PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
« Depuis deux saisons déjà, le vieux Hibou lui avait ouvert les portes de son officine et l’avait laissée feuilleter les pages de ses livres. Elle s’y était plongée avec délice, elle avait tout dévoré. Quelques mois et tout avait changé ; la jeune fille savait désormais que le monde ne se réduisait pas à une bobine de fil et à une aiguille. »
Au cœur du Moyen Âge, deux sœurs, Éléonore et Adélaïde, se bâtissent un destin singulier. Bravant les conventions, l’une découvre le véritable amour tandis que l’autre s’adonne en secret à sa passion pour la médecine. Mais cette quête d’émancipation n’est pas sans danger à une époque vouant les femmes au silence.
C’est par le mariage d’Éléonore avec le seigneur Guillaume Ours que débute le roman.
Éléonore et Adélaïde, toutes deux instruites grâce à leur défunte mère, sont les filles du seigneur Lion.
Il s’apprête à partir en croisade pour le roi Neuf.
Le roi part expier les péchés commis à son nom.
La ville des Mirabelles a été assiégée par les soldats du roi, de terribles méfaits y ont eu lieu par un de ses plus valeureux chevaliers, Tancrede.
La cadette, Adélaïde, possède un caractère vif et enjoué.
Éléonore admire sa sœur de savoir faire danser la vie
Éléonore est davantage dans la retenue, l’observation en silence.
Elle ne prend parole que si on l’y a invitée ; au contraire d’Adélaïde qui ose poser des questions et faire entendre sa raison.
A-t-elle seulement le droit de quitter le lit de son mari ?
Éléonore se sait forte, elle n’a pas peur, mais elle obéit à son père qui lui a toujours rappelé que la femme est soumise à l’homme et doit toujours se tenir prête à le servir.
Adélaïde, elle, malgré qu’elle sache qu’elle ne pourra pas être aussi proche de sa sœur qu’auparavant maintenant qu’elle est mariée et maîtresse du château elle décide de ne pas se laisser emprisonner elle comprend qu’elle doit se libérer elle-même.
Découvrir ses propres dimensions et refuser les entraves.
Elle saura tout affronter, car elle est pleine d’une jeunesse faite de lumière.
Elle aime la nature qu’elle voit en harmonie.
Elle se sait invincible.
Elle va goûter à un fruit interdit aux femmes : celui de la connaissance.
Elle sait que c’est mal, mais elle sait aussi que cela changera le cours de sa vie.
Elle sait que son monde ne se réduit pas à une bobine de fil et une aiguille.
« C’est un vent qui se lève sur un lac et fait trembler la surface de l’eau. L’eau noire et profonde des souvenirs qu’il voudrait oublier. »
Cette phrase Guillaume la psalmodie.
Il ne s’est pas remis du deuil de sa 1re épouse décédée en couche.
Fol amoureux, il n’arrive pas à regarder Éléonore comme étant sa femme.
Ceci ce sont les 40 premières pages où Camille de Peretti te présente les lieux, les personnages et l’atmosphère.
Elle laisse déjà présager que ce livre sera un roman de femmes.
Non pas un roman pour les femmes, mais un livre qui met en avant des femmes fortes bravant leur destinée.
En particulier : Éléonore la salamandre et Adélaïde l’abeille
Le texte de Camille de Peretti, tu le lis comme si tu écoutais une chanson.
Avec un tempo régulier, particulier, propre à l’auteure, tout en prose, elle t’immerge dans son monde.
Le ménestrel c’est elle.
Agencé, orchestré dans une harmonie parfaite, elle déclame son récit.
Le rapport à la nature est très présent.
J’ai aimé chaque symbole, j’ai assimilé chaque personnage grâce à l’animal qui lui est associé.
Ces images sont uniquement là, et à raison, pour les nobles.
Bonnes, cuisiniers, chambrières, fermiers portent leur prénom uniquement ou avec un adjectif comme la Belle Manon
« On a tort de penser que le bonheur nous est dû »
Cathaud l’araignée brode chaque jour sa toile.
Pernicieuse, méchante, violente et vicieuse ; les 2 sœurs doivent se méfier de ses piqûres venimeuses.
Loups, dragons, hibou, ronces, serpent ou renard certain des protagonistes n’ont pas de surnom dans le roman, mais leurs attitudes t’y font penser.
Des femmes qui se rebellent contre leur destinée, qui se battent contre leur propre caractère, qui essaient de taire leurs envies.
Tu liras des femmes avilies, d’autres désagréables, toutes ont leur place dans le récit.
Il y a aussi des hommes épris et rancunier, ils essaient d’éteindre la lumière des femmes qu’ils côtoient, mais c’est peine perdue. Aucune ne perd espoir et pourtant, il y aurait de quoi.
En lisant le sang des mirabelles, tu feras connaissance avec Amour, Méfiance, Espoir, Angoisse,
Tu feras la connaissance de la salamandre aux yeux d’ambre.
L’auteure dépoussière le roman historique avec cette histoire très moderne de deux sœurs qui vont prendre en main leur destin malgré les conventions de l’époque.
Toi, lecteur, tu es d’emblée dès l’exergue embarqué dans cette fable plus onirique que réaliste, davantage conte que roman, avec une plume contemporaine et rythmée qui nous éclaire sur la condition des femmes au moyen âge.
Camille de Peretti mêle habilement, avec limpidité langage contemporain et vieux français.
L’écriture de l’auteure que je découvre par ce roman est belle.
Elle est rompue et ciselée, colorée et émaillée de phrases et de vocabulaire d’époque en vieux français. Cela embellit le récit.
Son écriture est poétique, lumineuse et travaillée.
Aucune phrase ne paraît assez exclusive, de pronoms assez possessifs.
Il faudrait des verbes horizons, des mots pour mesurer les distances qu’on ne connaît pas.
Jusqu’au ciel, jusqu’aux étoiles.
Il faudrait une grammaire de l’intensité.
Un conte historique puissant et actuel.
Parce qu’à travers son duo d’héroïnes, la romancière brise pas à pas les chaînes qui, de toutes les époques, ont enserré les femmes.
Le livre ouvre les portes d’un Moyen Âge captivant.
✩ Le sang des mirabelles ⟷ Camille de Peretti ⟷ 360 pages ⟷ Éditions Le livre de poche, le 6 janvier 2021 ✩
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