PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Quand le passé vient à nouveau hanter une ville…
Dans la cathédrale de Sainte-Marie à Vitoria, un homme et une femme d’une vingtaine d’années sont retrouvés assassinés, dans une scénographie macabre : ils sont nus et se tiennent la joue dans un geste amoureux alors que les deux victimes ne se connaissaient pas.
Détail encore plus terrifiant : l’autopsie montrera que leur mort a été provoquée par des abeilles mises dans leur bouche. L’ensemble laisse croire qu’il existe un lien avec une série de crimes qui terrorisaient la ville vingt ans auparavant. Sauf que l’auteur de ces actes, jadis membre apprécié de la communauté de Vitoria, est toujours derrière les barreaux. Sa libération conditionnelle étant imminente, qui est le responsable de ces nouveaux meurtres et quel est vraiment son but ?
Une certitude, l’inspecteur Unai López de Ayala, surnommé Kraken, va découvrir au cours de cette enquète un tout autre visage de la ville.
« Ici s’achève ta traque, ici débute la mienne. » c’est la prière qu’Unai adresse devant chaque nouvelle scène de crime, c’est la phrase que tu prononceras pour connaître le dénouement de ce thriller.
On commence en sachant que Unai est décédé d’une balle dans la tête, il nous raconte les événements qui ont mené à ce qu’il sache enfin l’identité du tueur qu’il traque. On remonte donc au premier meurtre.
Unai et sa collègue Esti sont appelés sur une scène de crime, un crime qui a eu lieu dans un lieu où des fouilles archéologiques sont en cours.
En observant les corps, Unai est certain, Tasio est derrière tout cela, ou alors ce serait un imitateur. Seconde certitude, cela ne s’arrêtera pas là.
Il y a 20 ans, Tasio a été emprisonné pour des meurtres rituels accomplis avec la symbolique du lustre.
Des mises en scène païennes.
Des nouveau-nés, puis des enfants de 5 ans, de 10 ans puis de 15 ans. Toujours en couple, toujours une fille et un garçon qui ne se connaissaient pas.
Il a été arrêté par son frère.
Aujourd’hui, à quinze jours de sa libération, les assassinats reprennent. Les premiers corps indiquent que ça recommence là où cela s’était arrêté ; les nouvelles victimes ont 20 ans.
Au moment des meurtres, on est en pleine semaine de festivités à Vitoria, ce sont les fêtes de la Virgen Blanca.
Voilà pour le pitch de départ.
L’auteure, dont c’est le premier roman, nous donne à lire un thriller au rythme aussi posé que haletant.
Elle prend le temps de situer les lieux et de bien dresser le portrait de ses protagonistes. Elle assied son intrigue.
Rien n’est superflu.
Je n’ai trouvé aucune des informations trop longue ou ennuyeuse, bien au contraire.
Les descriptions architecturales t’immergent dans cette ville d’Espagne que je ne connaissais pas du tout. Même pas de nom.
Eva Garcia Saenz De Urtiri m’a donné envie de visiter un jour cette région
Pour que tu te situes :
Vitoria-Gasteiz (en espagnol : Vitoria et en basque : Gasteiz, officiellement Vitoria-Gasteiz) est la capitale de la province d’Alava et de la Communauté autonome du Pays basque en Espagne.
En tant que Capitale administrative, Vitoria est le siège de grandes institutions politiques depuis le 20 mars 1980 tel que le gouvernement et le parlement basque.
Outre la richesse culturelle de Vitoria, on est aussi très proche des protagonistes.
Unai est un personnage principal qui m’a séduite d’emblée.
Le fait qu’il te raconte son histoire, actuelle et passée, te donne beaucoup de sympathie pour lui.
La très belle relation entre Unai et son grand-père m’a émue comme celle qu’il a avec son frère.
Esti et Unai, 2 boiteux qui s’appuient l’un sur l’autre pour ne pas tomber.
Je ne vais pas développer davantage leur personnalité ni celle d’Alba, la nouvelle sous-commissaire, pour que tu puisses découvrir toi aussi leurs failles, leurs meurtrissures.
Unai et sa collègue vivent tous deux avec leurs démons, des poids sur la conscience.
Des personnages atypiques, loin d’être lisse que j’ai apprécié.
Dans ce thriller que je te conseille vraiment il y a :
Des victimes par paires, dont l’âge finit par zéro ou cinq. Quelle est la symbolique ?
Une psychose collective, les meurtres il y a 20 ans avaient déjà marqué tous les esprits. Aujourd’hui, les gens ont peur. Leurs enfants, leurs frères, leurs sœurs assistent aux fêtes. Comment pouvoir les protéger ?
On a affaire à un tueur rapide et précis. Chaque geste est planifié, aucun détail n’est oublié.
Il est méthodique et intelligent.
Aucune place n’est laissée à l’improvisation.
On a Tasio, un homme condamné il y a 20 ans pour le même type de meurtres.
Omniscient et Omniprésent.
Présent sur Twitter alors qu’il est toujours emprisonné
Il a l’air d’en savoir beaucoup.
Son frère jumeau, Ignacio, est un policier à la retraite, après avoir arrêté son frère.
Deux hommes au destin brisé il a 20 ans, mais qui ont survécu à leur manière au tsunami qui a ravagé leur vie, leur relation. Ils sont supérieurement intelligents et très habiles pour cacher leurs émotions.
Des jumeaux tombés au combat, protagonistes d’une pièce qui se joue à leur insu ou metteurs en scène ?
Ils constituent en tout cas la clé de l’énigme.
« Les gens blessés sont dangereux, car ils savent qu’ils peuvent survivre »
On a des éléments païens et folkloriques. Des zones mystiques, telluriques. Des Mystères et croyances ésotériques. Ces éléments ne prennent pas trop le pas sur l’intrigue principale, au contraire elles attisent ta curiosité, elles brouillent les pistes. Les esprits cartésiens ne seront pas déçus.
Des anciens qui ne veulent pas parler ; encore traumatisés par le régime franquiste et la guerre civile.
Une ville où tout se sait, où tout le monde se connaît, mais où paradoxalement il y a des sujets tabous, où les mères apprennent à leurs enfants à regarder ailleurs et à se taire.
Des chapitres sont disséminés dans le roman, ils remontent à partir de 1969. On y suit un médecin de famille et une jeune femme, Blanca.
Le grand-père d’Unai est sans doute le personnage qui m’a le plus touché. Ses silences en disent long.
Sa présence et son bon sens vont guider notre héros et son frère.
Un personnage secondaire, mais unique, présent. Un homme vieux qui a déjà vu tant de choses, mais qui garde un esprit alerte, un homme sage à la force tranquille.
Tous les personnages sont bien campés, qu’on les apprécie ou non.
C’est captivant de les observer évoluer, d’épier leurs réactions. Oui, tu l’as compris ; l’auteure a une écriture vive, immersive et visuelle. L’intrigue est complexe, tordue à souhait, mais brillamment menée sans qu’on ne perde jamais le fil malgré les multiples informations.
Une enquête policière à haute teneur en suspense dont je recommande la lecture, j’ai regardé le film ensuite.
Le film n’est pas mauvais, mais on perd tout le charme qu’il y a dans ce livre.
Dans le roman, on ne se doute pas du tout de qui peut bien perpétrer ces crimes, on a le passé qui joue un rôle important dans la construction des personnages et du récit.
Dans le film, on sait presque au début l’identité du tueur.
C’est souvent le cas, mais j’ai vraiment été déçue de l’adaptation.
Pas que c’est un mauvais film, mais il m’a maqué toute l’essence, toute l’âme que l’auteure à mise dans son roman.
Ce thriller pourtant aux antipodes des pays nordiques n’a pas été sans me rappeler les thrillers venus du froid.
Je dis ça parce que Eva Garcia Saenz De Urturi possède les mêmes qualités pour le vrai suspense aux intrigues ancrées dans le passé.
Au début, tu peux être un peu perturbé par les noms basques espagnols, les noms de famille à rallonge, les lieux décrits et que tu ne connais pas, mais crois-moi, je me suis très vite adaptée pour ne plus jamais lâcher mon livre.
Une trame qui est maitrisée de bout en bout. L’auteure ne m’a jamais perdu au cours de ces 560 pages.
La ville, Vitoria, tu vas tellement t’en imprégner qu’elle va devenir aussi présente qu’un personnage.
L’auteur tisse son intrigue ; son histoire prend sens au fil du récit, autant celle des protagonistes que l’histoire avec un grand H.
C’est intriguant, c’est angoissant, c’est rondement mené et je suis ravie, car il s’agit du premier tome d’une trilogie « La cité blanche »
Le deuxième tome « Les rituels de l’eau » est en attente de traduction. Une seule chose à rajouter : vivement et #kraken. Ceux qui ont lu comprendront.
✩ Le silence de la ville blanche ⟷ Éva Garcia Saenz De Urturi ⟷ 560 pages ⟷ Éditions Fleuve, le 10 septembre 2020 ✩
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