PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
L’histoire oubliée du plus grand réseau d’espionnes de la Première Guerre mondiale.
Un an après le début de la Grande Guerre, Eve Gardiner brûle de prendre part à la lutte contre les Allemands et est recrutée comme espionne. Envoyée dans la France occupée, elle est formée par Lili, nom de code : Alice, qui dirige un vaste réseau d’agents secrets pour lutter contre l’ennemi. Trente ans plus tard, hantée par la trahison qui a provoqué le démantèlement du réseau Alice, Eve, devenue alcoolique, vit recluse. Jusqu’au jour où Charlie, une jeune étudiante qui souhaite retrouver sa cousine disparue en France pendant la dernière guerre, déboule chez elle en prononçant un nom qu’elle n’a pas entendu depuis des décennies. Leur rencontre les entraînera dans une mission visant à découvrir une vérité trop longtemps enterrée.
Le pitch
Le réseau Alice est une magnifique lecture basée sur une histoire vraie.
L’histoire de Louise de Bettignies baptisée reine des espionnes, à la tête du réseau Alice durant la Première Guerre mondiale.
C’est un roman de femmes alternant 2 époques et deux héroïnes.
Ève et Charlie.
Un roman historique, mais aussi un roman initiatique pour ces deux femmes.
Une enquête qui devient quête sur les routes de France à bord de la Laguna en compagnie de Finn, un soldat écossais.
Il est sorti le 15 janvier chez Hauteville, le nouveau label de Milady.
Aussitôt reçu, aussitôt lu, voici mon avis :
Kate Quinn, l’auteure
J’avais déjà lu Kate Quinn, c’est une auteure que j’adore pour ses romans historiques, ceux que j’ai lus se passaient soit au 1er siècle ou au 15e, j’étais curieuse de la lire dans une époque plus contemporaine et de plus, basé sur des faits réels.
Les protagonistes du roman:
J’ai adoré les personnages principaux, Ève, Charlie et Fynn.
Ils m’ont fait rouler à leur côté à bord de La Laguna.
Comme c’est souvent le cas dans ces histoires, il y a deux chronologies : 1915-1916 et surtout 1947.
La moitié du récit se déroule pendant la Première Guerre mondiale tandis que l’autre se déroule juste après la Seconde Guerre mondiale.
Je me suis retrouvé complètement absorbé par les deux.
Eve Gardiner occupe une place importante dans les deux époques.
C’est un personnage qui m’a fasciné.
Quand on la rencontre au début du roman à Londres en 1947 on se demande bien ce qui a pu arriver à cette femme alcoolique, colérique et acariâtre.
On se doute qu’il y a un lien avec la guerre, mais lequel ?
Pour une grande partie du livre, j’ai trouvé difficile de réconcilier ce personnage durant la Première Guerre mondiale avec la vieille dame rencontrée après la Seconde Guerre mondiale.
On dirait des personnes différentes.
Les deux images que tu te fais d’elle finissent par fusionner lorsque tu comprends comment et pourquoi la transformation s’est produite.
Si tu arrives à recoller les morceaux des « deux » Ève, c’est grâce à Lili et Charlie.
Charlie, une jeune étudiante américaine qui remue ciel et terre pour retrouver sa cousine disparue lors de la Seconde Guerre en France.
Elle a eu le nom de Ève en effectuant ses recherches et se présente un soir à sa porte.
Un personnage téméraire, farouche, déterminé.
Une jeune fille qui n’a pas envie de devenir l’oie blanche que sa mère désire.
Charlie et Ève
Quand tu la rencontres, Charlie est en voyage en compagnie de sa mère pour résoudre un « petit problème ».
Seulement pour Charlie ce problème-là peut attendre ; ce qui compte par-dessus tout c’est retrouver Rose qu’elle considère comme une sœur.
Evelyne Gardiner, Ève, est la seule qui peut l’aider.
Ce qui fera réagir Ève, ce qui la fera décider à « accepter » Charlie, c’est le nom d’un restaurant : « le Léthé » Rose y a travaillé et Ève a l’air de bien le connaitre.
Les voilà donc toutes en route de Londres vers la France même si on peut dire que les deux héroïnes au début ne se supportent pas.
Ève ne fait rien pour arranger les choses et Charlie a autant de répondant.
Qu’importe, elles mettent toutes deux la rancœur de côté pour le bien de leur enquête.
Toi, tu es toujours en train de te demander qui est vraiment Ève/ Evelyne.
Tu sens que quelque chose se cache sous cette carapace dure et froide, apparemment sans cœur.
Pour retrouver sa cousine, il faudra remonter le temps et découvrir l’histoire d’Ève, celle de Lili et du Réseau Alice, le plus célèbre réseau d’espionnage composé de femmes durant la Première Guerre.
Ève va la raconter en sillonnant les routes de France ; c’est à ça que servent les alternances de temps.
Les deux époques du roman :
C’était aussi passionnant qu’émouvant. Durant cette période, j’étais sous tension, dans la peur qu’il arrive quelque chose à ces jolies fleurs, toutes jeunes encore.
Marguerite, Lili et Violette notamment.
J’ai préféré ces parties-là même si j’étais dans le suspens de savoir où avait bien pu disparaitre la cousine de Charlie.
La fine équipe des 3 mousquetaires composée de Fynn, Ève et Charlie détonnent ensemble, ils sont tous les 3 de caractères opposés, ce qui les rassemble : ce qu’ils ont vécu durant les guerres.
Les deux histoires ont retenu mon intérêt. Je trouve généralement avec des histoires à double temporalité que l’une prend le pas sur l’autre et même si comme je te le dis j’ai préféré l’époque de la Première Guerre j’ai adoré l’enquête de Charlie ; son personnage a ravi mon cœur. J’ai admiré sa persévérance, son esprit indépendant.
Elle est prête à tout pour élucider son mystère et ce n’est pas le mauvais caractère de Ève ni les ultimatums de sa mère qui la feront dévier de son but pas même son « petit » problème, nom donné par la mère de Charlie qui m’a hérissé les cheveux.
Ève joue un rôle majeur dans la recherche de Charlie, mais c’est l’histoire de son passé qui m’a captivé.
Les espionnes de la Première Guerre mondiale:
Lire ce que les espionnes étaient capables de réaliser au nez et à la barbe de l’occupant était passionnant, mais aussi très stressant.
Elles vivent dans le danger, elles avancent sur une corde raide où le moindre faux pas, la moindre erreur ou pire dénonciation sera synonyme de mort.
Je peux te dire que ces passages m’ont ébranlée. Comment ne pas l’être en même temps quand tu sais que ce n’est plus de la fiction que tu lis, que ces femmes ont existé.
Édith Cavell, Louise Thuliez, la princesse de Croy pour n’en citer que quelques-unes.
Une histoire de force, de courage, de vengeance aussi et enfin, de rédemption pour nos deux héroïnes.
J’ai eu le cœur brisé, j’ai souffert et j’ai eu peur.
Lili m’a fascinée. Quelle femme !
Heureusement Kate Quinn, en alternant les époques, contrebalance le poids du passé en allégeant quelque peu en 1947, quelque peu car plus tu avances dans le roman plus tu vas comprendre vers quoi tu te diriges plus tu auras le cœur serré.
Quiconque a étudié la politique vous dira que les deux conflits sont intrinsèquement liés, mais pour ma part c’est la première fois que je vois les deux guerres abordées au cours d’un même livre.
Bien qu’elle évite de nous plonger dans le côté politique, Kate Quinn traite les deux guerres comme des chapitres continus dans la vie de ses personnages.
Le roman. À lire ou non ?
Est-ce que je recommanderais le livre ?
De tout cœur et sans hésitation.
Je m’attendais à ce que ce roman soit bien écrit et je m’attendais à ce qu’un niveau exhaustif de recherche soit mis en évidence dans le roman.
Kate Quinn nous offre les deux, mais elle a également réussi un niveau de créativité, de profondeur et d’émotion humaine authentique qui m’a pris complètement au dépourvu.
À la fin du roman, lire les notes de l’auteure est édifiant. Cette partie pourtant relativement courte par rapport au roman m’a captivée.
J’ai été surprise et ravie de voir qu’une grande partie de l’histoire est basée sur la vérité.
Je le savais en le commençant, mais pas à ce point.
Les recherches qui ont mené à la rédaction de ce livre sont immenses.
Nous avons tout dans ce roman : des personnages fascinants, des intrigues captivantes, un suspense élevé, un aperçu de la Première Guerre mondiale et un peu de romance.
J’ai particulièrement aimé en savoir plus sur le réseau d’espionnage de la Résistance française pendant la Première Guerre mondiale, en particulier le vrai réseau Alice dirigé par une femme, nom de code Alice Dubois.
Il s’agit d’une lecture riche qui va complètement t’absorber avec une écriture exceptionnelle.
Je me suis beaucoup soucié des personnages, aussi imparfaits soient-ils.
J’ai été attirée par l’histoire de Charlie et immergée dans celle de Ève, totalement sous tension en l’entendant raconter son histoire. J’étais sur le bord du siège de la Laguna entre Finn et Charlie alors qu’Ève raconte comment elle se mettait en danger pour apprendre les secrets de l’ennemi.
Une scène est horrible à lire, une autre est aussi tragique que magnifique, une dernière est tout simplement horrible.
Le statut des femmes à ces époques :
Les deux époques que tu traverses te permettent d’appréhender le statut de la femme en ce début du 20e siècle.
Elles sont destinées à faire de beaux mariages, elles ne peuvent qu’à aspirer n’être que des femmes au foyer, soumises et obéissantes.
Les femmes trop intelligentes on n’aime pas ça.
Tu lis aussi le peu de droits dont elles disposaient ; comme celui, hallucinant, de ne pas pouvoir disposer de leur propre argent sans l’accord d’un homme, mari ou père.
Les femmes que tu rencontres en ont décidé autrement.
Elles sont maitres de leur destin, de leur choix qu’elles assument, elles sont indépendantes.
Elles veulent être libres. En cela, la guerre les aide.
En bref
C’est un livre de plus de 600 pages, j’admets que certains passages du récit sont plus lents que d’autres, mais j’ai adoré sans que cela soit un coup de cœur.
Peut-être si on était restée en 1916 même si la quête de Charlie n’est pas dénuée de sens ni d’intérêt et qu’elle permet de comprendre les personnages. Leurs failles, leurs blessures, la haine qui les habite encore.
L’intrigue de 1947 apporte une autre dimension au roman.
Bien que les personnages du livre sont fictifs, tu vas rencontrer des personnages qui ont réellement œuvré, risqué leur vie durant la guerre notamment celle connue aujourd’hui sous le nom d’Alice Dubois.
Kate Quinn a la particularité de proposer des romans denses en informations, ses recherches sont précises et détaillées, mais complètement intégrées dans le récit.
Tu n’as pas du tout l’impression de lire un documentaire loin de là !
Faire le lien entre les deux guerres avec Charlie était intelligent. Outre apporter une intrigue supplémentaire, elle allège quelque peu le récit.
Le travail de recherches, de documentation de l’auteure est indéniable, elle retranscrit l’histoire et la création du Réseau Alice, de Alice Dubois, alias Louise de Bettignies, mais aussi le quotidien difficile de la France occupée durant les guerres surtout dans le Nord.
Même si on est en partie dans une histoire vraie, les descriptions n’étouffent pas l’intrigue.
La romance qui pointe le bout du nez non plus.
Kate Quinn a une plume fluide qui rend la lecture très addictive.
Tu ne peux lâcher le roman sans savoir ce qui est arrivé à Ève, à Lili, mais aussi à Rose et ce qui va se passer pour Charlie et son problème.
Deux guerres, deux époques, l’histoire de femmes héroïques, mais méconnues ou alors très peu reconnues
De l’Angleterre à la France, l’histoire de femmes héroïques, courageuses, oubliées dans le tourbillon de l’Histoire.
Un roman passionnant, bouleversant avec un suspens constamment maintenu, des personnages qui évoluent au cours des 500 pages.
Ne t’attends pas à lire beaucoup de détails sur les deux guerres, ce qui compte dans ce roman c’est le rôle joué par les femmes.
Pour ma part, j’ai adoré et je te le recommande vraiment.
Mentions supplémentaires :
Le roman m’a amené à rechercher davantage d’informations sur cette femme Alice de Bettignies et sur un autre personnage qui tu croises au cours de ta lecture.
Je te mets des photos et les lieux où tu peux trouver des statues érigées pour ces héros de la Première Guerre
Plusieurs monuments évoquent, à Lille, la mémoire des « Résistants » de la Grande Guerre :
– la statue de Louise de Bettignies, est située Boulevard Carnot
– la statue de Léon Trulin est pour sa part située au début de la rue qui porte son nom, à deux pas de l’Opéra de Lille. Un jour, je me rendrai sur ces lieux de mémoire.
Les articles parlant de cette figure oubliée de l’histoire sont très intéressants ; je te mets notamment celui paru dans le journal Le point lors de la commémoration du 100e anniversaire de la mort de Alice Dubois alias Alice de Bettignies. Si tu veux le lire, clique ici.
✩ Le réseau Alice ⟷ Kate Quinn ⟷ 672 pages ⟷ Milady Hauteville, le 15 janvier 2020 ✩
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