Voici ma première lecture Charleston de cette année 2023. Quelle belle façon de démarrer l’année qu’avec ce roman !
Il change de ce que l’on peut lire d’habitude dans le catalogue Charleston.
Ni cosy mystery ni thriller, ce roman est à cheval entre les deux genres.
2 janvier 1910, Anne arrive à Hambourg.
Un brouillard efface le paysage et brouille les sons.
Anne est sur ce bateau comme une embarcation fantôme qui fend la brume.
Pour elle, c’est un nouveau départ.
Voilà 12 années qu’elle a quitté sa ville de naissance.
Tu apprends assez vite, dans les premières pages, qu’elle vient d’une famille noble, qu’elle a changé de nom.
Pour quelle raison, il te faudra patienter !
Au second chapitre, on se retrouve 10 mois plus tard où l’on fait la connaissance de la deuxième héroïne du récit : Hélène.
Une jeune fille qui ne se soumet plus à son père, le pasteur.
Son vœu le plus cher : militer avec les autres femmes.
Elle veut participer aux soirées débat du club féminin, venir en aide aux femmes moins bien loties qu’elle.
Elle refuse complètement de vivre dépendante d’un mari.
Elle veut être libre et travailler.
L’association Frauenwohl vient d’ouvrir un nouveau local sur le quai de Magdebourg.
Un coin du port de Hambourg plutôt désaffecté depuis un accident.
Un coin où règne la pauvreté et la misère.
Ce nouveau local est un refuge pour femmes battues et déchues.
Helene décide d’assister à l’ouverture.
La jeune fille des beaux quartiers va vite déchanter.
C’est elle qui va découvrir le premier corps de femme avant même d’avoir pu franchir les portes de l’association et de rencontrer la docteure Fitzpatrick.
Une mort qui annonce une affaire peu banale
Berthold Rheydt l’inspecteur, âgé de 32 ans, est un homme plein de faille.
De cicatrices invisibles.
Un homme fragile sous un aspect bourru.
Cet homme voudrait se faire connaître de ses supérieurs et se promet de résoudre cette affaire.
En plus du lieu des meurtres et de l’identité des victimes, ils doivent comprendre pourquoi ces femmes ont été éventrées.
Savoir si c’est un tueur solitaire, une bande ou une secte.
Dans ce quartier, la mort est omniprésente à cause de la pauvreté, du manque d’hygiène, de la promiscuité, du dur travail physique et de la malnutrition
L’alcoolisme fait des ravages.
Bagarre et prostitution sont monnaie courante.
Malgré son assurance, Anne est ébranlée par cette découverte tout près des lieux qu’elle a ouverts elle-même.
Pour elle, il ne fait aucun doute que c’est un tueur qui s’inspire de Jack l’Éventreur ou lui-même.
Quelqu’un qui l’aurait retrouvé à Hambourg.
Mais ça, elle n’en parle à personne.
Anne s’est donné comme objectif de protéger les femmes des hommes telles que lui.
Les ruelles, les docks, les bouges et les arrière-cours n’ont aucun secret pour elle.
Elle se rend là où on a besoin d’elle en dépit du danger.
Elle voudrait briser le cycle de la pauvreté et de la violence
L’aide aux prostituées ne plaît pas au parlement au sénat ; aux messieurs qui détiennent le pouvoir politique à Hambourg.
Tu vas suivre les 3 héros. Anne, Hélène et l’inspecteur Rheydt. Chacun avance dans sa vie personnelle, tu auras droit à beaucoup de révélations, mais tu suis aussi l’enquête.
Les corps s’accumulent, la presse s’emmêle, ce qui n’est pas au goût des nobles du parti au pouvoir.
Outre l’intrigue, ce tueur de femmes, l’auteure te donne une situation complète de Hambourg à l’époque. Les lieux, les quartiers, les endroits connus, l’économie et la politique.Il n’y a aucun doute, l’autrice s’est grandement documentée sur tous les aspects de son roman.
Ce que j’ai aimé en plus dans ce récit c’est la lumière donnée aux actions féminines.
Les personnages fictifs côtoient les personnages qui ont existé.
Je n’ai pas beaucoup de culture générale concernant l’Allemagne et ses figures féministes.
J’ai ainsi découvert grâce à ce roman :
Lida Gustava Heymann qui a créé une association à Hambourg qui a, pour objectif, l’égalité complète des femmes et des hommes.
Mina Cauer est une enseignante, journaliste, militante radicale pour les droits des femmes et pacifiste allemande. Elle est active dans les mouvements pour le suffrage des femmes, pour les droits des femmes et pour la paix. Elle a fondé un des premiers syndicats féminins et de nombreuses associations pour les droits des femmes.
Hélène Lange est une pédagogue, féministe et femme politique allemande. De 1919 à 1921, elle est une des premières femmes allemandes élues au Parlement de Hambourg. Elle joue un rôle crucial dans le mouvement des femmes bourgeoises en Allemagne des années 1880 aux années 1920. Elle est une ardente défenseure des droits des femmes, de leur accès à l’éducation et la formation professionnelle. lange
Enfin, tu trouveras dans les femmes du dispensaire les nouvelles techniques dans la médecine légale, la culture foisonnante de l’Allemagne, et ce dans tous les domaines.
Les avancées en médecine, la psychanalyse par exemple.
Un roman qui maintient le suspens tout au long de l’intrigue, et qui est vraiment intéressant.
Le seul point que j’ai moins aimé : les entraînements de football de l’inspecteur. Ils sont nombreux. L’inspecteur en profite pour réfléchir à son enquête, mais je dois dire que ces chapitres m’ont lassée. Ils cassent, je trouve, le rythme du récit.
Quand j’ai fermé le livre, j’étais un peu déçue de ne pas savoir ce qui allait advenir des héros ; je suis donc allée sur Goodreads, car j’avais la sensation que cela pouvait être en tome un.
C’est bien un premier tome, deux tomes existent déjà, j’espère qu’ils seront traduits !
Comme c’est un tome un, mon avis final est meilleur.
Il reste quand même pas mal de questions autour des personnages et leur passé respectifs même si on a une partie de piste.
L’autrice assied son intrigue, sa saga, les descriptions peuvent paraître nombreuses.
Elles ne m’ont pas dérangées, car elle m’ont immergée dans Hambourg même si le rythme n’est pas constant je ressors de cette lecture contente.
Henrike Engel me confirme que la littérature allemande recèle de pépites méconnues chez nous, je pense notamment à Nicole Voselee avec la baronne de glace, une partie de l’intrigue se déroule elle aussi à Hambourg mais pas à la même époque ni dans le même genre, mais à lire. Mon avis est ici : clique
C’est un roman que je conseille : aux amateurs de romans historiques, de figures emblématiques et d’enquêtes assez glaçantes avec du suspens, sans être horrifiantes.
Aux amateurs de Ann Granger, de Anne Perry, mais en 1910 et en Allemagne.
PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Port de Hambourg, 1910.
Les doigts crispés sur le bastingage du trois-mâts en provenance de Londres, Anne Fitzpatrick contemple sa ville natale. Les docks flottants de Steinwerder, les quais qui grouillent d’ouvriers et de mendiants… Tout a bien changé depuis son départ pour l’Angleterre douze ans auparavant, et la misère qu’elle observe contraste terriblement avec le monde d’argent et de privilèges dans lequel elle a grandi. Mais elle aussi a changé. Diplômée de la faculté de médecine tout juste ouverte aux femmes, elle rentre à Hambourg déterminée à mettre ses compétences au service des plus démunies.
Quand deux corps de femmes sont découverts aux abords du dispensaire qu’elle vient d’ouvrir dans le quartier le plus défavorisé du port, Anne comprend que c’est un message qui lui est destiné. Réussira-t-elle à arrêter le meurtrier tout en protégeant les femmes dans le besoin auxquelles elle vient en aide ?
Une enquête passionnante dans le Hambourg du début du xxe siècle qui dessine le portrait d’une femme pionnière et engagée, résolument en avance sur son temps.
✩ Les femmes du dispensaire, tome 1 ⟷ Henrike Engel ⟷ 480 pages ⟷ Éditions Charleston, le 18 janvier 2023✩
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christine WARLOP dit
J’aime les personnages féminin et l’histoire il me plairait. Tu fais envie 😊