tous les jours, même pour se chamailler.
On sent le lien profond qui unit ces 4 femmes : Annie, Sylvie, Caroline et leur mère.
Il existe une règle tacite entre elles.
On n’évoque pas le passé
Sylvie depuis toujours tient à distance les ténèbres de sa vie. Depuis toujours.
Elle jette des paillettes dans les ombres les plus profondes, les plus sordides.
Leur mère est la gardienne de tous leurs secrets. Comment vont-elles pouvoir les connaître ? Il y a des questions qu’elles attendaient de poser, surtout Sylvie.
En particulier : que s’est-il vraiment passé cet été 1971 ?
« Il n’y a pas de mots pour décrire ce lieu étrange, changeant, que j’habite, incapable de faire mon deuil et pourtant ébranlée par la perte, les jours tendus par chaque appel que je ne passe pas, les e-mails que je n’envoie pas (…). »
« Nous sommes des sœurs, c’est tout ce qui compte ; nous ne parlerons pas du passé où résident les montres. »
Entre Annie et Sylvie, il y a de la tension, des non-dits.
Un filtre, troublant, fin et mouvant comme la brume qui s’enroule à l’aube le long des canaux et rivières.
La troisième narratrice est Hera.
Elle ne s’est pas remise de la naissance et du décès de sa petite sœur.
Elle le cache.
Elle tait ce qu’elle voit et a vu. Fine observatrice, elle reste muette.
Elle enfouit ses craintes sous la nourriture
Hera, trop jeune pour avoir le contrôle sur sa vie. La féminité imminente. Désirée et crainte.
Trop âgée pour le réconfort des maisons de poupée, trop jeune pour comprendre le monde compliqué des adultes qui l’entourent.
L’écriture de Ève Chase est pareil à une vague.
Un rouleau t’emporte, une énergie court entre les pages prêtes à te livrer tous ses secrets.
Fluide, onirique et addictif, une fois ouvert, c’est impossible de refermer ton livre.
Ève Chase transforme les cauchemars en conte de fées, mais avant d’y être il y aura des embuscades, des pièges, des moments où les héros devront se surpasser, des rebondissements et des révélations.
Tu es, à chaque fin de chapitre, sous tension, sentant que tu es en passe d’élucider tous ces mystères, qu’un rayon de soleil permettra d’éclaircir les nombreuses zones d’ombre du roman, mais Ève Chase te maintient en haleine te donnant une clé te permettant d’ouvrir une serrure, une seule.
Or, le roman en contient des tonnes de cadenas, la forêt entourant Foxcote garde jalousement ce qu’elle sait.
Tu possèdes un solide trousseau dans tes mains, à toi de trouver la clé qui t’ouvrira grand les portes du manoir.
Dans ce roman, tu rencontreras surtout la grande Rita et la Sylvie-du-Balcon, elles en ont des histoires à te conter, les coffres-forts de leur mémoire sont prêts à s’ouvrir.
Dans un instant, les grilles du manoir se fermeront sur les secrets du roman
Es-tu prête à franchir les portes du temps ?
Es-tu prête à démêler les fils de soie de cette vieille trame ?
Partir éclairer les zones d’ombre de Foxcote ?
Comprendre la jonction historique entre les personnages du passé et du présent qui marchent et agissent par moment, c’en est troublant, en miroir.
« Je pense que si l’on garde les choses graves enfermées en soi, elles prolifèrent »
À lire si tu aimes les secrets de famille, la campagne anglaise, la nature qui tient une grande place dans le récit.
J’ai adoré les descriptions des lieux de Foxcote ou du Devon.
Tout s’animait devant mes yeux.
Plages et forêts, bruit du vent dans les feuilles ou du ressac de la mer.
Pivert et mouette.
Une brindille qui casse, l’odeur de la mousse, les sons qui jaillissent des sous-bois.
Tu marches sur la terre, tu touches l’écorce des arbres.
Tu passes ta main sur une fronde de fougères, tu goutes le sel marin se déposant sur le bout de ta langue.
Les descriptions des lieux sont enchanteresses.
Je ne me lasserai jamais de ce genre d’écriture.
Mené de main de maître, tambour battant ce récit est passionnant.
La campagne de L’Essex, le manoir non loin du village de Hawkswell
Le passé souffle sur ta nuque dans ce roman
Vieille histoire de famille, secrets enfouis, des sentiments indicibles, de l’émotion,
deux histoires familiales emmêlées, truffées de non-dits, encombrants.
Les arcanes du temps et ses mystères.
PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Gloucestershire, août 1971. Un bébé est retrouvé dans les bois du manoir de Foxcote. La famille Harrington, endeuillée par une terrible tragédie, recueille avec joie la petite fille et décide de l’élever en secret. Mais ce bonheur familial est très vite ébranlé par la découverte d’un cadavre sur la propriété.
Des années plus tard, Sylvie, désireuse d’éclaircir des zones d’ombre de sa vie, est à son tour entraînée dans les bois majestueux et sauvages de Foxcote, là où rien n’est tout à fait ce qu’on croit. Sylvie découvrira-t-elle la vérité et osera-t-elle la révéler ?
Onirique et mystérieux, Les Filles du manoir Foxcote nous plonge au cœur de sombres secrets de famille qui bouleverseront à jamais les vies de trois femmes.
✩ Les filles du manoir Foxcote ⟷ Ève Chase ⟷ 400 pages ⟷ Nil Éditions, 12 mai 2021 ✩
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cecilia_cherieblossom dit
J’avais adoré le manoir en Cornouailles du coup je me réjouis de lire celui-là ! Il m’attend sagement dans ma PAL 🙂
meslivresdepoche dit
J’ai beaucoup aimé un manoir en cornouailles, j’attendrais avec plaisir le poche ! Merci pour ton retour, j’adore le thème de la nature et de la campagne 😉