Emily et Elizabeth. Les deux faces d’une même pièce, les inséparables jumelles Livingstone. Elles ont grandi à l’ombre du phare de Porphyry, sur les rives tumultueuses du Lac Supérieur. Une enfance libre et sauvage au coeur de cette nature éblouissante. Jusqu’au jour où le drame a frappé. Depuis, Elizabeth a dû apprendre à vivre seule, à effacer le nom d’Emily.
Soixante-dix ans plus tard, au crépuscule de sa vie et privée de la vue, Elizabeth s’est réfugiée dans la musique. Mais lorsque les journaux tenus par son père sont découverts dans l’épave d’un voilier échoué, elle n’a d’autre choix que se replonger dans ce passé… et réunir enfin les pièces manquantes de son histoire.
Que s’est-il passé sur la petite île de Porphyry toutes ces années plus tôt ? Et quel est le lien avec Morgan, la jeune femme qui vient lui rendre visite dans sa maison de retraite ? Une bouleversante histoire d’amour et de mort, de secret et de pardon
En ouvrant ce roman, je ne m’attendais pas du tout à trouver un livre aussi riche, puissant et émouvant.
Un roman qui se déroule presque en huis clos entre Morgan, jeune délinquante, et Elizabeth, une vieille dame aveugle en résidence pour personne âgée.
Morgan depuis le décès de son grand-père vit de famille d’accueil en foyer, elle n’a plus aucune famille. Un soir, elle est surprise à taguer le mur d’une résidence pour personne âgée. Elle va être obligée de faire des heures de travail d’intérêt général en repeignant ce qu’elle a abîmé.
Dans cette maison vit Elizabeth, Marty l’homme d’entretien si je peux le nommer comme, cela, est un ami d’Elizabeth. Notre héroïne malgré qu’elle soit plongée dans le noir tout le temps voit beaucoup mieux avec son cœur que n’importe lequel voyant.
Ainsi, grâce à Marty elle va entrer en contact avec Morgan.
Peu à peu, cette rencontre se transforme en entretien, leurs discussions vont faire ressurgir des fantômes du passé à l’une comme à l’autre.
Elizabeth a récupéré les journaux de son père, gardien de phare de l’île de Porphyry, elle veut trouver réponse à une question qu’elle s’est posée tout au long de sa vie. De plus, la fresque que Morgan a peinte sur les murs de sa résidence ne peut pas être un hasard.
Je ne vais pas pouvoir t’en dire plus sur le pitch de départ.
Cette relation entre ces deux héroïnes d’âge et de situations totalement opposées va te tenir en haleine du début à la fin. Elles vont te raconter leurs vies.
Tu vas surtout lire les souvenirs d’Elizabeth et essayer de comprendre pourquoi le dessin que Morgan a réalisé est si important.
Un livre poignant et émouvant tout en étant palpitant. Je n’ai pas versé de larme, mais j’ai été touchée par les sujets et les thèmes abordés par l’auteure.
Je ne vais pas pouvoir te développer les thèmes, ils sont intimement liés aux secrets et à l’intrigue du roman.
C’est juste tragique, bouleversant, un roman qui te tient en haleine, car toi aussi tu veux percer le secret que renferme un carnet de bord. Un carnet parmi d’autres est manquant. Où est-il ? Quel secret le frère de Elizabeth a-t-il emporté avant de disparaitre ?
Il fait aimer les romans dont les chapitres changent de narrateurs, car tu vas passer chaque fois du point de vue de Morgan à celui de Elizabeth. Deux narratrices à la personnalité riche, travaillée et complexe.
L’écriture de Jean E. Pendziwol est savoureuse, poétique, parfois mélancolique, parfois piquante, mais toujours très juste dans le ton.
Je te note un passage de nos deux héroïnes pour que tu te rendes compte de la beauté du texte.
Elizabeth : « Je ne sais pas si je dois rire ou soupirer. Elle est naïve. En dépit de sa carapace j’en connais bien plus sur elle que ce qu’elle voudrait bien admettre. (…) Elle recouvre sa peur et sa solitude d’un voile de colère et, dans une tentative désespérée d’appartenir à un groupe, elle pose des choix idiots et fait une mauvaise interprétation de ce qu’est réellement l’amour. (…) Il y a quelque chose d’exceptionnel en elle. »
Morgan : « Je l’aide à revoir son passé, et des pans de celui-ci qu’elle ne connaissait peut-être même pas. (…) Nous cherchons toutes les deux des réponses, mais moi, je ne sais même pas quelles sont les questions. »
Deux autres personnages m’ont ébranlée : Emily, la sœur d’Elizabeth qui prend vie grâce aux souvenirs de sa jumelle et David. Un personnage à qui on donne très peu la voix, mais qui a une énorme incidence sur ces deux femmes, Morgan et Elizabeth.
Marty, ses silences et ses phrases très courtes qui en disent beaucoup plus est aussi un protagoniste attachant.
Une histoire fascinante dotée de protagonistes à la psychologie profondes, complètes.
L’histoire du métier de gardien de phare au début du 20e siècle est très intéressante.
Jean E.Pendziwol maitrise son sujet, son intrigue, ses lieux et ses personnages. Une maîtrise totale de son livre où rien n’est de trop ou pas assez.
Les mystères et les secrets font partie des thèmes abordés dans le roman. Combien le passé peut vous meurtrir ; combien une révélation peut faire mal ou au contraire comprendre enfin ses racines !
Un roman en partie sur les secrets de famille, mais qui renferme bien plus que cela.
L’histoire des îles de cette région de l’Ontario où le climat rude, le fleuve Supérieur d’apparence inoffensif peut se révéler dangereux même pour un marin chevronné.
Une famille qui vit à l’écart de tous pour accompagner le patriarche dans son métier.
Deux guerres qui vont laisser des séquelles, surtout la deuxième. C’est environ 80 années que Elizabeth, l’une des narratrices t’explique. Les joies comme les peines. Néanmoins, le récit ne souffre d’aucune longueur.
Morgan sous ses airs rebelles cache un cœur en manque d’amour, un gros manque de confiance. Elizabeth lui donnera les ailes qui lui permettront de prendre son envol, Morgan détachera le poids qui empêche Elizabeth de voler avec elle. Deux libellules, deux âmes si éloignées et tellement proches pourtant.
Sans être un coup de cœur, ce roman est encore une totale réussite des éditions Charleston avec deux héroïnes fortes qu’on ne peut oublier.
✩ Le silence du phare ⟷ Jean E. Pendziwol ⟷ 352 pages ⟷ Edition Charleston, le 9 janvier 2019 ✩
3
Vampilou fait son Cinéma dit
J’aime beaucoup le côté un peu rétro de la couverture ! Même si ce n’est pas forcément mon genre, j’apprécie vraiment ce que tu dis de ces héroïnes ma belle 😀
Eliane dit
Coucou ma petite souris, magnifique chronique, hé oui… je me répète 😉,une bel échange entre une vieille dame et une jeune fille. J’adorerais en savoir plus…. Merci pour cette belle découverte . Je t’embrasse 😘❤️
douceurdulivre dit
Le côté secret me tente beaucoup
Viiviilecture dit
Coucou 🖐 merci pour ton article qui m’a permis de mieux cerner ce roman qui de prime abord ne m’intéresser pas. Je pense que je n’avais pas bien compris le résumé. Mais à la lumière de ton article, il me tente beaucoup plus!
De gros bisous ma jolie