PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Cinq auteurs de romans noirs se retrouvent à Crescent House, une maison isolée, érigée au creux d’une vallée perdue de l’Arkansas pour un week-end de création dans une ambiance propice à l’imagination la plus lugubre. De fait, la rumeur locale prétend qu’en 1965, un écrivain, nommé Bill Ellison, y aurait été assassiné par des membres du Ku Klux Klan. D’autres disent qu’il aurait lui-même tué son épouse avant de se donner la mort.
Alors que le week-end passe, les nouveaux habitants de Crescent House disparaissent l’un après l’autre … Une famille entière, bien sous tous rapports, est massacrée dans la ville voisine.
Quel est le lien entre passé et présent, entre locataires d’hier et d’aujourd’hui – entre légende et réalité ?
Dans ce nouveau roman, Armelle Carbonel nous amène dans une contrée isolée de l’Arkansas.
Pour se rendre au lieu où les 5 amis doivent se rejoindre, ils vont devoir mériter l’arrivée.
Traverser des entrelacs montagneux, emprunter les courbes sinueuses sans autre issue que le vide, déboucher sur un embranchement peu fréquenté annoncé par 2 croix près de l’entrée de Devil Town.
Rachel, Anton, Steven, Dan et Sue vont participer à cette retraite pour écrire leur nouveau roman.
Tous les 5 sont des auteurs de romans noirs.
Une retraite programmée avec des nuits anxiogènes propices à la créativité.
Ils viennent chercher une synergie de l’imaginaire à travers l’histoire tragique d’une haine ancestrale relayée par la psychose collective.
Ils sont là pour retranscrire la laideur du monde, sa pourriture.
Une terre nourricière propice à alimenter leur talent. À aller jusqu’au bout de leur folie.
Très vite, le roman s’ouvre sur deux scènes d’épouvante surtout une et une autre dont tu perçois la peur du narrateur.
« Le vent qui siffle une effrayante litanie capable de créer les pires scénarios dans les esprits
Les éléments jouent un rôle clé dans la mise en abîme »
Armelle Carbonel choisit d’orienter son intrigue par l’alternance de point de vue de chacun des protagonistes et sur 2 temporalités. Aujourd’hui et en 1965. Un roman choral redoutable.
Une intrigue qui est plus que captivante, je n’ai pas vu passer la première partie, que j’ai adorée ; et c’était sans compter la deuxième que j’ai dévoré.
La noirceur règne en eux et autour d’eux dans la 1ere partie, mais tu n’es pas prêt à lire la seconde.
Dans la deuxième moitié, tu vas lire la noirceur de l’âme humaine la pire qui soit, pire que tu n’as pu imaginer.
Jusque là, tu percevais la peur, ensuite tu vas la lire.
Ressentir tout et te demander jusqu’à quel point un être humain peut-il aller ?
Jusqu’à quel moment peut-il résister à la violence ?
Tout le livre est addictif, les chapitres défilent à toute allure. Armelle Carbonel met des maux en mots. Et quel(s) maux !
La litanie effrayante du vent est rassurante par rapport à ce message qu’ils reçoivent de Dan au début du roman et que tous recevront ensuite sur leur téléphone :
« Je suis là, tout près de vous… je reste invisible à vos yeux, mais vous percevez ma présence et mon souffle sur vos nuques… je suis celui qui observe. Celui qui écoute. Le monstre dont vos cauchemars s’inspirent. Je suis celui qui sait… Vos nombrils sont à vif à force d’être récurés. Ils finiront par vous dévorer de l’intérieur… Et croyez-moi, aucun de vous n’y survivra. Personne ne peut survive à ça.
Écrire pour les protagonistes c’est leur vocation. Leur démence.
Cet empereur blanc, cette menace présente, mais dont on ne sait rien qui est-il ? Que leur veut-il ?
Dans une de leur fiction, chacun aurait un mobile : peur, jalousie, soif de réussir, etc. tous cache quelque chose de leur passé ou de leur présent. Je préfère te laisser découvrir chacun des caractères et ne rien te dévoiler sur les personnages.
La claustration forcée exacerbe les tensions et tu la ressens toi aussi.
C’est un roman où le ressenti, la transmission de la peur, la terreur est parfaitement écrit et transmis !
Une autre question te fait continuer à lire c’est : Y a-t-il un lien entre Crescent House et ce quintuple meurtre ?
Crescent House : la maison et sa triste réputation, ses secrets enfouis sous la suie. La légende du malheur.
Armelle Carbonel écrit à l’encre noir pour le devoir de mémoire.
Tu vas être sous la ségrégation en 1965 encore très présente dans cette partie des États-Unis où le Klan règne dans les montagnes.
Armelle Carbonnel avec une plume parfois cynique et sarcastique te parle de la magie (noire) des réseaux sociaux.
Les auteurs du roman en ont besoin de ces relations virtuelles pour la promotion, mais il y a aussi cette face sombre.
Gloires et déboires s’imbriquent et créent des murs illusoires.
Le meilleur émerge, mais aussi, et surtout, le pire.
Deux croix à l’entrée de Devil Town annoncent vers quel endroit ils se dirigent.
Un évènement qui s’est déroulé durant les années 60, ceux qui ouvrent le roman.
Un préambule glaçant.
J’avais deviné une partie de l’intrigue, pas du tout le final.
Armelle Carbonel a traité jusqu’au bout, même dans les remerciements l’élément clé de son intrigue, mais que je ne peux te révéler, car cela serait vraiment te spolier.
J’espère d’ailleurs que personne ne révélera ce point précis.
La dépendance aux écrans ; au monde virtuel, l’auteure éveille les consciences que cela soit avec les faits passés ou présents.
Un monde qui tourne mal. Armelle Carbonel n’hésite pas à égratigner la société.
Des carnets jamais retrouvés, un arbre des pendaisons, le décor maussade qui semble déteindre sur l’état émotionnel des personnages. La noirceur incarnée.
Un grenier condamné, une grange délabrée, une cave totalement invisible au point qu’elle ne semble pas exister.
Tout est réuni pour te faire passer la terreur des personnages.
Une mise en scène élaborée avec précision, soignée, méticuleuse, rien n’est écrit au hasard.
Je suis même certaine que tu feras comme moi, tu reviendras en arrière une fois que tu auras terminé le roman.
Tu ressens la même certitude que les protagonistes, celle d’approcher une vérité sans parvenir à l’appréhender.
Les facettes de chaque personnage se révèlent au fur et à mesure. Leurs failles, leurs blessures et leurs natures profondes.
Le scénario est redoutable, tu ne peux pas imaginer ce qui se trame entre les pages du récit. Mystique, réaliste, dramatique, un choix de sujet qui m’a passionnée.
“Quand 5 auteurs s’exilent pour écrire dans un trou perdu de l’Arkansas (…) qu’ils reçoivent ça… #helpus
« On ne peut pas éternellement dissimuler la vérité. Elle finit toujours par toujours par trouver sa place dans nos mensonges… »
Tu peux lire mon avis sur le précédent roman de l’auteure : Sinestra ici
✩ L’empereur blanc ⟷ Armelle Carbonel ⟷ 414 pages ⟷ Éditions Mazarine, le 17 mars 2021 ✩
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